Lundi 16 novembre 1 16 /11 /Nov 15:23

 Le "tango d'aujourd'hui" n'est pas ce qu'il était aux origines 

Et les vidéos de tango qui existent aujourd'hui sont majoritairement assez compassées.

Parce que le tango y est interprété sous ses « lettres de noblesses » : il y est interprété comme danse artistique et danse de salons. Et non plus comme danse « purement érotique ».

Néanmoins il est vrai qu'il est difficile de revenir à l'érotisme du « tango originel » qui, fin XIXème début XXème siècles, était la danse de la drague par excellence des « bouges » de Buenos Aires.

C'est là que se retrouvait toute la main d'œuvre immigrée. Main d'œuvre comptant ~70% d'hommes. Et les femmes qui venaient dans ses « dancing chauds », n'y venaient pas innocemment. Allez ! Disons-le clairement : elles venaient y faire « leur marché ».

Cependant, une femme, reste une femme. Et le fond du caractère féminin reste bien que, une femme qui veut obtenir « quelque chose que ce soit » est avant tout une femme qui sait se faire « désirer ». Surtout que, quand elle a le choix, elle aurait bien tort de s'en priver.

A l'inverse, pour une femme, « se montrer trop facile » c'est être (ou apparaître) prostituée. Evidemment ! Ce n'était surtout pas ce que ces femmes recherchaient, là.

C'est donc à partir de ces éléments de ce qu'en société « devait être le caractère féminin convenu » que se sont codifiés les pas du tango. Ils se sont codifiés sous la forme :

Tu me plais, tu me plais... Moi non plus...

Un peu comme on arrache les pétales des marguerites.

Je te veux, je te veux... J'hésite, MAIS :

Tu me veux, tu me veux... Je réfléchis.

Laisses-moi choisir... Mais fais des efforts...

Etc...

Pour caricaturer : trois pas en avant, trois pas en arrière, et plein de chichis dans chaque pas

Un pas en avant deux sur le côté... Et l'on tourne en rond, longtemps...

Puis, lorsque la femme pose une main sur le devant de l'épaule de l'homme mais garde l'autre dans la main de l'homme, ça signifie :

Je suis pas sûre que ça va marcher : fais un effort !

Et c'est dans le « port de tête », sinon dans le regard de la femme que l'homme doit comprendre ce qu'elle attend : plus de virilité, ou plus de tendresse... Ou plus de « soumission »...

Etc.

Ensuite, lorsque la femme laisse une jambe de l'homme s'immiscer entre ses cuisses, c'est qu'elle l'informe qu'il a une « ouverture », voire, une « bonne chance »....

Ce n'est que lorsqu'elle laisse le haut de la cuisse de l'homme frotter sous son sexe, quand ce n'est pas elle qui vient l'y coller, que l'homme peut croire que c'est « bon à emballer »... Sauf, qu'il doit montrer à la femme qu'il a « capté » en ne se contentant pas d'un frottement « furtif ». Bien plus : il doit être ostensible et doit être capable de persévérer assez longtemps sans paraître impatient...

Toutefois, le jeu du :

Je te veux, je te veux... Moi non plus !

Peut durer encore plus longtemps...

Où les corps s'éloignent,

Où l'un et l'autre font mine de « se tirer »,

Où les corps se rapprochent. Et les lèvres aussi.

Où il peut même y avoir baiser...

Où il se peut aussi que ce baiser soit brutalement un baiser de rupture.

Dans tous les cas, c'est la femme qui mène la danse : elle la mène par le « bout du tango »...

La femme peut mener ce jeu avec beaucoup de partenaires : elle les fait « tourner », histoire de créer des émulations, et d'exacerber les désirs...

Ce qu'en disent les chroniques de cette époque et de ces lieux, c'est que chaque femme avait son « style personnel »... Et que jamais aucune femme ne repartait seule

Et beaucoup d'anecdotes rapportent que nombre de femmes repartaient, au moins, avec 2 hommes.

C'est ainsi que naquit la « petite histoire du tango », à Buenos Aires à la fin du XIXème siècle, au bord du Rio de la Plata, dans les quartiers populaires et cosmopolites de la capitale argentine.

Les origines du Tango ?

Pour nombre de spécialistes, le tango tirerait ses origines dans la « habanera » hispano-cubaine, véhiculée lors des fréquents contacts marchands entre le port de La Havane à Cuba et celui de Buenos Aires en Argentine d'une part, et d'autre part de la « combode » africaine importée par les noirs nord-américains affranchis ayant migré en argentine où, au début du XXème siècle, ils représenteront environ 25% de la population.

A l'origine (au cours des deux dernières décennies du XIXème siècle), le tango était interprété par de très petits groupes de musiciens qui jouaient du violon, de la flûte, de la guitare, et parfois en utilisant aussi un peigne recouvert de papier à cigarettes en guise d'instrument à vent.

L'instrument mythique du tango, le bandonéon, n'arrivera que plusieurs années plus tard, dans les années 1900, et remplacera peu à peu la flûte.

Dans un premier temps, le Tango se contentait d'interpréter des mélodies déjà existantes, ou de leur donner des variantes qui n'étaient jamais écrites puisque la plupart de ses interprètes ne savaient ni lire ni écrire la musique. Après quelques années, les premiers tangos écrits ne seront pas signés par leurs auteurs mais par des interprètes qui, eux, savaient écrire des partitions et qui profiteront de la popularité de certaines œuvres pour y apposer leur nom et gagner un peu d'argent.

Les origines du mot "Tango"

La réponse sur la véritable origine du mot sera difficile à donner car chacun y apporte sa version.

Au XIXème siècle en Espagne on utilisait le mot « tango » pour désigner un bâton.

Dans des documents espagnols, le mot existait également dans certains pays africains : mentionné pour parler du lieu où les esclaves noirs se réunissaient pour faire la fête.

Certains disent qu'il proviendrait de l'incapacité des africains à prononcer « tambour » en espagnol (tambor). Il se serait ainsi transformé en  « tango »... Admettons...

Admettons tout aussi volontiers que « tener el tango » (« tenir le bâton ») possède un caractère plus « érotiquement symbolique » que ceux qui précèdent : un caractère fort signifiant de sa « raison ».

L'évolution du Tango

La chose qui est certaine, sinon indiscutable, est bien que le tango est né à la fin du XIXème siècle dans la ville Argentine de Buenos Aires et nulle part ailleurs en Amérique Latine : Buenos Aires, dont l'expansion démographique est alors très importante, amplifiée par l'émigration d'espagnols et d'italiens, et aussi par une vague d'immigration très importante d'allemands, de hongrois, d'arabes et de juifs. Tous ces émigrés viennent former une classe ouvrière, déracinée, pauvre, majoritairement masculine, ayant peu de moyens de communications entre eux en raison de la barrière linguistique.

Hier, les hommes quittaient leur pays en quête de fortune dans le « nouveau monde »...

Tout comme aujourd'hui d'autres hommes fuient leur misère native en quête d'une vie meilleure, principalement captive dans nos pays développés. Le « nouveau monde » n'est plus si nouveau !

Hélas, il crée plus de misère que de richesse. Aujourd'hui comme hier le flux et reflux migratoire forme la classe laborieuse, déracinée, pauvre, majoritairement masculine, ayant peu de moyens de communications entre eux en raison des barrières linguistiques créant aussi « son tener el tango ».

Le signifiant du nouveau caractère érotiquement symbolique du « tener el tango » d'aujourd'hui, ne s'embarrassant des canons de séductions du tango d'autrefois, mériterait certainement des études fort approfondies : plus d'attentions d'ordre ethnologique (éthologique et sociologique, sûrement aussi) que notre, ici, fade et pâle étude de l'érotisme du « tango originel ». BREF !

Ainsi. En 1870, l'Argentine comptait 2 millions d'habitants. En 1895, sa population avait doublé.

A Buenos Aires se concentrait 2 Millions d'habitants, dont 1 Million d'immigrés auxquels, jusqu'en 1910 (environ) sont venus, fuyant la misère de l'intérieur et la rudesse de la pampa, s'ajouter Indiens et Gauchos.

La mauvaise réputation du tango

On commença à danser le Tango dans des taudis et des lupanars, en compagnie des prostituées et des femmes de chambres qui y sont les seules femmes présentes.

L'univers très masculin de l'époque amènera même les hommes à danser entre eux.

C'est de cette origine que le Tango garde sa danse très « corporelle », provocatrice et explicite ; danse qui restera forcément très éloignée des mœurs puritaines de la bonne société de l'époque.

Peu à peu, des chansons vont venir accompagner le tango.

Mais les paroles sont la plupart du temps très obscènes et leurs titres peu équivoques :

Con qué tropieza que no dentra ; (à peu près) = Qui trébuche ne la rentre pas...

Dos sin sacarla ; = Deux sans la sortir -

Siete pulgadas ; = Sept pouces – (où 18 cm, si vous voyez ce que ça signifie)

Qué polvo con tanto viento... ; = Que de la poussière avec autant de vent... -

Pour mieux imager : cette vulgarité se retrouve idéalement dans la fameuse chanson « El Choclo ». Littéralement, ça se traduit : « épi de maïs ».

Mais dans la chanson...

Vous n'avez pas besoin d'un dessin, n'est-ce pas : vous imaginez parfaitement bien que c'est au sens très très, très figuré !

En émigration vers les salons mondains

Le tango va se transporter jusqu'à Paris où il obtiendra ses titres de noblesse.

Mais comment est-il arrivé jusque Ici ? Question sans vraie réponse.

Les jeunes hommes des « bonnes familles » de Buenos Aires n'avaient eu aucun scrupule à fréquenter les quartiers populaires, pour s'y amuser, danser... Et tenter de draguer une jeune fille

(una milonguita, terme d'argot italo-cubain intraduisible qui signifie à peu près « libre de mœurs »)

qui n'attendait que cela d'ailleurs. Et, là, pour s'approcher de la « femme inconnue », quoi de mieux que le Tango ? Car bien sûr, il était hors de question de danser le tango avec les demoiselles de « bonnes familles » ; le tango restera donc cantonné dans les quartiers populaires de Buenos Aires jusqu'à environ 1915 / 1920.

Le succès parisien

A la fin du XIXème siècle les jeunes hommes des bonnes familles voyagent beaucoup vers l'Europe et principalement à Paris. Ils seront le vecteur du changement car alors, Paris n'est pas seulement la capitale de la mode, c'est d'abord une ville d'avant-garde où tout est bon pour y prendre plaisir et se divertir. Dans ce contexte, la danse créée à Buenos Aires n'aura aucune difficulté à s'y montrer, objet de curiosité au départ, puis mode et fureur ensuite. Paris étant alors la vitrine de l'Europe, de la mode : le berceau de tout ce qui est « chic », le Tango ne pouvait donc que se répandre très rapidement à toutes les autres grandes capitales européennes. Et comme il était véhiculé par des jeunes hommes de « bonnes familles » il ne pouvait pas être sulfureux, ni dépravé : il ne pouvait être que « mondain »...

C'est donc, avec cette auréole qu'il reviendra à Buenos Aires pour entrer dans les salons mondains de cette bourgeoisie fraîchement émancipée de la tutelle espagnole, et désireuse de faire de leur capitale le « Paris de l'Amérique ».

Mais, au début « de son retour à Ithaque », sa « gloire » sera frappée du rejet de la société puritaine. Et des censeurs, et autres « directeurs de conscience » apparurent de toute part.

Et le pape Pie X l'interdit à ses ouailles.

Et l'empereur d'Allemagne l'interdit à ses officiers.

Et la Revue espagnole « La Ilustración Europea y Americana » jugea le tango d'actes indécents, fait de gesticulations grotesques et répugnantes... Et donc, toute personne qui s'estimait décente ne pouvait « moralement » pas se laisser entraîner par cette danse.

Et ces jugements furent repris en masse par des journaux anglais, allemands... et même français.

Malgré tous ces rejets, le tango finit par triompher avec... « l'Art du Commerce » :

Les robes pour le tango,

La couleur tango,

Les tango-thés...

Et le tango devint le roi des « salons de danse » de l'avant seconde guerre mondiale.

Somme toute, ce ne sera que bien plus tard que le « style tango » deviendra « danse académique » : autour des années 1950.

Et Art chorégraphique au début des années 1970.

C'est Carlos Gardell (un gascon comme d'Artagnan) qui apportera vraiment « la chanson » au tango, lui conférant aussi, par l'emploi de paroles sensuelles ; sensuelles dans la signification des mots, sensuelles dans leurs arrangements phonétiques et dans leurs accentuations :

... Depuès qué muy dolor dentro my corazòn...

Toujours, « cahotant sur 3 pieds ».

Cahots qui ont aussi fait le succès d'un Julio Iglesias :

- Nous, les hommes, pauvres diables, misérables...

- Vous, les femmes, admirables...

Cahots qui « parlent aux femmes »...

Même sans qu'elles s'en rendent compte.

Alors ?

A quand le tango de nouveau à l'honneur des boites libertines ?

La salsa habanera aussi, c'est bien !

Et la biguine également

Et la samba... En collant bien au partenaire (en s'y frottant bien sans collant, voyons !)

Satisfaits ?

Oh, eh ! Si vous êtes pas contents, hein...

C'est pareil !

 

Pateric©

 

 

Par Pateric - Publié dans : Réflexions - Communauté : Sujets d'Etudes et de Réflexions
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  • : 28/01/2009

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