Vendredi 19 février 5 19 /02 /Fév 13:04
 

Avec dérision, je m'étais interrompue sur cette question de Serge :

— Te souviens-tu de la semaine du colloque international d'octobre 1994 ? —

— Vaguement... — Mentis-je. Car je n'en avais pas souvenir.
Serge le comprit mais il n'en laissa rien paraître, choisissant d'en développer chaque moindre détail. Heureusement, vous avouerais-je :

— Alors tu te souviens que... — Passons car la suite n'est, justement, que détails.
Certes, ils m'étaient utiles pour reconstituer mon puzzle. Et ils le restent encore. Mais ils n'ont aucun intérêt pour vous. L'important est contenu dans la synthèse que je m'efforcerai de vous faire partager ci-après :

— Eh bien, c'est dans cette chambre blafarde et sans âme qu'eût lieu le miracle ! J'emploie sciemment le mot « miracle » ; je l'emploie alors que je suis aussi agnostique que Patrice ; je l'emploie parce que ce qui se passa en ces instants, comme ce qui en découla à la suite n'est pas rationnellement explicable : c'est même, totalement irrationnel. —

— Je comprends ce que tu dis. Des instants où tu as le sentiment étrange qu'un ange est là. Soudain, tu ressens une singulière sérénité t'envelopper. Et vraiment, tes angoisses, tes craintes et tes doutes, s'évacuer... Un peu à la manière de l'eau coulant d'un robinet qu'on vient d'ouvrir. Oui ! Ça demeure irrationnel : ça le demeure aussi pour ceux qui ont assisté à ses instants. Rassures-toi : pour Patrice aussi, ça demeure un mystère. Alors, poursuit : je suis impatiente... —

— Oui, c'est ça ! — Certifia-t-il. Ajoutant aussitôt : — Sauf que, si c'est un vrai mystère pour tous, pour Patrice, ça ne l'est pas ! — Précision que, sincèrement, il croyait des plus importantes.
Précision que, personnellement, j'ai toujours considéré comme une évidence. Mais, par pudeur, jamais je n'ai osé l'exprimer hors de notre couple.
Mon mari est un « scientifique rationnel », doublé d'un humaniste attribuant quelques qualités à l'irrationnel, sinon quelques « pouvoirs bienfaisants ». Il y croit comme, je le cite : « capacité de l'être humain à être autre chose qu'une pendule » : une dotation « biologique », « génétique », une « force psychologique motrice » propre de l'être humain.

Et, si le principe physique animant les émotions demeure du domaine du mystère, c'est qu'il doit le rester pour affirmer son efficacité et permettre ainsi à l'Humain de l'assurer : l'irrationnel reste supérieur aux rationalités mécanistes animant l'intelligence artificielle propre à la machine ; l'irrationnel reste supérieur à tous les avatars quand bien même seraient-ils tous dotés de savantes singeries des émotions ; l'irrationnel, comme « poumon de l'Homme » déconnecté du fascisme des croyances et de leurs poncifs moralistes et lorsque le « coeur de l'Homme » demeure ce qu'il est « physiologiquement ».
Tout cela est rationnellement acceptable.

Voilà ! Nous en étions là
... Manon avait entraîné mon mari dans leur salle de bain. Et sous le sifflement du jet de douche , je l'entendais rire joyeusement, rire comme une enfant. Et c'était charmant. Et Serge, allongé sous moi branlant sa bite dans mon cocon de toute ma vigueur vaginale, m'expliquait le « miracle » survenu dans cette chambre au flux blafard et « sans âme » de la clinique psychiatrique où Manon perdait aussi bien sa raison que son désir de vivre.

Patrice y avait pris Manon dans ses bras et avait chuchoté à son oreille des mots que Serge, resté adossé au montant de la porte, n'avait su entendre. Manon avait beaucoup pleuré. Et Patrice n'avait eu de cesse de la réconforter. Et... Comment donc ! De sécher ses larmes de sa langue ? J'eus un frisson que je ne sus m'expliquer vraiment. Je connais le « pouvoir » de sa langue à soigner les angoisses qui me font pleurer. J'avais toujours cru que... Je ne sais pas. Exactement, je ne m'étais jamais posé la question du « pouvoir ». Et je crois que si je lui attribuais un « pouvoir » quelconque, il relevait du domaine du symbole. Je sais juste que ses étreintes me réconfortent et me soulagent. Et que sa langue séchant mes larmes fait partir du cadre de cérémonie de ses étreintes... Je n'eus jamais à songer ou à penser un instant en être l'exclusive bénéficiaire, ni que d'autres y aient goûté. Inversement, jamais je n'aurais laissé un autre homme soigner mes tourments ainsi. Et, ne venais-je pas de l'interdire à Serge ? Assez sèchement d'ailleurs... Parce que... Somme toute, si je n'attribuais aucun « pouvoir » de cette attention de mon mari sur moi : aucune volonté de sa part à vouloir gagner sur ma personne un ascendant quelconque, je pensais tout de même que de l'autoriser à un autre homme que lui, traduirait de ma part un « acte de faiblesse ». Et par extension, j'aurais eu le sentiment de me « livrer à son bon vouloir ». Donc, à m'abandonner à son « pouvoir ». ça, jamais !Ne me dites surtout pas que vous êtes étonnés par mon raisonnement : vous me connaissez assez ! Et savez aussi jusque vers quelles extrémités revendicatives il peut me conduire. Sauf que là, chevauchant Serge, des contractions de mon con branlant toujours sa bite reprenant une vigueur honorable, échafaudant ma « théorie du pouvoir », me réjouissant de la clameur délicieuse du rire de Manon. Là...

Comme Serge m'avouait comment Manon reprit goût à la vie moins de quarante-huit après leur étreinte « miraculeuse » ; comment moins de huit jours après elle quittait la clinique avec la bénédiction médusée du chef de Service ; comment elle reprit son activité d'enseignante dès la rentrée des vacances d'hiver ( ce qui, en soi, est un exploit) ; comment elle s'enivra avec son mari de leurs jouissances spirituelles et sexuelles en lui avouant le « culte d'amour » qu'elle nous vouait. Et en lui jurant qu'elle n'aura pas de repos avant de nous avoir rendu le bonheur que Patrice lui avait offert ; comment elle ne rêva plus qu'à nous « aimer » : comment elle fantasma, jusqu'à l'autre soir d'accomplir charnellement avec Patrice son étreinte de délivrance. Et pourquoi, ce fantasme sur le point de s'accomplir la tétanisa Et surtout, redoutant un désaveu de ma part, lorsque je lui offris ma bénédiction à baiser avec mon mari ; bénédiction en laquelle elle rêvait tant, l'y incitant même assez trivialement, loin de la libérer la paralysa entière. Là...

Là, sous l'aveu délicieux de Serge bandant fort en moi, je m'excitai de nouveau et de joie, à aduler l'ardeur d'amour de mon amant. Et en en jouir à nouveau violemment. Et à en pleurer abondamment de toutes les larmes de mon corps : depuis mes yeux jusqu'à mon sexe. Et offrir à la langue de Serge d'assécher celles roulant sur mes joues.
J'étais joyeuse. Et heureuse...
Et les langues avides léchant mon sexe, et mes seins, et mon ventre, et mes pieds.
La langue souple, douce et brulante de Manon courant frénétiquement de mes lèvres charnelles à mon ventre, revenant laper mes sucs de jouissance, les répandant sur mon ventre, sa langue...
Et la langue dure, grenue et brulante de mon mari excitant mes tétons, se mêlant à la langue de Manon sur mon nombril, se délectant à lécher mes orteils et de sa bouche les sucer, les mordiller, leurs langues me ravissaient et la langue de Serge sur mes yeux et ma bouche transcendait mon bonheur...

Un peu plus tard dans la soirée, tous les quatre allongés lovés entre-mêlés, nous signâmes un pacte de fidélité réciproque.

Non ! Tu te trompes !

Ce pacte n'inclue en rien une quelconque fidélité d'ordre sexuel : c'eut été de la plus extraordinaire stupidité. Et, sérieusement, en aurions-nous eu besoin ? Sincèrement ! Nos attirances physiques et les émotions de plaisirs qu'elles agitent sont si fortes et intenses qu'elles n'ont besoin d'aucune autre « entente ». Encore moins besoin d'un pacte.

Oui ! Notre pacte de fidélité réciproque nous lie intellectuellement et spirituellement. Un peu à l'image de celui qui nous lia durant huit superbes années à Jean-Pierre et Sylvie. Je précise qu'il ne pourra jamais n'être « qu'un peu » à cette image. D'abord, pour des raisons aussi « personnelles » que « pratiques ». Et contentez-vous de cela. Pour le reste, pour ce qui concerne nos « petits arrangements sexuels », à l'instant de la signature de notre pacte, tout compte fait, nous n'en étions pas arrivés très loin. Juste le résultat d'une chouette partouze impromptue et d'un WE d'échangisme. Rien de moins banal dans le giron des coutumes libertines. Rien qui présage d'autres possibilités, même si nos attirances réciproques sont aussi fortes qu'agréables, elles ne pourraient avoir que la valeur du désir excité par l'inconnu et l'envie de découvertes ; à l'image d'un incendie s'embrassant sous l'effet conjoint du carburant des désirs et du comburant des plaisirs excités par l'énergie d'activation du milieu propice à la flamme. Que soudain vienne à disparaître l'un de ces élément et aussitôt la flamme mourra aussi bien qu'elle s'est enflammée. Certes, compte tenu de l'intensité de l'attachement, aux orientations quasi amoureuses de Manon pour mon Mari, aux plaisirs suaves que je prenais avec Serge, à nos débordements aussi fougueux et impudiques que tendres et affectueux, ça partait bien pour pouvoir durer un certain temps... En tout cas, là, je savais que ce ne serait pas avant que j'aie obtenu entre Manon et mon mari l'exacte union qui me trottait dans la tête. J'avais déjà mon petit scénario clairement écrit. J'avais aussi la date à laquelle se jouera la pièce. Et je connaissais le stratagème dont j'userai pour leur faire admettre, à tous les trois, ma décision, surtout à mon mari : décision irrévocable et inaliénable...

Le dimanche soir, lorsque sonna l'heure incontournable à laquelle nous devions rentrer sur Paris, jouant sur le sentiment désabusé sué par chacun d'eux à quitter ce havre de plaisirs et de bonheurs, par contraintes concédée au « quotidien », je décidai de conduire pour le retour. Et comme je l'avais présumé, personne ne me contredit, même pas mon mari...

Ça y est ! Je vous entends venir, avec vos grands sabots.

Oui ! C'est normal avec les sabots, avant de les voir, on les entends.

Comme quoi, parfois, une formule réputée de « bon sens » peut rationnellement n'avoir aucun sens.

Erica

 

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Par Pateric - Publié dans : Nouvelles - Communauté : Des Fantasmes par la Langue
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  • : 28/01/2009

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