Samedi 7 février 6 07 /02 /Fév 11:09
 
  • Une rencontre sans hasard…

Le lendemain matin tôt assise à une table de la buvette face à l'entrée, Claude savourait un thé citron... Comme chaque jour suivant leurs habitudes, Marinette y entra à son tour pour y consommer le sien. Claude la salua d'un petit signe amical qui pouvait signifier aussi :Viens t'asseoir !

En tout cas, Marinette toute sourire le comprenant ainsi vint s'installer sur la chaise en face de Claude. Presque aussitôt la garçonne de service déposa une théière fumante, une tasse, une assiette de biscottes, deux petits pots de confitures et une serviette de papier mauve roulée sur un jeu de couverts.

—  Merci Leïla ! Merci ! — Remercia gaiement Marinette. Puis s'adressant à Claude, elle lui demanda :  Comment vas-tu ?
Je vais très bien, merci. Et toi ? — Lui renvoya Claude, comme si... Comme si elle s'attendait à... En tout cas, Marinette en était persuadée :

Elle attend que je lui raconte ma soirée. Attends, attends ma petite... — Jouit-elle intérieurement en répondant par ce faux-fuyant ridicule ; totalement ridicule comme tu vas le voir :

Et Josy, elle n'est pas là ?

On n'est pas vendredi, aujourd'hui ? —

Si ! Pourquoi ? —

Et quel vendredi du mois ?

Le troisième ! Pourquoi ? —

T'as oublié que le troisième vendredi du mois elle accompagne son sénateur dans leur circonscription ? —

Heu... Oui. Non, je n'ai pas oublié mais... — Bafouilla-t-elle.

A mon avis, t'as oublié : tu as sûrement d'autre préoccupations en tête. — Plaisanta Claude.

Non, non ! Pas du tout — Se défendit Marinette.

Bois ton thé : il va refroidir. — Coupa Claude sur ce genre de ton ironique qui, lui, refroidit.

Marinette ouvrit le pot de mirabelle, plongea sa cuillère au coeur, déposa une noix sur une biscotte, l'étala avec le dos de cuillère. Puis, délicatement, elle mordit dans la biscotte qui se brisa en quatre morceaux. L'un d'eux parvint à rester pincé entre les lèvres tandis qu'un autre choisissant de plonger dans la tasse éclaboussa autour. Les autres tombèrent sur la table en figure confiture contact. Marinette poussa un petit cri lequel poussa le brin de biscotte des lèvres au bord de la tasse qui choisit de l'accepter dans son bain. En biscotte bien élevée, cette dernière n'omit pas de remercier le thé qui, ivre de bonheur, déborda de la tasse en se répandant à moitié sur la table. Marinette visiblement confuse s'excusa ainsi dans la langue de Shakespeare : — Whore of stupid one of fuck —

Pour les non bi – langues je traduirai dans la langue de Molière par : ...

Non ! Je ne traduirai pas : n'ont qu'à être bis comme moi. D'autant que, bis côte à côte ou pas bis côte du tout, là n'est pas la question... car la serveuse ayant compris le souci de Marinette, bissant l'obligeance de sa fonction, se précipitait déjà une éponge en main pour essuyer la merde de cette connasse. Pardon ? Non ! J'insulte personne... Puisque Marinette s'est chargée elle-même... Bref ! Nous n'allons pas y passer la nuit, n'est-ce pas ? Ceci dit... Nous sommes bien d'accords : un juron en anglais dans la bouche d'une attachée parlementaire d'un sénateur de langue française... — To be shocked !—

—  Qu'est-ce que ce serait si t'avais d'autres préoccupations en tête. — La brocarda Claude.

—  OK, d'accord. —Consentit-elle dans ce pléonasme bilingue J'avoue, je suis perturbée .

Allez-va, ce n'est pas bien grave. — Appuya Claude.

C'est toi qui le dit ! — Renchérit Marinette.

Tu ne t'es même pas tachée. — Insista Claude.

Ah ça ! Bien sûr que non. Non, non, je pensais à autre chose — Laissa traîner Marinette.

Ah bon ? — Fit mine de s'étonner Claude — Que t'arrive-t-il donc de si préoccupant ? —

Je suis encore amoureuse !

Encore... — Releva Claude sans ponctuer d'aucune façon, mais pas sans en sourire.

Voui ! — Souffla Marinette — Tu ne m'as pas vue, hier, Avec Albert M. —

Si nous t'avons vue avec Alfred : c'est Alfred, pas Albert. Mais de là à penser...

Eh bien si ! —

Tu ne perds pas de temps ! — Pouffa Claude — Alors ça y est : vous avez baisé. —

Bien pas encore : je ne baise jamais le premier soir, voyons ! — Comme qui, de « bien » entendu...
C'est, qu'à vous voir hier au comptoir, nous avons cru vraiment, que la bête était déjà dans le sac. Mais nous n'avons nullement pensé que t'en étais sérieusement amoureuse. —
Ricana Claude.

Un rictus de surprise forma les lèvres de Marinette en cul de poule mais elle ne pondit rien, ni un son, ni quelque autre chose que ce soit. Il semblait même qu'on put craindre un ictus ; au moins craindre la syncope, ou, au mieux, craindre l'attaque... ou une apoplexie néfaste... Tant Marinette restée hébétée ; certainement hébétée de ne savoir rien décrypté de la réplique de Claude : plaisanterie, ironie, moquerie... Mystère ! Heureusement que Claude lui fit grâce de la réflexion en rompant le silence :

Allez va Marinette. Quand t'auras baisé six mois avec lui, tu lui trouveras tous les défauts du monde : comme pour tous les autres avant lui. Et puis... T'es libertine ou tu ne l'es pas ? —

Ah non, je ne crois pas... — Répondit Marinette sans réfléchir. Claude rit sans retenue.

Marinette fronçant le sourcil droit, se grattant la tempe gauche. Encore une fois, puis une autre, comprenant soudain le quiproquo, sinon le ridicule de sa réponse, se reprit en bafouillant :

Heu... Non ce n'est pas ça. Heu... Enfin quoi... Bien sûr que oui : je suis libertine. Mais là n'est pas la question...

Pourquoi ? Tu ne tombes pas amoureuse tous les six mois ?

Bah ! Mais non ! Enfin quoi... Ce n'est pas de ma faute... Les hommes sont inconsistants, voilà tout... —

Voui ?

Ah tu vois ! —

Quoi ! —

Quoi, quoi ? —

Tu trouves les hommes inconsistants ou inconstants ? —

C'est pareil ! —

Non ! — Affirma sèchement Claude — Et rare, sinon inexistant, est l'homme capable de cumuler les deux états.

Heu, bon, enfin, je ne vois pas la nuance. — Murmura Marinette, l'index droit sur l'aile du nez.

Eh bien dis donc ! T'appelles ça une nuance toi ! C'est du propre tiens ! — Pouffa Claude.

Sincèrement j'vois pas la différence.  — Bredouilla Marinette — 

Avala-t-elle le « e » de son « je » ; et à mon avis, cet « e » ci, elle ne l'as toujours pas digéré !

Ceci étant, ne nous attardons pas davantage sur ce dialogue-ci, ni sur cet « heu... » douteux, cassons ces « eux » là (j'aurais dû dire « cassons ces elles-ci » mais, sans doute auriez-vous eu à craindre l'une de ces envolées lyriques, voire débiles, dont je suis coutumière lorsque je joue sur les mots : c'est aussi l'une de mes facettes libertines) ; cassons donc ces « eux » là, non sans que je vous ai révélé qu'au fil des répliques, Claude sentait monter l'excitation sournoise de ses plaisirs les plus vifs qui, si elle avait eu l'outil adéquat sous la main, l'aurait sûrement conduite à les assouvir ; conduite à fouetter la croupe de Marinette jusqu'à... lui faire pisser le bon sens : bon sang qu'elle en aurait joui jusqu'à l'orgasme de l'essence Sadienne qui convient. Bref ! En apparté, je vous avouerai volontiers que depuis longtemps Claude fantasmait « chaud » de fouetter Marinette. Et qu'elle fantasmait encore plus de la fouetter aux ordres de sa Maîtresse Félicie. Ainsi, lorsque nos deux comparses quittèrent leur table, Claude ne pouvant réprimer tout son désir contenu, lâcha une tape sèche et sonore sur la fesse de Marinette, laquelle, muette réagit seulement en cambrant ses reins et en roulant des fesses devant le comptoir, vers la sortie... comme jamais avant ; démarche et attitude faisant retenir un sourire connaisseur à Leïla. Et à l'oeillade complice qu'elle lança à l'attention de Claude, nul doute qu'à l'occasion notre serveuse ne répugnait pas à jouer aussi le rôle de « servante ». Et certainement pas qu'à l'occasion...

Toutes suppositions susceptibles d'exciter les fantasmes étant, je vous laisse libres d'en abuser tout votre saoul avant de vous embarquer dans les méandres indécis de l'aventure de Marinette avec Alfred...

Enfin ! Nous voici parvenus ce fameux soir d'après film succédant à cette jolie scène de petit-déjeuner. Sûrement, Marinette piquée au vif, y pensa-t-elle toute la journée ; sûrement que son travail en pâtit quelque peu, car sur le quatrième coup des seize heures, c'est une Marinette fringante en tailleur rose chic et neuf, revêtue de sa plus belle parure de sophistication et de désirs tressés qui, de ce pas alerte et chaloupé qui sied tant aux femmes distinguées fièrement dressées sur des escarpins aux talons en clous de charpentiers, entreprit la descente du grand escalier du Palais : ridicule Marinette ! Ridicule, du moins au yeux de celles qui comme moi pensent que les apparences sont souvent, sinon toujours, trompeuses, voire douteuses. Visiblement, Marinette n'en était-elle pas consciente ; Marinette fidèle à Marie-Claire comme à tant d'autres torche-culs de salons d'apparences ; Marinette rime pauvre de rythmes de riches ; Marinette libertine des maux de l'arrogance ; Marinette ignorante de sa « liberté d'être »... Marinette prise de tête ! Décidément... Non ! Définitivement non ! En cet instant, Marinette, malgré sa « collection d'amants », malgré ses allégations, malgré ses revendications de libertine effrontée... rien en elle ne concourait aux attributs qui font la libertine. Déjà, « crier son libertinage sur les toits » ; crier tel un chantecler est du plus mauvais aloi. D'autant que le plus souvent un chantecler sur un toit n'est autre qu'une girouette, d'autant que le plus souvent la vraie libertine ne s'accomplit qu'en pénombre libertine, que dans la paix du nombre libertin infinitésimal. Certes, quelques-uns rétorqueront qu'il existe dans notre monde libertin des exhibitionnistes qui prennent plaisir à jouir sur les « bancs publics ». Et que d'autres jouissent en méli-mélos avec multi-pôtes. J'en conviens et j'en connais. Et je ne les exclue nullement du monde libertin. Et ne les juge pas davantage. Cependant, si j'en connais si peu qui osent s'avouer libertins, c'est bien que « pour vivre heureux, vivons cachés » relève du bon sens, au moins pour son bonheur et son droit à vivre sa différence et à sa marginalité. Et si, pour le moins, l'on admet comme étant une différence l'exercice du libertinage, Marinette n'est pas plus libertine que je suis reine d'Angleterre. C'est ça ! J'en entends deux, reverger là, sur les exhibitionnistes ! D'ici qu'ils se répandent avant mon texte... Pour s'exhiber en public nul n'est besoin de crier, ni d'être reconnu : souvent la montée d'adrénaline liée à l'interdit engendrant la peur d'être « reconnu » est plus forte que la jouissance issue de l'exhibition elle-même. C'est justement en raison des répressions dictées par nos lois aux ordres du bon ordre moral que l'exhibition ne saurait-être qu'une marginalité dans la marginalité. Et je ne parle pas ici des raisons de la loi à défendre l'ordre public dans l'exercice de ses libertés individuelles respectueuses des libertés publiques : j'approuve ces raisons là, principalement parce que je revendique mon droit citoyen au respect du droit citoyen de mon voisin à me respecter aussi. Et ce, jusqu'aux tréfonds de « l'immoralité normative » de ma personne. Bref ! Marinette qui le revendique, n'est pas libertine, tandis que Claude, qui ne le déclare pas alentour, est libertine de la plus abouties des espèces, tatouée bisexuelle, sodomite active et Sado-masochiste de surcroît. Et la grande Félicie si taciturne que le monde entier lui donnerait le bon dieu sans confession n'a rien à envier à Claude. Ni Josy qui à leur premier contact l'est devenue en un tour de main, si je peux m'exprimer ainsi

...

Voici enfin Marinette de son dernier talon touchant le pied de l'escalier : c'est qu'il est vraiment monumental ! Alfred, qui dans son costume ressemblait plus à un huissier assermenté (ne pas confondre avec un huissier du Palais) qu'à un soupirant aspirant à l'arrivée de sa belle, déambulait d'impatience entre le vestibule et la porte cochère. Marinette avança jusqu'au centre de la trajectoire elliptique tracée par un Alfred à l'allure frénétique

Je suis là ! — Chantonna Marinette.

Pardon ! Je pensais à un truc... Mon patron m'a demandé un truc, que... — S'excusa-t-il.

Ah bon ! S'étouffa Marinette comme quelqu'un qui craint que tout son beau scénario s'écroule.

  C'est rien : c'est pas urgent. Rassura-t-il aussitôt. Comme s'il avait perçu l'angoisse de Marinette.

Eh bien, allons voir cette toile. Conciergea-t-elle : le timbre d'une clochette à sonner les portiers !

...

Aujourd'hui, rares sont les cinémas indépendants : des cinémas qui n'appartiennent à aucun trust et qui ne font pas dans le complexe. Généralement, on peut les trouver près des Universités ou dans les quartiers bobo. Plus généralement encore, ils s'annoncent étroitement, dans des couleurs bistre, tristes, et des néons blafards. Souvent, ils s'affichent « d'Art et d'Essais », ce qui, ma foi... est une réalité en soi... Même si, dans mon « ordre des choses », je préfère les appeler : « d'Essais d'Art ». Car dans mon « ordre des choses » j'y ai vu, là, beaucoup plus d'essais ratés que d'oeuvres d'Art... Laissez tomber, c'est mon côté contestataire ! Et puis, ce n'est sûrement pas mes considérations qui ont décidé Alfred à accompagner Marinette, là, rue Cujas, au « cul de la Sorbonne » ; sûrement pas non plus le film en lui-même, essais ou chef-d'oeuvre, n'est-ce pas ? Bien ! Nous sommes enfin d'accords !

...

Le générique finissait, remerciant les Dassault pour leur mécénat averti (mais l'inverse était vrai aussi : le générique finissait d'assaut, remerciant les avertis pour leur mécénat) et la lumière arrosant les murs sales de deux traits crus accomplit « la fin du calvaire ». Alfred s'extirpa le premier de sa place, s'étira discrètement en pensant : — Putain ! Inconfortables ces fauteuils : j'ai le dos cassé ! — Tendit une main à Marinette ; une main qu'elle serra fort sans esquisser le moindre effort à vouloir se lever. La salle se vida vite de sa quinzaine d'étudiants, braillards débraillés, et d'un couple de septuagénaires enlacés par on n'aurait trop su dire quelle affection tant leurs pas s'avéraient malaisés, empruntés, empêtrés. Alfred se rassit à côté de Mari-mine-défaite sans rien comprendre de la situation ; Alfred s'était rassis sur une fesse, raide comme un pain rassit. Il la regardait, interloqué voire désabusé. Puis, sentant monter comme une irritation dans son dos, pensant tout d'un coup : — Mais elle est barge cette femme : j'vais l'envoyer se faire foutre ailleurs ! — Cependant, à cette idée il banda net. Et cette excitation présente remplaçant son irritation passée, il se ravisa :

  T'es pas bien, ça ne va pas tu veux quelque chose ? — Débita-t-il comme on coupe du bois.

Non ça va c'est ce film déprimant ce film... Hacha-t-elle.

Ah bon ! — S'étonna-t-il — Moi, j'aurais plutôt dit : Stupide ! —

Oui, oui, stupide. — Confirma-t-elle. Ajoutant, après au moins une minute de silence :

Stupide et déprimant : si déprimant que je n'ai plus envie de rien... —

Réalisant qu'elle venait à nouveau de se planter un couteau dans le pied. Surtout, voyant Alfred se dresser d'un bond, le sentant désireux de retirer sa main de la sienne, elle mesura les effets de sa tirade manquée. Aussitôt, elle se ressaisit. Esquissant un sourire se voulant charmeur elle ajouta :

  Je n'ai pas le courage de rentrer seule chez moi.

Tu voudrais que je te raccompagne ? — Lui demanda-t-il confirmation d'un ton neutre.

  Oui ! Si ça ne te dérange pas, j'aimerais beaucoup. — Coqueta-t-elle.

Attends ! J'appelle un taxi !

Pas la peine : j'habite pas très loin. Et puis, prendre l'air en marchant... —

Bien ! — Admit-il

Marinette se leva prenant aide et appui sur Alfred. Main dans la main, ils remontèrent quelques marches vers la sortie. Dans la rue, lâchant sa main elle s'agrippa à son bras. Il s'arrêta, l'enlaça, l'embrassa chastement. Marinette répondant à ce geste de tendresse l'embrassa fougueusement, voracement. La plaquant contre lui de mains fermes sur le haut des fesses, il lui roula une de ces pelles dont le souvenir remontait à l'Université. Derrière eux une troupe de jeunes passa en ricanant et en lançant quelques insanités de potaches... Arrivés devant chez Marinette, Alfred sans autre illusion que de bisser son baiser, l'enlaça de nouveau et l'embrassa goulûment ; baiser auquel Marinette répondit intensément : langue pour langue jusqu'à la crampe. Alfred, tout en reprenant son souffle, affirma :

  Te voilà rendue. Et... Très bon tes baisers... Suis heureux : ta déprime s'est évanouie...

  Je te remercie. Tu es très gentil... Et tu embrasses très bien aussi. —

Alfred déposa un baiser sur le front de Marinette, caressa ses joues, se recula d'un pas et dit :

 Je te souhaite une bonne soirée, fais de beau rêves... —

Puis, voyant Marinette immobile, les yeux aussi éteints que tout à l'heure au cinéma il osa lui demander :

Tu veux qu'on aille dîner ? —

Marinette se rallumant aussitôt répondit :

Non, non, merci ! Dis, tu ne veux pas plutôt monter chez moi ? J'ai tout ce qu'il faut. —

Alfred semblait hésiter. Feinte ou politesse... Ou autre chose ? Peu importe !

  Tu veux vraiment : ça te ferais plaisir qu'on dîne chez toi ? — Rusa-t-il

  Oh oui ! — Affirma-t-elle sans finasser.
...

Certainement que Marinette souhaitant aussi avoir à raconter autre chose qu'un fantasme voulait à tout prix conclure avec Alfred. Car, dans son fort intérieur, si Marinette aime embellir la réalité, elle ne sait pas mentir. De même, ce que personne ne retira jamais aux qualités de Marinette, surtout pas moi qui n'aime pas ça, c'est qu'elle est fin cordon bleu, dans la lignée des indémodables mamies que jadis l'on cantonnait aux foyers ; de ces indémodables coutumes dont on vante les mérites à garder son mari père de ses enfants, juste au coin du feu. Parfois au coin du lit... Et seulement pour les grandes occasions au creux du lit. Marinette libertine ! Marinette et le Paradoxe. Le complexe de Marinette. La névrose de Marinette...

Bof ! Ce que l'on sait, c'est que ce soir là, durant plus de deux heures, Alfred tourna en rond dans les vingt mètres carrés du « salon à coucher » de Marinette, un verre de Carlson à la main, s'arrêtant parfois, à la fenêtre pour chercher à voir dans la nuit le paratonnerre du Panthéon, ou à la table basse tournant une page de Marie-Claire ou de Cosmopolitan, ou de Gala. Ou encore, devant la bibliothèque, à relire les tranches rutilantes de La Pléiade : La Bruyère Boileau De La Fontaine... A s'étonner à chaque arrêt de n'y en voir aucune usée. Ni même d'y voir le moindre auteur contemporain. Il avait eu beau chercher à en voir : aucun pas même Beauvoir. Cependant, il n'eut pas à regretter son attente tant le repas fut délicieux, sinon capiteux. Mais ce ne fut qu'au milieu du repas qu'il se persuada que la soirée ne pourrait se terminer que longtemps après celui-ci ; se terminer par d'autres agapes et d'autres délices ; au milieu du repas, lorsque Marinette les joues rosies par le Saint Emilion, prétextant une chaleur insupportable, ôta tablier, chemisier, jupe, soutien-gorge, ne conservant que son string et ses bas, ne corsetant son buste que du bourgeron faisant saillir ses seins... En proie à cette insistante impression d'une excitante sensation conduisant à l'irrésistible ascension de cette chaleur fiévreuse qui enivre, lentement, ostensiblement, il stripteasa sous les yeux de la belle enflammée qui soupira, s'éventa, humecta ses lèvres en un tour de langue érotique, et suça son majeur... A onze heures, nus, ils s'allongèrent sur la peau d'ours synthétique couvrant le lit, bouillants de la fièvre des désirs, doigts brûlants de la frénésie des plaisirs... Ils se consommèrent à se consumer toute la nuit...
Et admettez avec moi que, dès lors, être ou ne pas être libertin n'a plus nulle importance.

Néanmoins...

J'ai beau ne pas apprécier certains modes de servilité aux apparences de coquettes de ce genre féminin auquel s'attache à appartenir Marinette, (je n'apprécie pas ce reflet transmis par le miroir des exigences de la « mode sexy » en ce qu'elle a de plus conventuel, y compris dans l'exacerbation du machisme, car je considère qu'un homme qui ne banderait que pour une apparence ne sera qu'un « très mauvais coup »), je n'apprécie pas davantage les in-mode des « metro-sexuels » : j'affirme que le désir comme le plaisir, et plus encore la jouissance, ne peuvent être liés aux apparences car ils sont inférences : excitation, induction, influx ; ils sont producteurs d'actions et de réactions...

Que l'on me considère comme intellectuelle, cérébrale... Si on le souhaite, ça ne me gêne pas : je le suis.

Que l'on me reproche ma rhétorique, ma sémantique, ma dialectique... Mes autres tics comme mes vues de l'esprit ! Ne vous en privez surtout pas : c'est une forme du libertinage qui me fait jouir aussi... Toutefois...

Je ne suis pas de bois.

J'aime jouir de ma chair. Et peut-être plus encore d'elle que de mon esprit. J'aime plus l'émoi de la chair que l'émerveillement de l'esprit... Cependant, je ne sais me priver d'aucuns. Et, sûrement pour certains ça semblera pire, je ne veux ni ne peux les dissocier : je ne veux pas détacher ma personne spirituelle de ma personne charnelle, je ne peux pas réfreiner la jouissance de mon corps aux plaisirs de mon esprit, ni interdire à mon esprit d'analyser les jouissances de mon corps que je ne cache en rien, du plus petit frisson jusqu'au spasme le plus violent. Et au plus mon esprit parvient à nommer la force de ma jouissance, au plus je me transcende dans l'essence du sens de mots jusqu'à l'extase : des mots doux, chauds, des mots parfois sophistiqués sinon compliqués, des mots froids, crus et acérés sinon orduriers, des mots nouveaux sinon fantasmagoriques : les mots mais aussi les images qu'ils en créent ; images de truculences, images d'indécences, images de perversions et de dissolutions, d'impudicité et de lubricité, de stupre et de luxure ; des images qui mettent à mal les sens de la morale collée à ces mots ; à la morale comme à la bienséance dont mon enfance fut gavée au point tel qu'aujourd'hui, après avoir connu et subi ses interdits, je jouis à vomir sur son plastron paré de ses légions d'honneur gagnées pour service rendus à l'obscurantisme. Certes, vous l'avez compris, j'aime trop la valeur et la force des mots pour être femme à hurler des onomatopées du type — Ahhhhh, Rohhhhh, Ouff, ouff ! — Quand ma jouissance monte, monte. Tout comme nul m'est besoin de... de poétiser ou d'insulter pour que mon partenaire la sente et la voit venir. De même que si j'écoute son corps, je sais ce qui le fait grimper aux rideaux. Oui ! Non ?
Oui et non !

Au cours d'un jeu à caractère sexuel, je ne me refuse pas de parler, d'inciter, d'exciter, de réclamer, d'exiger et d'offrir autant en mots qu'en actes ; de laisser s'exprimer les désirs et envies dans l'attente de certains plaisirs, disons, peu standards.
Oui ! Je sais aussi parler cru et avec autorité, par jeu et par respect à la règle du jeu. Ceci étant, ici, j'ai établi mon distinguo entre « amour sexuel » et « jeu à caractère sexuel » sans les classer dans l'ordre de mes préférences. Tout comme je n'en considère aucun comme domaine réservé à la pratique légitime ou au libertinage ; aucun comme réservé à l'usage hétérosexuel ou multi-sexuel.

Oui ! Je suis sûrement rigoureuse, mais je n'en suis pas moins libérale : c'est mon libertinage à moi.

C'est ainsi que par le passé nous avons eu, mon mari et moi, moins d'amants et maîtresses que de camarades de jeux sexuels. Non ! Nous appelons amants et maîtresses les couples devenus amis (ou inversement) avec lesquels nous avons eu des relations suivies, douces, chaudes, agréables, passionnantes, mais pas exclusivement ni forcément, sexuelles. Nous y avons même connu le bonheur et la douleur d'un amour véritable, dans une vie sociale et familiale commune ; le bonheur parce que notre entente avait été d'abord spirituelle et cérébrale avant de d'être sexuelle puis amoureuse. Je vous le concède, ce doit être exceptionnel. Et sûrement contraire au bon ordre de la Vie puisque cette salope nous a servi la douleur de les ravir à notre amour en les jetant dans la mort au fond d'un précipice de la Maurienne, nous laissant aussi morts que des pantins accomplissant seuls un vie de guignols. Mais jamais nous n'avons eu d'amant individuel.

Vous avez compris ce que sont nos nuances libertines ? Non ? Tant pis !

* * * * * * *

Alfred caressait les seins de Marinette. Persuadé qu'ils étaient « faux », il titilla leurs mamelons qui s'érigèrent sine dié. Surpris, puis rassuré, il les suça comme un enfant tête sa mère. Elle semblait aimer puisqu'elle caressait sa nuque tendrement. Rassasié des seins, il entreprit lentement et tendrement sa descente vers l'antre des délices, s'attardant sur le pubis, à l'intérieur des cuisses, aux portes du calice dont il retarda l'instant où ses lèvres y goûteraient... Marinette frémissait, roulait des fesses, arrondissait ses reins comme pour que ses lèvres secrètes s'unissent aux lèvres d'Alfred... Il l'avait compris. Sauf que voulant garder l'initiative, il releva la tête et vint lécher la fine toison rousse non sans laisser glisser sa pomme d'Adam sur le bouton d'or Marinettien. La trouvant confortable elle voulut le piquer de son dard. Mais il se releva à nouveau, la regarda et voyant ses yeux clos, il alla cueillir le clitoris entre ses lèvres qu'il pinça légèrement, de telle sorte que sa langue puisse le flatter sans qu'il s'échappât. Assez vite, Marinette sentit monter l'orgasme. Mais elle savait le retarder presque à sa guise. Et même l'interrompre. Pourtant, ce coup-ci, contre sa volonté, tout ses muscles se tétanisèrent, son corps eut trois amples spasmes avant de retomber, inerte, les bras en croix, le souffle saccadé...

Alfred en fut enchanté : J'ai pas perdu la main ! Se dit-il repensant à sa Bernadette qui, depuis quelques temps, ne réagissait que très peu à ce traitement... Alors que, normalement, après cinq à six jours d'abstinences... Il n'eut pas le temps de terminer son idée. Déjà Marinette s'étant relevée, lui disant : — A moi — plaquait ses épaules sur le lit, s'asseyait sur lui, son sexe à l'aplomb de la bouche d'Alfred et venait lui jouer la flute enchantée. Quelques instants, il contempla le clitoris tuméfié, les lèvres humides, retenant à peine une perle de suc du fruit des délices... et la fraise pourpre... pompant comme une aorte au rythme de son coeur offrant cette invitation accorte, il y dessina une jolie feuille de rose. Marinette gloussa, fit le dos rond offrant mieux son fruit interdit avala son sexe dans un couac mais reprit sa partition. La perle roula au bord des lèvres d'Alfred qui la lécha. Trouvant son arôme fort délicieux il décida que sa langue alternerait désormais d'une porte à l'autre... Il aimait beaucoup, il ne s'en privait pas quand se sentant à son tour perdre pied avec son corps, craignant de... trop tôt, trop vite, il... Mais Marinette aussi avait dû le sentir venir car elle se retira immédiatement en tenant le sexe d'Alfred fortement serré à sa racine. De fait l'éjaculation se traduisit en une goutte translucide roulant sur le gland.

Je suis désolée, je n'aime pas dans la bouche — s'excusa-t-elle à demi.

Je ne le souhaite pas non plus : ça ne me fait pas fantasmer. Dit-t-il sincèrement en la caressant. Ils s'allongèrent côte à côte, se faisant face. Elle lui caressait le torse, il lui caressait les lèvres... Elle demanda :

Tu veux bien embrasser mon sexe, juste mon sexe, comme la première fois, si je viens sur toi ? —

Très volontiers, très volontiers. Mais à une condition

  Ah bon ? Heu... —

C'est que tu ouvres bien tes lèvres : je veux te boire. —

En soixante neuf Marinette touchant l'antichambre du ciel déroba son sexe aux ardeurs de la langue d'Alfred. Elle se plaça face à lui dans cette position sans équivoque de l'Amazone. Un instant, Alfred craignant qu'elle vienne le chevaucher sans autre précaution, voulut l'avertir qu'avant il souhaitait... Mais, peine perdue, déjà entre ses dents, elle déchira l'enveloppe en fit rouler le préservatif sur la verge d'Alfred qui souffla d'aise... C'était l'instant qu'il avait le plus redouté : il avait craint d'être ridicule, maladroit. Et finalement, il était fort heureux qu'elle l'ait devancé... Marinette en cavalière, aucune monture ne résistait bien longtemps. Elle le savait, et lui, il le comprit tout de suite :

  Si tu veux aller loin, ménages ta monture . — Prévint-il en souriant.

  Non ! Tu m'as beaucoup faite jouir. A mon tour ! Je veux te sentir jouir vite. —

  Tu préfères avant ? — L'interrogea-t-il

Non ! J'ai pas de préférence, ça dépend... Et puis, on recommencera, non ? —

  Oui !Ahhhhhh Ouiiiiii Ouuiiiii Ouiiiiiiiii .... —

Ce coup-ci elle lui serra la bite avec ses lèvres intimes en même temps qu'elle lui serrait les tétons. Puis elle ondula de nouveau. Il planta ses ongles dans la couette, chercha sans trop d'illusion à sentir sa verge pour lui conserver une acceptable érection d'après coup. Or, à son grand étonnement, il se découvrit assez vaillant pour que Marinette accélère et accélère encore. Sur quoi, s'inquiétant pour la santé du préservatif il dit :

Vaudrait pas mieux changer de préservatif ? —

Non! Non Ohhhhhh Vouiiiiii Ahhhhh ! — Répondit-elle en s'écroulant sur lui.

Il y en eu quatre autres avant la douche sous laquelle, lui déclarant qu'il baisait bien, qu'elle souhaitait aussi le compter comme amant, qu'elle l'invita à se sentir chez elle comme chez lui et à la partager avec son actuel amant Jean-Joseph... Que sûrement bientôt il aura l'opportunité de connaître.

Disons-le tout net : Alfred, il s'en foutait, de Marinette comme de Jean-Joseph : tant qu'il pourrait baiser... Car faut préciser que pour tout timide qu'il ait été, Alfred n'en fut pas moins obsédé sexuel que vous !

N'est-ce pas mon amour ?

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Par Pateric - Publié dans : Contes - Communauté : Des Fantasmes par la Langue
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  • : Le principal objectif de ce blog est la publication de textes "érotiques" écrits à "quatre mains" : Elle et Lui. Notre philosophie littéraire n'a d'autre vocation que d'exciter nos propres plaisirs ; nos plaisirs qui sont libertins et libertaires englobent la Langue : ils ne se limitent ni à la chair ni aux "nécessités". De fait, nos textes se moquent des "conventions éditoriales", du "prêt à penser". Et plus encore du "consensuel", sauf... S'il s'agit du con sensuel qu'on s'en sus...
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  • : 28/01/2009

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  • 24/10/1953
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  • Couple libertin et libertaire, Scientifiques gourmets philosophes gourmands, passionnés d'arts et de "belles lettres" nous offrons ici nos textes fantasmatiques, nos pensées... non sans laisser libre cours à nos sautes d'humour, voire d'ironie.

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