Vendredi 19 février 5 19 /02 /Fév 13:13
 

Mon mari n'a jamais fait valoir aucune objection à mon plaisir de conduire. Ni à s'assoir sagement à côté : moi au volant. La conduite automobile, et sportive autant qu'il nous est possible, est aussi une passion commune. Je devrais préciser : « était », car elle ne l'est plus vraiment aujourd'hui. Avant ; avant de voir devant mes yeux, Jean-Pierre et Sylvie se faire déchiqueter par un camion fou, j'adorai conduire. Et tous les matins, Sylvie à ma droite, je nous conduisais vers notre bureau. Et au retour je nous reconduisais à la maison. Nous empruntions la route des crêtes, lorsqu'elle n'était pas fermée, puis la Gineste : jamais l'autoroute. Pas parce qu'il allongeait considérablement notre trajet mais parce que la conduite sur route est plus ludique. Parfois... Du coin des yeux, je voyais Sylvie serrer les fesses et s'agripper fiévreusement à sa ceinture de sécurité... Quelquefois elle murmurait :

— Doucement, doucement ma chérie : je tiens à mes enfants. —

Jamais elle ne dit : — Je tiens à ma vie — , ou — Je tiens à mon mari. — Encore moins au mien de mari ou à moi. Non ! Juste, ses enfants. Je sais que je n'ai jamais pris de risque inconsidéré sur une route ouverte à tout le monde. Mais je sais aussi que sur ces routes, lorsqu'on est assis « à la place du mort », la préhension de la réalité est en décalage immense avec celle du chauffeur. Je sais aussi que de tes « prises de risque calculé » peuvent t'apparaître la vision d'un danger immanquable. Mais. J'aime conduire. Et j'aime encore plus les frissons que me procure la vitesse au volant. Avant ; lorsque nous vivions « en bas » au sommet de notre colline dominant la mer, nous avions le terrible privilège de pouvoir courir au Castellet. Et avec mon mari, nous nous faisions des courses épiques sur des bolides de plus de quatre-cents chevaux. Oui ! C'était un bonheur né d'une faveur amicale. Et sachant la chance que nous avions, nous ne boudions pas ce plaisir. Avant; avant de voir devant mes yeux, Jean-Pierre et Sylvie se faire déchiqueter par un camion fou. Depuis, je n'ai plus aucun plaisir à conduire, Depuis, lorsque je conduis, ce n'est que par la nécessité d'être contrainte de ne pouvoir joindre autrement un point à un autre ; depuis, comme l'on régente aveuglément au coeur d'une « morale chiée par un principe de précautions » en rien préventive, en rien éducatrice, en rien formatrice : en tous points ridicule, surtout dans sa répression aussi aveugle que stupide, totalement absurde pour une prise de conscience des dangers efficace ; ridicule et inepte parce qu'elle nie et dénie ma personne : comme si ma conscience du danger et mes compétences au pilotage, ne suffisaient pas ; depuis, je laisse volontiers ma place...

Ta gueule, censeur de pacotille ! Quand ai-je parlé de « vitesse autorisée » ? Tu ne comprends rien de ce que je dis. Et sûrement, toi et ton foutu « respect de la vitesse autorisée » es-tu plus en danger que moi lorsque tu t'insinues sur l'autoroute de mes vacances dans le « train des autos ». Surtout en veillant bien au « respect de la vitesse autorisée ». Et ce respect est si peu rationnel mon Coco, que t'es un mort en sursis. Oui ! Et ils peuvent hurler tout ce qu'ils veulent, les lobbystes du respect : leur intolérance est dénuée de toute vertu et possède nulle rigueur. Ils peuvent même m'insulter, me traiter de délinquant... Et je ne sais trop de quel autre titre de foutaises : ça ne fera pas d'eux des individus auxquels je concèderai le plus petit respect. Simplement, parce qu'ils sont ignorants et incultes. Subséquemment parce qu'ils sont vendus au « culte de la peur ». Et méchamment, parce qu'ils sont aussi « meurtriers » que ceux qu'ils jugent en être : meurtriers par la preuve faite par de nombreuses études sérieuses démontrant que le « culte de la peur » est un anti culte de la Sécurité. — C'est la douleur qui les anime — Arrondirons certains pour me calmer. Mais ça m'irritera :

Parce que moi, je ne l'ai pas connue cette douleur ? Voyons ! Faudrait suivre un peu !

Dans le cas de Jean-Pierre et Sylvie, la vitesse ne fut en aucun cas le facteur initial. Surtout pas un quelconque dépassement de la vitesse autorisée. Et le mouchard du camion fou qui les tua montra que sa vitesse n'excédait pas les 40 Km/h. Je ne vais pas te refaire le rapport d'accidentologie, non ! Seulement, crois-moi, depuis, notamment pour soigner ma douleur, parmi toutes mes spécialités, je me suis fait une spécialité à analyser nombre de facteurs circonstanciels « tueurs de la route ». Crois-moi, je te dis : le facteur « tueur de la route » majeur, c'est l'incapacité chronique de la majorité des conducteurs à estimer les paramètres de risques potentiels dans une contrainte donnée. Plus grave : ce n'est pas de leur faute. Oui ! C'est une faute majeure d'Education Nationale. Par voie de conséquences, c'est une « faute inexcusable » de l'Etat dans son management à l'utilisation de « machines dangereuses »... Je sais : c'est une accusation lourde à l'encontre de l'Autorité de l'Etat. Mais c'est une accusation vraie. Rationnellement justifiable, calculable, démontrable. Alors baste ! Si tu souhaites en savoir plus, cherches ! Et je te souhaite plus encore, d'apprendre à connaître et à reconnaître les vrais risques qui t'environnent, à savoir les maîtriser intelligemment et dominer sur les inhibitions de ta peur.

Voilà !

Entre temps, nous étions rendus à notre domicile du parisien quotidien.

J'avais conduit seule, juste accompagnée de musiques de jazz. J'avais conduit seule, sans parler, ni entendre parler quiconque. J'avais conduit sur une autoroute quasi déserte : même après Orléans le trafic était resté fluide. Serge fixait l'asphalte de ses yeux perdus dans le vague. Dans le rétro, je voyais Manon dormir lovée dans les bras de mon mari. Lorsque nos yeux se croisaient, il me souriait. Et je lui souriais aussi. Parfois, je posais ma main droite sur la cuisse de Serge. Il posait alors sa main sur la mienne et la caressait tendrement. Deux fois, je pris sa main et la conduisis entre mes cuisses. A chaque fois, je la sentis se crisper : mal à l'aise. Je n'insistai pas, ne cherchant pas davantage à comprendre la raison de son malaise. Ça ne me chagrinait nullement.

Nous nous quittâmes au pied de notre immeuble par des embrassades savoureuses et chaleureuses. Et Manon ne lâcha mon mari qu'à contre-coeur. Nous nous quittâmes sans autre promesse que :

— Bonne nuit. A très très bientôt, Promis ? Promis !—

Et je suis sûre qu'à cet instant il n'y eu que moi pour savoir que le « très bientôt » était très proche. Ainsi je savais déjà que le Week-End suivant, je n'accompagnerai pas mon mari à son colloque. Et je ne doutais pas que ce sera Manon qui l'accompagnera, parce que moi je voulais rester avec Serge. Comme je vous l'ai dit : mon scénario était écrit, et mon stratagème prêt. Et comme je vous ai laissé l'imaginer avant de choisir plutôt de vous raconter ce Week-End à La Rochelle, ma pièce débuta jeudi soir à l'heure de l'apéritif pour s'achever le dimanche, à l'heure du thé où je rentrais chez nous fourbue, émerveillée, légère et corps flottant dans une bulle de délices impudiques.

Le jeudi en fin d'après-midi je retrouvais Manon chez elle sous le couvert d'un alibi éhonté :

— Peux-tu organiser une entrevue avec Josiane pour jeudi, disons dix-sept heures chez toi ?—

— Tu peux venir, bien sûr ! — Accepta-elle gaiement : — Il était prévu qu'on se voit jeudi soir, Josiane et moi : tu n'as pas oublié, c'est bien ! Vous vous entendrez bien toutes les deux. —

— Non, non : je ne l'ai pas oublié. Justement, j'en profite pour te demander cette faveur... Parce que j'aimerai avoir son avis de Philosophe à une question qui me turlupine ! — Vendis-je mon alibi.

Que dis-je un alibi : un mensonge ferait plus vrai. Car ayant remarqué les penchants plutôt lesbiens de Josiane, mon idée consistait, d'abord à la séduire devant Manon. Puis d'intégrer Manon à notre duo. Parce que la question qui me turlupinait est liée aux comportements de Manon avec mon mari. Et par-dessus tout, j'avais besoin d'une réponse claire. De préférence confirmant ce que je croyais. Je vous dirai simplement qu'à l'instant du dialogue ci-dessus, je ne savais pas si mon scénario y trouverait son compte. Mais, si la réponse espérée n'était pas venue, ou si elle m'avait démentie, j'aurais rangé ma pièce et n'aurais forcé personne à la jouer. Or ? Vous savez qu'elle s'est jouée. Puisque je vous ai déjà avoué être partie en voyage vers l'océan interstellaire des plaisirs vénériens ; voyage délicieux où j'ai, plongé dans l'apesanteur de mes orgasmes lubriques, excité les électrons de mes corpuscules luxurieux enchâssant hardiment quelques atomes crochus, et fouillé au coeur de délicieux trous noirs de matière licencieuse... d'où je rentre, pour entreprendre d'en écrire mes souvenirs merveilleux en attendant le retour de mon mari et de Manon que Serge attend à l'aéroport.

...

Ensemble, nous avons diner chez nous en ne discutant que de choses banales et en riant gaiement. Sauf Manon, dont les yeux brillants ne quittaient pas Patrice ; Manon au visage fatigué et au sourire béat figeant ses lèvres. Mais elle était très belle Manon, dans cet abandon lascif...

Mais je vous parlerai de ce Week-end plus tard. Et je vous jure que je n'en omettrai aucun détail.

Et plus tard, j'exigerai de mon mari qu'il me raconte son Week-End avec Manon : j'exigerai qu'il me le raconte jusque dans les plus menus détails

Et, dans cette attente, dans ma mémoire je perpétue les souvenirs de mes plaisirs vécus.



Erica

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Par Pateric - Publié dans : Nouvelles - Communauté : Des Fantasmes par la Langue
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  • : 28/01/2009

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