Samedi 7 février 6 07 /02 /Fév 10:50

Traitements

Je regardais attentivement la jolie jeune femme enceinte allongée sur mon divan. Et je me demandais encore ce qu'elle faisait là.

Au premier jour, dans le beau et gai sourire de ses lèvres pulpeuses, de son visage de madone florentine, de l'éclat de ses yeux d'or dans leurs écrins d'amande douce, juste avant de s’asseoir face à moi, elle avait dit :

  • Docteur, je suis enceinte. —

  • Ça n'est pas un syndrome psychiatrique connu ! — Avais-je plaisanté.

Elle me l'avait dit certainement parce que son corps aux courbes et aux galbes quasi parfaits n'en laissait rien voir.

  • Vous avez l'air d’en être heureuse. Qu'est-ce qui vous chagrine ? —

  • Depuis deux ans, je fais d'horribles cauchemars, docteur. Alors je me suis décidée à consulter un psychiatre car je veux préserver mon enfant. —

  • C'est bien : vous avez raison de vous y prendre tôt car ... —

  • Je sais docteur. Je ne suis enceinte que de sept semaines mais déjà je sens très bien cette petite vie en moi. Et j'ai surtout besoin de cette thérapie car je ne veux pas que cette vie souffre de mes faiblesses. —

Alors, elle avait entrepris sa thérapie, qui ne l’était pas vraiment, en débutant l'histoire de sa vie par :

  • J'ai quinze ans et lui dix huit et demi... —

Aujourd'hui, tandis que le regard tourné vers la lumière du jour filtrant entre les lames du store vénitien elle parlait de son amour pour son amie Sylvie, je me demandais ce qu'elle faisait là. Et je souris, non sans me demander si au cours d'une séance elle avouera ses penchants saphiques, et, plus sûrement, confirmera sa bisexualité avec ce ton effronté qui lui va à ravir et à damner. Non pas que l’un ou l’autre de ces penchants me convienne mieux mais simplement parce que son naturel démystifie nombres de préoccupations moralistes. Puis, je doute que Marisa soit aussi perverse qu’elle se plaît à le prétendre : je suis certain que ce n'est qu’un bouclier pour se préserver de je ne sais pas encore quoi…

Jusqu'alors, Marisa avait exposé ses aventures, disons sexuelles, avec une légèreté et une audace suaves ; avec une volupté et une sensualité délectables… En fait, elle avait introduit curieusement le récit de sa première expérience fantasmatique, c’est-à-dire, en flattant son mari :

  • J'avais une amie... Et je fantasmais le corps de Jacques honorant cette fille splendide. Je rêvais que ma main unissait leurs sexes, que ma bouche les stimulait, que ma langue les flattait, et que... Chaque fois que je jouissais de Jacques, c’est elle que je voyais jouir...

Frissonna-t-elle.

Un jour que les mains de Marisa enduisaient le dos de cette amie de crème solaire, elle sentit son cœur qui accélérait. Elle prit peur et lui demanda :

  • T'es pas bien ? — Son amie répondit :

  • Au contraire : c'est comme une douce caresse ! — Répondit-elle.

Cette réponse avait affolé Marisa…

Le même soir, dans les bras de Jacques, elle le caressait nonchalamment, il la caressait tendrement… Quand il dit à son oreille : 

  • Tu rêves Marisa… Mon amour, tu rêves à Myriam —

Marisa s'en défendit et lui mentit :

  • Faudrait pas prendre tes désirs pour mes réalités. —

Il l'examina lentement et dit doucement :

  • Je t'aime comme il est impossible de l'exprimer et je souffrirais si tu me trompes… —

  • Pourquoi ou comment je te tromperai ? — Hurla-t-elle.

  • Marisa, t'es libre tu le sais bien. Jusqu'ici, tu n'as connu que moi, n'est-ce pas ? C'est la morale qui t'y a forcée. Je veux que jamais tu me le reproches. Si t'as des désirs que tes fantasmes ne peuvent assouvir, libères-les. Je te demande qu'une chose : ne me caches rien. — Lui dit-il très amoureusement.

  • Je n'ai d'autre désir que toi. Baises-moi au lieu de dire n'importe quoi ! — Persista-t-elle à nier.

  • Tu crois que je suis aveugle, tu crois que je n'ai rien vu... —

  • Jacques ! Je n'accomplirai cette tentation et ses caprices, que si tu acceptes de les vivre et de les partager avec moi. —

Et Myriam ne resta qu'un fantasme qui s'estompa peu à peu…

... Jacques avait un ami, un peu plus âgé qu’eux. Véritable hédoniste, noceur dissolu, il partageait sa vie entre les plaisirs de la gastronomie fine, de vieux alcools, de la peinture romantique, d'une belle et hardie libertine, de parties de couples raffinées et gourmandes aussi pornographiques que bisexuelles…

C’est tout ce charmant petit monde qui ouvrit leur esprit et leurs sens autant à l'impertinente concupiscence qu'à la licencieuse béatitude …

Mais je ne vous rapporterai pas les histoires de Marisa : ce serait comme si je la trompais ou si je violais ses secrets et ses confidences. Pire, j'enfreindrai la déontologie de ma profession.

Vous espériez des descriptions libertines, licencieuses, voire orgiaques ? Erreur ! Il n'y en avait aucune dans ses récits.

Et même si ses images empruntaient au style du pornocrate, je n'y trouvais, moi, que belle poésie.

Mais on n’était pas là, et on n’est toujours pas là, "ici-là", ici et là, çà et là … pour se perdre dans ce genre de considérations esthétiques ou culturelles.

Et comme nous, elle et moi, nous n’étions pas ici pour philosopher…

Marisa affirmait qu’elle aime le corps de Sylvie :

- J'aime son corps mince, frêle, j'aime sa peau fine et laiteuse... J'aime ses seins, ses hanches adolescentes, ses cuisses... Mais, c'est la seule trace pileuse sur son corps qui m'attire le plus : son sexe à la toison pubienne douce au léger petit triangle doré ; la pointe d'une flèche semblant pointer l'entrée du con sis là... -

  • Mary, je t'aime ! — Lui avait avoué Sylvie en frissonnant entière.

Le corps de Marisa frissonna aussi et son coeur s'affola ; elle soupira :

  • Je t'aime fort ma Sylvie !

  • Mary, tu veux travailler avec moi ?

  • Je voudrais vivre avec toi ! —

C'était sorti dans un souffle incontrôlable, Sylvie serrée contre elle, son corps épousant le corps de Sylvie, ses lèvres collées sur la bouche de Marisa. Lovées imbriquées, seins gonflés de désirs, tétons érigés de plaisirs, clitoris turgescents d’amour...

Souvent au lieu de regarder le spectacle on prend plus de plaisir à le jouer : s'installer en prière, écarter les cuisses comme les pans d'un voile autel. Tremblante, approcher ses lèvres du calice qui sent… le lait. Se souvenir des baisers qui l'ont faite chavirer, s'efforcer de les reproduire à la langue près… Et sentir sur sa pointe, les pétales s'humecter du stupre au piment âcre contrastant à la saveur sucrée des lèvres nacrées ... Ça, ça excitait tous ses vices. Et leur cantique ressemblait à des onomatopées automates…

Ce dimanche où elles choisirent de travailler ensemble, elles décidèrent aussi de vivre tous ensemble, sous le même toit, de s’unir définitivement pour ne former qu'une famille sans aucune limite de conscience. Et si, ils y trouvèrent beaucoup de plaisirs, ils y découvrirent également, encore plus de tendresse, d'affection, de complicité et de communion intellectuelle. Et, peu de temps après, ils avaient compris qu’ils n'avaient nullement besoin de consumer leurs chairs pour s’aimer...

  • Mais je voudrais conserver tous ces plaisirs… Vierges… —

  • Certainement : le souvenir de ces plaisirs vous procure toujours du bonheur. Alors, à notre prochaine séance, vous essayerez plutôt de parler de ces cauchemars qui vous font souffrir ? —

Avais-je conclu cette séance.

  • Oui, je crois que maintenant j'en aurais le courage. —

Marisa était partie, pimpante, souriante, légère, en me laissant la certitude qu’elle aimait Sylvie et Jean-Pierre... Comme Jacques. Et vice-versa.

Ainsi, Marisa ayant parachevé la mise en scène de leur couple à quatre têtes, j'étais persuadé que nous arrivions, très bientôt, au terme du dénouement… Au dernier acte avant l'épilogue…

Ils habitaient alors dans une commune à l'est de Marseille où régnait encore la campagne, le chant des oiseaux et des cigales. Un vaste village, sans supermarché ni zone industrielle ; le bourg calme d’un village charmant, encore un peu sauvage, bâti à flanc de collines couronnées par le Garlaban où Pagnol situa nombre de ses intrigues si typiques de la folklorique tradition provençale friande de cancans. Cette fâcheuse tradition de clabaudages imposant une vigilance extrême, ils avaient emmuré leurs écarts de principes. Néanmoins, le voisinage les affubla de la sale réputation de délurés sous cette seule apparence que, deux couples qu'aucun lien du sang ne liait vivant sous le même toit, c’était pervers ; une tradition infect incitant à tagger des calomnies sur leur portail ; une tradition odieuse se votant le droit d’alerter les inspecteurs de la protection infantile et les gendarmes qui cherchèrent en vain à établir des preuves de parents mal traitants : loge secrète, ou adeptes du Marquis... Toutefois, les controverses du Droit conduisant parfois à la Justice, ces infâmes accusations s’écroulèrent devant le tribunal qui prononça une relaxe assortie de cette sentence :

« Nulle loi interdit à des familles hétérogènes de partager le même toit »

La Justice leur accorda le droit inaliénable d'en jouir ensemble, s’ils le souhaitaient, précisant qu’aucune loi interdit le naturisme dans son jardin si, comme chez eux, la hauteur des murs protège de tout voyeurisme involontaire... Et puis, leurs trois enfants bénéficiant seuls du second étage, chacun y ayant sa chambre et jouissant ensemble d’une pièce commune servant de salle de jeux, la Justice déclara qu’ils étaient plus favorisés que nombre de fratries... Le premier étage était classique : cuisine, séjour, salon bibliothèque ouvrant sur la Terrasse piscine surplombant le jardin. Le rez-de-jardin abritant les chambres de parents, n’était pas davantage un antre de stupre... Ainsi, leur procès en diffamation, octroya de confortables dommages et intérêts aux enfants en réparation des préjudices psychologiques qu’ils avaient subits : préjudices reconnus par des experts au dessus de tout soupçon…

  • Quel âge avaient vos enfants, à cette époque ? — Demandai-je.

  • Sophie, treize ans, Pierre, onze ans et David, dix ans.  —

  • Ils étaient assez grands pour qu'on entende leur avis. — Dis-je.

  • Oui. On l'a entendu. Minutieusement même ! Mais vous connaissez les médisants. Tenez ! Je me tais : ça m’irrite. Quand je m’agace, souvent je pleure. Vous ne voulez pas que je pleure ? —

Dit Marisa en se levant du divan et en riant gaiement.

Cette séance aussi se termina sans qu’elle ait parlé de ses cauchemars.

Trois semaines après, Marisa était revenue dans mon cabinet :

  • J’ai fait faux-bond ces deux dernières semaines. Excusez-moi. Jacques avait des soucis : nous sommes descendus chez nous ... —

  • Je comprends... — Balbutiai-je, comme celui qui, indubitablement, ne comprend rien.

  • Docteur ? Docteur vous croyez que je suis dérangée ! —

  • Pas le moins du monde Marisa ! Je songeais à autre chose. —

  • Mes histoires vous manquaient. — Affirma-t-elle de son inimitable sourire taquin.

  • Je ne sais pas ce qui me manque ! — Chuchotai-je...

Marisa reprit le cours de sa thérapie comme si elle m'avait quitté hier… Je songeai :

  • Je suis amoureux de Marisa. Je ne dois pas me le cacher : je suis amoureux de son visage, de son corps, de sa voix ; je suis amoureux de son érotisme, de sa sensualité et de sa lascivité ; je suis amoureux de son audace épicurienne et libérale ; je suis jaloux de l'histoire épique de sa vie : jaloux ! —

J'étais songeur.

Je l'écoutais à peine quand, soudain j'entendis ce qui, enfin, devait être révélé :

  • Parfaitement heureux durant dix ans... Jusqu'à cette tragédie ... —

Puis, il y eut un silence qui dura longtemps.

N'y tenant plus, je demandai :

  • Comment ça, une tragédie ? Un accident ! C'est ça la raison de vos cauchemars ? —

  • Oui docteur... —

Et je vis son visage se crisper. Et ses yeux se fermer. Et des larmes, filtrées par ses longs cils noirs, rouler sur ses joues... Et un sanglot, profond et sourd, l'agiter.

  • Vous avez été témoin d'un accident horrible qui est à l'origine de vos cauchemars ? C'est ça ? ça vous rend malheureuse au point de perturber vos amours ? —

... Sa bouche resta muette mais les soubresauts qui agitaient son corps le confirmaient pour elle.

Comme je cherchais à comprendre, autant les raisons que leurs conséquences, l'idée qui résonna dans mon esprit me fit frissonner entier.

C'était ça ! Bien sûr !

  • Votre mari n'est pas la victime de cet accident, puisque vous m'avez parlé de ses petits soucis en souriant. C'est Sylvie, ou Jean-Pierre ou ... —

Marisa poussa un cri strident et puissant...

Mes oreilles sifflaient, ma tête bourdonnait et, un instant, je faillis perdre l'équilibre. Marisa pleurait et criait, gesticulait et roulait sur le divan. Croyant qu'elle pouvait se blesser, à s'agiter de la sorte, je me précipitai sur elle et la saisis fermement aux épaules mais la force de sa douleur manqua de me projeter à terre. Ne trouvant pas d'autre solution, je la couvris de mon corps. Elle s'agrippa à mon cou et cessa de pleurer : net. Elle rouvrit ses yeux. Ils brillaient comme des pépites d'or pur sur des écrins de nacre. Nos yeux se croisèrent et je craquai. Elle sourit et j'embrassai son sourire. Mon cœur battait comme tous les tambours de la cavalerie. Je voulus me lever mais elle me l'interdit. Notre baiser fut brûlant... Et brillant…

Marisa raconta sobrement, dans le style des fait-divers qu'on lit dans les journaux, un peu comme s’il avait été anonyme

Alors que...

L'accident s'est produit en février 1990, au retour du ski, sur l'autoroute, entre Chambéry et Grenoble. Il y eut un ralentissement très brusque qui n'avait pas de raison apparente sauf qu'il tombait une pluie verglaçante.

Un camion arrivant derrière a dérapé en freinant. Parti en travers, il a percuté la voiture de Sylvie et de Jean-Pierre de trois quart face, l'entraînant dans le talus en contre bas, ne laissant qu'un amas de tôles…

Marisa, Jacques, et leur fils, les suivaient, à cinquante mètres environ. Quand ça a freiné, ils ont vu Jean-Pierre se déporter à droite, sur la bande d'urgence. Devant, ils ont vu de la tôle voler. Jacques imita Jean-Pierre. Ils étaient arrêtés quand le camion les a dépassés en accrochant légèrement la voiture de Jacques. Sa semi, en glissant sur la gauche, a dépassé le tracteur qui a bondi vers la droite. En se couchant il est venu percuter la voiture de Jean-Pierre et l'a entraînée dans le fossé. Marisa, Jacques, et leur fils, indemnes, aux premières loges, avaient assisté impuissants au drame qui emporta leurs amis en un instant ; inaptes à modifier le cours du temps, incapables à faire se coucher le camion ailleurs, ou mieux, à tout effacer, comme on le fait au cinéma quand la scène est mal jouée ou que la prise est mauvaise.

Mais là, tout était mauvais : le scénario, le jeu, l’image, les couleurs, le son...

Le film entier est à mourir. Ils sont anéantis et leurs amis broyés...

  • Voilà Docteur ! Ce cauchemar me hante depuis quatre ans. C’est avec lui que je vis. C’est de lui dont je n’ai jamais pu me délivrer jusqu’alors : je ne pouvais en parler à personne, même pas en parler à moi seule sans hurler... —

  • Et votre mari, comment le vit-il ? —

  • Jacques ? Il est peut-être plus perturbé que moi, mais il le cache bien... Enfin ! Il a fallu que je le surveille longtemps : il voulait se suicider. —

  • Plus maintenant ? —

  • Plus depuis que je suis enceinte. Rendez-vous compte, enceinte dix-neuf ans après David. —

  • Vous croyez au hasard ? —

  • Ah ça non ! — cria-t-elle — Ne m'en parlez pas ; ne me parlez pas de ce putain de hasard qui présiderait ma vie, ni de cette putain de destiné qui châtie les hommes pécheurs. ça non ! Je ne veux pas en entendre parler. —

  • Admettez-vous que votre bébé est un cadeau de la Vie en compensation de la mort qui vous a ravi vos « amours » ? —

  • Mon bébé est le bienvenu. Je l'aime pour ce qu'il est : pas comme substitut à la disparition des êtres que j'aimerai toute ma vie. Je ne suis pas ici pour les oublier, ni pour guérir de leur absence (ils me manquent mais je n'en souffre plus) ; je suis ici pour trouver le remède contre les cauchemars démentiels que me laisse la vision permanente de cet accident ; je suis ici, je vous l'ai déjà dit, parce que je ne veux pas que mon bébé souffre de ma folie. Vous me comprenez ? Vous pensez que vous pouvez m'aider ? —

Je la regardais fixement. Cependant, je l'écoutais distraitement... Je songeais à...

Mais je n’arrivais pas à savoir ce qui me troublait l’esprit. T

outefois, je savais parfaitement que j'enrageais (cette fois encore) contre l'injustice de la mort...

Marisa me secoua…

Et je vis que j'étais à demi allongé sur elle. Je m'excusai en me relevant :

  • Je sais pas à quoi je pense. —

Alors, avec son sourire d'arrogante félicité elle affirma :

  • A quoi vous pensez ? Docteur ! Je connais cet éclair dans les yeux d’un homme s’amorçant dans mes yeux. Je sais très bien ce qu’il signifie. Vous aimeriez trop me faire l'amour, oui ! Qu'est-ce qui vous retient ? Votre métier ? Votre déontologie ou ma folie ? —

  • Vous n'êtes pas folle Marisa mais ... —

  • Vous me trouvez perverse, vous aussi ! —

  • Rien à voir : je n'ai jamais fait l'amour avec une patiente. —

  • Je n'ai jamais fait l'amour avec un psy. —

  • Vous voulez faire l'amour avec moi ? —

  • Ne renversez pas les rôles docteur ... —

  • Et avec votre mari ... —

  • Ne vous inquiétez pas docteur. Je fais toujours l'amour avec lui et souvent. La seule nouveauté, c'est que depuis que je le connais ce serait la première fois que je ferais l'amour sans lui. Et je ne le lui cacherai pas : c'est écrit dans notre pacte. —

  • Que voulez-vous dire ? —

  • Docteur ! Si vous me désirez, dites-le. Ne tournez pas autour du pot : dites-le ou je m'en vais tout de suite. —

Je n'allais pas lui mentir…

Ni me mentir à moi-même...

Nous fîmes l'amour. Ce fut splendide ! Marisa était magnifique.

Son corps, aux seins lourds et au petit ventre rond de femme enceinte de cinq mois, mais restant très racé, élancé et musclé, était superbe...

Marisa est une vraie déesse de l'amour, expérimentée, subtile, jouisseuse, et mieux encore, qui ne cache aucun de ses plaisirs, ni celui qu'elle donne, ni celui qu'elle prend.

Cette séance, qui devait être la dernière, dura quinze minutes... Et une heure.

En me quittant elle dit, avec ce sourire polisson que je n'oublierai jamais et qui me poursuivra jusque dans la tombe :

  • Vous voyez docteur, quand je ferai l'amour avec Jacques, je ne fantasmerai plus l'amour qui nous unissait à Sylvie et Jean-Pierre parce c'est de vous que je fantasmerai. Et je suis sûre que je n'aurais plus aucun cauchemar. —

Je resterai toujours amoureux de Marisa.

Et je me satisferai de vivre mon chimérique amour dans mes fantasmes. Et dans ceux de mes patients comme dans une virtualité obsessionnelle ; dans les extravagants et fantaisistes fantasmes obsessionnels.

Au fond, Marisa n'avait jamais eu besoin d'aucune thérapie.

Elle avait eu simplement besoin de parler avec quelqu'un qui n'avait pas le droit de la juger. Elle avait eu besoin de faire le deuil de la mort physique de son amour ; elle avait eu besoin de parler de la disparition charnelle de Jean-Pierre et de Sylvie ; elle avait eu besoin de verbaliser le lien spirituel de cet amour ; besoin de parler pour rester forte pour les hommes de sa vie ; Forte pour Jacques, pour David et pour l'enfant qu'elle attendait ; Forte pour le gage de la Vie qui arrivait…

Et finalement n'était-ce pas, peut-être, pour n'en parler qu'à l'enfant qu'elle portait, comme pour lui avouer qu'il est, et demeure, la quintessence de toute sa Vie ?

J'ai raconté à ma femme, cette tromperie avec Marisa

(Car il s'agit bien de ça).

Elle a refusé de me croire et pense que je perds les pédales.

ça ne fait rien : les rêves et leurs utopies, ne sont-ils pas toujours plus doux que la réalité ?



Par Pateric - Publié dans : Nouvelles - Communauté : Des Fantasmes par la Langue
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  • : 28/01/2009

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