Contes

Mercredi 27 mai 3 27 /05 /Mai 23:12
 

Dans la chambre aux murs ocre, sur la couette pourpre deux corps alanguis culs nus flottent à plats ventre dans l'odeur âcre d'un stupre dépassé

Dans la chambre aux murs ocre, sur la bergère mauve un corps de femme avachi les seins chicornés entre ses bras en flèche jusqu'aux mains pressées

Dans la chambre aux murs ocre, la fenêtre entrouverte filtre aux travers des contrevents disjoints, la lumière opale de la douce chaleur d'un matin d'été naissant

Dans la chambre aux murs ocre, la femme dans le trait de lumière évanescent sur son triangle sacré chicotte sa morne délaissée

Aux frémissements de l'air moite mêlé à un murmure flou ahanant les accents chuintant d'une mélopée au chant halitueux, la chambre aux murs ocre s'éveille doucereusement

S'éveille au chant sirupeux d'une mièvrerie folâtre fusant d'une lubricité digitale oscillant dans le cocon glutineux du corps de femme oiseux

Variant du luxe byzantin aux supplices raffinés, fluctuant du subtil au confus, flux suant des plaisirs futiles aux superflus inutiles, refluant des lèvres pulpeuses de la conque poisseuse jusqu'aux lèvres sulfureuses des joues creuses de vice le chant du corps de femme prenant gorge profonde jaillit en cri bestial : Hi-hi Yah ! Comme le cri du cavalier au galop excite sa monture.

Et par ce cri excité les culs nuls s'agitent, comme les croupes par une cravache excitées bondissent, l'un par la droite, l'autre par la gauche, offrant au plafond en accord parfait vision de leur face cachée, qui, bite folle, et autre, bite molle, lequel autre attisé s'empresse d'emboucher le pipeau dressé tandis que finit le cri triple style steeple-chaser de fauteuil bientôt chassé de cet huis là par l'apostrophant :

  • Oh ! Oh ! J'adore ! Oh ! —

L'homme qui suce l'homme qui penche sa tête vers la bergère s'en souci guère. Plutôt, paraissant satisfait de sa succion sur le mat d'abondances, achève sa partition et se dresse. Il salut et se rassoit aussitôt, cassolette culière, renversée queue abaissée, pile droit s'enfichant sur le goupillon affaité :

  • Oh hou hiiiii, j'adore ça ! — Chante syncopé la femme Y écartelé martelant les tempi de sa main sur son sexe : — Vas-y, Juju, vas-y bourre-le : j'adore ça, voir mon mari enculé ! —

Le Juju n'a nulle peine à bourrer, tant le mari se démène hardiment sur sa besogne. Et sa besace boursière agitant bite au vent en billebaude tinte de ses grelots choquant le pubis du metteur.

Julien (C'est son nom) d'une main saisit les couilles au vol. Et de l'autre enserre la bite. Puis il joue à trousse gland puis la masturbe doucement. Mais persévérant dans sa torpeur, elle bande mou..

  • Ah non Marcel ! Allez Marcel, concentre-toi ! — Désavoue sa femme.

  • J'sus , con-cen-tré A-nnie ! — Halète-t-il.

  • Alors bande, bordel : je veux m'enculer sur ta queue... — Appuie-t-elle

  • Ah ! Ouh ah ! Je sens que ça vient... — Crie Marcel — Je vais jouir, je vais jouir du cul. —

  • Salope de pouffiasse ! — L'insulte-t-elle — Dit, tu vas pas me laisser le cul vide. —

  • Viens, je te suce — Compatis Julien alors que Marcel ne réplique que : — Ah, Ah, Raah ! —

  • Non ! — Refuse Annie — Je sens plus mon clito. Pas plus que ma chatte... —

Et tandis que son Marcel de mari s'applique à parfaire son orgasme prostatique, elle s'explique:

  • Avec tout ce que vous m'avez mis, cette nuit... toi, à me sucer la praline jusqu'à l'amande en même temps qu'il me baisait à la hussarde... Pfui... Non ! Je veux plus baiser ! Non : Maintenant je veux une de ses bonnes sodomies. —

  • Ah, Ah, Raah ! — Soliloque Marcel — Je jouis ! — Hurle-t-il, tête renversée, mains crispées sur la couette, chair frissonnante... Et du méat de sa verge toujours quasi flasque fuit, entre les doigts de Julien, un sperme fluide en long filet continu.

  • Ah la salope ! — Désavoue Annie — Tu vas voir : il va me laisser en plan ! —

Marcel se décule, roule sur le côté et dit à sa coquette. Plutôt : il hoquete :

  • Viens ! Prends ma place, tu verras : on est super bien sur sa queue ! —

  • Mais ça va pas, non ? Me faire enculer par Julien, là, devant tes yeux ? — S'offusque-t-elle.

  • Bein quoi ? Tu regardes, toi. Et tu dis que aimes en plus... Ne comprends pas Marcel.

  • Entre hommes, c'est pas pareil... Julien et moi, ce serait... Ne sait-elle pas expliquer.

  • Pourtant, tu l'as bien dit... Toute la nuit... — Veut convaincre Marcel.

  • Oui... Mais y'a que toi qui m'a baisée : Julien n'a fait que me sucer... Et il suce d'ailleurs très bien ce cochon ! — L'interrompt-elle d'un ton vaguement songeur.

  • Et je te confirme, moi, qu'il encule aussi bien que ce qu'il suce. Et que t'aurais tort de t'en priver, puisque c'est ce que tu veux : te faire enculer, non ? Appuie Marcel détendu.

  • Mais oui... Mais non... — Hésite-telle — Tu voudrais pas que je te trompe avec Julien ? —

  • Pardon ? — S'éberlue Marcel — Où serait la tromperie, puisque je suis consentant ? —

  • Euh, C'est-à-dire... J'ai pas l'habitude de baiser avec d'autres hommes devant toi ! —

  • Ah ! Parce que, dans mon dos... Tu te sentirais plus à l'aise ? Si tu préfères, je sors ! —

  • Mais non, c'est pas ce que voulais dire... Toi aussi : tu me fais dire n'importe quoi... —

Cherche à se dérober Annie, sans le moins du monde cacher ses jeux de doigts, plutôt même, en les affichant aux yeux des deux hommes, en entrechat éclos à l'indécence ; ses petits jeux de doigts agiles courant sur le bourgeon tuméfié, s'égarant au creux de la faille vermeille, filant jusqu'à la fleur anale, s'attardant à faire épanouir son pistil...

Et Julien, le regard alternatif glissant de Marcel à Annie, de sa main à l'alliance entretenant une érection flatteuse, intervint.

  • Alors, les amoureux, on se décide ou je me paluche ? —

Soudain, de la chambre voisine retentit le fracas d'une porte que l'on claque.

Et l'instant suivant, la porte centrale de la chambre ocre s'ouvre tempétueusement sur une femme y pénétrant impétueusement.

Annie, la première surprise resserre ses jambes et se resserre tel un chat apeuré au fond de la bergère. Et Marcel tel un enfant coupable cherche en vain à couvris sa nudité...

Quant à Julien, vous l'avez deviné, Julien surpris en flagrant délire par sa femme, ne sait que se retrancher devant ce faux-fuyant : — T'es pas chez ta mère ? — Assorti de la virgule suspensive du : — Je peux tout t'expliquer, Sophie ! —

  • Pas la peine ! Répond Sophie sur un ton étrangement calme .

  • Lorsque tu m'as dit que tu voulais prendre une carte de chasse, j'ai trouvé ça bizarre mais je n'ai rien dit. Dit-elle en se dirigeant vers le dressing

  • Mais lorsque je te voyais revenir de tes parties de chasses, fourbu, vidé mais sans gibier, ça m'étonnait beaucoup mais je n'ai rien dit — Dit-elle encore en ouvrant la porte...

  • Alors je me suis dit que tout compte fait je ne serai pas ridicule à t'accompagner chasser. —

Ajoute-t-elle tournant la tête vers Julien en prenant dans sa main le fusil rangé là. Sans le lâcher, elle entre à l'intérieur du dressing et l'on entend un remue-ménage inquiétant ; paraissant inquiétant au moins à Julien, parce que les deux autres n'en mènent pas large ; à Julien qui bondit hors du lit :

  • Non, je t'en prie Sophie, ne fais pas ça, surtout, ne fais pas de folie... —

  • Et dis-moi, Pourquoi n'y aurait-il que toi à avoir droit de faire des folies, hein ? Dis moi —

Demande-t-elle en surgissant du dressing enharnachée d'un gode ceinture maousse costaud.

  • Hein, dis-moi ? —

Julien reste pantois, le regard affolé à cette vision qu'il juge démentielle.

  • Tu veux pas que je chasse avec toi ? — Insiste Sophie.

Julien reste muet. Mais Annie bondissant hors de la bergère s'écrie :

  • Si, si, moi je veux bien qu'on chasse ensemble... Mais je vous en prie, Sophie, enculez-moi : je veux goûter à cet engin... —

Sophie, un instant étonnée se ressaisit en acceptant ainsi :

  • C'est d'accord, à condition qu'après, tu encules mon mari, tout compte fait, je crois que ça me plairait encore davantage de le voir se faire enculer... —

  • Oh oui ! C'est beau de voir son mari se faire enculer —

Confirma Annie en invitant tendrement Sophie à s'allonger sur la (fausse) peau d'ours (par respect pour BB) et en venant s'enficher précautionneusement sur le gourdin de gélatinex préalablement bien apprêté.

Pour sûr ! Cette partie de chasse-ci, mesdames, saura préserver avantageusement la faune sauvage.


 

Par Pateric - Publié dans : Contes - Communauté : Des Fantasmes par la Langue
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Dimanche 22 février 7 22 /02 /Fév 10:12
 

Déterminant ?

— J'ai omis l'essentiel : Madame Maurel est noire. Et si cela n'enlève rien à sa beauté, c'est pourtant aussi son malheur… Tu vas comprendre. – Dit-il à sa femme, cette fois là...

Mais, il peinait à expliquer. Alors, ne voulant pas trop se troubler, choisissant de faire élémentaire, il poursuivit par le biais cette excuse : Ma description pourra paraître... zoologique, mais tu sais, toi mon amour, qu'elle n'est ni raciste, ni ironique. Madame Maurel est née à Assab, près du détroit de Bab el Marem qui ferme l'entrée de la mer rouge au golfe d'Aden. Le teint noir cuivré de sa peau, son nez étrusque, ses cheveux bouclés, naturellement assez longs, ses grands yeux noirs, ses lèvres charnues (telles qu'en rêvent nombre d'occidentales blafardes), son corps fin et souple et ses longues jambes élancées, sont les traits assez représentatifs de l’ethnie Nubienne à laquelle elle appartient... —

Oui, je vois : Naomi ! — Dit sa femme en souriant.

Aah ? — Bafouilla-t-il, comme intrigué qu'elle connaisse Naomie.

Qui ne connaît pas Naomi. — Ajouta-t-elle un brin espiègle.

Puis, voyant son émoi, elle éclata d’un rire narquois qui le bouscula. Pourtant (grâce à cette attitude), il finit par réaliser que la Naomi à laquelle faisait allusion sa femme n'était autre qu'un mannequin célèbre et non pas Naomie Maurel. Et même si ses clichés étalés à la Une des magazines people attisèrent la concupiscence de millions d'humains, ils le laissent indifférents alors que le regard de Naomie le bouleverse.

Cette comparaison fortuite me paraît assez cohérente. Et tout compte fait, j'aimerai assez que tous veuillent bien la partager, car au moins, elle éveillera plus de jalousie que de pitié... —

Souligna-t-il en guise de défense contre l’espièglerie de sa femme, avant de parfaire ses explications susceptibles de couronner son alibi : Madame Maurel est princesse : héritière de Sague portée au pouvoir à la tête de l'Ethiopie en 924 par les juifs. Jusqu'aux invasions mahométanes ils exercèrent une influence prépondérante autour de la mer rouge ; de l'Arabie à l'Afrique. Mais si tout le Monde sait ne pouvoir comparer une princesse Africaine avec les filles à Rainier, il ignore sûrement ce qu'elles subissent ; il ignore ces féodalités qui les oppriment, qui les mutilent, qui les asservissent. Bref, tout ce qui les avilit. La majorité de tout le Monde aura pu entendre parler de ça, comme moi, par media interposés. Parfois on aura pu voir une indignation s'élever par-ci ou par-là, mais concrètement, aucun ne mettra jamais le doigt sur aucune blessure, sur aucun outrage, sur aucune sauvagerie. Et de fait, il ne se sentira nullement concerné... -

Il s’interrompit net car une envie de vomir montait à l'assaut de sa gorge. Heureusement, le regard appuyé de sa femme ; un regard brûlant comme l'or éprouvé reflète le soleil couchant sur l'horizon accidenté des dunes d'un désert ; heureusement que son regard lui interdit tout… Alors, il s'envola vers son firmament en faux-fuyant par ces mots : Remarques, j'ai certainement tort. —

... Rideaux !

* * * * *

C'était, cette ultime fois.

Dans la pénombre du couloir les yeux noirs de Naomie le brûlaient :

Je vous demande pardon pour l'autre soir. —

Je vous en prie : il n'y a pas de quoi. — C’est lui qui s’excusait !

Si si je vois : vous le portez encore comme un poids. —

Non non je vous dis, non : ce n'était que par politesse ... —

Ce n'est pas ce que je vois. — Le coupa-t-elle, s'avançant vers lui avec souplesse, serpent noir au visage d'ange : sourire brillant sur ses lèvres pourpres animées de rondeurs envoûtantes comme un écrin sacré offrant en tentations des colifichets sculptés dans de l'ivoire prohibée... Elle avançait, il reculait. Et son bureau qu’il voulait fuir fut son dernier retranchement ; une citadelle sans rempart, une bastille écroulée, un bastion éventré ; une défense inefficace et involontaire. Et elle le conçut sûrement ainsi puisqu'elle ferma la porte sur elle en tournant la clef...

Et l'ange l'hypnotisait, et le serpent glissait vers lui en sifflant : — Si si c'est ainsi. Aussi c'est sans soucis qu'assise ici ce sera sans soie sur mon sexe que tu sauras ce qui me fait souffrir.

... Et il se retrouva prisonnier, les fesses posées sur son bureau. Bras tendus derrière son dos, mains crispées sur le plateau à boulot, il se raidit. Et il concentra toute sa volonté à vouloir fuir. Mais toute l'énergie que cette volonté parvint à rassembler fut infime ; elle était si infime qu’elle avait fui, au point qu’il ne sentit que ses ongles qui griffaient le bois... Et il se vit dans une posture ridicule qui pour beaucoup eut été sans ambiguïté. Et son cœur battait d'effroi... Ou comme un bourdon de beffroi… Et Naomie monta sur le fauteuil. Elle ouvrit ses jambes... Puis elle ordonna :

— Regarde ! —

Mais comme il fermait les yeux, elle le bouscula :

— N'aie pas peur ! —

... Ses bras fléchirent. Son dos s'abattit sur le plateau... Elle bloqua ses épaules de ses genoux et d'une voix affirmée et puissante elle répéta : — Regarde ! Je te dis regarde ! Regarde bien ! —

Elle ordonnait mais il refusait d'obéir. Tantôt il croyait flotter sur une ouate céleste, tantôt, il croyait graviter dans le néant. Ou bien il entamait une descente vertigineuse en tournoyant, tantôt à droite ou à gauche, tantôt roulant en avant ou en arrière comme dans les figures de style d'un vol en chute libre. Et il voyait le sol foncer vers lui et disparaître. Un coup, Deux coups. Et son cœur ne battait plus : le bourdon cognait dans son crâne comme dans une ivresse éthylique. Au fond de lui-même, il parvint à rouvrir les yeux et il vit : Je vis des chairs rose pâle ; je vis des lambeaux de chair qui s’étiraient et se séparaient lentement laissant à découvrir un antre sombre. C'est ce que je vis : les chairs de la vulve à Naomie livrant son vagin béant. Comme dans une vision imaginaire. Je n'en ai pas vu beaucoup, trois ou quatre, pas plus, dans toute ma vie, mais jamais je n'ai vu ça... —

ça, comme une longue entaille faite par un vieux couteau émoussé ; ça qui ne ressemble qu'à une vilaine plaie qui ne pourra jamais cicatriser. Alors, il chercha ses lèvres qu’il se figurait aussi pulpeuses et charnelles que celles de sa bouche. Et il chercha le bouton à déboutonner les plaisirs (ce petit bouton qui le rend fou, et qu'il adore flatter de sa langue, emprisonner entre ses lèvres et qu’il s'évertue à faire durcir et enfler à faire exploser sa femme dans un râle sauvage qui fait courir sur son corps un frisson suave) ; ce petit bouton qu'on appelle clitoris, il ne le trouva pas, non plus. Réalisant soudain que... Il cria : Mon dieu ! T'es toute mutilée ! —

— Tu comprends maintenant ? —

Il posa ses mains sur ses hanches, il plaqua sa blessure sur sa bouche et il la caressa. Il sentit sur sa langue les traits secs des vestiges des lèvres. Et à l'endroit précis où aurait dû naître le plaisir, il ne sentit qu'un point dur et froid… Et il sentit la tristesse l'envahir. Alors, il voulut la dominer...

— Mes mains sur ses fesses. Je pressai son sexe sur ma bouche, j'activai ma langue et plongeai dans une folie à croire qu'elle jouira au delà de ses meurtrissures... Naomie prit ma tête entre ses mains. Elle l'attira fort contre son sexe... Et un filet de cyprine coula dans ma gorge, l'instant suivant l'entame de sa danse du ventre, ponctué d'un chant grave qui me fit pleurer... —

Il avait voulu la dominer, sa tristesse : il n'y gagna que colère

* * * * *

C'était maintenant...

Elle caressait ses joues. Elle léchait ses yeux mouillés...

Elle mordit ses lèvres : elle ne voulait plus qu’il parle...

— Tu veux donner à cette histoire un épilogue convenable ? Permets-moi de m'en occuper de Julien. Fais-moi confiance ! Je le guérirai et lui ferai passer jusqu'à l'idée de l'infidélité. —

— Sûrement ! Tu serais bien capable de lui couper la queue. —

D'un seul coup de dents, je te le jure. Seulement ce ne serait qu'une vengeance, pas une guérison. Il dit aimer sa femme ? Il dit l’aimer plus que tout ? Voyons ! Si c'était vrai, il partagerait ses blessures : il les partagerait autrement qu'avec des minauderies d'enfant gâté. —


...

Il est assis jambes écartées.

Elle debout, collée contre lui, elle l'a vu venir.

Lui aussi, de son con né, ne pourra jamais se défiler vers un autre con à enfiler.

Elle aussi, sans rouler des fesses, elle sait trop se jouer de lui de ses mains lestes, branler son émoi qui ne ment pas…

Elle surtout, elle sait exciter ses mains grimpant à petit pas sur sa chair ferme brûlant ses doigts...

Bouche pleine, il soigne les maux de sa langue mutine sans autre mot…

Elle danse de ses caresses…

Elle danse de sa langue ouvrant la voie de l'antre…

Elle danse sur le doigt fouineur qui s'immisce vers le cocon humide, là…

Elle, et lui, ils adorent ça.

Un cadeau ! Un cadeau, c’est comme une oeuvre d'art : on le place dans la lumière, on en prend soin, on le dorlote... Surtout, on ne s'en lasse pas. Ni maintenant, ni jamais ! Alors, à ce conte là, pour être aussi concis que je suis circoncis, comment pourrais-je fuir ce joli cocon ci.

Et il ne plaisante toujours pas : lui, il est heureux !



* * * * * 

Pateric ©

Par Pateric - Publié dans : Contes - Communauté : Des Fantasmes par la Langue
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Dimanche 22 février 7 22 /02 /Fév 10:09
 
C'était une fois…

Une autre fois encore, un autre soir, quelques semaines après… Il sortait de son bureau pressé par une envie de toilettes... Donc, si cette fois, il courut dans le couloir, ce n'était pas pour la forme, mais par urgence. C'était même assez urgent pour qu’il y fonçât en se jetant sur la porte et en se précipitant vers les waters Gentleman Closed... Et qu’il bousculât sèchement la personne qui Exit from Ladies reserved : madame Maurel. Alors, il se répandit, là, devant elle… En excuses seulement, mais qui suffirent pour couper net à ses besoins. Ça aussi c'est ainsi : quand il sait qu'il y a quelqu'un dans le chiotte d'à côté, il a le sifflet coupé… Et la chique également …

Et sa femme qui voulait qu’il se laissât aller ; sa femme qui exigeait qu’il livrât le fond de son cœur jusqu'aux plus secrets de ses entrailles ! Ça n’était pas gagné !

C'était une autre fois, un soir, plus tard encore, où madame Maurel attendant le retour de son mari égaré quelque part dans quelque bureau, sûrement éperdu entre deux cuisses éphémères, notre directeur l'invitait à venir patienter dans son bureau plutôt que de jouer la grue dans le couloir jusqu'à user la moquette … Enfin quoi, il avait élaboré une jolie phrase, compatissante et polie, sur le fait que son mari devait certainement finir un dossier avec un collègue et qu'elle serait mieux assise là... Et puis, par la porte ouverte, elle pourrait le voir revenir...

C'était cette fois, ce soir là, où son sourire le fit frissonner. Heureusement qu'elle avait pouffé :

— Finir « une » dossier ! Vous croyez ? — Sinon, il aurait rougi.

C'était cette fois, où notre directeur comprit que madame Maurel doutait ; qu’elle doutait quant à la vraie nature des heures supplémentaires de son mari… Mais se doutait-elle qu’il se commettait en frasques, son Julien ? Cette insidieuse question résonnant dans la tête de notre directeur, amplifia son frisson qui glissa depuis le sommet du crâne… Jusqu’au cul.

C'était (encore) une autre fois…

C’était (aussi et encore) un autre soir, où madame Maurel arpentait le couloir de notre direction technique. Elle avait dépassé la porte du bureau directeur de dix pas au moment où ce dernier le quittait pour rentrer chez sa femme… Il s’immobilisa, net, et la regarda s'éloigner lentement, en direction des ateliers ; il regardait admiratif… Ses hanches ondoyant au rythme chaloupé de son pas souple entraînant sa longue silhouette élégante dans une danse envoûtante ou excitante… Admiratif, seulement ? Lui, il avait entendu résonner la voix et les mots aigres de sa mère :

— Mon pauvre enfant. Ton regard pour cette fille est rempli de convoitises. Et le sien pour toi est aussi sale : vous abritez l'adultère dans vos seins. Mon fils, n'oublie pas la leçon de nos pères : la fille pure ne se cache pas sous la poudre et les fards, elle ne livre pas les attraits de sa chair aux yeux des hommes et garde son corps pour sauver l'âme de ses enfants. C'est l'Eternel qui l'a créée, lui seul la connaît dans sa nudité ... —

C'est de sa maladie à espionner la rue à l'abri des persiennes que sa mère surprit leurs sourires et leurs baisers. D'emblée, son flirt lui déplut. Immédiatement ! Dès l'entrebâillement de la porte, avant qu’il ait pu poser un pied dans l'entrée, sa mère avait grogné en montrant les dents à la manière du dogue allemand défendant son carré (carré d'agneau car le cochon est impur). Et il l'avait entendue crier avec exécration : Une Moabite n'est pas digne d'un fils d'Israël. —

Sans préalable, elle refusa à Esther qu'il aimait, l'infime honneur de l'aimer en retour. S'établissant juge es-qualité, elle défendit l'héritage des pères, et réfuta le témoignage de Ruth, ou celui de la reine de Sabah... De plus, il est vrai que si sa mère maîtrisait l'art de dissimuler ses attraits, au point que tous doutaient qu'elle en eût, elle ne dissimulait nullement son intolérance ni sa dureté morale, et rejetait la plus infime permissivité envers la rigidité de leur Loi sacrée. Tout comme lui, l'aîné des huit enfants, n’a jamais pu, ni su, lui témoigner l'affection d'un fils... Encore moins, fantasmer une passion ou un complexe quelconque. Que ceci aille contre toutes Lois, sacrée ou non, ne la gênait pas davantage que d'être raillée par tout le voisinage pour son apparence. Sauf que, ces moqueries fertilisant le terreau de « l’arbre aux fruits de l’amour » (de son prochain) ne produira jamais d’autres fruits que ceux de l’intolérance et de la haine. Sa mère ? Notre directeur ne se la représentait obstinément (il ne la verra jamais autrement) que sous ce qu'elle affichait :

Mère prolifique et épouse soumise… Par sa volonté d’obéissance unique à notre Loi divine. —

Ceci constituant l'unique subtilité de son éducation familiale, il outrepassera (il enjambera et il violera) cette caricature en épousant Esther. Malgré tout ; malgré l'Interdit et la malédiction proférée par le juge sur sa tête, sur celle de sa femme et sur celle de leur postérité. Mais comme ils n'avaient pas d'enfants... Ils n'avaient pas à craindre qu'ils fussent maudits, hein ? Toutefois, la famille (frères, sœurs, cousins, oncles ou tantes) croyant voir en cela les fruits de la malédiction, tout d’abord les fuira petit à petit, puis les abandonnera définitivement. Cependant, notre directeur ne se réprouvera nullement d'aimer sa femme. Et jamais il ne regrettera son choix, ni ne s’en repentira aucunement... C'était là, ses pensées et les sombres souvenirs défilant dans sa mémoire, tandis que madame Maurel aboutissant aux limites de l’interminable couloir s’immobilisait face aux portes closes. Après s'être admirée dans le vaste miroir son altière silhouette, seins gonflés reins creusés croupe cambrée ; après avoir ajusté sa jupe courte et fait demi-tour madame Maurel vit sa présence dans la pénombre du couloir. Alors, lui offrant son sourire éblouissant et courant vers lui dans un élan de gazelle, elle le salua chaleureusement. Et ses yeux noirs le brûlèrent. Il s'en rappelle aujourd'hui. Il avait frissonné comme le jour où sa femme se dévoila nue devant ses yeux pour la première fois. Il l'avait tant désirée, caché à l’épier, du coin de la rue au pied des escaliers du parc, ou derrière les piliers et étagères de la bibliothèque… que, découvrant son corps, exposé nu aux rayons du soleil inondant la plage naturiste des Salins d’Hyères, il n'avait pas pu se retenir de bander, parvenant juste à se jeter à plat ventre sur le sable, avant que le résultat expansif de son émotion ne soit, par trop, « remarquable ». Mais, sa femme, pour qui il n'était encore rien, avait souri. Et ses copines aussi : surtout la blonde à la peau de lait cramoisie sur ses grasses rondeurs fessières et la proéminence de ses seins lourds et le galbe de ses cuisses molles, qu'elle n’avait pas cessé d'enduire de crème, ses yeux bleu pâles rivés sur lui…

Environ deux ans après leur mariage, alors qu’ils revenaient tous les deux sur cette plage, sa femme, rappelant cet épisode, lui avait dit :

— Toutes, nous avions cru qu'elle était l'excitatrice de ton érection. Et elle, elle en était persuadée. Et tu la faisais tant fantasmer que tu aurais pu... —

Refusant jusqu’au souvenir de ce dégoût, il l'avait interrompue en disant :

Je n'aime pas les blondes ! Et je déteste les gros seins, et les gros culs. En tout cas, de la voir, elle, se tripoter de la sorte, ça m'avait fait débander. —

En fait, nous savons, nous, aujourd’hui, que son canon de beauté féminine penche pour la femme mince (plutôt sportive que mannequin, le pectoral ferme sous le sein rond et haut à l’aréole rigoureusement centrée…) et brune, à la peau ambrée ou mate, au regard de braise et au tempérament de feu…

Mais ça, avant ici, il ne l'a jamais avoué à personne : même pas à Esther ; Esther, le prototype de son canon de beauté, aux yeux d'or près...

Encore moins à madame Maurel et à l'inquisition de ses yeux noirs.



* * * * *

C'était une fois…

C'était une sixième fois, à la pénombre du soir dans le couloir.

Madame Maurel...

Dans son souffle d'émotions noyées dans le souffle de la bouche de Madame Maurel ; dans le souffle chaud comme un vent de désert desséchant qui incite à goûter à ses lèvres roses et pulpeuses comme la chair d'un pomelo de Judée invitant à la gourmandise, que tu convoites car il ne t'appartient pas mais que tu irais jusqu'à voler pour te désaltérer : rien ne pourrait t'arrêter, même pas ta peur d'être châtié... Dans son souffle au sourire éblouissant comme un collier de nacre scintillant tel les radiations au travers du prisme à réflexion convergente du spectre du Brocken recréant des couleurs d'arc en ciel… Et ses yeux noirs le brûlant comme pour le consumer...

Prenant sa main dans ses mains, elle dit d'une voix fine et suave : — Bonsoir ! — Et son long frisson d'émoi, né plus d'un trouble incontrôlé que d'un désir inavoué, ne l'inclinait pas à bander mais à se raidir d'effroi. Nonobstant (comme on dit parfois de bon gré pour décrisper ses mâchoires ou pour s'éviter de chevroter « mais »), il pensait se dominer ; dissimuler ses peurs, sortir de la rigueur de sa caste, offrir l'apparence propre à son rang, esquisser un sourire poli... Il construisit une très belle phrase digne de l’homme d'expérience qu’il est, c'est à dire :

— Bonsoir madame. Julien n'est pas là ? Il y a longtemps que vous attendez ? —

Une phrase type, d'un vieux sénile, mais qui ferait tout pour le cacher :

— Entrez, Il ne va plus tarder. Asseyez-vous. Sûrement un dossier... —

— Vous dérangez pas : j'ai l'habitude. — Et elle en riait gaiement…

Notre directeur n'en comprenait pas la raison ou la cause : elle avait l'habitude d'attendre son mari et ça n'avait pas d'importance, ou que la vraie raison pouvait aussi bien être un dossier qu’une frivolité ? Ou bien… Etait-il la cause de son rire ? Pour quelle raison… Et de raisons en causes, voilà qu’il se mettait à échafauder sans raison une théorie complexe démontrant la cause qui, pour peu que les atomes soient crochus ou qu'ils oscillent en harmonie, il pourrait « vibrer illégitime »… D’ailleurs, il percevait déjà des pulsations morcelant son esprit mais excitant ses pulsions « chat-fouine » ; des pulsions édifiant (et déifiant) Madame Maurel allongée sur un bureau, merveilleusement nue, la tête renversée et la sienne entre ses longues cuisses, sa bouche sur ses lèvres sacrées, et sa langue roulant, de la faille jusqu’au bouton secret... Comme dans l'extrapolation où les postures de Julien l’entraînaient ; juste les postures ; seulement les postures… Car, au fond, Julien donnait peu à voir dans son jeu sexuel. Néanmoins, notre directeur ne les situais pas ici mais plutôt dans l'espace virtuel d'un fantasme ; pas ici, environnement professionnel ou autre ; pas ça, le désir assouvi et le plaisir accompli ou encore, un gage de virilité et d’identité d'homme, gage de normalité ou de sauvegarde de l'espèce dominante…

Elle riait gaiement...

Il ne parla pas mais elle comprit l’offre : s'asseyant dans le fauteuil, elle s'installa confortablement appuyant son dos cambrant ses reins pour épouser le dossier ... Elle prit ses aises, comme le fait l'homme pantalonné ; comme le fait l'homme qui connaissant l'ergonomie ne croise pas ses jambes : pieds à plat sur le sol, genoux éloignés, sans se soucier de sa jupe courte, laissant découvrir la frise de ses bas couleur chair et apercevoir la dentelle rouge de son slip... Lequel ne l’excita nullement car ce fut ses « jambes parfaites » qui le troublèrent… Il rejoignit le fauteuil derrière son bureau et s'avachit entre ses bras. Il força le dossier à s'incliner dans sa position relax, persuadé que la perfection cachée son trouble cesserait. Mais alors, il sentit qu’il bandait. Et surtout, il vit que ça déformait le tissu du pantalon... Terreur ! Et comme la fois où il s’était jeté à plat ventre sur le sable de la plage, il exécuta une parfaite figure de parade : déclenchant le roulement nerveux du fauteuil et projetant son ventre sur la tranche du bureau, il dissimula sa honte sous le plateau, abattant sèchement ses avant-bras sur le cuir du sous-mains…

Madame Maurel riait gaiement...

Il croyait qu'elle voyait toujours la bosse. Et, son éducation exigeant qu’il regarde son interlocuteur dans les yeux, il paniquait face à l'éclat de ses cornalines noires offertes dans leurs écrins de soie immaculée... Et même s’il savait que sa peau rougit peu, il sentit ses joues brûler...

Madame Maurel riait gaiement…

Malgré l'hallucinant supplice mental qu’il s'infligeait ce visage aimantait son regard et son esprit ne pouvait le fuir... Ses idées s'embrouillèrent… Et un Cantique de Salomon résonna :

Tu es belle, ô mon amie ! Oui, tu es belle ! ...

Tes lèvres ressemblent à un ruban écarlate,

Et ta bouche respire le charme ...

Les contours de tes reins sont comme des colliers

Ouvrés par une main d'artiste.

Ta gorge est une coupe arrondie, pleine de vin parfumé

Ton corps est comme une meule de froment, couronnée de lis.

Tes deux seins sont comme les faons jumeaux d'une gazelle.

Ton cou est comme une tour d'ébène.

(C'est tour d'ivoire dans le texte)

Tes yeux sont pareils aux piscines d'Hesbon...

Ta tête est altière comme le Carmel ;

Tes cheveux flottent comme un manteau de pourpre :

Un roi même se laisse enchaîner par leurs boucles.

... Martelant sa tête où il entendait redire à Madame Maurel :

— Ne vous dérangez pas... J'ai l'habitude d'attendre. —

Puis, aux portes de sa déraison, il vacilla en l'entendant préciser :

Je sais ce que fait Julien quand il n'est pas dans son bureau. J'en ai pris l'habitude. Il en a besoin pour vivre. Et je l'accepte. Vous savez, je suis noire et... —

Vous êtes noire, oui et alors ! Vous êtes noire, certes, mais, au demeurant vous êtes une très belle femme : vous êtes bien plus belle que toutes les autres qu'il... —

— Oui, parait-il : c'est ce que Julien dit toujours après. Et il me dit aussi, sans cesse, qu'il n'aime que moi.

Pourtant ! On n'a pas le droit de, quand on a...

(Il s'énervait et il en bafouillait, autant à miner sa réserve qu’à ruiner ses mots)

Le bonheur d'une femme comme vous belle, on l'encense, on l'adore, on la cajole, on ... —

— Ne me flattez pas : nous ne nous connaissons pas encore. Surtout, vous ne savez toujours rien de moi. —

Mesurant tout ce que « encore » et « toujours » pouvaient laisser sous-entendre, un frisson s'empara de son corps. Né à la base de sa nuque, il le secouait dans un tremblement désordonné et l'agitait entier : il ne pouvait le cacher. Alors apparut, sur la vaste feuille blanche du sous-main comme sur un écran magique, le visage réprobateur du patriarche, barbe broussailleuse (un maquis retourné par des sangliers), cheveux hérissés autour de la calotte sacrée (comme dans une induction électrostatique rayonnant au-delà de son dôme de confinement), papillotes défrisées (comme étirées par des poids démesurés pendant sur le cou), affirmant sa réprobation orthodoxe de rabbin extrémiste par un geste nerveux et ostentatoire se dissimulant sous son châle de prière, son père ! A cette vision, il éclata de rire

Et Madame Maurel riait gaiement …

Et il riait, et elle riait, encore, et ils riaient ensemble, comme si ça n'avait été, et ne resterait, toujours, qu'une blague de mauvaise farce… Et Julien rit niaisement de les surprendre à rire stupidement. Mais, ne comprenant sûrement pas de quoi ils riaient, son visage se transforma porte de prison : inviolablement clos. Alors, riant encore, et toujours joyeusement, madame Maurel dit, entre deux hoquets : T'as un poil, là… Et t’en as un autre… qui t’est resté coincé en travers de la gorge ! –

Puis elle rit plus gaiement encore faisant rouler ses yeux noirs, grands et malicieux, de Julien à son directeur. Et quand ces yeux croisaient ceux du directeur, le cœur du directeur palpitait arythmique et il manquait d'air… Et Julien les regardait, avec des yeux aussi éteints que des lampes de coursives après l'extinction des feux. Le directeur pensa :

— Il ne va pas me reprocher l'exaltation de sa femme ! Et, s'il nous avait surpris dans une étreinte adultère ? Peut-être aurait-il préféré ! Va savoir ! —

Ça le fit tousser. Et il manqua de s'asphyxier...

Deux soirs plus tard...

Il venait d’ôter son manteau de la patère vissée sur la porte… Dix-neuf heures s'enfilait dans la manche du manteau quand un toc-toc discret, sourd, effleura sa porte ; un toc-toc si insignifiant que s’il avait été assis à son bureau, il ne l'aurait pas perçu. Sans réfléchir ni prendre le soin de revêtir correctement son manteau qui traînait, il ouvrit sèchement la porte alors que le bois finissait d'avaler le second toc, et Madame Maurel lui apparut, surprise et terne.

Tu lui as fait peur ! — Pensa-t-il.

Puis il sourit en se décomposant une contenance dans l'offrande d'un éclair de sa stupidité :

Toujours en mission le Julien?

Cette fois-ci Madame Maurel innova : son regard de braises aussi éteint que de la cendre, elle esquissa un sourire triste éclipsant sa couronne d'émail derrière ses lèvres boudeuses qui péniblement bafouillèrent : S’cusez, Vous pouvez’entrez dans l’bureau de Julien ? —

Elle veut un flagrant délit et souhaite que j’en sois témoin ? — Se paniqua-t-il : il frémit. Elle l'avait remarqué car elle s’expliqua péniblement, d'abord sa tête, hochement lent et latéral, puis le corps balancement glissant des épaules aux hanches comme dans la danse de la mangouste hypnotisant le cobra, avant de marmonner : Mes Médicaments d’le bureau d’Julien… — Péniblement audible.

— Des médicaments qui se trouvent dans le bureau de Julien ! —

Oui ! — Mima-t-elle.

Installez-vous. Je fais vite ! — La rassura-t-il en se rassurant aussi.

Il se précipita vers le bureau priant les cieux de ne pas surprendre Julien soignant d'autres maux… Espérant plutôt que. Il ne savait pas quoi. Sauf que sachant pertinemment qu’aucun ciel ne viendra à son aide, il ne doutait nullement qu’il lui faudra bien se passer de tout secours. Ce dont il s’acquitta parfaitement car Personne ne hantait les lieux. Il saisit petit sachet plastique vert pomme vantant les mérites du préservatif Lubrix trônant au centre du bureau et sortit en courant... Il retrouva madame Maurel avachie dans le fauteuil, mordant ses lèvres, la jupe de son uniforme d'hôtesse retroussée, ses mains dans le slip, sur son sexe... Il déglutit péniblement et demanda :

— Vous avez mal au ventre ? — Il n'aurait pas pu demander : « Vous avez mal au sexe ? » … Mais comme ce fut elle qui le lui dit : — J'ai mal à la chatte. — Il se raidit de honte et, hypnotisé pas son regard de tigresse brûlant la savane de ses yeux, il se raidit de peur… Heureusement qu’elle s’expliqua : — Toujours, deux jours après mes règles, j'ai mal à la chatte. – Alors, ça le statufia... Et, le sachet médicamental, entre pouce et index à bras tendu, pendait, généreusement gonflé... Et la publicité sautant à ses yeux il crut sur le coup que ce préservatif était souillé : souillé par lui. Le vertige ! Le paquet chuta entre le slip blanc et le haut des bas sur la peau noire de Madame Maurel. Saisi de délire il s'enfuit de son bureau ; il s’enfuit, s'enfuit pire qu'un voleur pris en flagrant délit. Il se réfugia dans la nuit, enfermé dans les toilettes désertées et malodorantes de l'atelier « maquettes » qu'on appelle aussi « dernier recours » depuis que l'entreprise réalise la quasi totalité de ses prototypes en technologie virtuelle…

Là, il avait vomi, malgré lui...


* * * * *

A suivre !

Pateric ©

Par Pateric - Publié dans : Contes - Communauté : Des Fantasmes par la Langue
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Dimanche 22 février 7 22 /02 /Fév 09:58
 

— Mon amour, je vais te raconter une drôle d'histoire ; une histoire qui n'est pas très drôle, qui n'est pas très gaie et pourtant qui est vraie. Mais avant de débuter je dois préciser que tu risques de ne pas l'aimer et même si je ne suis coupable que d'avoir été charitable, je ne t'en voudrais pas que tu m'adresses des reproches ou que tu me détestes. —

Toi, t'as encore prêté de l'argent à l'une de tes secrétaires... —

Non, ce n'est pas une histoire d'argent. —

Si tu t'es encore fourré dans un de ces mélos de mécénat à la mords-moi le nœud dont t'as le secret, je te gifle. –

Et si c'est une aventure sexuelle, tu me poignardes ? —

Une maîtresse, Toi ? — Elle ricana et affirma : — Impossible ! —

Et si, elle n’avait consenti à lui expliquer pourquoi elle est certaine que c’est impossible qu’il puisse conduire positivement une histoire de sexe ailleurs qu'en elle, et si elle ne l'avait pas incité à lui livrer « son mélo de petit cœur charitable », nous n'aurions pu écrire que le mot « fin » dès avant le préambule de cette histoire se dénouant au coeur du dialogue suivant :

— Veux-tu savoir pourquoi je sais que tu n'auras jamais aucune maîtresse ? Les femmes te font peur. Tu ne leur parles que par nécessité, tu ne leur adresses aucun compliment, tu ne les regardes même pas... Et, comme je m'occupe très bien de ta libido ; que je ne laisse aucun de tes sens s'endormir sur l'oreiller sans que tu n'aies jouis beaucoup de moi et de toi en moi, tu ne penses nullement à « faire le joli cœur ». —

Lui, son assurance et son arrogance le laissent muet.

Tu aimerais croire que je me sur estime ! Eh bien, non cher mon amour. Ainsi même, si tu as pu succomber aux rond-ronds d'une autre chatte, je ne te reprocherais rien parce que bêtement tu te seras laissé attendrir par des miauleries pitoyables. Allez va ! Racontes-moi ta drôle d'histoire qui n'est ni drôle ni gaie. —

Tu te souviens de Joseph, le chef du Service Ordonnancement ? —

Celui dont tu as dit, il y a deux jours : « S'il mettait autant de zèle à son travail que celui qu'il s'accorde pour réussir à baiser tous les culs qui roulent devant lui, ce serait de loin, le plus efficace de tous les chefs de services que je dirige ». — Demanda-t-elle.

Oui, celui-ci. — Lui confirma-t-il.

Alors ? Il est inconstant, libertin, pervers... J'ai compris : t'as eu pitié d'une « harcelée » venue se plaindre à toi ! – Rit-elle.

Il ne savait pas pourquoi elle riait mais il voyait que c'est de bon cœur. Alors, mis en confiance par cette bonne humeur, il raconta à sa femme l'histoire telle que tu la liras ici. Mais auparavant, tu devras patienter car d’abord, il faut que nous te rapportions quelques anecdotes des moeurs à ce Joseph-ci afin que tu retiennes ses subtilités ; comme qui dirait : extraire l'essentiel du méli pour sauver le mélo...

Commençons donc !

Joseph Maurel, est l'un des adjoints de notre directeur qui, à ce titre, l'apprécie. Car Maurel, qui conduit ses missions avec le professionnalisme nécessaire et convenable à son poste, avec une juste autorité, avec ordre et méthode, maîtrise la bonne gestion de son service : avec une acuité de fin économe. Bref, dans ses cours d'actions : réflexions, décisions, actions, il est rigoureux...

Cursus et Formations atypiques peu conformes à nos critères sélectifs

Malgré ce commentaire, griffonné en marge de sa candidature par un assistant des Ressources Humaines, madame la directrice des dites ressources avait incité notre directeur à le recevoir. Il avait bien essayé de connaître ses motivations mais elle avait usé de ce faux-fuyant :

Recevez-le ! Il ne vous coûtera guère que quelques minutes ! —

En quittant son bureau, tête à l'angle de la porte, le reste dans le couloir.

De fait, dès leur premier entretien, notre directeur pensant : — Il sera le Candide parfait dont les questions bousculeront nos chères certitudes d'ingénieurs — ; estimant que cette expérience pourrait s’avérer instructive, il le choisit.

Or, dès lors que Maurel fut « élu », des rumeurs malignes envahirent les couloirs directoriaux, autant ceux des ressources humaines que ceux de la direction technique... De refait (et derechef), cela plût à « notre » directeur…

Aujourd’hui, ça lui plaît toujours et… malgré tout.

Alors, des rumeurs traînantes, à propos de l’infidélité de Joseph Maurel et de leurs intrigues s'inscrivant dans notre paisible environnement de travail, notre directeur, il s'en moque, lui. Et sachant que toi (t'en moquant un peu moins), tu aimerais qu’on t’en raconte, au moins une (et une plutôt très hard, tant quà faire), avant, il faut que nous t'avouions que notre directeur mit fort longtemps pour « voir la vérité en face ». Certes, la « rumeur couloireuse » dépeignait notre Maurel en Don Juan ou en Priape, ou en Sylvain ou en Dryade ; certes, cette rumeur lui attribuait de nombreuses liaisons, voire d’innombrables aventures et autres sauteries. Mais notre directeur ne voulait pas y croire : selon lui, ces rumeurs étaient trop constantes, trop caustiques et trop frénétiques, pour qu’il imagine autre chose qu'une cabale par jalousie banale.

Et Pourtant…

Plus de trois ans après son embauche, un jour et à l'improviste, notre directeur devait admettre qu'elles pouvaient contenir quelques vérités car le tableau, là, devant ses yeux, lui était apparu bien concret : assez évocateur et très vivant…

Je te raconte.

Un soir… C'est dix-huit heures environ. Tout est calme et il se croit seul. Il veut terminer un dossier mais il lui manque le rapport de synthèse qu'il avait commandé à l’une des ses assistantes. Il pense simplement : Elle aura oublié de me l'apporter avant de partir, je le trouverai sûrement sur son bureau ... —

Alors ? Comme de sa position-clé notre directeur tire l'avantage de posséder un passe général l'autorisant à pénétrer partout où il veut, Il y va, pardi ! Remarques, s'il y va, c'est à contrecoeur parce qu'il n'aime pas jouer au curieux. Et il aime moins encore fouiller dans des dossiers. Et puis aussi, il répugne inspecter chez ses collaborateurs. Donc, du passe, il s'en sert quasiment jamais. Et, selon ses principes, quand il lui manque quelque chose, il le réclame à la personne « compétente » et, s’il faut, il peut patienter jusqu'au lendemain.

Pourtant va savoir pourquoi ce soir là, croyant idiot de remettre à demain ce qu’il peut faire maintenant, il est allé le chercher, ce rapport nécessaire et indispensable pour clore son dossier.

Alors ? Voilà ! Il y est. La porte est fermée à clé : normal. Il fait jouer le passe.

Et alors ! Le vilain défaut est puni dès le bâillement de la porte d’entrée...

Ça forme une entrée garnie : table basse, canapés, grand miroir, porte manteaux, vitrines chargées d'échantillons de la production de l'entreprise…

Et, au-delà de la banque vitrée, un volume de cette espèce « d’open-space » englobant six bureaux individualisés par des cloisons acoustiques basses ; cloisons basses donc visibles de partout tout autour et par tous… Bref !

Le spectacle offert par le dernier bureau envahit ses yeux qui se troublent se brouillent et punissent son excès de zèle. Il demeure figé : poignée collée à sa main, porte bloquée demi-ouverte et demi-fermée comme refusant de choisir et lui interdisant de fuir. Il veut dévier les yeux mais son regard flou semble aimanté au bureau. Dans le miroir se défait un visage qui rougit, qui pâlit ; un visage distillant des perles de sueur sur le front. Puis le reflet des amants qui s’agite dans son dos ; le succès des amants qui se distinguent dans son dos. Il perd ses sens : miroir sans dessous inverse sang dessus dessous ; sens d’offense. Il grelotte du palpitant, il frissonne de l’échine. Laborieusement il ferme la porte et réussit malaisément à joindre son bureau chez qui il se « défense » en s’étalant dans le fauteuil qui le désavoue en couinant et en rejouant devant ses yeux la scène à l'infini où elle s’imprime indélébile jusqu’aux « igues » de sa tête débile n’ayant aucun remède à effacer...

Alors il s’agrippe à son manteau (comme à un voile de prétexte qui masquera sa fuite) et cours se réfugier chez sa femme…

Sa mine doit être pitoyable car elle s'inquiète : — T’es malade ?

J'ai vu quelque chose qui m'a fait de la peine. — Raccourcit-il.

Affirmant que lui, avec sa sensibilité ridicule, encore une fois… Elle se met en colère. Et supposant, à juste titre sûrement, que lui et sa sentimentale grandeur d'âme ; lui et sa conscience utopiste, se seraient encore une fois laissés attendrir par une connerie sans intérêt au sens du commun mortel, elle l’injurie et raille : long sarcasme du « con » informe et bouché qui l’habite toujours à la vision de ce que son éducation sectaire juge être des « infidélités Sybarites », des libertinages Sadiens, et autres adultères...

Ça, pour une connerie, étymologiquement c'est une connerie. —

Dit-il sèchement. Et aussi sec, il raconte le film qui « file sa mémoire » :

…J'ouvre. Je vois… Sur le bureau tête renversée yeux clos, mordant ses lèvres laissant siffler un soupir étouffé dans le chandail roulé libérant les seins jaillissants hors de leur carcan, jupe entortillée à la taille cuisses nues ouvertes couvertes d’une myriade frissonnante auréolant la tête du Julien animé d'oscillations ânesques broutant avec délectation... —

Soulevant habilement son sari de Bali, dévoilant subtilement quelques-uns de ses charmes…

Il frissonne de l’échine...

Révélant d’autres appas, adroitement offrant ostensiblement quelques-uns de ses attraits nus…

Il grelotte du palpitant : — tac-tic-toc… —

Sa femme l'interrompt :

Comment faisaient-ils ? — L’excite-elle.

Il transpire de l'Alerte...

Entre deux éclats de son rire espiègle elle le séduit.

Il fond du brelan aux dames.

T'es plus jaloux ! — Assure-t-elle...

L'heure du dîner s'est enfuie…

Puis les images crues du film aussi...

C'est mieux pour de vrai, non ! — Conclut-elle...

Beaucoup plus tard…


* * * * *

Depuis le lendemain de cet inoubliable soir, s’il doit absolument entrer ailleurs que dans son bureau, il frappe à la porte, toujours, même s’il se croit seul : il est persuadé que ça lui évitera des visions troublantes. C'est mieux ainsi…

Ainsi aussi n'a-t-il jamais relaté cette épique vision à Joseph, ni à son assistante, ni à aucune autre personne de cette société ci. De même, il n'a jamais su s'ils savent qu’ils les a vu ou pas. Et, comme en société ils restaient très discrets, il croyait à une idylle. De plus, sûr et certain, qu’elle (elle plus particulièrement) n'était ni frivole ni libertine, il croyait sérieusement qu'il fallait avoir vu, comme lui, pour être sûr qu’il s’agissait d’une belle et pure liaison vertueuse. Pourtant, un jour… Précisément elle, est dans son bureau, avec lui, tous les deux, seuls... Elle développait un rapport. Préoccupé par un souci d'autre nature, il forçait péniblement son attention à se fixer sur son commentaire. Sûrement qu’il devait la dévisager assez bizarrement car elle se tut net. Interloqué, il scruta ses yeux. Alors, souriante et avenante, elle affirma ; de ce genre de sourire peu farouche :

Vous aussi... Vous voulez... Me faire l'amour ! —

Il tomba du plafond ! Puis, se ressaisissant assez vite (Non mais… tout de même ! Ce n’est pas « par hasard » s’il est son directeur, n’est-ce pas ?), il lui répliqua, sèchement mais aussi très sincèrement :

Que dites-vous là ! Je suis choqué ! D'abord, j'ai des principes tels que : jamais de relation équivoque au travail. Ensuite, faudrait que je sois amoureux de vous. Seulement voilà : j'aime ma femme à la déraison. Enfin, si ma femme se désintéresse de mon travail, c'est pour mieux m'offrir ses plaisirs et me pousser à m'abandonner aux siens. Alors, croyez-moi, après elle, je n'ai envie de rien ni de personne...

Elle s'excusa… Lui aussi. Surtout, lui… Et surtout, il se fit un devoir (initié de sa morale) d'expliquer que « son regard insistant » était motivé par l'unique attention qu’il souhaitait porter au sujet rapporté et non pas à son charme qui, pour autant, doit être certain… Enfin quoi, l'une de ces veules flatteries dont les cadres supérieurs savent user et abuser sans bourses délier (C’est exactement ça : toutes les bourses)...

A cet endroit précis de sa lecture, sa femme (elle qui l'incita fortement à libérer de son histoire), choisit de vider son sac à reproches :

Tu te carapaces. Tu tais tes sentiments et parles de ce qui blesse avec distance : du bout des lèvres et des doigts mais jamais du fond du cœur.

ça l'interpella, sérieusement, intimement, problématiquement :

Est-ce par amour qu'elle me force à me dévoiler ? —

Livrer le fond de mon cœur ? —

ça ne lui donne pas le beau rôle ! —

Justement !

Alors, il lui promit de se faire violence et de se lâcher.

Même mieux : il lui promit de suivre une thérapie, si nécessaire.

C’est ainsi que, plutôt que de payer pour parler ; payer des psys par exemple, choisit-il de nous raconter cette histoire, pour que nous la saisissions et que nous la frappions pour lui…

Et que nous vous la transmettions dans l’ordre des choses... 




* * * * *

Quelques temps après l’épisode du sourire peu farouche de son assistante, il allait devoir de nouveau surprendre Maurel en flagrant délit de cunnilingution...

Le lieu et les circonstances étaient identiques, à la nuance près que la tête à Maurel fouillait entre les cuisses d'une autre femme. Ce qui différait aussi, c'est qu’il avait frappé à la porte et qu’il avait attendu qu'on lui répondit. Mais aucune voix ne se signalant, il était entré. Et, comme il ne doutait pas qu’il est seul, il se retrouva au centre du hall au beau milieu d'éclats désarticulant :

— humm-ahh-Hiii !

Eclats d'apothéose ou d'extasie triomphante, ponctuée du claquement bruyant de la porte qui se refermant derrière lui, ne surprit que lui...

Mais, et eux, alors ? Eux ? Ils ne s’affolèrent pas : elle caressait le crâne à Maurel, il abandonna l'antre, s’avança au-dessus d’elle... elle caressait sa raideur, Il lui caressa le ventre, les seins. Elle activa sa main branleuse. Il se raidit, se crispa et lâcha : — Vaouahff ! — En même temps qu'il lui gliclait sur le ventre. Elle remonta sa main vers ses lèvres et lécha ses doigts… Il fit courir sa langue du nombril aux seins… Il s'embrassèrent sur la bouche partageant son foutre.

Et notre directeur, là, devant ça ? Son cœur se désorienta : il chercha à fuir… Son coeur força le bord de ses lèvres : il bloqua sa respiration ; il bloqua ses mâchoires pour contenir son envie de vomir… Il paniqua… Heureusement que, ce cérémonial s'achevan et que nonchalamment la tête de la femme s'inclina, un peu, pour porter quelque attention vers la porte. Inclination qui, à nouveau, abasourdit notre Directeur reconnaissant la femme : madame la directrice des ressources humaines.

Elle ? De le voir là ne s’émut nullement. Et même, elle lui offrit un sourire ravi validant sûrement sa pleine satisfaction des compétences de l’adjoint. Ce fut donc, un test concluant. (On aurait aussi pu dire : un test « con gluant) … Quant à Maurel, son sourire brillant (plutôt, luisant) lui apparut franchement narquois... Toutefois, notre Directeur, qui n'avait pas du tout le cœur à sourire, voulut hurler son dégoût. Alors, il s'en retourna… vers...

Le lendemain, la Ds-RH lui téléphona : elle voulait s'expliquer. Il lui répondit : — Je vous attends chez moi. — Car il refusait d'aller chez elle : en terre ennemie. D'ailleurs, tu vas voir.

Elle tapa à sa porte... A peine l’eut-elle refermée, la poignée encore dans sa main, qu’il lui dit :

— Faites bref ! Car je n'arriverai jamais à vous comprendre. —

— Holala ! Le prude ! — Elle en rit gaiement : — Écoutez ! Je suis une femme libre ! Alors, je fais l'amour avec qui me plaît. Et ça, ça n'influe pas sur mes choix professionnels ni sur mes décisions : ni pour, ni dans l'entreprise. Simplement, pour Maurel, je voulais juste vous dire qu'avant son embauche je ne le connaissais pas : alors si aujourd’hui, parfois je baise avec lui, je vous jure que lors de son embauche ça ne m’avait même pas effleuré l’esprit. —

Dit-elle avec beaucoup d’aplomb.

— Savez-vous qu’il y en a d’autres ? — Chercha-t-il à biaiser.

— Oui, oui ! Je sais. Et c'est plus sain. — Sourit-elle.

— Vous croyez ? Ça ne vous embarrasse pas que n'importe qui puisse vous découvrir les jambes en l'air ? — S’étonna-t-il.

— ça me serait royalement égal... Seulement, voilà, seulement vous, peut entrer où il veut. — Le nargua-t-elle.

— Tous les directeurs peuvent entrer où ils veulent : vous aussi. —

— Ah ah ah ! — Rit-elle de bon cœur — Tu ne le sais pas encore ? Mais le seul directeur avec qui je n'ai pas encore baisé, c'est Toi. —

— Qu'entendez-vous par là ? — Bredouilla-t-il en cherchant (sans le trouver) le ton de l'ironie.

— Toi seul ne m'as fait encore aucune avance. — Elle ricana.

— Les propositions impliquent-elles l’action ? — Osa-t-il.

— Toi seul peux y répondre. — Dit-elle accentuant son tutoiement :

N’as-tu pas remarqué que T‘es encore le seul à me dire vous ? —

Insista-t-elle par un jeu à lèvres fort séduisant et d’un rouge scintillant.

— Donc « encore » est synonyme de « jamais » — Persifla-t-il.

— Jamais on peut affirmer : « jamais »... — Railla-t-elle.

— Comme je ne tutoie personne, je cours le risque. Bonsoir ! —

Il entendit trembler sa voix. Elle aussi, sûrement, car elle lui offrit un sourire ... Les écrivains, eux, auraient eu la méthode pour le décrire, carnassier ...

Lui, il n'avait même pas eu le courage de la dévisager, encore moins de l'affronter. D’autant que, shuntant son temps de la réflexion, elle avait allégué :

— Je sais comment tu te caches derrière ta femme ; derrière l'image de ton amour, de ses plaisirs comme derrière celle de la passion de ton travail... Quand après elle, tu te livres à ton travail, c'est comme à une maîtresse. Crois-moi : au travail, il n'est plus question d'amour mais de nécessité, autant pour moi que pour ta femme ou... —

— Faites chier ! — L'interrompit-il en hurlant. Aussitôt il ajouta :

— Laissez ma femme en dehors de tout ça ! Et foutez-moi de vous comme de moi la paix... —

Le rire grinçant et moqueur de la D(S)RH avait autant désorganisé sa pensée que ses mots. Alors, quand le grincement s’amplifia en ces mots :

— T'es introverti. Non ! Tu veux inverser les rôles, alors ? Dis-moi, t’es maso, dominé, ou... —

Notre directeur hurla : — Rien du tout ! — les vitres en tremblèrent et ça le soulagea. Exactement, il se sentit moins opprimé mais aussi, plus déprimé…

Entre deux gloussements elle dit : — Gros nounours boudeur ! —

— Oui ! Je sais, je suis comme ça moi : un sauvage, moi. Et puis, Sources humaines et psychotruc, moi, je m'en... —

Mais elle était sortie… Et il resta seul à s'entendre stupidiser...

Et le tableau de la veille qui restait imprimé dans sa tête... Il s'enfonça dans le fauteuil qui cette fois encore couina sa désapprobation. Il ferma les yeux, bien qu’il sût n’avoir aucun remède à effacer... Et la scène se déployait à l'infini...

Et la scène qui se rejouait en stéréoscopie sur l'écran de ses paupières closes... Et cette scène, exubérante, réveilla son envie de vomir...

Alors, se sentant fébrile, il s'enfila dans son manteau, et rentra chez sa femme...


Il attendait sa femme...

Le temps paraissait interminable... Il déambulait dans l'obscurité vestibulaire comme s’il avait eu peur que l'appartement l'avalât, ou… Comme on attend son tour dans l'anti-cabinet médical, en se faisant la bile minable. Tant pis, que l'image fasse le mot lourd : on ne soigne pas ses maux avec des mots empilés.

Peut-il encore supplier le supplicié empalé ?

Rivé au pal, qui peut le soulager de son mal ?

Alors ! A quoi donc servent les mots ?

A réconforter un peu ou à mortifier mieux ?

Où est l'intérêt ?

Qui en retirera de menus avantages ?

Pas lui : il avait trop mal

Ces maux qui étaient bien pires que le supplice de Tantale...

Il s'insultait sans répit :

— Pourquoi ai-je donc refusé d'écouter la suite ? Redoutai-je davantage d’entendre : Toute femme sait faire le bon choix. C’est la part de leur distinction. —

La voix grinçante de la sirène des RH persiflait dans son oreille ; un chant aiguë et grinçant, persistant à égrener ces mots :

— Crois-moi : au travail, il est question de nécessités, autant pour toi que pour ta femme ... —

Sa femme, faire un choix à part ; un lot séparé de lui : choisir de faire distinction des choses par nécessité ?

Comme : « Choisir de tolérer »... Des compromis ? Prendre des libertés en raison de...

Le raffinement de la distinction consisterait à assumer sans différence la part des nécessités ?

Qui possède pareille audace ! A quoi ça rime ?

Peut-on gommer le mot « infidélité » ?

Il n'en savait rien, ne sachant même pas ce que le commun mortel entend dans le mot « fidélité »…

— Toi, t'es encore tombé sur une séance cochonne. —

La voix de sa femme l’avait fait trembler de peur : à deux pas de la porte, il ne l'avait même pas entendue rentrer. C'est dire l'ampleur des stupidités qui l'habitaient. Normalement, de le surprendre ainsi, dans sa « sensibilité ridicule », ça la mettait en colère. Pas ce jour là. Et nous croyons même qu’il l'avait attendrie ... Ce qui, entre-nous, au lieu de le rassurer, avait intensifié sa panique.

Néanmoins il avait tenté de dépasser ses angoisses, comme ses pudeurs :

— Mon amour ; je ne parle pas de ce qui me blesse avec distance, je ne tais pas les sentiments de mon cœur ; je les exprime du bout des lèvres et des doigts non par dédain ou décence mais parce qu'ils me font peur. Si c'est ça, ma carapace, c'est que je l'ai héritée de l'éducation prude de mes parents et que je l'ai enrichie au calcium de ma timidité ... —

— Tu tournes en rond avec tous tes préambules, préfaces, volte faces. Dis, tu la racontes, ta drôle d'histoire qui n'est ni drôle ni gaie ? Sinon comment connaîtra-t-on son épilogue ? Moi, c'est ce que m'intéresse. Même plus : tout compte fait, ce que j'attends, c'est sa post-face. —

— Je croyais avoir réclamé ton pardon, avant ... —

— Arrête tes introductions verbales : vas au fond : remue-toi ! —

Il lui était soudain survenu des images qu’il qualifia aussitôt obscènes ; des images d'introductions et de pénétrations profondes : des images de rythmes diaboliques et d'oscillations saccadées, et du balancier asymétrique aux élans arythmiques ; des images du con par « G » enflammé.

Et tu vas rire, tant c'est stupide : ça l’a fait pleurer.

En fait (vaut mieux le dire dès à présent), ce n'est pas à cause de cette vision qu’il pleura, mais à cause du souvenir que tu découvriras dans le récit qui est par là.

* * * * *

C'était une fois…

Cette fois encore, où il lui manquait des pièces au dossier qu’il voulait clôturer. C'était longtemps après le soir à vomir ; après qu’il avait fait des efforts inouïs pour dominer sur les désordres qui ravageaient son cœur dès qu’il s'apprêtait à ouvrir une porte, à franchir son seuil, à pénétrer au-delà comme s’il avait eu à passer du ciel à l'enfer, ou comme s’il avait craint d'être pris en otage pour sévices et livré aux Borgia : Lucrèce, père et vices… Du moins était-ce les délires le conduisant aux portes de l'apoplexie. Et de l'enfer ou de Sodome, il ne savait pas jouer le Lot en nuances... Enfin quoi, ce genre d'amalgames débiles.

C'était avant, car aujourd’hui (et ça fait longtemps déjà), il n'écoute même plus battre son cœur…

C'était une fois où tapant à la porte, il entendit Maurel dire : — Entrez ! —

— Bonsoir, excusez-moi une minute. — Dit-il à Maurel et à la femme décemment assise face à lui, de l'autre côté du bureau : — Bonsoir, je vous présente ma femme. — Dit Maurel. Il se répéta plusieurs fois : insistant. Elle se leva, offrit un sourire éblouissant et dit : — Bonsoir monsieur ! —

Maurel s'excitant dans son dos, rabâchant : — C'est ma femme ! —, notre directeur finissait enfin par réaliser que « ma femme » signifiait bien qu'elle est légitime : Madame Maurel

Mais surtout, il réalisait également que c’est une femme… Splendide :

— J'en avais rarement croisé d’aussi élégante, d’aussi fine, d’aussi Sublime. Je sais reconnaître la beauté des femmes mais je ne sais pas la décrire. Je sais avouer : « c'est une belle femme ! » Expliquer pourquoi, ça non ! —

Il aurait été capable de dessiner ses traits comme on le fait d’une sculpture ou d’une plante... Tu aurais pu en toute liberté donner à cette virtualité les formes qui te plaisent, mais… De toute façon, pour la suite de l'histoire, sa beauté n’aura que peu d'importance, tu en jugeras par toi-même...

Et à l'instant où leurs doigts se serrèrent, il sentit une décharge : comme celle d'une surcharge qui fait disjoncter. Et il se surprit en surchauffe… A vouloir trop saisir ce qui peut bien pousser Maurel à se brûler ailleurs : — Il flambe au rendement sexuel ? Tout de même ! Elle est plus belle que la plus belle de ses maîtresses. Beaucoup plus belle ! — Hurla-t-il, en lui-même. Parce qu'au dehors, il fit bonne figure et salua révérencieux et bafouillant : — Enchanté de faire votre connaissance

Ils parlèrent de choses et d'autres, de banalités, de travail, d’enfants, de... Mais il n'écouta plus, étonné de découvrir que Maurel était, non seulement marié, mais qu'il avait aussi trois enfants… Alors là, il fut, de nouveau, saisi de cette « envie de vomir »... Alors, il dit : — Bonsoir ! — et quitta les lieux précipitamment, sans avoir récupéré ce qu’il était venu chercher, et, en courant sans interruption, il rentra chez sa femme : — J'avais grand besoin de te serrer fort dans mes bras. —

* * * * *

A suivre
Pateric
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Par Pateric - Publié dans : Contes - Communauté : Des Fantasmes par la Langue
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Mardi 10 février 2 10 /02 /Fév 18:34
 

Sans Artifice …

Carmen, dès l'instant où elle se vit pleine de vie, supprimant tous les colifichets pierçant ses chairs et brûlant les gravures ornant sa peau, de sa mémoire raya d'un seul trait d'oubli les tumultes de son passé. Et elle ne ressentit plus cette impérieuse nécessité de s'exhiber sur scène ; d'offrir l'intimité de son corps aux éclairs de la rampe, aux feux des yeux du public, aux excitations telluriques des accords de Gabriel ; elle n'eut plus besoin d'abuser de l'exceptionnelle souplesse de son corps, ni de plaquer ses épaules et de planter ses pieds au plancher, ni de relever ses fesses, de grand-écarter ses cuisses, d'offrir son sexe ouvert… Ni de sucer son majeur, pour vivre : pour vibrer, trembler, jouir... Pour sentir la vie la pénétrer et l'envahir... Puisque aussi bien aujourd'hui la vie décidait de l'investir pour demeurer en elle. Et bien que son désir de danser subsistât, vivace ; subsistât assez intense, et très exaltant même, elle possédait le bon remède dans l'autre partie d'elle-même : Gabriel

...

Gabriel arrivait à la fabrique au premier coup des neuf heures. Il la quittait au dernier des quinze. ça suffisaitt car la fabrique n'avait jamais été aussi rentable. Ainsi, il rentrait tôt au mas. Et dans le grenier de l'Est, jusqu'au soir, il soignait les désirs de Carmen.

[De par la volonté de ses ancêtres, on accédait à ce grenier de plain pied depuis l'extérieur par une porte cochère en conifère décomposé. Gabriel la fit remplacer par une immense baie, coulissante et motorisée, aux vitres fumées à la vive couleur cuivrée polarisant la douce et intense lumière de Nord.

Aujourd’hui, on y découvrait une vaste salle de musique et de danse. Dans son tiers gauche un piano quart de queue de Rameau d'Alès verni brillant aux couleurs anthracite de la mine abandonnée]

... Chaque jour que fasait le temps qui passe, Carmen dansait Gabriel jouait…

Puis, la nuit tombée sur le couvercle, sur le clavier, le tabouret sur le parquet, ils communiaient toujours, Carmen chevauchant Gabriel : toujours. Toujours ils jouissaient beaucoup, et prolongaient le bonheur par une longue extase chaque jour plus angélique. Angélique est approprié à la condition qu’on s’abstienne d’y accoler le vulgaire statut de la virginité comme représentant d’images de la pureté. Ainsi, Gabriel excellait dans l’art du peaufinage (Non pas en raison du statut de leader mondial décerné à sa Fabrique perpétuant l’art du tannage et traitements des cuirs et peaux des causses, et des caïmans des piscines drômoises et ardéchoises (c’est une concession à l’énergie nucléaire), ou d’ailleurs ; cuirs et peaux (de très grand luxe (style : Large Very Must Hybridé))... Donc, Gabriel excellant dans l’art du peaufinage, enduisait Carmen d'huile d'amande douce et vierge, ou de lait de coco, et massait son corps lentement tandis qu'elle travaillait ses souplesses de mi juin à mi janvier. Et, vers la fin, en grand écart face à Gabriel choyant ses seins fermes devenus énormes, sa proéminence reposant au sol, ils entendaient résonner sur le parquet les battements sourds et pressés de l'enfant…

Carmen nourrit son fils aux seins (se rangeant ainsi, et sans nulle peine, à l'avis médical pronostiquant, autant un lait abondant et riche, qu'un plaisir très rare ; pronostiquant une communion sans égale et un retour d'équilibre hormonal favorables à sa plastique comme à sa forme)…

Et Carmen y gagna un « gros lot »...

Jorge Albert est un très bel enfant ; c’est un enfant béni des dieux, et chéri de ses parents ; c’est un enfant gâté de son grand-père, idolâtré de sa mère, qui bien vite et sans effort, saura où situer ses intérêts...

Carmen donna de ses seins à Jorge durant quinze mois (ce qui sous nos latitudes et dans nos civilisations, est extraordinaire, voire inconcevable). Certes, autour de ses six mois Jorge fut aussi nourri d'autres aliments, mais il voulait encore les seins de Carmen et s'endormait rarement sans les téter. Et Carmen ne parvenait pas à se sevrer de « ce » plaisir qu'elle en retirait. Plus Jorge tétait, plus le lait montait, plus le plaisir l'inondait...

Gabriel se plaisait à les regarder ; il admirait cette étrange communion sans jalousie ni aucune autre arrière pensée : il pensait que c’est sain et normal. Et, en voyant Carmen rayonnante comme il ne l'avait jamais vue avant, ni comme il n’aurait jamais pu l'imaginer, il en était même convaincu… Il n'y a qu'un « truc » qui le dérangerait un petit peu : plutôt, l’absence de ce « petit truc »... Voilà : le lendemain de l'anniversaire du marquis Albert Carmen désira vivement danser. Tous les trois, ils gagnèrent leur grenier... Carmen dansait, Gabriel jouait, Jorge dormait paisiblement du sommeil d'un enfant de trois cent quatre vingt neuf jours de vie... La nuit tombait sur le parquet... Comme Carmen venait pour chevaucher Gabriel, Jorge poussa un cri puis hurla. Carmen se figea. Sa main qui s'apprêtait à conduire Gabriel en elle se crispa sur la verge. Elle les abandonna, bondit vers le couffin aux cris et prit Jorge dans ses bras. Il renifla, ouvrit une bouche avide, saisit le sein droit sans hésiter et... Carmen ferma les yeux, pinça ses lèvres, étouffa un petit cri puis gémit de plaisir...

Repus et propre Jorge se rendormit. Gabriel, allongé au pied du piano, appuyé sur ses coudes à admirer ce ballet, il rêvait. Carmen revint au dessus de lui. Gabriel remarqua son clitoris turgescent et aussitôt il banda raide. Carmen, lentement, fléchit ses jambes. Voyant ses lèvres épaisses rouge sang épanouies, son gland salua du bonnet. Puis, voyant les nymphes violacées, savourant d’avance l’onctueuse chaleur de la sève nacrée nappant le trou noir qu’elles cachaient et où chavirera sa… Le cœur de Gabriel battit sur son gland… La main de Carmen saisit la verge de Gabriel, et comme elle s'apprêtait à la conduire en elle, Jorge se réveilla, cria, et puis hurla...

Une vingtaine de jours ainsi, soir après soir, avant que Carmen, après qu'elle a dansé, prenne Jorge et s'en retourne dans le salon du mas Roux...

A la suite, jamais plus Carmen se pénétrera de Gabriel la nuit tombée, glissants du clavier au pied du piano avachis renversés ombres spectrales nues filant sur le parquet...

Aujourd’hui, sans aucune arrière pensée, se plaisant à admirer cette communion qui unissait la mère et l’enfant, en voyant Carmen rayonnante comme jamais avant, il n’y avait plus que ce « petit truc » qui le dérangeait : la réceptivité néfaste de Jorge contre les vénérations de Carmen pour lui…

Mais, n’était-ce pas davantage l’absence d'enthousiasme de Carmen à consacrer ses exaltations qui dérangeait Gabriel ?

Tu te poses encore des questions pareilles ? – Grinça ma femme aboutissant à ce

point du conte. Ce genre d'humour à friction face à pareille situation a engendré des réactions irritantes qui m’ont fait hurler ma défense :

Il y'a longtemps que je ne me pose plus ce « genre de question : je la pose aux autres ! Je la leur pose car, persuadé qu’ils subissent pareils outrages plus souvent que tu crois, j’aimerai qu’ils répondent franchement que le résultat est issu, non pas d’une extrême sensibilité de l’enfant, mais plutôt du plaisir de la mère à répudier la femme... —

Ma femme a jeté le livre puis est sortie sans mot dire.

Son dédain m’a plus fâché que si elle m’avait maudit

... Toujours, le soir couché, la nuit entamée, et aussi le matin naissant, Gabriel caressait Carmen endormie lovée comme dans le ventre de sa mère mains sur son pubis dos cambré cul offert ; Gabriel n'avait de cesse de bander de caresser et de laisser glisser ses doigts ; Carmen les yeux clos n'ayant de cesse d'osciller lascive, de caresser la main agile et faire pénétrer leurs doigts, puis d’en gémir faiblement ; Gabriel apprêtait sa verge, Carmen la conduisait main ferme vers l'entrée. Précise la tête oblongue glissait et les lèvres charnelles appréciaient ouvrant la voie de l'antre des délices de la belle endormie : depuis quelques mois, ce n’est qu’ainsi qu’ils s’aimaient. Mais cet « ainsi », ils l’aimaient aussi énormément et en jouissaient intensément

... Un petit matin naissant, Gabriel caressait Carmen endormie lovée, cambrée cul offert ; Gabriel bandait et laissait glisser ses doigts ; Carmen les yeux clos oscilla lascive, caressa la main agile, fit pénétrer leurs doigts, puis gémit doucement ; Gabriel apprêta sa verge, Carmen la conduisit vers l'entrée. Précise la tête oblongue glissa et les lèvres charnelles ouvrirent la voie de l'antre aux délices de la belle endormie… réveillée au cri : le cri strident de Jorge qui envahit le silence des chambres. Carmen comme un félin qui ne dort jamais bondit, étouffa le cri, blottit l'enfant sur sa poitrine qui se tut, bouche pleine d'un sein. Il téta avide et Carmen cambra ses reins, pinça ses lèvres, sa tête renversée, ses yeux clos, gémit doucement, dansa du ventre et du cul, flotta des hanches, savoura ce délice...

Et, Gabriel une main au chambranle regardait, muet…

Le soir venu, Gabriel caressa Carmen charnelle… cambrée cul offert ; Gabriel banda et laissa glisser ses doigts ; Carmen les yeux clos se dandina sensuelle, fit pénétrer la caresse des doigts ; Gabriel apprêta sa verge, Carmen de sa tête oblongue se pénétra l'antre de ses délices sans ménagement, puis gémit impudemment et tressailla… au cri discordant de Jorge qui envahit le silence des chambres. Carmen comme un félin… bondit…

Dès lors, toujours, le soir couché, la nuit entamée, ou le matin naissant Jorge criait à l’instant même où les lèvres secrètes de Carmen avalaient le doigt d’amour de Gabriel : comme si cet amour parental n'avait su qu’engendrer un « monstre à cauchemars »… Depuis, Gabriel fuyait souvent la main agile à faire pénétrer son doigt. Il se levait, arpentait le couloir, la chambre… parfois, il s'approchait du lit et regardait Jorge dormir paisiblement. Toutes les fois où il se penchait sur lui, l'enfant ouvrait les yeux un sourire d'ange sur les lèvres, gazouillait, moulinait des jambes, tendait ses bras… Alors, Gabriel le prenait, l'amenait vers son buste mais Jorge résistait, éloignait sa tête et scrutait son père le regard froid et les lèvres crispées... Gabriel ne comprenait pas

...

Un peu plus tard, Jorge sait marcher mais il tète encore.

Lorsque Carmen dansait il aimait sauter dans ses bras prendre un sein entre ses petites mains caresser le téton le faire durcir et l'aspirer... et Carmen dansait cambrée lascive yeux clos tête renversée gémissante.

Quelquefois Gabriel riait.

Mais le plus souvent Gabriel ne riait plus.

Une fois même, où Gabriel s'arrêta de jouer, Jorge se mit à pleurer. Alors, Carmen lui reprocha sa jalousie stupide. Gabriel pleura : jamais de sa vie avant il n'avait pleuré. Carmen s'approcha et l'embrassa sur les lèvres tendrement en disant :

Pardonnes-moi, je t'aime. —

Jorge hurla : — Non Maman aime Jorge ! —

...

Quelques temps après, Carmen décida, enfin, que Jorge ne tètera plus.

Factuels caprices…

Gabriel Carmen et Jorge vivaient le plus souvent seuls au mas Roux : Carmen n'aimait pas le quitter ; elle n'aimait pas descendre à Quissac, ni à Montpellier, ni à Vauvert ou à Aigues Mortes : elle n'était bien qu'ici. Alors, c'est le vieux Marquis Albert de Savignac qui montait jusqu’au mas. Et trois à quatre fois par an, Erika, Julien et Antoine descendaient de Paris où ils vivent maintenant...

Gabriel Carmen Jorge logaient à l'Est sous le grenier : deux chambres cheminées, cuisine américaine, bibliothèque cheminée, commodités au bout du couloir, dessins de Gabriel quatre vingt mètres carré savamment agencés.

Carmen aimait aussi le grand salon au centre commun du mas ; elle aimait son odeur, ses meubles, sa lumière douce du jour de nord et l'immense cheminée de granit avec son feu d'hiver crépitant. Carmen ne laissait passer aucun jour sans venir se prélasser une heure ou deux dans les vastes et moelleux fauteuils de cuir fauve griffés. Mais elle délaissait les autres pièces du mas, surtout celles du premier et plus encore la chambre du Marquis Albert ; la chambre où Marie-Cécile est morte lui faisait certainement peur car lorsque Gabriel en ouvrait la porte, elle tournait le dos. Quand Gabriel y entrait, elle redescendait. Alors Gabriel avançait, à deux pas des pieds du lit, et son regard semblait se perdre sous le gros édredon de velours ocre en duvet d'oies... Et il se souvenait aussi

... Là, devant la cheminée et du foyer consumant du chêne vert qui grésillait, la première fois où ils firent l'amour sans gêne sous les yeux du Marquis qui fasciné ne pouvait fuir, ni, ni... Et tandis que Carmen poussait le râle suraigu de son orgasme, Albert avait donné sa bénédiction. Mais Gabriel n'en comprenait toujours pas le pourquoi...

...

Jorge est trop grand pour téter maman ! — Dit Carmen.

Jorge était suffisamment grand pour comprendre. Aussi, il ne téta plus, avide : il suça le mamelon délicatement pour la première fois. Et Carmen cambrée frémissante haleta lèvres entrouvertes. Elle aima mieux ça et le dit :

Si, mi angel, si, eso, es eso, mimoso precioso. — En susurrant chaque mot

Jorge en digne fils de ses parents donnait des signes évidents de précocité. Très vite, il parla correctement, en usant même d'un vocabulaire et de tournures de phrases élaborés et riches. Et il comprenait tout très vite, même souvent ce qui n'était que sous-entendu ou murmuré. Carmen s'émerveillait. Gabriel aussi. Mais à chacun des progrès de Jorge, Carmen le récompensait, un peu comme fait le dresseur des animaux savants du cirque

... A trois ans, Jorge savait lire ses alphabets et décomposer quelques mots :

ma-man, pé-pé, mai-son, ca-sa, comer, man-ger, mer, pla-ya, bâ-ton, ba-teau…

bilingues sans se tromper. Il connaissait sa clé de sol et savait aussi monter une chromatique et jouer : du bon tabac, pierrot, va t'en guerre, meunier… Ainsi que quelques autres classiques sans trop déraper et faire danser sa mère.

Carmen, pour le récompenser lisait Cervantés Arrabal Neruda… Et Rabelais Aragon Sartre comme d'autres le petit poucet ou la chèvre de Seguin : Jorge était insatiable.

— Encore maman. — Exigeait-il. Ou bien il demandait :

Que veut dire tout ça... Como esta eso : viviendo de aire... —

Carmen répondait toujours. Et à tout. Et, Jorge grimpait sur elle, se blottissait, frottait sa tête bouclée contre la poitrine drapée, respirait fort et demandait :

Quieres, mimoso precioso de tu angel ? — Carmen ne savait pas refuser

Au milieu des nuits, après que la bouche de Gabriel eût adulé l'intimité de Carmen ; après que le bouton sacré prenant sa démesure eût bien joué entre les lèvres de Gabriel ; après que la langue de Gabriel se fut délectée du nectar secret ; après que Carmen (muscles bandés, fesses suspendues, sexe offert, jambes écartelées), aux extrémités de son plaisir aura joui d'un gémissement de fauve, d'un feulement rauque ; avant que Gabriel totem dressé s'enfouisse dans le temple des délices... Jorge s’immisçait.

On entendait ses petits pas sur le parquet. Il entrait dans le lieu saint, montait sur l'autel, poussait le prêtre loin de l'idole maternelle, s'allongeait sur son ventre, caressait ses seins ... Carmen ne disait rien. Elle caressait ses cheveux et il se rendormait bienheureux.

Gabriel ne disait plus rien depuis leur dispute ; leur première et unique dispute :

Avec d'infinies précautions, Gabriel avait enlevé Jorge du ventre de sa mère. Il l’avait porté dans sa chambre et l’avait recouché dans son lit. L'enfant n’avait pas bougé. Gabriel était resté quelques instants à l'admirer. Puis il s’était dit :

–  C'est étonnant comme il ressemble à un ange. —

Il était revenu s'allonger, ventre blotti contre le dos de sa femme. Elle avait demandé :

— Il dort ? —

Oui ! Comme une ange. — Avait-il répondu en caressant les seins de Carmen.

Elle s’était retournée, à plat dos, cuisses ouvertes, clitoris arrogant, lèvres... A refaire bander Gabriel sans coup fourré. Alors, Gabriel s’était glissé sur son ventre et comme Jorge avant, il avait caressé ses seins… La verge aux portes des lèvres entrouvertes se contenait là. Carmen appuya ses mains sur les fesses de Gabriel pour la forcer. Mais elle se refusa. Soudain par un coup de rein brutal elle se planta jusqu'à la garde. Carmen se cambra, s'agrippa aux cheveux de Gabriel, mordit sa bouche... Et mâcha ces mots entre lèvres et dents :

Oui sauvage ! C'est bon ! Continue baise-moi ! Plus fort encore ! —

Gabriel ne s’était pas fait prié. Il avait foncé ! Enfoncé ! Défoncé ! Puis il s'était étonné : il ne se connaissait pas cette fougue et ne soupçonnait même pas qu'existât pareil plaisir. Eh oui : c'était la première fois en huit ans qu'il baisait Carmen, lui, et non pas qu'il la laissait se baiser elle de lui. Et cette jouissance lui plaisait tant qu’il se promettait d'en user… Et d'en abuser... Lorsque dans son dos il sentit des coups de poings ; de petits poings mais qui tapaient très très fort. Puis les cris de Jorge :

Vilain méchant, pas câlin. Vilain, Vilain... —

Gabriel n’avait pas apprécié. Houlà-là non ! « Vilain » ? Insulte suprême ; L’insulte que Gabriel n’aurait jamais pu accepter, Marquis ou pas : en cette occurrence, la noblesse ne détient pas le monopole de la dignité... Gabriel s’était retourné vivement. Il avait soulevé Jorge à bout de bras et, le regardant dans les yeux, il avait dit distinctement et assez durement :

Si tu as une maman qui t'aime c'est parce que tu as aussi un papa qui l'aime. Et toi, tu n’aimes pas ta maman ? —

Jorge avait froncé ses sourcils, il avait boudé, puis il s’était mis à crier :

Maman est à moi. —

Elle n'est pas à toi plus qu'elle est à moi. — Avait répondu Gabriel.

J'aime maman plus que toi. — S’était récrié Jorge.

Peut-être, mais tu as toutes les journées pour lui montrer combien tu l'aimes.

Avait grondé son père.

J'aime ma maman tout le temps. — S’était-il rebellé encore.

Moi aussi, j’aime ta maman tout le temps. Tu partages le jour avec maman, mais la nuit... — Avait tenté de le raisonner Gabriel.

Jorge s’était débattu et avait cherché à frapper son père qui s’était fâché :

T’es un méchant garçon : un gentil garçon ne tape pas son papa. —

Non, je suis le petit ange de maman. — Criait-il toujours.

T’es un ange de zizanie. Une bonne fessée... — Avait voulu corriger…

Laisse mon fils tranquille. T'as pas honte ? Il est sans malice, voyons ! En pleine nuit harceler un bébé ainsi, t'es dérangé ! –

Avait bondi Carmen arrachant Jorge des bras de Gabriel. Puis elle s’était recouchée en gardant Jorge sur elle. Et l’enfant avait cajolé ses seins comme il savait si bien le faire. Carmen avait caressé sa longue chevelure aux boucles dorées. Jorge s’était rendormi bienheureux…

Gabriel n'avait rien dit. Il avait quitté la chambre nu, était sorti sur le pré haut nu… Gabriel avait admiré la voûte céleste nue scintillant de mille étoiles, longtemps. Un vent cru avait fouetté sa peau nue mais Gabriel n'avait pas ressenti le froid tant sa rage l'avait brûlé...

Depuis lors, Gabriel se satisfaisait de sa bouche et de ses doigts.

Et peu à peu, il en retardait l'heure pour qu'elle fut la plus matinale possible et lui permît de quitter le lit conjugal quand Jorge y entrait sans que Carmen l'interrogeât.

* * * * *

Sacrifices…

A quatre ans, Jorge savait lire couramment l'espagnol et le français, il raisonnait parfaitement, maniait la rhétorique et tenait des discours savants, selon qu'il est dit :

« Les chiens ne font pas des chats. » 

Ou encore : 

« L'homme descend du singe et la vache du cachalot. »

Sans parler de la sentence du « fantaisiste fontainier » :

« Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se brise »

Bien qu’à quatre ans, Jorge soit plus obstiné qu'à trois, plus capricieux, et toujours plus jaloux, des faveurs de sa mère comme des égards de son père pour elle…

Maintenant, dans le grenier, il faisait des scènes hystériques quand Gabriel jouait et que Carmen dansait. Il bousculait son père. Il tapait sur le clavier et jouait ses musiques sur les touches des aiguës, ou sur celles des basses... Et Carmen riait... Et Gabriel souffrait... Parfois il aurait aimé corriger Jorge, mais pour rien au monde il n'aurait voulu se disputer avec Carmen...

Pour les fêtes de la pentecôte lors de leur passage au mas Roux, Erika et Julien remarquèrent chez Jorge ces petits jeux de comportement. Alors, Erika jugea utile d’en parler avec Carmen ; connaissant très bien la nature de Gabriel, elle jugeait important d'avertir des dangers dans lesquels il pourrait s’enfermer, s’emmurer ou se dissoudre. Erika conseilla fortement à Carmen d'asseoir son autorité sur Jorge, l'incitant à rétablir l'ordre normal du père et de la mère, chacun à sa place respective :

Ne va pas nous faire un Oedipe — Précisa-t-elle,

Appuyant sur la sensibilité de Gabriel, Erika explicita les réactions imprévisibles dont elle fut témoin ; d’autant de réactions capables de générer des issues fatales.

Mais Carmen en sourit : tout simplement.

Et puis, arriva le dix janvier 2000…

C’était autour des dix-sept heures et l'obscurité gagnait alentour…

Ils étaient tous les trois dans leur grenier et travaillaient un divertissement pour les quatre-vingts ans du Marquis. Une espèce de trio excentrique, un peu trash où Carmen dansera tour à tour avec Jorge et Gabriel ; Carmen dansera la tentation d'un ange puis celle d'un démon : l’ange Jorge et le démon Gabriel. Inversions de rôle ? Aversion des symboles ? Violation du commun sens divin ? Dévastation de l’idolâtrie des Cieux, l'un et l'autre, tour à tour, joueront au piano leurs chants...

Carmen dansait nue... Carmen a toujours dansé nue. Et d'ailleurs, le plus souvent, ils vivaient nus : pour eux trois, il n’y avait rien d’extravagant en cela. Et moins encore, rien d’amoral, ni de vicieux.

Carmen dansait : elle appela l'ange, pris sa main, pirouetta... Elle l'attira puis elle s'échappa... l'ange se faufila entre ses cuisses. Elle glissa et s'étendit. L'ange, déploya ses petites ailes d’oie et enfouissant sa tête... Gabriel n'en revint pas :

Non ! Mais ce n'est pas vrai... Mais si ! Mais c'est qu’il lui suce le... —

Gabriel arrêta de jouer net. Et Gabriel s'enfuit sur le pré haut blanc de neige vierge. Jorge cria :

Reviens papa ! Je t'aime ! –

Gabriel l’entendit mais il crut le rêver :

Il ne m'a jamais appelé « Papa » et moins m'a-t-il dit  « je t'aime ».

Alors, pris de panique, Gabriel fuit encore plus vite et disparût dans le crépuscule...

A présent il faisait nuit noir et neigeait dru il neigeait comme si rarement ici qu’aussitôt il ne resta nulle empreinte de Gabriel, aucun signe, aucun souffle, rien : il semblait s’être envolé au-dessus de la neige immaculée.

Carmen fouilla partout...

Mais tout le mas et toutes ses dépendances restaient vierges d’indices : sans aucune trace visible, ni aucune trace de cette odeur de Gabriel qui l’enivrait tant.

Carmen pleurait et Jorge aussi…

Alors, Carmen téléphona à Julien, au Marquis… Puis aux gendarmes aussi...

Julien et Erika ayant roulé toute la nuit, malgré les tourmentes de neige et d’angoisses, arrivèrent à l'aube au mas Roux.

Le Marquis et son chauffeur étaient là depuis minuit. Mais il neigeait trop fort et il faisait trop froid pour chercher au-delà des limites du parc. Carmen ne cessait pas de pleurer et ses yeux noirs étaient rouges...

Julien voulut inspecter la grotte préférée de Gabriel ; cette grotte que Gabriel enfant, aimait à explorer jusqu’à oublier le temps ; cette grotte qu’il connaissait parfaitement pour s’y être perdu à chercher son frère… Mais s'enfonçant dans la neige jusqu’à mi-torse, et n'y trouvant plus aucun de ces repères connus qui lui permettaient d'en déceler l'entrée secrète, il y renonça et crut plus sage d’attendre les secours adéquats

Toutes les grottes, tous les bois et tous les massifs seront minutieusement inspectés trois jours entiers, par les gendarmes, les pompiers et leurs chiens spécialisés... Mais Gabriel restera introuvable…

Une semaine après, alors que la neige fondait rapidement, et que Carmen pleurait encore en fixant le vide au-delà de la baie vitrée d'où Gabriel s'était enfui, adossé au rocher, derrière la cascade qui revivait, elle le vit : Gabriel nu ; Carmen vit Gabriel qui, souriant, la regardait. Alors, Carmen se dévêtit et aussitôt, bondit nue sur le pré ; nue, elle courut les bras ouverts en criant :

Gabriel ! —

Jorge se précipita jusqu’au vélux éclairant la mezzanine surplombant la « grange-grenier à musique » et dominant de très haut, le pré, offrant une vue aussi vaste que splendide de la cascade et des bois alentour. Carmen s'approcha mais Gabriel ne broncha pas. Elle le prit et le serra dans ses bras. Gabriel tomba et l'entraîna avec lui, juste sous la chute d’eau, au milieu de la vasque de granit. Carmen hurla... Et ses hurlements déchirèrent le vacarme des flots de la cascade qui se brisaient sur leurs têtes et sur leurs corps nus et rejaillissaient jusqu’à la surface de l’onde dans un fracas bouillonnant…

Depuis son « mirador », Jorge regardait ses parents enlacés, sans broncher. Il les regardait « rejaillir » de l’eau de la cascade aux rythmes assourdissants de ses flots et des cris de sa mère ; il les regarda un très long temps... Lorsque Carmen ne cria plus ; lorsque « amalgamée » à Gabriel elle se laissa glisser vers le fond de la « baignoire » puis disparut aux yeux de Jorge... Jorge sut qu’alors, il était temps pour lui, de sauter sur le pré et de courir rejoindre ses parents ; rejoindre ses parents, parce qu'il savait maintenant qu'il les avait trop « bien mal aimés ».

Jorge sauta, du vélux sur le pré haut, quinze mètres plus bas et se rompit les os : l’ange avait appris beaucoup de chose du monde des hommes, tout au long de ses courtes années, mais l’ange n’avait jamais appris à voler. C’est donc ainsi, séparés, qu’ils se rejoindraient dans l’Eternité : la mère et le père, ne faisant qu’un, et l’enfant, tout seul.


Dans la poche de la chemise de Gabriel, pendue sur le cintre du vestiaire de la grange-grenier, les enquêteurs ont trouvé un lambeau de papier sur lequel ils ont déchiffré :

- Je n'ai pas peur de mourir mais de vivre sans toi. -

* * * * *



Pal Supplice…

Depuis cette autre fois où je m’étais cru maudit, ma first lectrice ne m’ayant plus rien dit, ni plus rien demandé à propos de ce conte des marquis, je m’étais senti soulagé... Libéré ! Et j’étais même convaincu que mon « impérieux désir d’écrivain » ne l’intéresserait plus jamais. Si bien que ce qui suivit son ironique critique sur « la question posée », je l’écrivis sans souffrir. Alors, lorsque mon épouse (le préfixe au « joint légal » : ma maritale « con » vocation), entra dans le salon le conte dans sa main... Surtout lorsqu’elle jeta d’un air dédaigneux ou de dépit ou de mépris ses pages sur la table qui refusa de les retenir, les laissant se répandre sur le parquet, je sus qu’elle l’avait lu en entier et qu’il lui déplaisait...

Et je me préparai à...

Mais elle ne me fit aucun commentaire : ni non ou non. Rien.

Elle me jeta juste son regard noir de défi. Je souris. Elle cria :

Egoïste ! Je te déteste ! —

Je répliquai, dans un souffle :

Je n'ai pas peur de vivre sans toi mais j'ai peur de mourir avec toi. —

Mon fils aîné, adoucissant les effluves du cri et du souffle dit sincèrement :

Mon cher père, T'es un peu fou ! —

Son jeune frère, le petit ange, me sourit. Tout simplement.

* * * * *

FIN
Par Pateric - Publié dans : Contes - Communauté : Des Fantasmes par la Langue
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  • : 28/01/2009

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