Dimanche 22 février 7 22 /02 /Fév 10:12
 

Déterminant ?

— J'ai omis l'essentiel : Madame Maurel est noire. Et si cela n'enlève rien à sa beauté, c'est pourtant aussi son malheur… Tu vas comprendre. – Dit-il à sa femme, cette fois là...

Mais, il peinait à expliquer. Alors, ne voulant pas trop se troubler, choisissant de faire élémentaire, il poursuivit par le biais cette excuse : Ma description pourra paraître... zoologique, mais tu sais, toi mon amour, qu'elle n'est ni raciste, ni ironique. Madame Maurel est née à Assab, près du détroit de Bab el Marem qui ferme l'entrée de la mer rouge au golfe d'Aden. Le teint noir cuivré de sa peau, son nez étrusque, ses cheveux bouclés, naturellement assez longs, ses grands yeux noirs, ses lèvres charnues (telles qu'en rêvent nombre d'occidentales blafardes), son corps fin et souple et ses longues jambes élancées, sont les traits assez représentatifs de l’ethnie Nubienne à laquelle elle appartient... —

Oui, je vois : Naomi ! — Dit sa femme en souriant.

Aah ? — Bafouilla-t-il, comme intrigué qu'elle connaisse Naomie.

Qui ne connaît pas Naomi. — Ajouta-t-elle un brin espiègle.

Puis, voyant son émoi, elle éclata d’un rire narquois qui le bouscula. Pourtant (grâce à cette attitude), il finit par réaliser que la Naomi à laquelle faisait allusion sa femme n'était autre qu'un mannequin célèbre et non pas Naomie Maurel. Et même si ses clichés étalés à la Une des magazines people attisèrent la concupiscence de millions d'humains, ils le laissent indifférents alors que le regard de Naomie le bouleverse.

Cette comparaison fortuite me paraît assez cohérente. Et tout compte fait, j'aimerai assez que tous veuillent bien la partager, car au moins, elle éveillera plus de jalousie que de pitié... —

Souligna-t-il en guise de défense contre l’espièglerie de sa femme, avant de parfaire ses explications susceptibles de couronner son alibi : Madame Maurel est princesse : héritière de Sague portée au pouvoir à la tête de l'Ethiopie en 924 par les juifs. Jusqu'aux invasions mahométanes ils exercèrent une influence prépondérante autour de la mer rouge ; de l'Arabie à l'Afrique. Mais si tout le Monde sait ne pouvoir comparer une princesse Africaine avec les filles à Rainier, il ignore sûrement ce qu'elles subissent ; il ignore ces féodalités qui les oppriment, qui les mutilent, qui les asservissent. Bref, tout ce qui les avilit. La majorité de tout le Monde aura pu entendre parler de ça, comme moi, par media interposés. Parfois on aura pu voir une indignation s'élever par-ci ou par-là, mais concrètement, aucun ne mettra jamais le doigt sur aucune blessure, sur aucun outrage, sur aucune sauvagerie. Et de fait, il ne se sentira nullement concerné... -

Il s’interrompit net car une envie de vomir montait à l'assaut de sa gorge. Heureusement, le regard appuyé de sa femme ; un regard brûlant comme l'or éprouvé reflète le soleil couchant sur l'horizon accidenté des dunes d'un désert ; heureusement que son regard lui interdit tout… Alors, il s'envola vers son firmament en faux-fuyant par ces mots : Remarques, j'ai certainement tort. —

... Rideaux !

* * * * *

C'était, cette ultime fois.

Dans la pénombre du couloir les yeux noirs de Naomie le brûlaient :

Je vous demande pardon pour l'autre soir. —

Je vous en prie : il n'y a pas de quoi. — C’est lui qui s’excusait !

Si si je vois : vous le portez encore comme un poids. —

Non non je vous dis, non : ce n'était que par politesse ... —

Ce n'est pas ce que je vois. — Le coupa-t-elle, s'avançant vers lui avec souplesse, serpent noir au visage d'ange : sourire brillant sur ses lèvres pourpres animées de rondeurs envoûtantes comme un écrin sacré offrant en tentations des colifichets sculptés dans de l'ivoire prohibée... Elle avançait, il reculait. Et son bureau qu’il voulait fuir fut son dernier retranchement ; une citadelle sans rempart, une bastille écroulée, un bastion éventré ; une défense inefficace et involontaire. Et elle le conçut sûrement ainsi puisqu'elle ferma la porte sur elle en tournant la clef...

Et l'ange l'hypnotisait, et le serpent glissait vers lui en sifflant : — Si si c'est ainsi. Aussi c'est sans soucis qu'assise ici ce sera sans soie sur mon sexe que tu sauras ce qui me fait souffrir.

... Et il se retrouva prisonnier, les fesses posées sur son bureau. Bras tendus derrière son dos, mains crispées sur le plateau à boulot, il se raidit. Et il concentra toute sa volonté à vouloir fuir. Mais toute l'énergie que cette volonté parvint à rassembler fut infime ; elle était si infime qu’elle avait fui, au point qu’il ne sentit que ses ongles qui griffaient le bois... Et il se vit dans une posture ridicule qui pour beaucoup eut été sans ambiguïté. Et son cœur battait d'effroi... Ou comme un bourdon de beffroi… Et Naomie monta sur le fauteuil. Elle ouvrit ses jambes... Puis elle ordonna :

— Regarde ! —

Mais comme il fermait les yeux, elle le bouscula :

— N'aie pas peur ! —

... Ses bras fléchirent. Son dos s'abattit sur le plateau... Elle bloqua ses épaules de ses genoux et d'une voix affirmée et puissante elle répéta : — Regarde ! Je te dis regarde ! Regarde bien ! —

Elle ordonnait mais il refusait d'obéir. Tantôt il croyait flotter sur une ouate céleste, tantôt, il croyait graviter dans le néant. Ou bien il entamait une descente vertigineuse en tournoyant, tantôt à droite ou à gauche, tantôt roulant en avant ou en arrière comme dans les figures de style d'un vol en chute libre. Et il voyait le sol foncer vers lui et disparaître. Un coup, Deux coups. Et son cœur ne battait plus : le bourdon cognait dans son crâne comme dans une ivresse éthylique. Au fond de lui-même, il parvint à rouvrir les yeux et il vit : Je vis des chairs rose pâle ; je vis des lambeaux de chair qui s’étiraient et se séparaient lentement laissant à découvrir un antre sombre. C'est ce que je vis : les chairs de la vulve à Naomie livrant son vagin béant. Comme dans une vision imaginaire. Je n'en ai pas vu beaucoup, trois ou quatre, pas plus, dans toute ma vie, mais jamais je n'ai vu ça... —

ça, comme une longue entaille faite par un vieux couteau émoussé ; ça qui ne ressemble qu'à une vilaine plaie qui ne pourra jamais cicatriser. Alors, il chercha ses lèvres qu’il se figurait aussi pulpeuses et charnelles que celles de sa bouche. Et il chercha le bouton à déboutonner les plaisirs (ce petit bouton qui le rend fou, et qu'il adore flatter de sa langue, emprisonner entre ses lèvres et qu’il s'évertue à faire durcir et enfler à faire exploser sa femme dans un râle sauvage qui fait courir sur son corps un frisson suave) ; ce petit bouton qu'on appelle clitoris, il ne le trouva pas, non plus. Réalisant soudain que... Il cria : Mon dieu ! T'es toute mutilée ! —

— Tu comprends maintenant ? —

Il posa ses mains sur ses hanches, il plaqua sa blessure sur sa bouche et il la caressa. Il sentit sur sa langue les traits secs des vestiges des lèvres. Et à l'endroit précis où aurait dû naître le plaisir, il ne sentit qu'un point dur et froid… Et il sentit la tristesse l'envahir. Alors, il voulut la dominer...

— Mes mains sur ses fesses. Je pressai son sexe sur ma bouche, j'activai ma langue et plongeai dans une folie à croire qu'elle jouira au delà de ses meurtrissures... Naomie prit ma tête entre ses mains. Elle l'attira fort contre son sexe... Et un filet de cyprine coula dans ma gorge, l'instant suivant l'entame de sa danse du ventre, ponctué d'un chant grave qui me fit pleurer... —

Il avait voulu la dominer, sa tristesse : il n'y gagna que colère

* * * * *

C'était maintenant...

Elle caressait ses joues. Elle léchait ses yeux mouillés...

Elle mordit ses lèvres : elle ne voulait plus qu’il parle...

— Tu veux donner à cette histoire un épilogue convenable ? Permets-moi de m'en occuper de Julien. Fais-moi confiance ! Je le guérirai et lui ferai passer jusqu'à l'idée de l'infidélité. —

— Sûrement ! Tu serais bien capable de lui couper la queue. —

D'un seul coup de dents, je te le jure. Seulement ce ne serait qu'une vengeance, pas une guérison. Il dit aimer sa femme ? Il dit l’aimer plus que tout ? Voyons ! Si c'était vrai, il partagerait ses blessures : il les partagerait autrement qu'avec des minauderies d'enfant gâté. —


...

Il est assis jambes écartées.

Elle debout, collée contre lui, elle l'a vu venir.

Lui aussi, de son con né, ne pourra jamais se défiler vers un autre con à enfiler.

Elle aussi, sans rouler des fesses, elle sait trop se jouer de lui de ses mains lestes, branler son émoi qui ne ment pas…

Elle surtout, elle sait exciter ses mains grimpant à petit pas sur sa chair ferme brûlant ses doigts...

Bouche pleine, il soigne les maux de sa langue mutine sans autre mot…

Elle danse de ses caresses…

Elle danse de sa langue ouvrant la voie de l'antre…

Elle danse sur le doigt fouineur qui s'immisce vers le cocon humide, là…

Elle, et lui, ils adorent ça.

Un cadeau ! Un cadeau, c’est comme une oeuvre d'art : on le place dans la lumière, on en prend soin, on le dorlote... Surtout, on ne s'en lasse pas. Ni maintenant, ni jamais ! Alors, à ce conte là, pour être aussi concis que je suis circoncis, comment pourrais-je fuir ce joli cocon ci.

Et il ne plaisante toujours pas : lui, il est heureux !



* * * * * 

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Par Pateric - Publié dans : Contes - Communauté : Des Fantasmes par la Langue
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  • : 28/01/2009

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