Samedi 7 février 6 07 /02 /Fév 11:00
 
  • Je me suis dit… —

Marinette et quatre collègues venaient de s'assembler autour d'une tasse de thé à la buvette de l'assemblée. Dès que la serveuse eut tourné les talons l'une d'elle demanda :

Alors ? Racontes ! T'en es où avec ton Alfred. —

A la fin de la matinée, après l'avoir épié trois heures, je me suis dit : « Marinette, celui-là, il sera parfait pour toi. Tu le frôles un peu, Tu lui fais ton plus beau sourire, au besoin tu fais tomber ton dossier et tu te précipites pour le ramasser, histoire qu'il est l'oeil sur ton pigeonnier et hop ! tu l'auras embobiné ». —

Ah bon ! Mais je croyais que tu l'avais déjà... —

Voyons Josy ! J'aime séduire et emballer, mais je vais quand même pas faire la folie de me jeter de suite sur lui sans avoir attiré un minimum son attention ! Ce serait du suicide ! —

C'est que... Mardi dernier, il m'avait semblé que... —

Un peu, peut-être... Nos regards se sont croisés, je lui ai souri, il a répondu à mon sourire... Mais vois-tu, son sourire n'était alors que pure politesse... —

Peut-être. Pourtant il m'avait semblé que tu avais pris la parole pour qu'il te regarde, non ? Elle était sans grande importance ta question, non ? —

En quelque sorte. Pour qu'il me regarde, oui, et qu'il est envie de me regarder encore. —

Comment ça ?T'as rien fait de spécial ! —

Ecoutes Josy ! T'as beaucoup de choses à apprendre sur les hommes... Et puis en fait, tu es trop timide : un peu coincée plutôt. Surtout, t'es fringuée comme une comptable du ministère des finances et tu ne sais rien faire de ce qui est bien pour qu'on te remarque. Je vais te prendre en main Josy. Tu verras qu'après, tu n'auras plus à me poser ce genre de question. D'abord, est-ce que tu baises ! —

C'est-à-dire que... Je connais personne ici : mon sénateur m'a déballée ici avec ses bagages, il m'a installée dans la chambre de bonne de son appart' et puis, c'est tout. —

Vraiment, c'est tout ?Jamais, il ne t'as fait d'autre proposition... —

Pourquoi ? Le tiens, oui... —

Non voyons : c'est un cathorigide. D'ailleurs, je crois qu'il ne vaudrait mieux pas qu'il apprenne que je suis libertine... —

Pourtant, ton sénateur, lui, il te laisse t'habiller sexy... Lui. —

Le tiens, non ? —

Non ! Il m'interdit même les pantalons moulants ou les jupes aux genoux —

Ecoutes ! J'ai expliqué à mon patron qu'il fallait vivre avec son temps. Et comme aujourd'hui, le temps est aux apparences ; aux apparences qui attirent les regards ; aux apparences qui rendent même les regards insistants, je lui ai montré que c'est parce qu'on me regarde qu'on m'écoute. —

Tu crois ? —

Absolument ! Et d'ailleurs... —

Oh les filles ! Vous parlerez boulot une autre fois. Revergeons sur l'Alfred — Interrompit Sophie.

Entre-nous, Sophie est le fruit d'un savant métissage. C'est une fille mince et assez grande. De dos, sa taille fine accentue le galbe de ses jolies fesses. De face, son ventre plat donne à ses seins une arrogance à faire chavirer. Tout comme sa voix chaude et grave, dont certains, usant d'un doux euphémisme, disent d'elle, qu'elle a : « un drôle de genre », parce qu'il n'osent pas dire : « c'est une trans ». Et que cette seule mais « abominable » idée les fait bander. Pourtant, je vous assure messieurs : Sophie est une vraie femme. Et, pour vous, mesdames, désolée, Sophie est une femme qui n'aime que la queue. Pour autant, Sophie ne joue jamais en concurrence avec Marinette. Et c'est mieux pour elle, car Marinette, malgré tous ses artifices, n'arrive pas à la malléole de Sophie, assistance d'un sénateur « rural mais noir » dont tout le monde sait qu'il est son amant. Et que, par conséquent, personne n'ose ici importuner. Ailleurs ? Elle calme vite ceux qui tentent de...

Je n'aime que de la bonne grosse queue de black ! — Mime-t-elle « la grosse »

...

Donc, Marinette toute heureuse de l'opportunité offerte de parler d'elle, reprit le cours de ses fantasmes :

Je me plantai près de la porte et ouvrai mon dossier. Jouant à celle qui voulait vérifier un détail, je le laissai tomber à ses pieds au moment précis où il arrivait devant moi. Et comme je l'avais imaginé plus tôt, je me précipitai pour ramasser aussi maladroitement que possible, les feuilles éparpillées, tendant les bras pour échancrer au mieux mon corsage. Puis levant les yeux vers lui, je jouai la grande scène du désarroi et de désolation du monde, vous savez... C'est bon ! On la connaît ! Et comme d'habitude, le charitable se sera accroupi face à toi. Et comme d'habitude, tu auras remonté ta jupe pour qu'il remarque ton entrechat. Comme d'habitude. C'est pas ça qui nous intéresse Marinette : ça y est, ta baisé avec lui ou pas encore ! — Ironisa Sophie : On a pas l'après-midi entier. Tiens, mon thé est déjà froid. — Ajouta-t-elle en reposant sa tasse.

Euh... Non, pas encore ! — Avoua-t-elle d'une petite voix — Mais c'est en bonne voie !

Alors à demain ! — Leva immédiatement Sophie. Et leur faisant un petit signe de la main elle s'éloigna lentement offrant à tous la vue de sa proue chaloupée.

Les quatre autres attachées restaient assises là, muettes et décontenancées, surtout Marinette qui, tout comme le hurdler fauché dans sa course par la troisième haie s'étale sur la piste voit son principal concurrent vaincre. Marinette considère Sophie : parfois comme exemple elle l'envie, parfois comme concurrente elle la jalouse. Parce que Marinette ne peut pas croire qu'une fille aussi belle qu'intelligente se contente d'un amant unique. Parce que Marinette croyant qu'être libertine c'est être volage, ne peut envisager d'autre relation qu'adultérine. Elle est de ces personnes qui se revendiquant « libres » se rendent esclaves de « lieux communs », sinon de « préjugés » ; de ces personnes qui trop souvent confondent les valeurs faute de vouloir les opposer aux valeurs « bien pensantes » de nos sociétés policées, par les valeurs judéo-chrétiennes notamment. Marinette est de ces « libertines » qui, revendiquant leur féminisme comme liberté absolue, rejettent le « plaisir » sous prétexte qu'il serait à partager avec les « bas instincts machistes ». Bref ! Faute d'avoir trop peu lu Simone de Beauvoir, Marinette n'aura retenu que : « la féministe disposant d'elle-même jouit des mêmes libertés à séduire et collectionner des amants que le machiste à dénombrer ses maîtresses » : pour elle, le libertinage ne peut être question de complicité, de partages. Encore moins d'amour. Ainsi elle ne peut comprendre Sophie ; Sophie, attachée du sénateur jusque dans leurs plaisirs partagés libertins en diable, assouvissant leurs désirs et fantasmes en couples, trios, quintettes, sextuor... Sinon orchestre de chambre. Au demeurant Sophie n'affiche rien de ces débordements « extra conventionnels ». Son sénateur encore moins. Et pourtant ! Leur entourage ne les en soupçonnant pas moins d'être (au moins) amants, ne se prive pas de « les montrer du doigts »... Mais c'est par jalousie principalement ; par cette jalousie qui tenaille tous les envieux qui n'ont pas les couilles d'assumer leurs désirs, de braver les « idées reçues »... De faire évoluer les Libertés. Mais « notre couple » attachée – sénateur, (Sophie - Jules-César M. (Tel est son prénom, au sénateur)) n'en a cure de tous ces tortillages de fions : il n'en a cure depuis qu'il a renoncé à se battre (quasi seul) à défendre les Libertés

...

Après que Sophie eut disparu au hasard d'une porte, Josy osa rompre le silence :

Dis-moi ! Qu'est-ce qu'il t'a dit !

Quoi ? — Se surprit Marinette.

Qu'est-ce qu'il t'a dit Alfred... Quand il t'a aidée à ramasser tes feuilles ? —

Des conneries, juste les conneries habituelles : « Permettez que je vous aide » —

Rien d'autre ? Mais comment peux-tu être certaine de l'avoir séduit alors ?

Ecoutes Josy ! Elle a raison Sylvie : vraiment, la seule chose qui compte est que je le mette dans mon lit ! —

Oui ! Mais... Dis-moi ! Et Jean-Joseph ?— Sembla s'inquiéter Josy.

Quoi, Jean-Joseph ? — S'irrita Marinette — Comme avec les autres : Jean-Joseph, je le jetterai aussi quand je serais sûre de bien tenir Alfred. Pourquoi m'embarrasser, eh ! —

Josy posant les coudes sur la table joignant ses mains devant sa bouche comme pour une prière, se tut...

Tu n'as jamais envisagé de garder deux amants en même temps.

Cette affirmation de Claude, quinquagénaire que l'on ne pouvait juger que «bien sous tous rapports » sembla surprendre Marinette : Claude ne l'avait jamais habituée à donner son avis sur pareil sujet.

Euh...  Non, jamais au-delà d'un mois. Juste histoire de les mettre un peu en concurrence, un peu sous pression. Et puis, comme le précédent n'insiste jamais pour rester... —

Alors tu ne sais peut-être pas de quoi tu te prives ! —

Visiblement, Marinette semblait médusée. C'est vrai qu'elle n'avait jamais envisagé de maintenir des relations conjointes avec deux amants... Bien moins encore de baiser avec ses deux amants ensembles. D'ailleurs, Marinette n'avait jamais pratiqué l'amour en trio, ni en couples. Même en clubs où elle allait s'afficher au bras de chaque nouvel amant, jamais elle ne s'était dévergondée dans les salons.

Comment sais-tu, toi, de quoi je me prives ! — Fanfaronna-t-elle à l'adresse de Claude

— J'affirme seulement, moi, que tant qu'on a pas tout goûté, on ne sait pas ce qu'on déteste : autrement dit, par défaut, l'être humain qui se revendique sans tabou est censé tout aimer. — Expliqua Claude.

Pourquoi ? Avec ton mari, et tes deux enfants... que tu dis adorer plus que tout, moi, je te vois pas avec deux amants : tu sais pas de quoi tu parles. —

Tu es jeune Marinette, tu es bien jeune ! — Se contenta de sourire Claude — Bon, allez va, j'y vais : à demain. —

Claude quitta la table, suivie de Josy. Et de Félicie aussi ; Félicie, grande brune émaciée au regard froid, ou vide, qu'un tailleur gris perle rendait encore plus sèche et sans âge. Cependant, Félicie était considérée par ses collègues, attachées et attachés, comme une « maîtresse femme »...

Marinette restait là, assise, ou plus sûrement « collée », tant elle avait du mal à avaler toutes les couleuvres que ses collègues lui avaient jeté dessus... Et alors qu'elle hésitait, à savoir si un second thé l'aiderait, Alfred s'approchant de sa table lui servit cette banalité coutumière :

Bonjour ! Vous êtes seule ? — Et prenant le dossier d'une chaise vide, il ajouta : — Vous permettez... que je vous offre un verre ? Et il s'assit sans attendre de réponse. Marinette manquant de désapprouver le sans-gêne d'Alfred, faillit le rembarrer. Mais se ressaisissant elle dit :

Je vous en prie, mon cher... Je reprendrais bien un thé... — Pensant que, tout compte fait, pour peu que la chance lui sourit, un peu... Elle trouverait vite l'opportunité de raconter à ces chattes pincées de quelle bite elle se chauffait.

Je vous fais livrer ça de suite ! — Sourit Alfred en levant la main en direction du bar. La serveuse dans sa livrée de soubrette de palais accourut sur la pointe des pieds, telle une gazelle.

Vous prendrez bien une petite coupe plutôt qu'un thé, non ? — Demanda Alfred.

Ah oui, tiens, une petite coupe : je ne dis pas non ! — Approuva Marinette sans dire « oui ».

Deux coupes, je vous prie ! — Confirma-t-il à la serveuse.

Quelle aura été la teneur de leurs discussions entre deux gorgées de bulles ?

Qu'importe n'est-ce pas ?

Je vous dirai simplement que deux autres coupes succédèrent aux premières. Puis, deux autres encore...

Et, qu'enfin, ensemble, ils décidèrent de dîner, là, sous les auspices de la République, sous les fresques, rosaces et lambris du restaurant parlementaire du palais du Luxembourg.

Tout ça est bien, en fait, car de cette faim en cette fin, nous trouverons certainement des enchaînements croustillants.

* * * * *




En mars, on a commencé… —

Reprit Alfred dès que le serveur eut déposé le verre et tourné les talons.

–  A coucher ? — Ré – introduisit Fred sans délai.
Non. — Modéra Alfred — On déjeunait... Elle posa sa main sur la mienne. Surpris, je frémis. Elle sourit. Au café elle dit : « Il fait beau, j'irais bien promener ! ». Je avec lesquels ça ne marcha pas. — Allégua-t-il avant d’ajouter, un rien badin :  Elle dis « oui ». Nous marchâmes un peu. Sur un banc dissimulé elle s'assit en disant : « On s'assied ? ». Et… —
— Vous avez flirté… —
Planta Fred.

— Elle parla de son mec. — Se déroba Alfred — Et puis, elle parla des sept ou huit, avant lui, Elle en avait dit qu'ils étaient égoïstes, ou toujours pressés ... ou pas assez tendre ou pas assez sensuels... De l'un deux elle précisa même qu'Il avait un très gros sexe mais qu'il n'était jamais vraiment dur. Et que ça lui faisait un drôle d'effet, comme s'il s’enroulait au lieu de s'enfiler. Que c'était désagréable. Et qu'il déchargeait vite. Et qu'elle l'avait jeté au bout de trois mois. Même si c'était dommage car il était très sympa et vraiment serviable. » —
— Et t'as écouté ça sans broncher ? – Enfonça Fred.
— Oui, pourquoi ? — Se crispa Alfred.
— Pour rien, pour rien, vas-y, continues. — Jouit Fred.
—Revenant à celui du moment, Jean-Joseph, qu'il s’appelait, Elle en traça un portrait affectueux qui faisait de lui le « type parfait ». Elle me raconta en frissonnant un peu qu'avec lui, elle découvrit le vrai plaisir ; qu'elle apprit à dominer ses tabous, à jouir de la sodomie, et aussi, à faire l'amour en club, et même qu'elle avait appris à aimer le doigté et la langue de certaines femmes. Et encore que de voir un autre couple et parfois plus, jouir à côté de soi, c'était géant... Elle en avait parlé avec émotions, joues roses, mains tremblantes… Et, à l'observer attentivement, ses frissons ne semblaient pas surfaits… —
— Ah, tu l'observais ! Je comprends. — Plaisanta Fred : ça se voyait.
— Quoi ? Quoi ! — S’étonna Alfred.
— Rien, rien, continues. — Sourit Fred : Ironique, ça se devinait. 
— Je me demandais pourquoi elle me parlait de ça puisque, ma foi... En fait, ce n’est que quelques semaines plus tard que j'ai compris. Quand elle a dit : « Tu vois, ce qui me chagrine, c'est qu'à cause de son nouveau boulot, il s'absente souvent deux ou trois jours pour aller en province. » —
— Oui, oui ; là, c'était limpide ! Et alors ? — S’impatienta Fred.
— Attends, attends ! — Temporisa Alfred en faisant claquer sa langue dans l’écume de son palais.
— S'il salive c'est que ça va croustiller. — Me persuadai-je… Il ne pouvait en être autrement.

Je me suis dit…

— je vais enfin pouvoir agrémenter la platitude de mes soirées. —

(En fait, ce qu’Alfred se disait, désacralisait son fantasme de toujours).
— Comment ? Jamais avant t'as trouvé à furer ? Ici ? Tu voudrais que j’avale ça, que la semaine entière, tu rêvais du Week-end à Bernadette ? — S’éberlua Fred : il ne parvenait pas à y croire !
— Oui ! Pourquoi toi… — Alfred voulut digresser mais Fred l'interrompit net :
— En dix ans, jamais ? —
— En dix ans ? — Fred décompta quelques... trois doigts : — Une… Deux… Trois... Trois. – Confirma-t-il : — Des Provinciales d'un soir ; des provinciales en goguette... —
— Ah oui, je vois ! — Là, il se moquait franchement l’ami Fred.
— Tu vois ? Quoi ! — Demanda Alfred. En fait, c’est lui qui voulait savoir... ce que son ami voyait !
— T'as avoué à Minette que seul toute la semaine… Si elle se sentait seule, tu pourrais meubler... Et elle t'a ouvert ses cuisses, ses soirs de solitude. — S’expliqua Fred.
— Tu raccourcis... Heu... Mais au final… C'est un peu ça. – Confirma Alfred.
— Et pour te montrer comme elle est libertine, elle t'a mené par le bout de la queue dans un de ces clubs libertins où, comme un novice, t'as raqué avec ta carte bleue. Et Bernadette, découvrant le relevé... — « Extra élucida » Fred.
— T'as un train à prendre à vouloir conclure si banalement ? — Ne contredit pas Alfred.
Ton aventure est tellement standard… — Hocha le « blasé » Fred.
— C'est faux : je me suis jamais laissé prendre aux pièges de la carte bleue ! — Jubila Alfred.
— Qu’importe la couleur des cartes pour un bleu ! – Subtil usa Fred.
— Bon ! D’accord ! Toi, tu n'aimes que le croustillant ! —
— Pas forcément ! Mais là, je me priverai volontiers des préliminaires ! — Admit nettement Fred.
— Comme tu veux ! Donc, la première fois s'est passé chez moi après le cinéma… Elle m’avait dit : « Ce film m'a déprimée. J'ai pas la frite à me retrouver seule chez moi ».  Et ça c'est accommodé aux petits oignons. Après, sous la douche, savonnant le porte-drapeaux au garde-à-vous, elle avait minaudé : « c'était bon ! Si tu aimes, on recommencera d'autres fois ». Et de quelquefois en maintes fois, c'est devenu presque toutes les fois. Surtout qu'un soir, après m'avoir présenté son Jean-Joseph, elle nous a fait grimper tous les deux... En double et en sandwich de Face et Pile... Quelques temps après, elle me proposait de laisser un nécessaire chez elle :  « T'es ici aussi chez toi », me dit-elle … — Racontait clairement Alfred…
— Tu dis bien que ce n'était pas chez le Jean-Jo… — Demanda perfidement Fred.
— Oui. — Accepta simplement Alfred.
— Donc comme toi, lui aussi ne faisait que passer... — Appuya Fred.
— Oui ! Mais je l'ai seulement compris six mois plus tard. — Compléta-t-il.
— Comment ça ? — S’étonna Fred comme quelqu’un qui a perdu un fil.
— Quand je n'ai plus vu les affaires dans la salle de bain. — « Recousut » Alfred.
— D’accord ! — Répliqua Fred, visiblement satisfait de l’opération.
— J’ai demandé de ses nouvelles, pensant à un déplacement plus long que d'habitude. Elle est restée dans le vague, avançant des généralités comme quoi, il l'a « collait » trop, ou qu'il était trop bordélique... Et encore, qu'elle n'avait plus envie de partouzer. Concluant : « Et puis,  je suis heureuse avec toi seul »… Me souvenant qu'ils furent nombreux avant nous, je m'interrogeai. Alors, au débotté je contactai Jean-Joseph discrètement... Il accepta une entrevue en me proposant de prendre un verre au bilboquet. Après le second wisky et entre deux silences jazzies, il me conta leur liaison... Je te le donne en mille. — Poursuivait Alfred.
— Elle l'a dragué, ils ont baisé, de plus en plus souvent jusqu'à ce qu'il chasse le précédent. — Ricana Fred.
— Mouche ! — Buzza Alfred, sûrement pour ne pas dire Tsé-tsé, Mais le pire ... — Voulut-il raconter… Mais Fred, pressentant les fruits de cette « expérience à jules », le cloua à la planche du naturaliste :
— Il a quitté sa meuf avec qui il était bien mais sans excès, pour elle s'affichant nympho ! —
— Toi alors ! — Se médusa l’Alfred ;

Plutôt venait-il d’être fasciné, irradié et mystifié, par l'extra lucidité de Fred ; Fred qui haussait les épaules de cet air blasé de celui qui se félicite en pensant : « On me l'a fait pas à moi », ou comme quelqu’un que l'histoire commence à gonfler. A moins que le gaz à coke le poussant à roter, cette attitude l’ait contenu... Mais Alfred ne s’en troubla nullement… Et même (je le croyais fermement), il semblait bien que, dès lors, plus rien ne pourrait freiner les envolées lyriques (ou fantasmatiques) d'Alfred, duquel j'entendis que :  Jean-Joseph m'apprit que…

C'est-à-dire que... Percevant aussi nettement que son ami Fred, les paroles d'Alfred rapportant le portrait acide de « Marinette selon J.J. ». Et constatant le vrai plaisir d'Alfred à le raconter, je décidai de savourer, ralentissant la dégustation de ma rousse pour me délecter de son récit. Où j'appris que, depuis six mois que Marinette et Jean-Joseph baisaient assidûment, il rentrait encore chez lui, après ; où j'appris que peu de temps après que le précédent eût disparu, il la trouva en larmes « prête à se flinguer. », lui aurait-elle dit. Il voulut la consoler, demanda s'il pouvait l'aider. Entre deux spasmes propres à émouvoir les plus inflexibles, elle lui dit que c'était trop tard, l'autre l'avait déjà foutue sur la paille…
« Mais, ce n’est rien : une bagatelle, je m’en remettrai… » Aurait-elle sangloté… Ainsi, elle l'apitoya tant que le « Jules Joseph » se sentit obligé de l'aider. Et imagines bien sa bagatelle : elle l'estimait à vingt mille balles. Une paille ! Or, il paraît, qu'à peine Jean-Joseph était-il parvenu à faire admettre à sa femme le trou de ce prêt comme une opportunité financière avec son associé... qu'un soir, Marinette appela chez lui. Mais s'il ne savait pas comment elle avait obtenu le numéro sur liste rouge de son appartement, il avait remarqué la grimace de sa femme. Il avait su biaiser, cinq ou six fois encore, avant que sa femme finisse par le faire surprendre en flagrant délire avec l'autre minette. Elle exigea alors qu'ils divorcent. Trois mois plus tard, Marinette lui annonçait leur rupture en lui montrant la porte et en lui conseillant de la quitter gentiment... Et, imagines mieux encore mon intérêt grandissant pour la rousse Marinette, lorsque j'entends dire par Alfred que Jean-Joseph lui jura que jamais cette dernière ne daigna lui reparler de sa dette…

          — T'as eu les chocottes ? — S’enquit Fred sur le ton de la curiosité. 
          —  Oui ! — Avoua Alfred en soulignant : — Je n’aurais même pas pu sortir cent balles ! —

Et d'ajouter que le soir même de leur entretien, il décida de rompre avec Marinette...
En guise de réponse, elle lui aurait servi une crise de larmes comme il n’en ai jamais vu. Mais il resta inflexible et partit.
Alors, Marinette appela Bernadette et lui avoua... Et lui prouva même, qu’elle était la maîtresse d'Alfred… Aujourd'hui, là, à l'instant où il racontait son aventure à Fred, il avouait ignorer encore comment elle réussit à obtenir le numéro de téléphone familial. Penses donc ! Jamais Alfred ne lui avait avoué qu'il était marié. Encore moins qu'il avait aussi une adresse en province. Mais ce qu'il comprit immédiatement, c’est que Bernadette avait préféré accepter tout ce que lui aurait raconté Marinette, y compris certainement quelques exagérations, plutôt que les repentirs d'Alfred.

Et, maintenant… — Dit Fred anticipant les conclusions de la seule issue qu’il estimait possible.
Je me suis vengé ! — Coupa placidement et fièrement Alfred.
Tiens donc ! — Dit Fred visiblement déconcerté.
Patience ! Je te raconterai — Répondit calmement Alfred.

Et comme quelqu’un qui a encore beaucoup à raconter et qui ne doute pas de l’effet qu’il produira, il reprit bruyamment sa respiration (un soufflet de forge) :

Patience ! Bissa-t-il. Inspirant un flux d'air comme dans un sifflement pyrotechnique il poursuivit :  Bernadette m'attendait à la gare, fringante... —

De fait, il avait été fort étonné de la voir là, elle qui ne conduisait pas ; elle qui aimait peu sortir ; elle qui, languissant la semaine entière aspirait au retour du conseiller... Là, il brodait l'Alfred : n'en doutons pas...

Dès qu'il eut posé un pied à quai elle lui tendit ses lèvres, et les lui déroba aussitôt en lui demandant :

T’as rien à dire ? —
Tu es splendide ! — Souffla-t-il

De fait, Alfred fut époustouflé par les charmes relevés de Bernadette. Et, comme si c'eût été la première fois qu'il la... Vit dressé de désir, yeux éperdus, sans voix, il la lorgna avec convoitise. Mais Bernadette, petit sourire de vermillon brillant aux lèvres charnelles acheva de le faire tomber sur son cul :

Alors, je t'écoute : tu n'as rien d'important à me dire ? —

Alfred ou « l'époux soufflé » visiblement ne comprenant pas la question de sa femme, resta figé... Du crâne jusqu'au cul. Et ses yeux virèrent vers l'absence.

—  Alors ? — Insista-t-elle.
—  Qu'est-ce qu'on fête ? Bourdonna-t-il niaisement
Notre divorce. Sourit-elle. Simplement déboutonnant son manteau dévoilant un corsage pigeonnant et flatteur, une robe fendue exhibant un porte-jarretelles carmin... Sans se départir de son sourire enjôleur, dont Alfred fut immédiatement certain qu'il sera destiné à un autre, Bernadette lui raconta, fidèlement et en détails, sa conversation téléphonique avec Marinette ; conversation dont nous ne serons rien. Et en l'espèce, considérons que ça n'a aucune importance pour « notre » suite.
—  C'était loin de ce que j'avais imaginé ! — S'exclama Alfred à l'attention de son ami Fred.
—  Et, peut-on savoir ce que t'avais imaginé ? — Appuya la curiosité de Fred.
—  J'avais cru qu'elle allait m'avouer un amant. —
Un amant ? Bon, et alors ? Un amant, c'est pas un drame : on divorce pas juste pour un amant... —
Un amant, un amant : une liaison, si tu préfères. —
—  Non voyons, j'ai pas de préférence... —

Je craignis un instant que le sournois dialogue de sourds tapant à la porte de leur discussion, fît capoter l'histoire à Minette. Heureusement, Fred consentit à préciser son opinion en matière de liaisons extras. Somme toute, pour tout libéral tel que moi, elle apparaissait aussi simple que cohérente. En deux mots : la fidélité du coeur prévaut sur la fidélité du con (ou du cul, si t'es sodomite) ; la jalousie est un vilain défaut qui rend les êtres libres esclaves d'eux-mêmes. Bref ! Ne philosophons pas sur la question, je vous prie...

Non Fred ! Ce n'est pas ça Fred ! Qu'elle ait eu un amant ne m'aurait pas gêné. J'aurais bien pu m'en accommoder, voire, m'en satisfaire. Parce que, vois-tu, avec Marinette, j'ai trouvé beaucoup d'intérêt à entretenir une liaison : au moins pour soigner mon stress et ma solitude. Remarques bien : je ne parle pas que de plaisirs. Ni d'affection... — Commençait-il à s'empêtrer, sinon à se méprendre, l'Alfred.
Ecoutes ! A chacun ses opinions. Pour moi, une liaison, c'est juste pour le cul. Et elle ne pourrait-être question de sentiments. Ensuite, je m'interdis de la cacher. Et j'admets la réciproque de mon amie : je l'encourage même ; je l'incite à ne pas réprimer ses envies et ses désirs ; je la prie de me faire partager ses émotions et ses jouissances : je l'invite à me les relater... —

Bon ! — Interrompit fermement Alfred : — C'est pas ça. Bref ! Si ce que j’avais pu imaginer avait été juste, j’en aurais presque été satisfait… Hélas pour moi, ce n’était rien de tel. —


Alfred scruta Fred : sûrement cherchait-il à lire dans les yeux de Fred, l’intérêt de son histoire, sinon la convoitise qu’elle lui prodiguait. Visiblement, Fred entre deux gorgées de coca, salivait. Mais salivait-il de l'histoire d'Alfred ? Alfred croyait-il Fred en « son pouvoir » ? Je veux bien le croire car il reprit son récit, toujours aussi sémillant et allègre :

—  Pourtant, ces derniers temps, les attitudes comme les tenues de Bernadette ayant changé, j’avais eu tendances à lui fantasmer un amant. Et j'attendais impatiemment qu'elle s'en justifie ; j'attendais qu'elle me dise que nos célibats contraints lui pesaient ; qu'elle me dise que son ennui l'étouffait ; qu'elle avoue son besoin de compagnie... Mais certainement était-ce pour me donner bonne conscience ! —

Et, Alfred dit s'être défendu en appuyant sur l'argument de l'amant. Mais il dut bien admettre aussitôt qu'elle le réfuta entier. Ainsi, en rapportant la question de Bernadette :

Ne crois-tu pas que si j’ai changé, c’est pour toi ? —

Alfred laissa cette réplique suspendue... Fred, verre au bord des lèvres, ne broncha pas. Alors Alfred poursuivit. Avouant qu'il doutait que la question de Bernadette reflétât la vérité il affirma qu'il l'avait tentée ainsi :

—  Je suis sûr que t'as un amant —
—  Évidemment ! Mais apportes en la preuve ! Pauvre chou, tu n’en as pas ? L'avait-elle nargué.  A la suite, elle avait ri à gorge déployée... A le faire baver. Puis, elle l'avait dévisagé en ajoutant :  —  Moi, j'ai des preuves ! —

Alfred n'avait sut répliquer que : — ??? ; !!!! — Comme s'il était soudain devenu muet. Bernadette en avait profité pour enfoncer le clou dans la charpente, comme on fait dans le « bâtiment » : 
       — Tu veux rire ? Ta maîtresse est mon témoin !  —
      — Ce n'est plus ma maîtresse — Dit avoir hurlé Alfred. Ajoutant aussitôt, comme pour valoriser la malchance qui s'était abattue sur lui : — Mais elle se remit à rire... —

Fred toussota...

Plus belle encore, ce qui valorisait mieux les atours de ses atouts… — Joua Alfred l'air nonchalant.

Fred toussota encore manquant de s’étouffer, crachant presque dans son verre…

Comprenant dès lors qu’il lui serait préférable de ne pas s’épancher plus, Alfred reprit l’histoire à l’introduction de l’épilogue de ses séparations...

Et moi, je repris un nouveau verre de ma rousse car comme on dit : jamais deux sans trois !

* * * * *

Par Pateric - Publié dans : Contes - Communauté : Des Fantasmes par la Langue
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  • : Le blog de Pateric
  • Le blog de Pateric
  • : libertinage Fantasmes naturisme dialogue Histoires érotiques
  • : Le principal objectif de ce blog est la publication de textes "érotiques" écrits à "quatre mains" : Elle et Lui. Notre philosophie littéraire n'a d'autre vocation que d'exciter nos propres plaisirs ; nos plaisirs qui sont libertins et libertaires englobent la Langue : ils ne se limitent ni à la chair ni aux "nécessités". De fait, nos textes se moquent des "conventions éditoriales", du "prêt à penser". Et plus encore du "consensuel", sauf... S'il s'agit du con sensuel qu'on s'en sus...
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  • : 28/01/2009

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  • Pateric
  • Le blog de Pateric
  • Homme
  • 24/10/1953
  • sexualité fantasmes plaisir gratuit expériences
  • Couple libertin et libertaire, Scientifiques gourmets philosophes gourmands, passionnés d'arts et de "belles lettres" nous offrons ici nos textes fantasmatiques, nos pensées... non sans laisser libre cours à nos sautes d'humour, voire d'ironie.

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