Mercredi 25 février 3 25 /02 /Fév 18:27
 

J'étais là, mi allongée sur la table à examens, jambes ouvertes et pieds bloqués dans les étriers bien relevés sentant de l'air frais chatouiller délicieusement mes antres sûrement béantes ; j'étais là, sagement immobile, à admirer les courbes graciles et délicieuses de Dominique ; des courbes, et aussi des reliefs qui me séduisaient d'autant mieux que sa blouse ouverte les exacerbaient...

Tandis que munie d'appareils sophistiqués, bippants, sonnants et vibrants d'autres timbres nasillants elle me palpait entière, des lèvres buccales aux lèvres vaginales, de mes seins à mes flancs pinçant mes lèvres de ses doigts, et me manipulant aussi par d'autres gestes assez ésotériques, j'admirai devant mes yeux ses seins à la symétrie et à la tenue étonnantes ; des seins au maintien surprenant, qui ne dansaient quasiment pas malgré l'activité incessante animant Dominique sur mon corps... Elle me manipulait, me regardant continûment de ses yeux émeraude aux pupilles dilatées, lèvres entrouvertes que sa langue humectait fréquemment dans un mouvement lent, voluptueux... Excitant. Ah ! Si je n'avais eu mes bras empêchés par ces anneaux argentés reliés à leurs multiples surgeons électriques, sûr, je l'aurais enlacée, embrassée, caressée, dévorée... Mais là, j'étais liée. Oh bien sûr, je savais ne pas être attachée par ces liens si indescriptibles du traditionnel bondage à la japonaise ; je savais qu'il eût suffi d'un seul geste pour que je m'en libérasse et m'envolasse sur les ailes du libre cours de mes désirs salaces : lascifs, impudiques lubriques, libidineux luxurieux, voluptueux langoureux et peut-être un tantinet amoureux...

Quoi ?

Non ! Amoureux, non !

Je ne veux plus tomber amoureuse d'une autre femme, non ! Mon coeur est déjà pris. Et même si ce n'est plus que par des souvenirs, ils sont trop doux pour partager un amour impérissable avec une chimère périssable.

Oui ! Malgré tout son charme, malgré toute sa beauté, en toute blondeur et blancheur, finesse et douceur, ressemblant à ma Sylvie... aux seins près, Dominique, ravivant le souvenir ancien de mon amour pour Sylvie, ne saura être rien d'autre qu'une fantaisie.

Oui ! Je n'ai (et ne veux avoir jamais) dans mon coeur que les trois amours de ma vie : Sylvie et son mari mon amant et l'amant de mon enfance mon mari d'hier et d'aujourd'hui mon amant pour toujours l'amant de Sylvie à jamais. Mon mari qui n'a jamais trop apprécié la beauté des blondes ; mon mari qui s'emballe illico aux charmes des latines et des exotiques ; mon mari empreint d'une tendresse et d'une douceur sans pareilles, comme si la peau de lait de Sylvie eût été son voile de fragilité ; mon mari amant de Sylvie si différent de mon mari mon amant avait le don de l'expédier dans des galaxies où jamais personne ne sut la conduire : ni moi, ni mon amant son mari dont je jouissais vibrante de sa fougue et de ses ardeurs, ni de la vigueur renversante de mon amant de mari dont je raffole. Moi, dont le corps éternellement adolescent adore s'ébattre aux forces viriles pesantes et prenantes comme par défi lancé aux forces de la nature ; Moi, frêle esquif émergeant victorieux de la tempête, roseau fragile ne rompant jamais, j'ai d'abord besoin de me sentir envahie pour prendre la main sur le plaisir, pour engloutir le sésame de la voie lactée chevauchant pégase en dansant la samba du bambou : la danse éternelle des coïts syncopés, affirmés, appuyés... pour jouir au-delà de moi, par dessus la ouate des étoiles où je me transporte séparée de mon animal conscient jusqu'au paradis de mes orgasmes où siègent mes chants d'allégresse. Moi, de la tendresse je n'attends que caresses apéritives. Et de l'affection, chaleurs digestives. Et, entre ces deux instants je veux m'empiffrer et m'enivrer de l'opulence gargantuesque des plaisirs vénériens : je ne suis pas gourmet, je suis ogre. Et tel un ogre, je suis difficile à rassasier. Et je déteste le commun, comme le banal et le vulgaire, l'empressé ou l'indécis : en leurs présences, je préfère mieux partir à jeun que de me laisser intoxiquer par une poisse saumâtre. Parce qu'après, il m'est toujours nécessaire de m'apaiser à l'ineffable chaleur contemplative des attentions câlines de mon amant avant de retourner me blottir et me reposer entière, corps et esprit, dans les bras de l'amour et de la douce affection de mon mari... C'est aussi pour ces raisons là que j'aimais mes abandons saphiques à ma toute douce Sylvie en préliminaires de nos libations diaboliques. Et, je suis heureuse aujourd'hui aussi qu'il en est ainsi : depuis que nos amants ont déserté notre nid pour s'aimer dans l'éternité dont je rêve à les retrouver pour à nouveau les aimer pour l'éternité (c'est la seule concession que j'accorde à la vie éternelle : la jouissance et l'orgasme éternels), mon mari de son amour m'idolâtre tandis que mon amant de son amour me cajole, comme jadis il cajolait Sylvie, et que de sa fièvre charnelle il m'enveloppe encore de sa force luxurieuse

...

Je restais là sagement liée, plus sagement vaincue par mes pensées que par tous ces foutus appareils. Ni même par le regard insistant et pénétrant de Dominique. Et bien moins par ses seins dont, tout compte fait, l'arrogante tenue commençait à m'irriter. Non ! Rien à faire ! Je ne pouvais me défaire du souvenir des seins de Sylvie en harmonie avec son corps entier... Ceux-ci ? Leur volume m'interpellait :

— Tu rêves Erica ? — Me demanda Dominique en me débranchant lentement ses appareils.

— Non Sylvie, je ne rêve pas ?— Répondis-je.

— Pardon ? — Suivi d'un long silence interloqué — Ah ben si, tu rêves ! —

— Effectivement, pour rester tranquille, j'ai pensé à autre chose. — Admis-je.

— A Sylvie ! C'est qui ? — Demanda-t-elle curieuse.

— Personne ! — Répliquai-je sèchement.

— Je te crois pas : j'ai bien vu, va... —

— T'as rien vu : je suis aussi très cérébrale. —

— J'en suis sûre : aussi sûre que Sylvie n'y est pas pour rien. — Affirma-t-elle, taquine.

— Non ! Prise dans mes pensées, j'ai oublié jusqu'à ton prénom. Mentis-je.

— C'est vrai, que ça ne me regarde pas... — Sourit-elle en finissant son « démontage ».

— Tu veux savoir vraiment pourquoi j'ai laissé vagabonder mon esprit, loin ? —

— Heu ... Si ça ne te gênes pas... Oui ! En fait... Ça m'intéresse... — Hésita-t-elle à oser.

— C'est tes seins. — Interjetai-je comme on dit : — Merde : il pleut ! —

— Qu'est-ce qu'ils ont mes seins ? — Me demanda-t-elle visiblement décontenancée.

— Tes seins, comme ça, devant mes yeux pendant ton examen, ça me perturbait. —

— Comment ça, ça te perturbait ? — S'étonna-t-elle vraiment.

— C'est pas des vrais ! — Lançai-je froidement.

— Comment ça ! C'est drôle, t'es la première à dire ça. Tu les aimes pas ? — S'affola-t-elle.

Réellement, je sentis la panique la saisir alors qu'elle les prenait dans ses mains pour les regarder.

— C'est pas ça ! Tu sais, c'est comme on dit : trop beaux pour être vrais...— La secourus-je.

— Ah ! Tu penses que j'ai des prothèses ? — Me demanda-t-elle confirmation en souriant.

— Ah ! Le vilain mot que voilà ! — Lui répondis-je pour ne pas affirmer ce que je croyais.

— Je ne porte pas de prothèse : ce sont de vrais seins. — Dit-elle en les manipulant fièrement.

— Néanmoins, je les trouve étonnants... Surtout pour des vrais. — Précisai-je.

— Ah bon ! Et peux-tu m'expliquer pourquoi ? — M'invita-t-elle à expliquer.

— Je ne suis pas médecin mais je ne suis pas ignare de nos anatomies chérie. — Répliquai-je : — Et comme tu es médecin, eh bien tiens ! Je te soupçonne d'avoir quelques secrets ! —

— Ah Ah ! — Pouffa-t-elle : — T'es mignonne ! Tu peux pas savoir comme tu me plais... —

— Si je sais ! — L'interrompis-je : - Et je crois bien que ça n'est pas juste pour mon cul ! — Ajoutai-je.

— T'as raison. — Avoua-t-elle simplement... Caressant mes seins délicieusement elle dit :

— J'adore tes petits seins. Ils te vont à ravir... Ce serait dommage qu'ils soient plus gros. —

— Figures-toi que je pensais : T'as des seins de Walkyrie sur un corps de déesse grecque. —

Elle éclata d'un rire tonitruant et gai. Et je ris de même. Et nous rîmes de concert et en rimes.

— Figures-toi, que j'ai testé une nouvelle molécule normalement destinée à absorber les graisses en rétention dans l'eau des tissus et à raffermir les dits tissus : une molécule premièrement destinée à lutter contre la cellulite et l'obésité. Et... —

— Et je dois donc te croire si tu me dis qu'elle s'est transportée sur tes seins, faute d'avoir pu débusquer la plus petite once de cellulite sur ton cul. — Me pliai-je de rire.

— Ne ris pas ! — M'interdit-elle en riant plus fort que moi.

— C'est pas risible ! — Compléta-t-elle en riant plus fort encore, m'obligeant à surenchérir de rire. Et le fou-rire gagnant, ne sachant trop comme l'endiguer, nous nous pelotâmes les seins, nous tripotâmes nos sexes... Et embrassâmes nos éclats de rire qui, sûrement dégoûtés, s'enfuirent...

— Que tu me plais, que tu me plais, que tu me plais... — Chanta Dominique

— Je sais, je sais, je sais... Je sais que tu me plais aussi... — Lui chantai-je à mon tour...

— Tu peux garder un secret ? — Me demanda-t-elle à mi-voix.

— Je te le jure : racontes ! — L'incitai-je.

Et Dominique me raconta comment cette molécule injectable par voie intra-musculaire, à l'inverse de ses concurrentes utilisées en drainage, verrait très prochainement DUREX sortir du cercle étroit de sa spécialisation préservatrice pour hisser DUREX au rang des laboratoires pharmaceutiques.

DUREX, bien sûr ! J'avais oublié DUREX, me souvenant soudain que :

— Merde ! J'ai oublié : je t'ai fistée sans gants ! —

— J 'ai un préservatif dans le cul : le même que celui que j'ai testé sur ton mari. —

— Comment ? Mais j'ai rien senti ! — M'étonnai-je.

— C'est donc qu'ils sont parfaits. — Sourit-elle en ôtant ses gants pour se laver les mains.

— Dis-moi, tu l'avais mis avant de nous recevoir ? Crois-tu qu'ils résistent longtemps ? —

Lui demandai-je sur un ton très affirmé marquant mon intérêt réel pour la chose.

— Oui ! Aux tests, ils tiennent au moins deux heures avant l'emploi. Mais il faudra faire beaucoup mieux pour l'usage en préservatif féminin ou en préservatif anal car ils ne se placeront jamais de manière aussi ludique que les préservatifs péniens. Sauf à l'inclure intentionnellement dans le jeu sexuel des partenaires, ce que ne sauront pas faire ou n'auront pas le courage ou la patience de faire plus de 90% des partenaires sexuels, qu'ils soient homo, hétéros ou bisexuels... A mon avis, il faudrait qu'ils puissent tenir jusqu'à cinq heures. — M'expliqua-t-elle.

— Cinq heures ? Faut vouloir... Se retenir ! — M'exclamai-je sceptique.

— Oh, ce n'est pas là qu'est le vrai problème, à mon sens. — Dit-elle vaguement désabusée.

— C'est quoi alors ? — Lui demandai-je en m'asseyant au bord de la table, les pieds pendants.

Elle me tournait le dos s'affairant à je ne sais quoi sur la paillasse dans un tintement de flacons.

— T'as encore vraiment besoin de ta blouse ? J'aimerai bien admirer ton cul ! —

Aussitôt dit, elle s'interrompit leva les bras, laissa les manches glisser et au sol tomber la blouse :

— Alors, mon cul, il te plaît ? —

— Admirable : vraiment admirable. — Affirmai-je sincèrement.

Sur quoi, sans aucun doute très intentionnellement, elle creusa ses reins ouvrant sa fente culière me laissant à voir son petit trou entrouvert et se dessiner le moule oblong de son sexe. Ouf ! Ma petite bite ne sut pas mieux résister à mon désir que si j'avais été un mâle sevré de cul depuis des lustres. Je sautai donc de mon perchoir et m'approchai de sa tentation où je glissai mes mains avides.

— Juste mon dos et mon cul, d'accord ? Ne mets pas tes mains devant, je ne dois pas rater ce que je fais, ce pourrait être embêtant. — M'autorisa-t-elle en dandinant des fesses lentement.

— C'est toujours ça de pris... Avant de repasser sur la table, non ? — Dis-je en faisant glisser un majeur sur sa colonne vertébrale depuis sa nuque jusqu'à son anus qui la fit frissonner entière.

J'adore voir les corps frissonner. Mieux, je les aime couverts de frissons. Et il me semblait qu'avec Dominique j'étais gâtée, car la moindre caresse devenait une chair de poule du plus bel effet. Et une fois encore, je ne pus m'empêcher de revoir Sylvie... De penser à Sylvie et m'empêcher de pleurer. Je me blottis entière contre le dos de Dominique comme une enfant se blottit de chagrin. Et sentant les frissons de sa chair sur ma chair, je frissonnai aussi et pleurait vraiment...

— Voilà ! J'ai terminé. La machine fera le reste — Dit-elle dans son dos en posant les flacons sur le plateau de la centrifugeuse.

— Voilà maintenant, on a tout le temps de penser à nous... Parce que, là bas, avec tout ce qu'ils ont à faire comme tests, ton mari n'est pas prêt d'être disponible. — Ajouta-t-elle gaiement, en fermant le capot de la centrifugeuse, en la mettant en fonction, puis en se tournant vers moi.

— Mais tu pleures, dis-moi ! — Constata-t-elle.

— Ce n'est rien, juste un coup de spleen, comme ça, qui passe : ça arrive à tout le monde. —

— Non ! C'est pas du tout banal : je sais, crois-moi... — Affirma-telle comme quelqu'un qui sait. Je ne répondis rien : je ne pouvais rien dire. J'essuyais mes yeux, coinçait un sourire et :

— Tu n'es pas obligée de me parler, tu sais. Mais si t'as envie de parler... de Sylvie, je suis là aussi pour t'écouter... Parce que... Je te désires trop... Pour ne pas désirer partager ton chagrin. —

Sa sollicitude m'étonna beaucoup. Sa perspicacité aussi. Et plus encore son accent de sincérité dans la voix. Je la remerciai en l'embrassant tendrement sur la joue.

— Sylvie, c'est un chagrin d'amour... Un chagrin d'abandon ? — Demanda-t-elle doucement en serrant ses bras tendrement autour de mes épaules. Je la serrai à la taille en répondant :

— En quelque sorte, le chagrin d'une perte aussi soudaine qu'injuste. Mais pas du tout un chagrin d'amour : j'aimerai Sylvie tant que je vivrais. —

— J'ai peur de ce que je vais entendre. Dis-moi : Sylvie est morte, c'est ça ? — Affirma-t-elle en me serrant à m'étouffer. J'inspirai profondément ; j'inspirai de soulagement aussi bizarrement que cela puisse te paraître ; soulagée par cette attention et cette clairvoyance si rares chez le commun mortel ; soulagée par la capacité intuitive de Dominique à si vite et bien discerner l'indicible. Qui plus est, en toute humilité, simplicité et discrétion. Ainsi soulagée, je retrouvai une vraie sérénité ; une quiétude énergisante excitant tous mes désirs envers elle et libérant les angoisses qui liaient toute liberté à verbaliser :

— Sylvie est dans mon coeur pour l'éternité au-delà des plaisirs ou des peines de la chair. —

— C'est vrai que c'est ce qu'on ressent, là... Mais, peux-tu me dire pourquoi cette mélancolie est venue envahir tes pensées jusqu'aux yeux alors que je t'auscultais ? —

— Ah ! C'était ça, ton regard insistant, pénétrant ? — Venais-je de comprendre.

— Oui ! J'avoue que j'étais inquiète car il me semblait que mes manipulations te gênaient. —

— Comme si je les avais crainte ; comme si elles avaient pu annoncer une issue funèbre ? —

— En quelque sorte ! Peux-tu dire pourquoi ? — Insista-t-elle. Mais non, je ne pouvais pas :

— A cause de tes seins... — Plaisantai-je. Mais ça ne lui convint pas et l'amusa encore moins :

— Dis pas de conneries mes seins n'y sont pour rien. — Coupa-t-elle sèchement en me lâchant.

Là, me sentant nue, vidée, incapable de me retrancher derrière aucun faux-fuyant, je lui dis :

— Si, ce sont tes seins qui m'ont fait penser à Sylvie. Mais pas pour ce que tu crois. —

— Hein ? — Trembla-t-elle : — Sylvie est morte d'un cancer aux seins ? — Dit-elle inquiète.

— Non pas du tout. Et je te dis que si je ne t'explique pas, tu ne pourras jamais imaginer pourquoi ce sont tes seins qui m'ont fait penser à Sylvie. —

— J'avoue ! C'est un mystère. — Dit-elle en venant caresser mes seins. Je bloquai ses mains et la regardais. Et, pénétrant au fond des ses yeux vert émeraude aux pupilles aussi dilatées qu'après un examen chez l'ophtalmo, je trouvai la force de lui avouer le trouble qui m'avait saisie :

— Tu ressembles beaucoup à Sylvie : au seins près. —

Dominique éclata de rire ; d'un rire qui aussi me rappela les rires joyeux de ma Sylvie :

— Je t'adore ! T'es trop charmante. — Dit-elle en léchant mes lèvres... Comme Sylvie aimait les lécher. Je commençais à me troubler. Et sentais de nouveau l'angoisse saisir ma gorge, quand :

— Peut-être ai-je des points de ressemblance avec ta Sylvie. Mais là, tu extrapoles ! Hein ? D'ailleurs, déjà mes seins, tu les aimes pas, quand bien même je voudrais te rassurer qu'ils ne sont pas tout à fait à moi... Allez, allez ! Tu me plais, mais je ne pourrais jamais t'aimer comme il semble que tu aimes Sylvie et qu'il me paraît qu'elle t'aimait... Mais, ceci dit, y'a un truc... —

— Y'a pas de truc: Je ne veux pas plus que tu m'aimes que je ne veux pas t'aimer. Et, figures-toi que depuis Sylvie je n'ai plus baisé avec une femme : depuis quinze ans déjà. — Coupai-je sec.

— N'empêche ! — Insista-t-elle : — Un amour pareil, c'était pas difficile à partager ? Tu vas pas me faire avaler qu'avec ton mari c'était un amour à trois librement consenti et partagé, oui ? —

— Ce n'était pas un amour à trois. — Laissai-je trainer et la réponse attendue ne tarda pas :

— Ton mari, il était d'accord... Ou il ne le savait pas ? — Chercha-t-elle à savoir.

— Il savait et il aimait beaucoup... — Dis-je en la regardant bien : au-delà de ses yeux. Et elle me sembla demeurer très incrédule :

— Il aimait Sylvie, et réciproquement, mais ce n'était pas un amour à trois. — Enfonçai-je.

— Tu te fous de moi. — Lâcha-t-elle : — C'est impossible. — Dit-elle en Cartésienne.

— Ce n'était pas un amour à trois, mais à quatre : un véritable couple à quatre. — Souris-je.

— Deux hommes et deux femmes, c'est ça. Et totalement bisexuels en prime. Et les hommes, ils s'enculaient pendant que vous vous gnougnoutiez, tant qu'on y est, hein ? — Ironisa-t-elle.

— Pourtant, c'est banalement simple. Aussi vais-je faire primaire et simpliste. Mais je ne doute pas que tu comprendras. Lorsque j'ai sympathisé avec Sylvie, c'est d'abord parce que nos maris étaient devenus amis : parce qu'ils partageaient une communion intellectuelle forte. A l'époque, nous fréquentions quelques libertins. Nous nous privions d'aucun délire et aimions ça. Un jour, parlant avec Sylvie, je m'avouai libertine et fière de l'être et la taquinais. Légèrement troublée, elle m'avoua aussi... Qu'elle aimait aussi, mais qu'elle en avait un peu honte. Pensant que c'était son mari qui était plutôt prude, à l'apparence studieuse qu'il donnait de lui, je la taquinais encore. Mais elle me détrompa en disant que : « Non ! Jean Pierre, pourvu qu'il s'envoie en l'air... ». Sur quoi, j'avais ri revoyant mon mari en tous points : sérieux pour la physique des atomes, furieux pour les atomes physiques... —

Dominique éclata de rire en comprenant le sens de ma métaphore. Et elle n'arrivait pas à se calmer.

Jusqu'à ce qu'entre deux éclats de rire elle dit : C'est exactement comme ça que je l'ai vu.

— Tant mieux. Donc tu ne pourras que comprendre. — Précisai-je avant de poursuivre :

— Un dimanche, alors qu'ils travaillaient tous les deux à exciter je ne sais trop quels atomes, nous étions allongées, nues, sur la plage de la piscine à profiter des premiers rayons de soleil de printemps ; allongées à parler de banalités quand me redressant, son éclatante blancheur jaillissant à mes yeux, et plus sûrement les lèvres purpurines et imberbes de son sexe que sa fine toison d'un blond roux et soyeux ne parvenait à couvrir me sautèrent aux yeux. Et, les désirant, je décidai sans réfléchir de les dévorer. Elle sursauta un peu mais néanmoins ouvrit ses cuisses... Et là, ce fut un flot de délices. Un peu plus tard, nos maris arrivèrent... Et ils applaudirent. Dès lors, nous ne nous privâmes plus de nos jouissances. Et lorsqu'ils nous admiraient béats et raides, nous finissions toujours par aller nous empaler sur eux. Et surtout pas sur le légitime. Et nous aimions ça et ils étaient heureux. Puis, au fil du temps, nous avons partagé d'autres choses, à la fois plus intimes et moins sexuelles. Et puis, nous avons découvert que nous nous aimions bien au-delà du sexe comme bien au-delà de nos communions intellectuelles. Et ce fut aussi beau que c'est simple. Quelquefois, j'ai pu voir que Jean-Pierre aurait voulu... avec Pat... Mais mon mari n'aimait pas et le repoussait, tendrement certes, mais toujours : ce n'est que beaucoup plus tard qu'il fantasmera de baiser avec un homme, comme s'il avait le sentiment de ne pas avoir accompli son amour pour Jean-Pierre ; comme si leur amour intellectuel avait un goût d'inachevé. Comprends-tu... —

— Pfiou ! J'en suis abasourdie. C'est pas aussi banal que ce que tu dis. — Dit-elle en me caressant bien plus tendrement et langoureusement qu'avant : — Ceci dit, je ne suis pas peu fière de réveiller ces doux souvenirs en toi. Et je fantasme de pouvoir t'en faire oublier la douleur. —

Ces caresses redoublèrent de tendresse, confirmant l'honnêteté et la grandeur d'âme du fantasme... Et je me sentis soulagée qu'elle tût sa vraisemblable envie à connaître l'horrible fin de notre amour. Horrible fin, oui, dont aujourd'hui j'ai réussi à faire le deuil même si le souvenir de cet amour demeure jour après jour plus vivace que jamais. Même si, en l'instant, je n'avais plus d'autre envie que jouir. Jouir de Dominique, non pas pour sa ressemblance avec Sylvie, mais pour son désir à jouir elle aussi de moi. Pour notre désir commun à jouer des plaisirs charnels sans nous embarrasser de morale, ni de conscience : juste les sentir monter du fond de nos entrailles jusqu'à venir chatouiller nos neurones ; monter ce désir ineffable à ne vouloir que jouir jusqu'à l'inconscience. Car : «  Jouir en conscience jusqu'à perdre son âme est la science du corps. » C'est ainsi que moi je vis la maxime rabelaisienne : « science sans conscience n'est que ruine de l'âme ». Et que cet amalgame te choque, m'amuse... Parce que c'est que tu n'as rien compris à Rabelais. Et puis, je jure que rien ne saura jamais faire taire mes amours...

A suivre !

Pateric ©

Par Pateric - Publié dans : Le feuilleton DUREX - Communauté : Fantasmagorie pure
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