Jeudi 5 mars 4 05 /03 /Mars 21:22
 

Premiers pas…

Les premiers mois, dans son placard, Jules ne fit qu’y dormir. Dès qu’il ouvrait l’œil, le ciel sur sa tête lui coupait toute autre envie. Jules avalait un lyophilisé et sortait […]

Plus tard...

C’était un début de soirée. Devant la porte du couloir, une noisette d’œil vif, espiègle, mobile à l'insolence, lui interdisait... de rentrer chez lui. Cet oeil, du plus beau fruit, illuminait un visage facétieux sans arrogance. C'était un joli mystère blond, bicolore blé dur maïs tendre tressés façon rasta. Son teint mat et cuivré n'était pas la meurtrissure du soleil qui brunit mais les séquelles d'un savant métissage. Jules interrogea l'éclat interrogateur de ces yeux le fixant, le disséquant, l'aimantant... Son p’tit tee-shirt bouton d'or fin moulait des rondeurs aux charmes relevés. Son corset de vinyle rouge percé de rivets dorés enserrant le haut des hanches à la mode Gauthier affinait la taille, valorisait la croupe alerte et accentuait le globe de ses fesses couvertes jusqu'à tiers cuisse par un volant paille de Jersey. Toutes ces parures qui se dandinaient sur de longues jambes vanillées, nues jusqu'aux pieds perchés sur des semelles à hausse mioche intégré, rythmaient une élégance biguinée.

Jules s'excusa : — Pardon. Je voudrais passer. S’il vous plaît.

La tête badine jouant du cheveux flottant, le visage gracieux souriant à belles dents et l'effroyable silence de ses yeux ardents engendrèrent un champ d'attraction qui le magnétisa : l'aimant parfait qui attire le pôle opposé de l'amoureuse curiosité des hommes : la Femme !

A moins que ce ne fut qu’une affection plus Rabelaisienne : « Le savoir faire valoir de la braguette. »

Jamais tu dis bonjour ? — Demanda-t-elle sur le ton ironique...

B'soir. — Marmonna Jules de mauvaise humeur...

T'habites là ? — Demanda-t-elle...

Oui. —

Ah oui ? Et quelle chambre ? — Qu'elle le chambra immobile.

Sept. —

— Toujours si peu bavard ? Pas moi qui t'intimide, au moins ! — Chanta-t-elle laconique d'une voix badine musicale et gaie.

C'est ça ! Je peux passer ? — Coupa Jules vaguement las.

Tu n’peux pas ! — Affirma-t-elle — Sauf sur moi ! — Enroba-t-elle en levant ses bras dépravant son nombril, et surtout son string. Cliché totalement dédrapé d'une fille avenante jusqu'à la damnation où le sein paraît d'autant plus beau qu'il semble refuser de se dévoiler. Comment jouer l'aveugle face à telle Merveille ! Jules en fut tout abruti...

Elle me prend vraiment pour un ahuri — Pensa-t-il.

Tu peux pas rentrer : la serrure s'est cassée — Le secourut-elle comme Vénus toute entière à sa proie attachée ou...

Merde ! — Se désola Jules en s'asseyant sur le parquet du palier.

Je suis crevé, moi. — Siffla-t-il comme un trou de pneu crevé.

— Cher Jules faut patienter un peu : j'attends le serrurier. —

Tu m’connais. J’t'ai jamais vue. T'habites ici ? — S’étonna-t-il.

Dessous — Qu'elle marmonna à son tour.

Dessous ? Où ça dessous ? — S'impatienta-t-il.

L'appart' —

L'appart' dessous ? C’quoi c’binz — Demanda-t-il en visiteur éclairé.

P’quoi t'occup’ d’ça ? — Ajouta-t-il en désignant la porte du nez.

— La curiosité, ça fait parler ! Je suis la fille du proprio. — Répliqua-t-elle Moqueuse.

Ah ! — S'excusa-t-il.

Elle riait comme un enfant fier de sa blague.

Ce sera long ? Je suis exténué, moi. — S’inquiéta-t-il.

Elle le regarda attentivement : elle l'examina et le radiographia « X ». Jules s’avachit sur le carrelage. Balançant bruyamment des clefs devant les yeux de Jules, aguicheuse, elle dit :

Il est fatigué le petit chou ? Il veut se reposer chez moi ? —

Et les yeux de Jules attirés par cette musique, grimpant le long des cuisses de la fille, patinèrent, dérapèrent, s'hynoptisèrent… Et s'endormirent, tout bêtement. Elle le secoua sauvagement :

Tu ne vas pas roupiller là. Tiens ! Va te jeter sur le canapé de mon appartement — Ordonna-t-elle.

Jules hésita un peu, puis il prit les clefs et dit : — Merci ! —

[...] Une main qui caressait sa joue le réveilla en sursaut [...]

Bientôt, cette main s'aventurera, s'enhardira, s'excitera comme un petit animal furieux dont l'appétit entreprend de soumettre à lui le vingt et unième doigt… Respiration haletante de la rage de son corps. Spasmes du cœur nourri de ces maux qui ne guérissent qu'après s'être désaltérés au fruit de la passion commune et avoir inondé le fond de sa gourmandise [...] Et ces plaisirs exquis le convaincront... de changer d'étage et de lit : de partager la vie d'Aurélie. Et au début, si c'est peu romantique, c'est très éblouissant.[...]

A cette époque, Aurélie a vingt et un ans et s'insatisfait des promesses à jouir d'un vœu pieux ; dans les deux aspects de l'affaire elle accepte tout et veut recevoir plus que des serments.

Jules à vingt ans à peine et du côté de la tringle il grimpe aux rideaux : il vaut mieux lui en donner que lui en promettre.

Parfait ! Comme Jules joue bien sa partie, il advient ce que réclame son expérience. Comme Aurélie excelle dans sa partie ; comme elle s'adonne à tous les désirs sans passion amoureuse mais avec fougue et sans réserve, utilement et commodément, toute effusion de tendresse des sentiments et tout discours cognitif sont superflus...

[...]

Et durant trois mois, plusieurs fois par tour de terre, Aurélie rabâche :

J’suis comblée, ravie ! T'es la meilleure affaire que j'ai jamais faite. –

Avouons : au fil des jours, Jules [...] il améliore son savoir-faire… parce que, la première fois [...] Aurélie expédia l'affaire en trois minutes... Cependant... l'esprit vaguement absent, elle avait affirmé :

... elle est belle ! ... bien grosse ! .. Elle est bonne ta queue ! —

[...] Jules ne se donnait du plaisir qu'à combler Aurélie... Jules se donnait du plaisir à jouir sans éjaculer avant le retour d'Aurélie de son cinquième voyage convulsif.... Jules libérait son jet et inondait les sillons d’Aurélie auquel sa chair répondait en s'irisant de frissons.

Nulle femme, délurée ou frigide, ne résisterait à la maîtrise de ta science des vibrations et des pénétrations. —

C’est ce qu’elle disait souvent, avec véhémence… Une fois, elle ajouta :

Jamais aucune partouze ni aucun gang-bang, n'a su m'engendrer de plus fabuleux big-bang que toi. —

[...] ...

Un soir, vers la fin de cette période tellurique (...), entre deux inspirations, Aurélie lui dit (plutôt, allait-elle exiger) : Putain c’qu’t'es bon! ... des jours que je flotte sur un gros nuage pire qu'une perfusion à la Blanche : des copines... le croyaient. Je leur ai tout raconté : comment t'es membré, et… Comment tu me fais planer... Eh bien... elles fantasment de te voir baiser. Et je leur ai dit que moi aussi... j'ai souscris à leurs désirs : voilà, la première, c'est pour samedi soir.

Elle était comme ça, Aurélie, directe et décidée, histoire de cul ou pas. De plus quand Aurélie parlait du facteur « Q », elle en parlait sans retenue mais pas sans « R ». Et tous les « X » inconnus étaient les bienvenus [...]

A la suite, ayant acquis du matériel vidéo professionnel, Aurélie transforma leurs impromptus ... octo-pines... en scénari d'orgies... qu'elle se plut à filmer... tout au long des trois années qui suivront et en versions naturelles : live et sans script mais avec des scénari soucieux des gros plans et des détails…

Enfin ! Ce qui devait arriver arriva ; arriva sans que je le prévisse tout attentif que j'étais, à gâter tous mes vices... — En rit Jules aujourd’hui.

Précisons qu'alors, rien d’autre ne l’intéressait... Se souciant peu et se contentant de pas grand chose, Jules ne quittait l'appart' que pour aller dormir en cours ou dans une armoire d'automates, alternativement. Pourtant, jamais personne ne remarqua que les deux-tiers du temps il dormait : Jules avait appris à garder les yeux ouverts. Et le tiers conscient réservé à ces activités suffisait amplement à donner le change. Ses résultats aux UV atteignant la moyenne étaient recevables. Les automates qu’il programmait fonctionnant conformément aux prescriptions, son travail était rentable... Ces seuls résultats comptaient... [...]

Cependant, Jules tel un coq en pattes (ce Chantecler que nombre d’entre-vous rêve d’être, messieurs)… était (fort mal) tombé dans des bras aux atours... comme des filets, aussi attirants que les bas résilles, la culotte opaline, la camisole cristalline, épousant le cuivre de la chair mulâtre d’Aurélie... moulant l’âtre d’Aurélie, attisant la bûche de Jules consommant ses jeux sans embûche le consumant à petit feu...

Aurélie était douée, pour les jeux de sexe comme pour les perversions : elle n'avait nul besoin de faire semblant. Baisée... Metteuse en baise, réalisatrice en délires, elle était… Mais par-dessus tout elle était l'agitatrice de débauches pornographiques magnifiques, sans vigueur mais avec verdeur, avec véhémence mais sans violence, sans obstination mais avec persuasion flattant les hardeurs sans douceur, le geste fripon et leste, le propos grivois et cru, l'image scabreuse et délicieuse elle se dévergondait avec délectations et concupiscence, éblouissant fascinant hypnotisant délivrant les corps inhibés des démons de la conscience ; elle libérait les êtres vers l'exaltation des voluptés charnelles. Aurélie, messie Sybarite

[...]

Au début, il y avait eu ses amies. Puis les amis des coquines et leurs copines. Et puis… Lorsque Aurélie entra en possession de son matériel vidéo, elle prit aussi possession du culte des seins et des croupes à culs renversées (...) Elle avait su les convaincre qu'ainsi ils faisaient oeuvre charitable en offrant un peu de leurs plaisirs à l’œil à électrons (...) qu'elle refilait à un producteur de « films pornos amateurs ». Cependant, tous, ignoreront toujours qu’elle était aussi payée en retour car elle ne partagea jamais avec aucun d’eux (...) Même pas avec Jules qui ne l’apprendra que lorsqu’il sera clochard...

— Si j'avais été moins naïf je ne me serais pas retrouvé bite liée...Avoue-t-il. Mais Jules ne connaissait rien d’Aurélie... Et Jules apprendra pour son malheur qu’il devient chômeur parce que son ex-patron est le mari de son ex-députée… Il l'apprendra par Aurélie qui... est leur fille ! Voilà comment tout ceci conduira Jules au fond du tunnel...

Tu vas rentrer à la Réunion, aussi ? – Avait-il demandé à Aurélie.

Pas du tout ! Et toi, pourquoi rentrerais-tu. — S’était-elle étonnée.

[...]

Tu sais, mon producteur. Tu l’intéresses. – Avait-elle Jubilé.

Pourquoi faire ? – S’était étonné Jules.

Du porno ! C'est bien payé : sept cent par jour… —

Aurélie eut encore les arguments pour le posséder. Seulement voilà, sur un plateau de porno (...) Fini les frissons de ta partenaire... Et le réalisateur qui te hurle :

Attention ta main... écarte-la... Bourre-la… Encule-la... (...) Fais ci, fais ça... Dans la bouche...

Des insanités qui le dégoûtèrent tant que, dès le troisième jour... il n'y ira plus... Et, le soir même devant la porte d’Aurélie, son sac orné de l’insulte : « gros con ! », l’attendait seul. Jules, (...) alla se réfugier dans la nuit du métro qu’il connaissait si bien pour y avoir si souvent dormi la tête dans les armoires d'automates. Mais alors, Pourquoi n’être pas rentré à la Réunion ? Parce que (...) Aurélie avait jeté son sac dehors, mais gardé son pognon. Certes, c'était peu, mais suffisant pour l'avion. Cependant, malgré ses suppliques, il n'avait pas pu récupérer un seul €uro : — A titre de compensation ! — Avait-elle hurlé, cinq fois, à l'abri derrière sa porte blindée...

Plus tard, Jules comprit que sa désertion avait fait perdre beaucoup d'argent à Aurélie... en trouvant dans ses poubelles une interviewe de leur producteur disant que « ses acteurs » gagnaient mille €uros par jours ; Jules comprit aussi... Toi également ? Exactement !

Aujourd'hui, refusant d'accorder un peu de sa confiance aux femmes, et plus encore de leur dévoiler un soupçon de tendresse et d'amour, Jules cantonne dans l'oubli les histoires vermeilles vécues avant Camille.

Aujourd'hui, après Camille, Jules refuse toujours toute nouvelle pulsion amoureuse. Cependant, sa libido n'en est pas brimée.

Bien au contraire ...

* * * * *

A Suivre !

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Par Pateric - Publié dans : micro roman - Communauté : Fantasmagorie pure
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  • : 28/01/2009

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