Mercredi 25 mars 3 25 /03 /Mars 18:48
 

Je m'appelle Caroline. Toi, tu t'appelles Isabelle, n'est-ce pas ? - Avait-elle jeté comme un jette un pavé.

— Je le crois pas, tu lis en moi aussi. — M'étais-je abasourdie de ma voix rauque de surprises.

— C'est joli comme image, ça me plait bien. Oui ! En quelque sorte, je sais lire en toi. Comme je te l'ai dit : je ne vois pas mais j'entends fort bien et mon nez ne me trompes jamais. Tiens, là, je sais que tu frissonnes parce que ton corps a changé son parfum. Mais je ne sais pas deviner dans la tête des gens : ça non. Si je connais ton prénom, c'est que je me souviens l'avoir entendu prononcé par une de tes copines qui descendait à côté de moi : c'est aussi bête que ça. —

— Eh bien, me voilà dans de beaux draps, moi, avec toi. — Avais-je plaisantée, gênée.

— Oh rassures-toi Isabelle : je ne t'accaparerai pas. Tu sais, c'est déjà beau que tu m'aies parlée. Et suivie jusqu'ici. Encore plus beau que tu aies acceptée de prendre ma main... D'ordinaire, lorsque quelqu'un m'offre son aide ce n'est que par politesse pitoyable... Car au fond, vois-tu mon état dérange beaucoup plus que ce qu'il attire. Dit-elle, nez en l'air, désabusée.

— Même celles que tu caresses dans la cohue des trains ? M'étais-je enquise stupidement...

Immédiatement consciente du ridicule de ma question, j'avais instinctivement serré ma main dans la sienne terrorisée à la seule idée de l'avoir vexée, en soufflant doucement : — Pardon ! —

Non ! Elle m'avait rassurée de sa main dans la mienne qu'elle ne voulait pas la lâcher :

— Crois-tu que je caresse la première venue ? Crois-tu que ce soit un jeu ?

— Non, non : je suis stupide parfois. — M'étais-je excusée.

— Me crois-tu si je t'avoue que ton parfum m'enivre ? — M'avait-elle demandé doucement.

— Je te crois. Sincèrement je te crois. Moi aussi, je suis assez sensibles aux odeurs de l'intimité des gens : certaines m'attirent, d'autres me repoussent. Et c'est parce que j'ai aimé ton parfum de miel aux fruits de l'arbre à pain, légèrement acidulé, que je t'ai laissée me caresser. —

— Merci Isabelle, merci, merci. En fait, je t'ai caressée sans le vouloir vraiment. Mieux, je voulais me l'interdire. Je voulais juste approcher ma main un peu plus près de toi : comme pour qu'elle se magnétise de ton parfum ; pour le respirer sur mes doigts, une fois seule. Mais mes doigts sont allés au-delà de ma volonté. Et lorsque ta main s'est posée sur la mienne, j'ai fondu de bonheur. Tu ne sais pas Isabelle, que le premier jour où j'ai senti ton parfum, ton parfum intime, tu passais devant moi sur le quai sans me voir... Depuis ce jour, moi, ça fait des jours et des nuits que je cherche après ton parfum. Où que je sois, jusque dans les relents puants de l'air qu'on respire je cherche après ton parfum. Et lorsque je sens venir ses effluves, je les hume à grandes bouffées toujours plus avides de toi. Et aujourd'hui, je le connais si bien ton parfum, que je peux savoir si tu es gaie ou triste. Tiens, dis-moi, ce matin tu étais agacée, je crois. —

— Tu as raison : j'étais même agacée au plus haut degré de mes nerfs parce qu'avant que tu montes dans le train, un mec baladait sa main sur mes fesses en loucedé. Et que sa main me déplaisait. Bon, tu sais bien qu'aux heures où l'on prend le train, comme on est serré comme des sardines en boîtes, c'est fréquent qu'on me pelote. Quelquefois, à l'odeur de la personne, je ne décourage pas. Mais celui là, il avait une odeur qui me déplaisait. Heureusement, il est descendu quand tu es montée, je crois. —

— Oui. Je crois que je l'ai senti : Il avait l'odeur de plumes roussies. Non ? —

— Euh, oui ! Ça pourrait être ça son odeur... Mais comment sais-tu ? — M'étais-je étonnée.

— Parce qu'il avait volé un peu de ton parfum. Il en respirait ton odeur sur sa main. —

— Oh le salop de voleur — M'étais-je exclamée en riant bêtement... Parce que je ne savais pas trop comment agir, parce que je n'osais pas me laisser aller à l'envie de la serrer fort dans mes bras, à mon envie de l'embrasser...

— Bon ! Oublions-le. C'est ça le conservatoire, non ? — Avais-je fini par finir de ne pas agir.

— Oui. Viens entrons ! Allons à la cafeteria, tu veux bien ? —

— Oui, oui... —

Nous avions commandé nos thés agrémentés de sablés à la noix de coco...

Et j'avais appris qu'elle était toute jeune professeur de violoncelle. Et accessoirement concertiste à l'orchestre de chambre de Burnes sur Burette. Et je lui avais avouée que j'étais en terminale littéraire au lycée « Framboise de paquets » de Burnes les neurones : pas si loin de son conservatoire, en fait. Alors, quand elle m'avait dit que, si je le souhaitais, elle serait heureuse qu'on se revoit, j'avais dis :

OUI ! Pleine de joie.

Surtout (qu'un bonheur ne venant jamais seul, paraît-il), j'avais constaté avec une joie plus grande encore qu'elle habitait à trois immeubles de distance de celui de mes parents...

Voilà ! Pour la première fois de ma vie, je venais de tomber dingue amoureuse. Amoureuse d'une femme de surcroît. Et, que ce soit d'une femme... Sérieusement ? Ça ne me dérangea aucunement.

J'avais dix sept ans à peine. Et si déjà j'avais eu quelques flirts, dont certains avaient été assez intimement poussés, j'étais encore vierge. Car, si avec certains de ces flirts, j'avais eu du désir à vouloir jouir d'autres plaisirs, que les simples cunnilinctus et les rares caresses de doigts acceptés aux portes de mon sexe, d'autres plaisirs que les fellations dont j'avais gratifié quatre ou cinq de mes copains les plus fidèles (fellations sûrement très maladroites au regard de l'expérience que j'en ai aujourd'hui), jamais je n'avais osé aller plus avant, pétrifiée par les douleurs supposées dont on m'avait fait craindre l'horreur ; juste l'horreur des douleurs sans jamais un mot intelligent sur les pièges et les risques (ni les pièges à risques) à éviter à tout prix...

Et j'étais plus encore vierge des douces caresses d'une femme...

Finalement, je m'étais aperçue que moi, avec mes retenues comme avec toutes mes gamberges à ne pas vouloir m'engager sur le simple appel du désir, j'étais plus handicapée que Caroline qui, aveugle, marchait principalement à l'instinct et aux parfums

A suivre !

Pateric©

Par Pateric - Publié dans : Le feuilleton DUREX - Communauté : Fantasmagorie pure
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  • : 28/01/2009

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