Jeudi 12 février 4 12 /02 /Fév 08:11
C'est l'épisode écrit sur le site http://extravagances.blogspirit.com/archive/2007/07/03/dura-lex-sed-lex-4-par-pateric.html : site fort intéressant que nous vous invitons à découvrir.

 

Il était 16h42, lorsque nous pénétrâmes dans le hall ocre et ivoire des laboratoires DUREX de Burnes-sur-Yvette, brandissant nos convocations. La jeune hôtesse (20 ans environ) nous examina de tout l'étonnement de ses grands yeux noisette brillants dans leurs écrins d'opaline, et dans le profond silence d'un immense sourire d'ivoire commercial illuminant son visage noir. Oui ! Nous semblions déranger ses « idées reçues » sur les utilisateurs de préservatifs ; il lui paraissait improbable que des « gens de nos âges » recourent toujours à des préservatifs... Ou peut-être plus invraisemblable qu'ils baisent encore... Car, confrontant cinq ou six fois nos convocations avec nos visages, nos visages avec son planning, son planning avec mes rares cheveux blancs, mes cheveux avec l'abondante, longue et brune chevelure ornant le visage de madone florentine et sans âge de mon épouse, ses yeux roulaient comme ces billes de bois dans un panier de bingo. Et ses lèvres charnelles boudant de mieux en mieux dévoilaient l'immensité de son étonnement... Tiré d'un profond soupir surgissant par l'arrière de ses dents semblables aux colonnes d'ivoire d'un temple... Elle souffla :

Vous êtes en avance. 

 

— On aime prendre notre temps. Et surtout, on n'aime pas être en retard. 

Répliqua mon épouse de sa voix douce mais au ton froid et sec ; de cet « accentuation » qui rend si « interdit » que rare est la « réplique ». Ainsi, notre hôtesse, d'un geste du menton indiquant les fauteuils du hall nous invita à y « attendre votre tour ».

Vous connaissez ces fauteuils de style « pseudo universal design » qui ornent les halls des multinationales sur lesquels on hésitent où poser son cul ? Parfait. Ainsi donc, je posai une fesse sur les rondeurs d'un boudin, tandis que ma femme refusant d'en choisir un s'assit sur mon genou gauche... A la suite, on entendit un bruit de chute provenant de derrière la tablette nous cachant l'hôtesse, chute ponctuée par un « putain de merde », un silence puis un « pardon! » qui nous firent rire sans retenue. Cependant, nous ne pourrons pas vous dire si l'origine de la chute est à lier à notre attitude osée ou à la vision offerte par l'assise de ma femme qui, pour ne pas glisser avait largement écarté ses cuisses faisant remonter sa jupe très haut sur le pubis...

Vint enfin l'heure dite de notre rendez-vous qui nous surprit ainsi installés et toujours aussi « profiteurs de l'environnement », où s'approchant de nous une (ma foi) bien jolie teutonne trentenaire, à vue d'oeil, blanche et blonde, s'approcha de nous tous sourires sur ses lèvres « GretaGarbiennes » en se présentant dans un « frai »(1) accent Alsacien :

 

— Docteur Thominique Gusmannnnn ! 

Elle prit entre ses mains la main droite de mon « Erica » et la serra chaleureusement... Et même elle l'attira vers elle, si près qu'un instant je crus qu'elle allait lui « tirer une pelle baveuse ». Et d'ailleurs, ce résultat ne m'aurait ni étonné, ni déplu, tant la réponse tout aussi chaleureuse de ma femme : - Fort enchantée Docteur !- Me parut enthousiasmée.

(1)Si, si, chez les « salsaciens », tout ce qui est « frai » reste « vrai », qu'il fasse chaud ou frais.

Avant de venir chez DUREX, j'avais parié avec Erica que le Docteur Dominique G était une femme ... Car parmi les Dominique(s) comme parmi les Camille(s) que nous connaissons les trois quart sont des femmes. Et le tiers du quart restant... hésite. Ainsi donc, les atouts saillants au travers de la blouse immaculée de cette Thominique ci ne nous étonnèrent pas. Au contraire devrais-je dire...

* * * * * * * * * * * *

Nous voici maintenant, introduits dans une pièce d'environ 5m sur 4m, toute carrelée de blanc jusqu'au raz du plafond, étanche jusqu'aux luminaires fluorescents. Trois paillasses typiques des laboratoires de Chimie occupent une longueur entière. Près de la fenêtre, un bureau et son équipement informatique adéquat à « l'usage ». Sur l'autre longueur, une « sorbonne », une centrifugeuse, une table vibrante ornée d'une vingtaine de tube à essais, un caisson cryogénique... Et une machine à moteur électrique entraînant un plateau excentrique armé d'un bras oscillant... Dont la présence en ces lieux, loin de m'apparaître anachronique, me traduisant l'usage qu'on peut en faire, me fit sourire. Au centre, une table d'examens. Plus exactement une table d'examens gynécologiques aux dimensions plus « confortables ». A son « pied », un fauteuil articulé et transformable.

D'abord, le docteur passant derrière son bureau nous invita à nous asseoir sur les 2 spartiates chaises qui lui faisaient face. Puis, elle nous posa un certain nombre de questions portant autant sur nos coutumes sexuelles... qu'extra-sexuelles, la fréquence de nos rapports intimes... Et moins intimes, s'appuyant sur les réponses « larges » faites dans notre questionnaire de présélection, retenant les faits que nous n'avions pas répondu aux choix des genres, demandant confirmations que nous pouvions être, tous les deux, bisexuels, s'informant sur les limites de notre bisexualité et/ou les limites de leurs pratiques... Sur quoi, répondant que nos limites étaient liée premièrement au « respect individuel » et, subséquemment, à « l'attirance du partenaire », confirmant n'avoir aucune autre limite, un grand sourire assorti d'une grande oeillade malicieuse resplendirent sur le visage de notre docteur.


Après nous avoir dit que :  — Voilà, le plus fastidieux est fait...  Elle entreprit de nous expliquer « DUREX ». Puis, le but des recherches et expériences engagées, ainsi que l'objectif recherché.

Elle nous avoua que notre profil avait grandement intéressé « DUREX », car, expliqua-t-elle, nous étions, nous deux, parmi les moins des 8% des candidats à déclarer notre bisexualité, les rares marginaux représentant moins de 3% des bisexuels déclarés à la confirmer aussi « totale ». Ensuite, elle nous informa que, bien entendu, suivant le résultat de nos premiers tests, mais aussi suivant notre volonté à poursuivre « plus avant l'aventure », « DUREX » serait très honorée de nous compter parmi ses « testeurs » les plus assidus : — D'autant que, étant chercheurs vous-mêmes, vous comprenez bien les raisons qui incitent à la Recherche  Complémenta-t-elle.

Affirmation qui fit préciser à Erica :  — Oui ! La Recherche est un plaisir pour nous !  Réponse qui, pour aussi ambiguë qu'elle aurait pu paraître à certains, plût tant à Dominique (elle ne le dissimula nullement) qu'elle nous tendit sans retenue le document de validation en disant :
           — Bien ! Signez là, puis déshabillez-vous : Mais d'abord, il faut que je vous ausculte. 

Après nous avoir fait nous allonger côte à côte sur la table et exécuté les « vérifications d'usage » (tensions, pouls, blanc de l'oeil et même prise de sang sommaire) gantée, elle commença à nous « titiller l'intimité ». D'abord les lèvres d'Erica et le petit bouton qui durcit vite sur lequel elle osa même un baiser dont le frisson se propageant jusqu'à la main de ma douce lui fit serrer fort ma main et davantage puisque notre « inquisitrice » siffla :  — Humm, c'est parfait tout ça !  Et pour couronner son propos, elle introduisit un doigt (au moins un : je ne voyais pas tout) et confirma que :  — C'est bien ! Bien chaud et humide tout ça !  Sur quoi, l'autre folâtre, ne voulant pas être « en reste », se dressant raide, insulta le cieux :  — Oh, oh ! Chapeaux !  S'écria notre testeuse... Avant de passer à la description des opérations :
         — Bien, j'ai bien envie avec vous... - Suivie d'un très long silence...A chatouiller les désirs...  —

        — J'ai bien envie de tester avec vous un préservatif en crème. Pour l'instant nos essais sont très limités et nos résultats très sommaires mais, avec vous, je crois qu'on ne court aucun risque infectieux, hein ?  Dit-elle.
Ce que nous confirmâmes (Mâme ? Mhum !)

 — C'est un tout nouveau concept, qui d'abord devrait-être aussi ludique qu'excitant et ensuite protéger aussi bien que n'importe quel autre préservatif « DUREX » classique. 

« DUREX », évidemment !

 

Voilà, c'est du latex maintenu semi-liquide à 38° qui se présente un peu comme une crème de soin. C'est parfumé aux essences naturelles de ginseng, de bois bandé, de gentiane, de gingembre et de vanille... Et ça se veut aussi être un aphrodisiaque. Et à notre idée, il devra pouvoir être compatible pour l'usage en préservatif masculin et féminin : au choix ! -

Erica, très enchantée par cette perspective, s'exclama :  — Si ça marche, c'est une vraie révolution : excitant et protecteur à la fois... Hum ! Que de folies en perspectives 

Dominique confirma, d'une douce caresse sur la joue d'Erica ; d'une longue caresse s'égarant dans ses cheveux, pour glisser sur les épaules, puis les seins de ma douce qui cambra ses reins et frissonna entière. Du coup, mon arrogance se manifesta à nouveau. Alors, Dominique précisa :

— Comme ce produit est expérimental, c'est moi qui vais vous l'appliquer. Qui veut l'essayer en premier ?   

Erica se redressa vivement et cria presque :  — Mon mari, mon mari ! 

Dominique sourit, ouvrit le pot, en prit l'équivalent d'une noix et commença à m'enduire... Ses mains étaient d'une douceur exquise et la chaleur et les effluves du produit me plongeaient le corps dans un bien-être cotonneux tandis que je sentais mon sexe gonfler encore, gonfler à exploser... D'ailleurs...

 

— C'est fou, je l'ai jamais vu autant grossir... Même en le suçant comme une folle je ne suis jamais arrivée à pareille expansion. 

 — C'est vrai qu'il gonfle bien : ça te fais pas mal, ça te brûle pas, t'es bien ?  S'inquiéta la « Pro ».

— Non, C'est extraordinaire : je ne sens que lui, c'est extraordinaire !   Balbutiai-je.

 — C'est super ! Et tu crois qu'on peut le sucer aussi ?   Demanda ma douce.

J'en sais rien... Normalement oui... Mais on n'a fait aucun test encore – Hésita Dominique.

Je veux bien commencer – S'emballa ma « passionaria ».

— Non ! Faut prendre quelques précautions : C'est moi, qui vais tester car j'ai une protection buccale adaptée pour ça. Après, nous ferons des analyses et je te dirai si y pas de risque

Expliqua Dominique avant de passer « à teste gland réel ».

Putain que c'était bon ! Mais c'était encore sans se douter du « feu de Dieu » que nous devions atteindre par notre copulation. Inexplicable. Et au plus nous jouissions, au plus j'étais incapable d'éjaculer. Au plus nous baisions au plus nous avions envie de baiser... Au plus nous nous activions, au plus ça glissait... Et j'avais toujours plus la sensation sublime que ma queue devenait un mât... Que dis-je un mât : un menhir ; la sensation que je n'étais plus qu'une queue... Et ma femme qui m'enserrait la taille de ses cuisses à m'étouffer... Et ma femme qui me retournait et me chevauchait à la hussarde... Et ma femme qui me prit à la « missionnaire »... Pffiou !!!

Vous connaissez cette « prise inversée »... Normalement, c'est « notre extase ».

C'est comme ça : je suis sur le dos, les cuisses ouvertes, elle s'empale, jambes et lèvres serrées, tous muscles pelviens contractés, clitoris prisonnier... Et elle me baise jusqu'à éjaculer. Oui, cette pratique la fait éjaculer. Mais moi jamais : elle me « finit » toujours « autrement »...

Seulement, aujourd'hui, même après son éjaculation, elle s'enflammait encore, jusqu'à en perdre le souffle. Alors, je posai mes mains sur ses fesses pour la stopper. Je voulus sortir... Je voulais sortir mais je ne pouvais pas. Je nous redressais, la plaçais sur le côté et lentement, nous copulâmes encore ; nous copulions tendrement pour la première fois de l'expérience...

Soudain, remarquant que Dominique, le visage au pommettes rosies nous caressait aussi, j'eus l'impression de bander encore plus. Et peut-être n'était-ce pas faux car Erica se cambra encore plus : action-réaction que je connais bien...

— Faut vous calmer un peu  Conseilla Dominique

— On ne peut pas   Répondit Erica :  On a fait « lien » 

— Ah !  S'étonna le Docteur : un « Ah ! » semi – incrédule, presque immédiatement corrigé par un

— Ah oui, Tiens ! C'est vrai !   Mais nullement inquiète elle reprit les « choses en mains » :   — Bien ! Placez-vous en missionnaire. Voilà ! Erica ! Ecarte et Remonte tes cuisses jusqu'aux épaules. Patrice! Toi aussi, écarte bien tes cuisses, voilà dégage bien ton anus. Bien ! Ne bougez plus, j'arrive ! 

Je tournai ma tête pour savoir ce que signifiait son « j'arrive » et je constatais qu'elle emmanchait un gode sur la machine excentrique. Alors je lui dis que, si elle croyait que s'est comme ça que l'on pourrait rompre le lien, je préférai qu'elle le fasse « à la main » plutôt qu'à la machine... Parce que...

— Ah bon, si ça ne te gênes pas qu'une femme t'encule : parce que, oui, c'est mieux à la main... Mais j'ai encore mieux que ça ! 

Et tandis qu'elle se dirigeait vers un tiroir de la paillasse, Erica lui confirma que :

  T'inquiètes pas Docteur : il adore ça quand je l'encule et même qu'il jouit souvent plus ainsi que « naturellement »  —

— Tiens donc ! voilà qui intéresse grandement mes recherches ! 

— Ainsi soit-il !  Comme on dit quand on a la foi !

Ainsi, Dominique ayant bien préparé mon anus de ses caresses digitales qui déjà me firent frémir, m'enfila debout et s'activa. Hélas, je ne débandais point. Au contraire, sentant mon plaisir encore plus vivace, je m'activai alternativement et jouissais plusieurs fois encore... Sans éjaculer, ni débander quand bien même Erica à nouveau éjaculait deux fois... Mais nous demeurions « liés ». Alors, Dominique dit qu'elle allait devoir recourir aux « grands moyens ». Ce qui, au lieu de m'affoler me fit frémir de désirs. Et bien que je ne sache plus où j'étais, ni même qui j'étais... J'aspirais à jouir encore et toujours plus... Je sentis bien sortir de mon anus le strap-on de Dominique. Toutefois, il me sembla que cette extraction augmentait d'autant le volume de ma verge. Pure sensation, sûrement ! Et au moment où cette sensation grandissait encore, je sentis que Dominique dilatait mon anus comme jamais il ne l'avait été avant. De fait, quelques secondes plus tard, je sentais sa main entière dans mon intimité et tous ses doigts appuyer et masser. Et c'était étrangement bon : Jouissif... Jouissif, jouiissiiiiifff ! ... Si jouissif ... Si tant, si fort, si temps fort, que j'éjaculai tant qu'il me sembla que je me vidais. Pfiou. Puis je sentis aussi que je débandais, un peu comme l'on perd pied... Sauf qu'Erica me serra fort comme si elle n'avait pas voulu que je la quitte. J'embrassai ses lèvres. Elles étaient glacées : ça aussi je le connaissais. Et ça aussi, ça ne me trompais jamais : ses lèvres glacées sont le témoignage de ses orgasmes les plus ardents... Ne l'avez-vous jamais constaté, vous messieurs ? Pourtant si : toutes les femmes le manifestent (aussi (et au moins)) ainsi.

Lorsque mon sexe fut ressorti de « son antre », je fus surpris : D'abord par la vésicule que formait mon sperme prisonnier du « préservatif ». Ensuite de l'apparence de mon sexe encore assez gonflé et surtout disproportionné à sa base, un peu comme s'il m'avait fabriqué une nouvelle bourse.

— Exceptionnel ! D'une exceptionnelle rareté ! S'exclama Dominique.

Un étrange frisson courut sur mon échine : j'en tremblai un instant.

        — Personnellement, j'ai lu des articles sur ce phénomène très rare chez les humains et en tout cas, a-priori, inconnu chez un blanc... Bien, bien, bien on va aller examiner tout ça, le pourquoi, le comment...  — Dit-elle.
 Et posant ses deux mains sur les seins d'Erica elle ajoutait :  
         — Allonge-toi tranquillement, respire et ne bouge plus : faut que je t'examine.  
Puis se dirigeant vers son bureau elle me dit : 
        — Toi, tu vas aller rejoindre ... 
Elle s'interrompit décrocha son téléphone : 

       — Oui ! C'est Dominique : j'ai un cas clinique intéressant pour toi ! 
Sans jamais plus me dire qui était le « toi » que j'allais rejoindre.

C'est donc ainsi, que je dus abandonner ma tendre entre les mains experte de la douce Dominique tandis que, nu, je suivis une jeune métisse roulant des fesses jusqu'au bout du couloir où elle m'introduisit dans un nouveau laboratoire plongé dans une étrange pénombre...



 
Par Pateric - Publié dans : Le feuilleton DUREX - Communauté : Fantasmagorie pure
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Jeudi 12 février 4 12 /02 /Fév 07:34

L'origine de ce feuilleton remonte au 3 août 2007, date à laquelle, répondant aux incitations de "VAGANT" qui sur son site "EXTRAVAGANCES" : http://extravagances.blogspirit.com/archive proposait à ses lecteurs d'écrire à SA suite, la suite d'un texte inspiré par une publicité "DUREX" cherchant des testeurs.
Comme VAGANT possède une "jolie plume", et que celle de  "ses autres testeurs" n'était pas mal non plus, nous avons décidé de jouer le jeu aussi, mon épouse et moi-même et nous avons donc écrit cet épisode...
Je dois dire, qu'alors, nous étions loin d'imaginer qu'un jour ce teste aurait une suite, puis une autre, puis...
Aujourd'hui, nous en sommes arrivés au 20ème épisode écrit . Et chacun de ces épisodes, écrit alternativement (mon épouse et moi-même, nous donne toujours l'envie d'une réponse : une suite à nous expédier aux yeux  - mdr :)
Et nous avouons que, comme nous refusons de nous limiter de quelque manière que ce soit, les fantasmes que nous nous écrivons sont "olé-olé"...
Bien évidemment ; ce n'est que du romanesque... Parce que "les test chez DUREX" sont... [Forcément] moins piquants...
 Voilà, chers ami-net, ICI, vous pourrez suivre les péripéties de ce feuilleton.

Par Pateric - Publié dans : Le feuilleton DUREX - Communauté : Fantasmagorie pure
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Mardi 10 février 2 10 /02 /Fév 18:34
 

Sans Artifice …

Carmen, dès l'instant où elle se vit pleine de vie, supprimant tous les colifichets pierçant ses chairs et brûlant les gravures ornant sa peau, de sa mémoire raya d'un seul trait d'oubli les tumultes de son passé. Et elle ne ressentit plus cette impérieuse nécessité de s'exhiber sur scène ; d'offrir l'intimité de son corps aux éclairs de la rampe, aux feux des yeux du public, aux excitations telluriques des accords de Gabriel ; elle n'eut plus besoin d'abuser de l'exceptionnelle souplesse de son corps, ni de plaquer ses épaules et de planter ses pieds au plancher, ni de relever ses fesses, de grand-écarter ses cuisses, d'offrir son sexe ouvert… Ni de sucer son majeur, pour vivre : pour vibrer, trembler, jouir... Pour sentir la vie la pénétrer et l'envahir... Puisque aussi bien aujourd'hui la vie décidait de l'investir pour demeurer en elle. Et bien que son désir de danser subsistât, vivace ; subsistât assez intense, et très exaltant même, elle possédait le bon remède dans l'autre partie d'elle-même : Gabriel

...

Gabriel arrivait à la fabrique au premier coup des neuf heures. Il la quittait au dernier des quinze. ça suffisaitt car la fabrique n'avait jamais été aussi rentable. Ainsi, il rentrait tôt au mas. Et dans le grenier de l'Est, jusqu'au soir, il soignait les désirs de Carmen.

[De par la volonté de ses ancêtres, on accédait à ce grenier de plain pied depuis l'extérieur par une porte cochère en conifère décomposé. Gabriel la fit remplacer par une immense baie, coulissante et motorisée, aux vitres fumées à la vive couleur cuivrée polarisant la douce et intense lumière de Nord.

Aujourd’hui, on y découvrait une vaste salle de musique et de danse. Dans son tiers gauche un piano quart de queue de Rameau d'Alès verni brillant aux couleurs anthracite de la mine abandonnée]

... Chaque jour que fasait le temps qui passe, Carmen dansait Gabriel jouait…

Puis, la nuit tombée sur le couvercle, sur le clavier, le tabouret sur le parquet, ils communiaient toujours, Carmen chevauchant Gabriel : toujours. Toujours ils jouissaient beaucoup, et prolongaient le bonheur par une longue extase chaque jour plus angélique. Angélique est approprié à la condition qu’on s’abstienne d’y accoler le vulgaire statut de la virginité comme représentant d’images de la pureté. Ainsi, Gabriel excellait dans l’art du peaufinage (Non pas en raison du statut de leader mondial décerné à sa Fabrique perpétuant l’art du tannage et traitements des cuirs et peaux des causses, et des caïmans des piscines drômoises et ardéchoises (c’est une concession à l’énergie nucléaire), ou d’ailleurs ; cuirs et peaux (de très grand luxe (style : Large Very Must Hybridé))... Donc, Gabriel excellant dans l’art du peaufinage, enduisait Carmen d'huile d'amande douce et vierge, ou de lait de coco, et massait son corps lentement tandis qu'elle travaillait ses souplesses de mi juin à mi janvier. Et, vers la fin, en grand écart face à Gabriel choyant ses seins fermes devenus énormes, sa proéminence reposant au sol, ils entendaient résonner sur le parquet les battements sourds et pressés de l'enfant…

Carmen nourrit son fils aux seins (se rangeant ainsi, et sans nulle peine, à l'avis médical pronostiquant, autant un lait abondant et riche, qu'un plaisir très rare ; pronostiquant une communion sans égale et un retour d'équilibre hormonal favorables à sa plastique comme à sa forme)…

Et Carmen y gagna un « gros lot »...

Jorge Albert est un très bel enfant ; c’est un enfant béni des dieux, et chéri de ses parents ; c’est un enfant gâté de son grand-père, idolâtré de sa mère, qui bien vite et sans effort, saura où situer ses intérêts...

Carmen donna de ses seins à Jorge durant quinze mois (ce qui sous nos latitudes et dans nos civilisations, est extraordinaire, voire inconcevable). Certes, autour de ses six mois Jorge fut aussi nourri d'autres aliments, mais il voulait encore les seins de Carmen et s'endormait rarement sans les téter. Et Carmen ne parvenait pas à se sevrer de « ce » plaisir qu'elle en retirait. Plus Jorge tétait, plus le lait montait, plus le plaisir l'inondait...

Gabriel se plaisait à les regarder ; il admirait cette étrange communion sans jalousie ni aucune autre arrière pensée : il pensait que c’est sain et normal. Et, en voyant Carmen rayonnante comme il ne l'avait jamais vue avant, ni comme il n’aurait jamais pu l'imaginer, il en était même convaincu… Il n'y a qu'un « truc » qui le dérangerait un petit peu : plutôt, l’absence de ce « petit truc »... Voilà : le lendemain de l'anniversaire du marquis Albert Carmen désira vivement danser. Tous les trois, ils gagnèrent leur grenier... Carmen dansait, Gabriel jouait, Jorge dormait paisiblement du sommeil d'un enfant de trois cent quatre vingt neuf jours de vie... La nuit tombait sur le parquet... Comme Carmen venait pour chevaucher Gabriel, Jorge poussa un cri puis hurla. Carmen se figea. Sa main qui s'apprêtait à conduire Gabriel en elle se crispa sur la verge. Elle les abandonna, bondit vers le couffin aux cris et prit Jorge dans ses bras. Il renifla, ouvrit une bouche avide, saisit le sein droit sans hésiter et... Carmen ferma les yeux, pinça ses lèvres, étouffa un petit cri puis gémit de plaisir...

Repus et propre Jorge se rendormit. Gabriel, allongé au pied du piano, appuyé sur ses coudes à admirer ce ballet, il rêvait. Carmen revint au dessus de lui. Gabriel remarqua son clitoris turgescent et aussitôt il banda raide. Carmen, lentement, fléchit ses jambes. Voyant ses lèvres épaisses rouge sang épanouies, son gland salua du bonnet. Puis, voyant les nymphes violacées, savourant d’avance l’onctueuse chaleur de la sève nacrée nappant le trou noir qu’elles cachaient et où chavirera sa… Le cœur de Gabriel battit sur son gland… La main de Carmen saisit la verge de Gabriel, et comme elle s'apprêtait à la conduire en elle, Jorge se réveilla, cria, et puis hurla...

Une vingtaine de jours ainsi, soir après soir, avant que Carmen, après qu'elle a dansé, prenne Jorge et s'en retourne dans le salon du mas Roux...

A la suite, jamais plus Carmen se pénétrera de Gabriel la nuit tombée, glissants du clavier au pied du piano avachis renversés ombres spectrales nues filant sur le parquet...

Aujourd’hui, sans aucune arrière pensée, se plaisant à admirer cette communion qui unissait la mère et l’enfant, en voyant Carmen rayonnante comme jamais avant, il n’y avait plus que ce « petit truc » qui le dérangeait : la réceptivité néfaste de Jorge contre les vénérations de Carmen pour lui…

Mais, n’était-ce pas davantage l’absence d'enthousiasme de Carmen à consacrer ses exaltations qui dérangeait Gabriel ?

Tu te poses encore des questions pareilles ? – Grinça ma femme aboutissant à ce

point du conte. Ce genre d'humour à friction face à pareille situation a engendré des réactions irritantes qui m’ont fait hurler ma défense :

Il y'a longtemps que je ne me pose plus ce « genre de question : je la pose aux autres ! Je la leur pose car, persuadé qu’ils subissent pareils outrages plus souvent que tu crois, j’aimerai qu’ils répondent franchement que le résultat est issu, non pas d’une extrême sensibilité de l’enfant, mais plutôt du plaisir de la mère à répudier la femme... —

Ma femme a jeté le livre puis est sortie sans mot dire.

Son dédain m’a plus fâché que si elle m’avait maudit

... Toujours, le soir couché, la nuit entamée, et aussi le matin naissant, Gabriel caressait Carmen endormie lovée comme dans le ventre de sa mère mains sur son pubis dos cambré cul offert ; Gabriel n'avait de cesse de bander de caresser et de laisser glisser ses doigts ; Carmen les yeux clos n'ayant de cesse d'osciller lascive, de caresser la main agile et faire pénétrer leurs doigts, puis d’en gémir faiblement ; Gabriel apprêtait sa verge, Carmen la conduisait main ferme vers l'entrée. Précise la tête oblongue glissait et les lèvres charnelles appréciaient ouvrant la voie de l'antre des délices de la belle endormie : depuis quelques mois, ce n’est qu’ainsi qu’ils s’aimaient. Mais cet « ainsi », ils l’aimaient aussi énormément et en jouissaient intensément

... Un petit matin naissant, Gabriel caressait Carmen endormie lovée, cambrée cul offert ; Gabriel bandait et laissait glisser ses doigts ; Carmen les yeux clos oscilla lascive, caressa la main agile, fit pénétrer leurs doigts, puis gémit doucement ; Gabriel apprêta sa verge, Carmen la conduisit vers l'entrée. Précise la tête oblongue glissa et les lèvres charnelles ouvrirent la voie de l'antre aux délices de la belle endormie… réveillée au cri : le cri strident de Jorge qui envahit le silence des chambres. Carmen comme un félin qui ne dort jamais bondit, étouffa le cri, blottit l'enfant sur sa poitrine qui se tut, bouche pleine d'un sein. Il téta avide et Carmen cambra ses reins, pinça ses lèvres, sa tête renversée, ses yeux clos, gémit doucement, dansa du ventre et du cul, flotta des hanches, savoura ce délice...

Et, Gabriel une main au chambranle regardait, muet…

Le soir venu, Gabriel caressa Carmen charnelle… cambrée cul offert ; Gabriel banda et laissa glisser ses doigts ; Carmen les yeux clos se dandina sensuelle, fit pénétrer la caresse des doigts ; Gabriel apprêta sa verge, Carmen de sa tête oblongue se pénétra l'antre de ses délices sans ménagement, puis gémit impudemment et tressailla… au cri discordant de Jorge qui envahit le silence des chambres. Carmen comme un félin… bondit…

Dès lors, toujours, le soir couché, la nuit entamée, ou le matin naissant Jorge criait à l’instant même où les lèvres secrètes de Carmen avalaient le doigt d’amour de Gabriel : comme si cet amour parental n'avait su qu’engendrer un « monstre à cauchemars »… Depuis, Gabriel fuyait souvent la main agile à faire pénétrer son doigt. Il se levait, arpentait le couloir, la chambre… parfois, il s'approchait du lit et regardait Jorge dormir paisiblement. Toutes les fois où il se penchait sur lui, l'enfant ouvrait les yeux un sourire d'ange sur les lèvres, gazouillait, moulinait des jambes, tendait ses bras… Alors, Gabriel le prenait, l'amenait vers son buste mais Jorge résistait, éloignait sa tête et scrutait son père le regard froid et les lèvres crispées... Gabriel ne comprenait pas

...

Un peu plus tard, Jorge sait marcher mais il tète encore.

Lorsque Carmen dansait il aimait sauter dans ses bras prendre un sein entre ses petites mains caresser le téton le faire durcir et l'aspirer... et Carmen dansait cambrée lascive yeux clos tête renversée gémissante.

Quelquefois Gabriel riait.

Mais le plus souvent Gabriel ne riait plus.

Une fois même, où Gabriel s'arrêta de jouer, Jorge se mit à pleurer. Alors, Carmen lui reprocha sa jalousie stupide. Gabriel pleura : jamais de sa vie avant il n'avait pleuré. Carmen s'approcha et l'embrassa sur les lèvres tendrement en disant :

Pardonnes-moi, je t'aime. —

Jorge hurla : — Non Maman aime Jorge ! —

...

Quelques temps après, Carmen décida, enfin, que Jorge ne tètera plus.

Factuels caprices…

Gabriel Carmen et Jorge vivaient le plus souvent seuls au mas Roux : Carmen n'aimait pas le quitter ; elle n'aimait pas descendre à Quissac, ni à Montpellier, ni à Vauvert ou à Aigues Mortes : elle n'était bien qu'ici. Alors, c'est le vieux Marquis Albert de Savignac qui montait jusqu’au mas. Et trois à quatre fois par an, Erika, Julien et Antoine descendaient de Paris où ils vivent maintenant...

Gabriel Carmen Jorge logaient à l'Est sous le grenier : deux chambres cheminées, cuisine américaine, bibliothèque cheminée, commodités au bout du couloir, dessins de Gabriel quatre vingt mètres carré savamment agencés.

Carmen aimait aussi le grand salon au centre commun du mas ; elle aimait son odeur, ses meubles, sa lumière douce du jour de nord et l'immense cheminée de granit avec son feu d'hiver crépitant. Carmen ne laissait passer aucun jour sans venir se prélasser une heure ou deux dans les vastes et moelleux fauteuils de cuir fauve griffés. Mais elle délaissait les autres pièces du mas, surtout celles du premier et plus encore la chambre du Marquis Albert ; la chambre où Marie-Cécile est morte lui faisait certainement peur car lorsque Gabriel en ouvrait la porte, elle tournait le dos. Quand Gabriel y entrait, elle redescendait. Alors Gabriel avançait, à deux pas des pieds du lit, et son regard semblait se perdre sous le gros édredon de velours ocre en duvet d'oies... Et il se souvenait aussi

... Là, devant la cheminée et du foyer consumant du chêne vert qui grésillait, la première fois où ils firent l'amour sans gêne sous les yeux du Marquis qui fasciné ne pouvait fuir, ni, ni... Et tandis que Carmen poussait le râle suraigu de son orgasme, Albert avait donné sa bénédiction. Mais Gabriel n'en comprenait toujours pas le pourquoi...

...

Jorge est trop grand pour téter maman ! — Dit Carmen.

Jorge était suffisamment grand pour comprendre. Aussi, il ne téta plus, avide : il suça le mamelon délicatement pour la première fois. Et Carmen cambrée frémissante haleta lèvres entrouvertes. Elle aima mieux ça et le dit :

Si, mi angel, si, eso, es eso, mimoso precioso. — En susurrant chaque mot

Jorge en digne fils de ses parents donnait des signes évidents de précocité. Très vite, il parla correctement, en usant même d'un vocabulaire et de tournures de phrases élaborés et riches. Et il comprenait tout très vite, même souvent ce qui n'était que sous-entendu ou murmuré. Carmen s'émerveillait. Gabriel aussi. Mais à chacun des progrès de Jorge, Carmen le récompensait, un peu comme fait le dresseur des animaux savants du cirque

... A trois ans, Jorge savait lire ses alphabets et décomposer quelques mots :

ma-man, pé-pé, mai-son, ca-sa, comer, man-ger, mer, pla-ya, bâ-ton, ba-teau…

bilingues sans se tromper. Il connaissait sa clé de sol et savait aussi monter une chromatique et jouer : du bon tabac, pierrot, va t'en guerre, meunier… Ainsi que quelques autres classiques sans trop déraper et faire danser sa mère.

Carmen, pour le récompenser lisait Cervantés Arrabal Neruda… Et Rabelais Aragon Sartre comme d'autres le petit poucet ou la chèvre de Seguin : Jorge était insatiable.

— Encore maman. — Exigeait-il. Ou bien il demandait :

Que veut dire tout ça... Como esta eso : viviendo de aire... —

Carmen répondait toujours. Et à tout. Et, Jorge grimpait sur elle, se blottissait, frottait sa tête bouclée contre la poitrine drapée, respirait fort et demandait :

Quieres, mimoso precioso de tu angel ? — Carmen ne savait pas refuser

Au milieu des nuits, après que la bouche de Gabriel eût adulé l'intimité de Carmen ; après que le bouton sacré prenant sa démesure eût bien joué entre les lèvres de Gabriel ; après que la langue de Gabriel se fut délectée du nectar secret ; après que Carmen (muscles bandés, fesses suspendues, sexe offert, jambes écartelées), aux extrémités de son plaisir aura joui d'un gémissement de fauve, d'un feulement rauque ; avant que Gabriel totem dressé s'enfouisse dans le temple des délices... Jorge s’immisçait.

On entendait ses petits pas sur le parquet. Il entrait dans le lieu saint, montait sur l'autel, poussait le prêtre loin de l'idole maternelle, s'allongeait sur son ventre, caressait ses seins ... Carmen ne disait rien. Elle caressait ses cheveux et il se rendormait bienheureux.

Gabriel ne disait plus rien depuis leur dispute ; leur première et unique dispute :

Avec d'infinies précautions, Gabriel avait enlevé Jorge du ventre de sa mère. Il l’avait porté dans sa chambre et l’avait recouché dans son lit. L'enfant n’avait pas bougé. Gabriel était resté quelques instants à l'admirer. Puis il s’était dit :

–  C'est étonnant comme il ressemble à un ange. —

Il était revenu s'allonger, ventre blotti contre le dos de sa femme. Elle avait demandé :

— Il dort ? —

Oui ! Comme une ange. — Avait-il répondu en caressant les seins de Carmen.

Elle s’était retournée, à plat dos, cuisses ouvertes, clitoris arrogant, lèvres... A refaire bander Gabriel sans coup fourré. Alors, Gabriel s’était glissé sur son ventre et comme Jorge avant, il avait caressé ses seins… La verge aux portes des lèvres entrouvertes se contenait là. Carmen appuya ses mains sur les fesses de Gabriel pour la forcer. Mais elle se refusa. Soudain par un coup de rein brutal elle se planta jusqu'à la garde. Carmen se cambra, s'agrippa aux cheveux de Gabriel, mordit sa bouche... Et mâcha ces mots entre lèvres et dents :

Oui sauvage ! C'est bon ! Continue baise-moi ! Plus fort encore ! —

Gabriel ne s’était pas fait prié. Il avait foncé ! Enfoncé ! Défoncé ! Puis il s'était étonné : il ne se connaissait pas cette fougue et ne soupçonnait même pas qu'existât pareil plaisir. Eh oui : c'était la première fois en huit ans qu'il baisait Carmen, lui, et non pas qu'il la laissait se baiser elle de lui. Et cette jouissance lui plaisait tant qu’il se promettait d'en user… Et d'en abuser... Lorsque dans son dos il sentit des coups de poings ; de petits poings mais qui tapaient très très fort. Puis les cris de Jorge :

Vilain méchant, pas câlin. Vilain, Vilain... —

Gabriel n’avait pas apprécié. Houlà-là non ! « Vilain » ? Insulte suprême ; L’insulte que Gabriel n’aurait jamais pu accepter, Marquis ou pas : en cette occurrence, la noblesse ne détient pas le monopole de la dignité... Gabriel s’était retourné vivement. Il avait soulevé Jorge à bout de bras et, le regardant dans les yeux, il avait dit distinctement et assez durement :

Si tu as une maman qui t'aime c'est parce que tu as aussi un papa qui l'aime. Et toi, tu n’aimes pas ta maman ? —

Jorge avait froncé ses sourcils, il avait boudé, puis il s’était mis à crier :

Maman est à moi. —

Elle n'est pas à toi plus qu'elle est à moi. — Avait répondu Gabriel.

J'aime maman plus que toi. — S’était récrié Jorge.

Peut-être, mais tu as toutes les journées pour lui montrer combien tu l'aimes.

Avait grondé son père.

J'aime ma maman tout le temps. — S’était-il rebellé encore.

Moi aussi, j’aime ta maman tout le temps. Tu partages le jour avec maman, mais la nuit... — Avait tenté de le raisonner Gabriel.

Jorge s’était débattu et avait cherché à frapper son père qui s’était fâché :

T’es un méchant garçon : un gentil garçon ne tape pas son papa. —

Non, je suis le petit ange de maman. — Criait-il toujours.

T’es un ange de zizanie. Une bonne fessée... — Avait voulu corriger…

Laisse mon fils tranquille. T'as pas honte ? Il est sans malice, voyons ! En pleine nuit harceler un bébé ainsi, t'es dérangé ! –

Avait bondi Carmen arrachant Jorge des bras de Gabriel. Puis elle s’était recouchée en gardant Jorge sur elle. Et l’enfant avait cajolé ses seins comme il savait si bien le faire. Carmen avait caressé sa longue chevelure aux boucles dorées. Jorge s’était rendormi bienheureux…

Gabriel n'avait rien dit. Il avait quitté la chambre nu, était sorti sur le pré haut nu… Gabriel avait admiré la voûte céleste nue scintillant de mille étoiles, longtemps. Un vent cru avait fouetté sa peau nue mais Gabriel n'avait pas ressenti le froid tant sa rage l'avait brûlé...

Depuis lors, Gabriel se satisfaisait de sa bouche et de ses doigts.

Et peu à peu, il en retardait l'heure pour qu'elle fut la plus matinale possible et lui permît de quitter le lit conjugal quand Jorge y entrait sans que Carmen l'interrogeât.

* * * * *

Sacrifices…

A quatre ans, Jorge savait lire couramment l'espagnol et le français, il raisonnait parfaitement, maniait la rhétorique et tenait des discours savants, selon qu'il est dit :

« Les chiens ne font pas des chats. » 

Ou encore : 

« L'homme descend du singe et la vache du cachalot. »

Sans parler de la sentence du « fantaisiste fontainier » :

« Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se brise »

Bien qu’à quatre ans, Jorge soit plus obstiné qu'à trois, plus capricieux, et toujours plus jaloux, des faveurs de sa mère comme des égards de son père pour elle…

Maintenant, dans le grenier, il faisait des scènes hystériques quand Gabriel jouait et que Carmen dansait. Il bousculait son père. Il tapait sur le clavier et jouait ses musiques sur les touches des aiguës, ou sur celles des basses... Et Carmen riait... Et Gabriel souffrait... Parfois il aurait aimé corriger Jorge, mais pour rien au monde il n'aurait voulu se disputer avec Carmen...

Pour les fêtes de la pentecôte lors de leur passage au mas Roux, Erika et Julien remarquèrent chez Jorge ces petits jeux de comportement. Alors, Erika jugea utile d’en parler avec Carmen ; connaissant très bien la nature de Gabriel, elle jugeait important d'avertir des dangers dans lesquels il pourrait s’enfermer, s’emmurer ou se dissoudre. Erika conseilla fortement à Carmen d'asseoir son autorité sur Jorge, l'incitant à rétablir l'ordre normal du père et de la mère, chacun à sa place respective :

Ne va pas nous faire un Oedipe — Précisa-t-elle,

Appuyant sur la sensibilité de Gabriel, Erika explicita les réactions imprévisibles dont elle fut témoin ; d’autant de réactions capables de générer des issues fatales.

Mais Carmen en sourit : tout simplement.

Et puis, arriva le dix janvier 2000…

C’était autour des dix-sept heures et l'obscurité gagnait alentour…

Ils étaient tous les trois dans leur grenier et travaillaient un divertissement pour les quatre-vingts ans du Marquis. Une espèce de trio excentrique, un peu trash où Carmen dansera tour à tour avec Jorge et Gabriel ; Carmen dansera la tentation d'un ange puis celle d'un démon : l’ange Jorge et le démon Gabriel. Inversions de rôle ? Aversion des symboles ? Violation du commun sens divin ? Dévastation de l’idolâtrie des Cieux, l'un et l'autre, tour à tour, joueront au piano leurs chants...

Carmen dansait nue... Carmen a toujours dansé nue. Et d'ailleurs, le plus souvent, ils vivaient nus : pour eux trois, il n’y avait rien d’extravagant en cela. Et moins encore, rien d’amoral, ni de vicieux.

Carmen dansait : elle appela l'ange, pris sa main, pirouetta... Elle l'attira puis elle s'échappa... l'ange se faufila entre ses cuisses. Elle glissa et s'étendit. L'ange, déploya ses petites ailes d’oie et enfouissant sa tête... Gabriel n'en revint pas :

Non ! Mais ce n'est pas vrai... Mais si ! Mais c'est qu’il lui suce le... —

Gabriel arrêta de jouer net. Et Gabriel s'enfuit sur le pré haut blanc de neige vierge. Jorge cria :

Reviens papa ! Je t'aime ! –

Gabriel l’entendit mais il crut le rêver :

Il ne m'a jamais appelé « Papa » et moins m'a-t-il dit  « je t'aime ».

Alors, pris de panique, Gabriel fuit encore plus vite et disparût dans le crépuscule...

A présent il faisait nuit noir et neigeait dru il neigeait comme si rarement ici qu’aussitôt il ne resta nulle empreinte de Gabriel, aucun signe, aucun souffle, rien : il semblait s’être envolé au-dessus de la neige immaculée.

Carmen fouilla partout...

Mais tout le mas et toutes ses dépendances restaient vierges d’indices : sans aucune trace visible, ni aucune trace de cette odeur de Gabriel qui l’enivrait tant.

Carmen pleurait et Jorge aussi…

Alors, Carmen téléphona à Julien, au Marquis… Puis aux gendarmes aussi...

Julien et Erika ayant roulé toute la nuit, malgré les tourmentes de neige et d’angoisses, arrivèrent à l'aube au mas Roux.

Le Marquis et son chauffeur étaient là depuis minuit. Mais il neigeait trop fort et il faisait trop froid pour chercher au-delà des limites du parc. Carmen ne cessait pas de pleurer et ses yeux noirs étaient rouges...

Julien voulut inspecter la grotte préférée de Gabriel ; cette grotte que Gabriel enfant, aimait à explorer jusqu’à oublier le temps ; cette grotte qu’il connaissait parfaitement pour s’y être perdu à chercher son frère… Mais s'enfonçant dans la neige jusqu’à mi-torse, et n'y trouvant plus aucun de ces repères connus qui lui permettaient d'en déceler l'entrée secrète, il y renonça et crut plus sage d’attendre les secours adéquats

Toutes les grottes, tous les bois et tous les massifs seront minutieusement inspectés trois jours entiers, par les gendarmes, les pompiers et leurs chiens spécialisés... Mais Gabriel restera introuvable…

Une semaine après, alors que la neige fondait rapidement, et que Carmen pleurait encore en fixant le vide au-delà de la baie vitrée d'où Gabriel s'était enfui, adossé au rocher, derrière la cascade qui revivait, elle le vit : Gabriel nu ; Carmen vit Gabriel qui, souriant, la regardait. Alors, Carmen se dévêtit et aussitôt, bondit nue sur le pré ; nue, elle courut les bras ouverts en criant :

Gabriel ! —

Jorge se précipita jusqu’au vélux éclairant la mezzanine surplombant la « grange-grenier à musique » et dominant de très haut, le pré, offrant une vue aussi vaste que splendide de la cascade et des bois alentour. Carmen s'approcha mais Gabriel ne broncha pas. Elle le prit et le serra dans ses bras. Gabriel tomba et l'entraîna avec lui, juste sous la chute d’eau, au milieu de la vasque de granit. Carmen hurla... Et ses hurlements déchirèrent le vacarme des flots de la cascade qui se brisaient sur leurs têtes et sur leurs corps nus et rejaillissaient jusqu’à la surface de l’onde dans un fracas bouillonnant…

Depuis son « mirador », Jorge regardait ses parents enlacés, sans broncher. Il les regardait « rejaillir » de l’eau de la cascade aux rythmes assourdissants de ses flots et des cris de sa mère ; il les regarda un très long temps... Lorsque Carmen ne cria plus ; lorsque « amalgamée » à Gabriel elle se laissa glisser vers le fond de la « baignoire » puis disparut aux yeux de Jorge... Jorge sut qu’alors, il était temps pour lui, de sauter sur le pré et de courir rejoindre ses parents ; rejoindre ses parents, parce qu'il savait maintenant qu'il les avait trop « bien mal aimés ».

Jorge sauta, du vélux sur le pré haut, quinze mètres plus bas et se rompit les os : l’ange avait appris beaucoup de chose du monde des hommes, tout au long de ses courtes années, mais l’ange n’avait jamais appris à voler. C’est donc ainsi, séparés, qu’ils se rejoindraient dans l’Eternité : la mère et le père, ne faisant qu’un, et l’enfant, tout seul.


Dans la poche de la chemise de Gabriel, pendue sur le cintre du vestiaire de la grange-grenier, les enquêteurs ont trouvé un lambeau de papier sur lequel ils ont déchiffré :

- Je n'ai pas peur de mourir mais de vivre sans toi. -

* * * * *



Pal Supplice…

Depuis cette autre fois où je m’étais cru maudit, ma first lectrice ne m’ayant plus rien dit, ni plus rien demandé à propos de ce conte des marquis, je m’étais senti soulagé... Libéré ! Et j’étais même convaincu que mon « impérieux désir d’écrivain » ne l’intéresserait plus jamais. Si bien que ce qui suivit son ironique critique sur « la question posée », je l’écrivis sans souffrir. Alors, lorsque mon épouse (le préfixe au « joint légal » : ma maritale « con » vocation), entra dans le salon le conte dans sa main... Surtout lorsqu’elle jeta d’un air dédaigneux ou de dépit ou de mépris ses pages sur la table qui refusa de les retenir, les laissant se répandre sur le parquet, je sus qu’elle l’avait lu en entier et qu’il lui déplaisait...

Et je me préparai à...

Mais elle ne me fit aucun commentaire : ni non ou non. Rien.

Elle me jeta juste son regard noir de défi. Je souris. Elle cria :

Egoïste ! Je te déteste ! —

Je répliquai, dans un souffle :

Je n'ai pas peur de vivre sans toi mais j'ai peur de mourir avec toi. —

Mon fils aîné, adoucissant les effluves du cri et du souffle dit sincèrement :

Mon cher père, T'es un peu fou ! —

Son jeune frère, le petit ange, me sourit. Tout simplement.

* * * * *

FIN
Par Pateric - Publié dans : Contes - Communauté : Des Fantasmes par la Langue
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Lundi 9 février 1 09 /02 /Fév 18:21

 

Au tour du calice…

D'emblée, le père Albert ne vit pas cette idylle du meilleur oeil.

 — Mon cœur bât comme il s'écoute ! —

Se défendit Gabriel contre les jugements d'Albert frémissant de revoir en Carmen le clone de Louise pondeuse de Julien. Mais Carmen ne pouvait pas ressembler à Louise. Et Gabriel ne pouvait pas renouveler les errances des désœuvrements des lendemains de guerre d'Albert. Non !

Carmen et Gabriel, eux, attribuaient peu d'importance aux convenances et n'accordaient aucun intérêt à l'évolution des mœurs sociales et aux mutations économiques. Réfutant la demi-mesure ils les jugeaient trop superficielles, trop consensuelles : institutionnalisées. Eux qui, recherchant la jouissance de l'éphémère présent, n'interrogeant pas demain, ne se projetaient même pas un futur conjoint...

Alors, ce préliminaire les réunissant, n'avait eu d'autre intérêt que d'harmoniser leurs plaisirs dans un rythme effréné, engendré par un duo fortuit ; un duo non prémédité et théoriquement improbable.

Nez en plus, aussi subjugué que le commun des voyeurs assistant à leur tour de magie, Albert comprit que c'était plus fort que la raison : un pied de nez à toute raison

...

Auparavant, Monsieur le Marquis Albert aura bien testé quelques initiatives à dissuader ; il aura aussi poussé quelques tentatives de reconquêtes : il aura même menacé de déshériter avant d'envelopper quelques tentations colorées et pleines de zéros... Mais rien de tout cela ne fut capable de désarçonner la déesse de l'ange. Alors, Albert décida d'exciter Carmen à corps défendant : il l'entreprit devant Gabriel… Certes, il l'entreprit en laissant seulement entendre qu'elle ne saura jamais être une Marquise : une Marquise de rang dans l'ordre du sang... Sauf qu'à Carmen, le sens de ce rang, ça l'amusa foutrement :

 — Me faire foutre par votre Marquis de fils ?  Bof ! Sans intérêt ! Me faire foutre par mon ange Gabriel, ça, c'est tout ce que je désire. Et là, cher Marquis, je suis déjà une marquise : la Marquise des anges. —

Puis, tournant le dos à Albert, nue, emportant sa lune dans une révolution ondulatoire, elle s'enficha sur le sexe de son ange Gabriel... Là, devant la cheminée crépitante de la noble chambre du mas, ils firent l'amour sans gêne sous les yeux du Marquis fasciné qui ne pouvait fuir, ni détourner son regard, ni... Mais, revoyant Louise, il revécut leurs coïts sauvages et se souvint de leurs orgasmes... De Julien... Des jugements « nobles » sur le bâtard et la pute... De ses joutes pour reconnaître l'enfant, le nourrir, l'éduquer et lui léguer des miettes d'héritage (ce dont Dé se moquera toujours… plus que Carmen)... Et Albert se souvint aussi de la noblesse de Marie-Cécile : de sa noblesse d'âme… Et du calice de son sacrifice de mort pour donner la vie à Thomas... Alors, tandis que Carmen poussait le râle suraigu de son orgasme, Albert dit :

 — Mes enfants ! Aimez-vous autant que vous pouvez, aimer-vous comme vous le désirez, aimez-vous jusqu’aux confins de vos plaisirs… Aimez-vous, mais ne me faites jamais que de beaux comtes ou de belles comtesses... —

Carmen s'extirpant de sa verge, courut dans les bras d'Albert et dit :

 — Gracia padre ! Jamais je n’ai autant joui d’amour qu’aujourd'hui. —

En l'embrassant si tendrement qu'il crut... Comprendra-t-on, là, que la raison d’Albert avait pu chanceler ? Pourtant, cinq ans après ce jour, Carmen et Gabriel vivaient toujours du « feu de dieu » et du même plaisir des anges : puissant, irréel, un tantinet surnaturel ; Carmen dansant toujours aux accords de Gabriel qui même pour un empire n'aurait nullement cédé sa place. Encore moins  pour honorer son titre d'Ingénieur obtenu haut la main. Ni malgré ses titres de noblesse, malgré les titres boursiers ou la succession d'Albert à la fabrique... Malgré tout.

Et la tour des délices portait si bien son nom qu'on venait y célébrer un culte idolâtre depuis les confins de Septentrion jusqu'au soleil levant ; une grande messe à lune et à seins dont la déesse Égérie était la reine ; la reine la plus encensée du culte : une vraie dîme épiscopale, aussi jalousement gardée, que le trésor papal sur lequel le monseigneur cardinal économe veille farouchement assisté de quatre coadjuteurs abbatiaux, espèces d'hercules à face de gorille

...

Carmen et Gabriel ne voulaient pas se marier : surtout Carmen. Gabriel disait : « Amen ! »…

Gagnant très bien le « pain quotidien » par leur vie exhibitionniste, s’aimant encore plus, se désirant toujours davantage, copulant instamment, ils étaient pleinement satisfaits d'eux. Le plus triste, et sûrement aussi le seul à l’être encore, c’était Albert...
Carmen embellissait chaque jour davantage ; elle embellissait autant de cette beauté physique qu'exigeait son travail de danseuse érotique que de cette indicible beauté engendrée par ses jouissances orgasmiques.

Gabriel devenait un pianiste remarquable et un metteur en scène remarqué : un vrai chef ordonnateur.

Carmen était maîtresse de son public mais chaque soir elle ne jouissait plus que de l’aiguillon de son ange. Même avec les règles ils savaient bien jouer ...

Et Gabriel était si comblé qu'un jour il écrivit à son père pour que Carmen soit l'unique héritière des biens de Marie-Cécile de Castries auxquels il renonçait.

Mais Monsieur Albert de Savignac Marquis de Sauveterre répondit :

— ça ne se fait pas : c’est hors de nos Us et Coutumes. Maintenant, si tu veux qu'elle hérite de toi, ce ne sera que de toi. —


 

* * * * *


 

... Cinq ans …

Et par un beau matin de printemps elle courut aux toilettes, vomir : elle n'avait pas eu besoin d'autre test pour savoir ce qui la dérangeait.

Lorsque, la mine défaite, elle revint s'allonger près de Gabriel, il souriait, d'un beau sourire de fêtes, aux anges sur la nuée car qui d'autre que ces anges auraient pu apporter cet embryon de vie ?

— Comment ? —

Cent pour cent du quart chrétien de notre planète ne croit-il pas, déjà, à un tel miracle ? Bon !

Je vous concède que pour Carmen, soignant sa contraception avec une extrême rigueur, le miracle devait être vexé. Même plus, il devait se choquer au parfum « offusqué » de chez Scandale, le miracle, quand, Carmen affirmait brutalement à Gabriel :

—Jamais, jamais je n’aurais d'enfant : je ne veux pas flétrir. — 

Car, Gabriel qui ne s'opposait jamais aux envies ni aux folies de Carmen, n'avait jamais avoué à personne (sauf à Dé qui me l’a rapporté) qu'il priait le ciel pour avoir un enfant de Carmen...

Et, ma foi, pour la première fois de sa vie, Gabriel mentit ; Gabriel mentit à Carmen :

— Tu m'avais dit que tu ne voulais pas d'enfant, moi, ça me rassurait, tant je n'aime que toi. Maintenant ? Tu vas le garder, non… —

Sans ponctuer son « non » : un non prononcé sur un ton qui se voulait… ni interrogatif, ni exclamatif ; un « non » vague.

— Je ne voudrais pas le garder… — Répondit-elle, suivi d'un long silence que scrutait Gabriel les yeux remplis de malices. — C'est plus que… J'ai peur de pas l'aimer : je ne crains plus qu’il flétrisse mon corps. — Avoua-t-elle dans un demi souffle bref.

— Ah ! Ce n'est que ça ? Tue-le maintenant, ça t'éviteras de voir que tu savais l'aimer. — Répliqua Gabriel d'un ton tentateur.

Carmen le regarda, troublée, puis affirma : — Je le garde. —

— T'as raison ! T'auras toujours le temps de le tuer plus tard ! — Dit Gabriel.

Et Carmen, lisant parfaitement dans les yeux de Gabriel qu’il l'avait possédée, ajouta :

— Je le garde si tu m'épouses !

— Je t'épouse si tu le gardes : autrement, mon père nous tuerait, lui . — Se défendit Gabriel...

— Je suis heureuse, infiniment. —

— Je suis heureux, pleinement. —

Et ils étaient heureux, tout simplement, pour la première fois : heureux.

Et Albert aussi : pour la première fois depuis Marie-Cécile

* * * * *

La fin des Délices…

Ce soir là, à la tour des délices

Gabriel annonça avec des trémolos surfaits et trompeurs, plein la bouche :

— Carmen est enceinte et veut garder l'enfant. —

Le patron tourna de l’œil et s'écroula entre deux rangées, mort...

Aussi, depuis le temps que ce promoteur le harcelait pour qu'il la vende, fallait bien qu’un jour la tour des délices, vieille bâtisse d'empire coincée au centre d'un square d'immeubles de grand standing finisse ainsi...

Même l'art ne sait produire des « intérêts au lard »... que peu de temps

Et puis, Carmen s'arrondit, soignée comme une reine dans la douceur paisible du mas Roux. Et même si les intimes qui la côtoient la trouvent plus magnifique enceinte ; plus belle encore maintenant que sur la scène avant, elle n'est plus la déesse Égérie de personne pour ne devenir la déesse palatine, que de Gabriel seul. Aussi du « Prince » Albert (le roi n’est plus son cousin…) : un peu. Surtout, il rabâche sans cesse, l’Albert :

— Prenez bien soin de ma fille ! —

Il rabâche à la cuisinière. Il rabâche à la femme de chambre. Et il rabâche encore à l'infirmière. Ainsi qu’à Gaspard qui n'est plus chauffeur, comme au chauffeur qui se nomme Edouard. Et il harcèle le médecin qui vient de loin... Et il rappelle à Gabriel et le lui répète inlassablement… Surtout qu'elle n’aille pas leur faire un accouchement à la « Marie-Cécile », Carmen !

* * * * *



Le moment de délivrance s'approche.

C'est le petit matin : un matin glacial de fin janvier.

Le premier trait blafard du soleil irise lentement par dessus la châtaigneraie chauve, là-bas sur le flan de la crête du Clairan, ignore les toits de Bragassargues, se faufile par la fente haute des contrevents disjoints et chatouille la paupière gauche de Monsieur Gabriel qui se blottit contre le dos de Carmen. Carmen creuse ses reins, se pénètre du sexe réveillé de Gabriel somnolant et danse. Si tôt sur le dard Carmen danse ? Lascive, elle danse ; elle croupine, elle ondine, Elle… Elle, dos de lin, oscille et se balance : rythme lent, plaisir doux, souffles courts… Gabriel caresse la mère et l'enfant en susurrant ces mots fous :

— Viens, viens, c'est une prière viens ! —

Et Carmen le rassure en disant : — Voici ! C'est pour très bientôt ! — Confirmée par deux petits coups, près du cœur…

Carmen s'est levée inondée de paix, et pleine de Gabriel ; trop plein qui fuit lentement de son sexe ouvert et glisse sur ses cuisses comme deux fils blancs... Elle est entrée dans la salle de bains. Elle s’y est préparée. Et elle en est ressortie très vite en disant :

— Mon ange, viens, conduis-nous vers la vie. Viens et tiens-moi par la main. —

... C'est ce petit matin glacial de fin janvier. Le trait blafard du soleil sur le bronze de la cloche s'évanouit au neuvième coup les saluant à la porte de Quissac sur la route les conduisant à Montpellier. Deux heures plus tard, débute l'accouchement conduisant à ce trait d'humour de la puéricultrice :

— Voilà l'héritier de monsieur le Marquis aussi propre que l'exige son rang !  —

Monsieur Jorge Albert était né, exactement au troisième coup de minuit, le 30 janvier : il était né naturellement, la tête en premier. Quoique...

Le 23 février, jour de ses soixante quinze ans, Monsieur Albert de Savignac déposait dans le berceau ses titres de noblesse assortis d'un chèque à sept zéros. Et même si le chèque n’était pas encore en uros, bienheureux Monsieur Albert avait choisi de devenir gâteux devant le petit enfant : pire que le ravi de la crèche à l’enfant roi. Quant à Monsieur Gabriel, il acceptait placidement de se ranger de la scène en accédant à la volonté de son père de lui succéder à la fabrique : lui seul le pouvait encore après que Dé et sa Baronne aient décliné cet honneur... Surtout qu'eux, après plus de vingt ans voués à La Recherche, Eux refusant de cautionner sa déchéance formelle ; Eux, renonçant à garantir les divinations économico-libérales des O’Crates anti-régaliens, choisissaient de virer saltimbanques...

Mais de ça, d’Eux, on vous en tiendra compte une autre fois.

—  Qu’est-ce que ça : un O’Crates anti-régaliens ? — Ironise ma « first lectrice ».

— Non mais ! J’ai dit : une autre fois ! —

— C’est ça, c’est ça ! — Ricane-t-elle.

— Un O’Crates c’est comme un O’Connard : comme un républicain irlandais Cath’O en lutte contre l’autocratie Royale britannique ! —

Me défonds-je (c’est-à-dire : je me défends à fond en fendant l’air de rien.)

— C’est ça, c’est ça ! – Qu’elle bisse.

Là, elle chicane, ou quoi ? Vais pas rester sans répondre : j’aurai le dernier mot car il ne sera pas de moi mais de VIAN : eh vlan !

— Tu le sais bien, toi, mon très cher et tendre amour… —

En lui faisant bien entendre que chacun des superlatifs possessif de « mon très cher et tendre amour » n’est (au moins dans cette défense–ci) qu’une vulgaire ironie. Bref, en clair, je me fous de sa gueule, à « mon amour » ; je me fous de sa gueule comme dans un juste retour à la critique d’une journaleuse jalouse du style de l’auteur.

— Tu le sais bien, toi, mon très cher et tendre amour… « Si l’on me demande, à brûle chemise : — l’Innocence est-elle une vertu ? — Je ne répondrai pas, je chercherai un faux-fuyant, je dirai : — Avez-vous lu Cézanne ? — Y’a des gens qui ne réfléchissent pas. Ils répondent : — Heu, je ne sais pas — … Chercher un faux-fuyant ... Et si l’on n’en trouve pas, on peut toujours se suicider ! … »

— Roooh — Eructe –t-elle.

Et moi, j’érecte… Ferme ! Mais ma rigidité ne dure pas longtemps, car elle a déplacé la pression :

— Toujours, menacer des derniers maux, juste avec des mots : ça ne vaut rien les mots dits. Ça ne vaut rien, merde ! —

C’est ce qu’elle me dit. Et je ne peux que comprendre ce qu’elle dit, parce que ses « ots », « aux », et « os », sa bouche les accentue rondement de ses pulpeuses lèvres si désirables… Qui font se dresser mon encensoir d'amour qui n'aura de cesse qu'a être « béni ».

Et elle a encore eu le dernier mot : merde !

* * * * *

  
Par Pateric - Publié dans : Contes - Communauté : Des Fantasmes par la Langue
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Lundi 9 février 1 09 /02 /Fév 17:39
 

Sans particule…

Les années préparatoires conclues rapidement et brillamment, il apparut tout aussi rapidement logique à tous que Gabriel était prêt pour l'ENSAM. Alors, le Marquis de Savignac, hypothéquant le mas Roux, offrit au Marquis de Castries, un appartement au pied du Panthéon

Gabriel Thomas sont ainsi fait : une seule occupation ne leur suffit pas. Surtout, il ont besoin de Musique, de Culture, d'Art et de frivolités. Comme les études ne les fatiguent pas et qu'il sont naturellement petit dormeurs, très vite, ils dévoreront les musées, puis ils hanteront, les salons culturels (qui les ennuieront), les sociétés savantes (qui les agaceront), les cabarets (qui les étonneront puis les décevront rapidement et majoritairement), et les lieux branchés de la « Snobinerie parisienne » avec laquelle ils joueront effrontément pour finir par jeter leur intérêt sur une boîte cabaret théâtre bouffe dirigée tant mal que bien par le père d'un voisin de Rue et d'Ecole réunies. Je sais. Si, si, je sais ! « Tant mal que bien » sert à marquer, vaille que vaille, qu'on jouait là les épopées libertines d'une oeuvre Gomorrhique pour faire du bien à la névrose citadine. Je sais que cette locution t’es inconnue mais j'affirme qu'elle ne signifie pas « tant bien que mal ». La preuve : en découvrant Carmen en ce lieu, Gabriel Thomas se débaucheront dans les affres délicieuses de l'amour fou. Ce n'est pas une preuve ? Comment ça ! Pourquoi le « couple » Gabriel Thomas ? Parce que lui et toi, ça fait trois !

Allez ! Puisque nous sommes, enfin, « parvenus familiers » de notre « illustre » conte de la Tour de Castries, parlons de Carmen et de Gabriel Thomas ; parlons de la relève du nom de la Tour, de la sauvegarde de la caste des Castries ; parlons de leur descendance ; parlons du comte Jorge Albert De la Tour de Castries, Comte de Savignac, devenu aussi le Marquis de Sauveterre vingt quatre jours après sa naissance. Quoique...

D'abord à Paris, personne ne connut jamais la vraie carte de visite de Gabriel. Ceux qu'il fréquenta, comme ceux auxquels il offrit un peu de son intimité, l'appelaient Gabriel ; Gabriel, prénom angélique qu'il portait bien. Ses voisins l'appelaient monsieur Thomas, nom qui, aussi, lui ressemblait tout à fait. Et ce couple énigmatique collait parfaitement avec l'image qu'il donnait de lui. Ceux à qui on aurait dit qu’il est Marquis, seraient restés incrédules même s’ils avaient touché du doigt pour y croire (même Carmen)... Aucun d'eux ne connut que Gabriel Thomas, tel qu'on le lisait sur sa porte (sauf Carmen qui l’apprit tôt de la bouche même d’Albert de Savignac)... Certes, son appartement ne ressemblait pas à une garçonnière. Et si son confort, sinon son luxe, laissait à penser qu'il était au moins fils de bourge personne n'aurait pu y découvrir ni les armes ni le moindre signe de son aristocratie. Et comme, de toute façon ce n'était plus celle-ci qui assurait l'aisance, voire la fortune des de Savignac de Sauveterre de La Tour de Castries, mais la réussite Industrielle des Savignac et La Tour associés puis unis, conduite à l’apogée par le travail et la compétence de Monsieur Albert ; lequel Monsieur Albert avait, de surcroît, parfaitement su choisir des placements boursiers lucratifs...

— Pourtant, il a hypothéqué le mas. — S'étonna ma femme.

— Est-ce incompatible avec une stratégie de gestion financière, que d'emprunter ? Et si l'intérêt du gage est inférieur aux profits ? —

— Ton intérêt supérieur est de tirer toujours profit du dernier mot. — S'en tira ma femme en maugréant : — Qu'elle mauvaise foi ! —

— Moi, de mauvaise foi ? Caisses à dire ! —

Foie de morue ! Huiler pour ne pas laisser gripper ? Qu'importe !

— Accepter pareille satyre de l'autre aimé, faut avoir le cœur bien accroché — Soliloquai-je solitaire sur le quai essoufflé...

Heu… Essoufflé solitaire. Mal à quai. Qu’ai-je ?

Bof !

* * * * *

Danser pour lire…

Dans le lycée de son Andalousie natale Carmen apprit Voltaire, Rousseau, dans la langue de Diderot (tout le programme).

Dans son dortoir monacal (tribut à Isabel l'inquisitrice) Carmen, découvrant les délices à braver les interdits, frémit autant de peur que de désirs, à savourer Radiguet, Baudelaire, Aragon, à succomber à l'essence de Camus, à l'alambic de Sartre, dans la langue de Simone. Puis saisie par le surréalisme de Queneau, les parfums de Breton, l'ivresse de Vian, l'ester de Cardinal, Carmen décida de venir à Paris parfaire son éducation littéraire, pimenter sa langue française, et goûter enfin aux délices des rêves de ses auteurs fétiches. Mais par dessus tout, Carmen aimait danser : danser était le sel de sa vie. Heureusement pourra-t-on dire car Carmen à Paris devait bien vivre.

Vivre pour danser ? Vivre pour lire ! Danser pour lire c'est vivre ! Alors, Carmen sautera d'auditions en essais. Elle sautera de la moquette d'une productrice exclusive, au chandelier d'un régisseur allumé de promesses baveuses, avant qu'elle s'aventure (sans illusion aucune) à esquisser quelques pas sur les planches de la tour des délices où sans supplément vert ou raide lui fut posée cette vulgaire question :

— Tu n'as aucune retenue à danser nue : tu n'as aucune inhibition ? —

— Danser habillée ou danser nue ? Où serait la différence… Si vivre c'est jouir. — Répondit Carmen.

* * * * *

La Tour des Délices…

De La Tour de Castries débuta à la tour des délices par des tours de cartes servant d'enchaînement aux sketches comiques (plutôt graveleux) et aux Girl's Shows. Puis, il étoffa ses tours d'atours musicaux (plutôt effets sonores) et d'éclairages bleus et froids (plutôt des traits lumineux) semblant se faire désintégrer ses cartes (plutôt faire muter les reines mères de son jeu en nymphes lubriques)... Ces entractes devenus attractions incontournables du spectacle, le maître des lieux considéra opportun de renouveler son programme ; d'en rehausser le niveau technique, d'en développer l'esprit artistique tout en conservant l'âme qui faisait la fortune de la tour des délices, la chair : ses nudités et ses inflexions, ses lascivités et ses impudicités, ses fantasmes et ses désirs

...

Gabriel aimait déambuler dans le dédale des cintres, des fosses, des coulisses de la tour des délices ; il aimait respirer la moiteur des loges, jouer avec les régies, architecturer la mobilité des décors, faire danser la lumière, éclater les musiques ; il aimait animer tout ces éléments matériels comme s'ils étaient des partenaires vivants qui rêvent de pénétrer, de se mêler, de se fondre aux artistes charnelles. Il leur donnait la vie pour la faire exploser en bulles multicolores qui s'éclataient au contact de la chair, qui coulaient sur les monts sacrés et qui glissaient dans les vallées secrètes, tels des artifices attisant un feu dévorant. Ainsi, Carmen magnifiant cette chair, deviendra la déesse Égérie

A la tour des délices se préparait une nouvelle revue aux antiques accents théogoniques des amours olympiques. Cependant, je ne vous raconterai pas son scénario sans importance dans la genèse du duo Carmen Gabriel. Certes, Carmen en nymphe Égérie sera une danseuse titre du show. Et Gabriel en monsieur « touche à tout » sera un collaborateur y contribuant du petit plus à la grosse différence. Néanmoins, et mis à part que l'un et l'autre s'amuseront dans leurs rôles, rien de tout ceci ne présageait ce big-bang créateur où fusionnèrent Carmen et Gabriel. Non ! D'abord, de ses précédents et aventureux castings Carmen avait hérité un style junkie assez prononcé. Et plus visiblement accentué sur sa chair. C’était pareil pour ses mœurs, alors que Gabriel gardait une allure aristocratique très marquée même quand il portait des jeans, ou quand il avait les mains sales de travail. De plus, il était aussi vierge que Carmen était ’’experte’’ ; Carmen avait vendu son corps si abondamment (pour survivre, puis pour oublier ce qui la faisait vivre : a blending club house at home to mix multisex) qu'elle demeurait incapable de dénombrer la multitude comme la diversité de ses expériences. Ensuite, Gabriel, préférant ce qui faisait le spectacle, assistait à ses représentations perché sur un cintre ou caché dans une fosse ou accroupi près d'une commande à peaufiner le réglage de dernière minute et traînait dans les coulisses pour s'imprégner de son effervescence. Alors, il, se pose cette quadra-tu-râles question :

— Comment ont-ils pu s'aimer ? —

— Se sont-ils aimés seulement ? —

— Se sont-ils aimés comme on déclare s'aimer ? —

— Se sont-ils aimés comme il est convenable de… —

Convenable chez qui ? Chez les plus communes communautés des  « honnêtes gens » ? Ah si vous saviez ! Si vous saviez combien je me moque de ce qu'on pense communément. Faudrait-il aussi que je chiffre les idées reçues via les formules nettes, telles face@pros.com, donnant à l'info son archétype commun : « first in-fast net » ? Ou pile, son côté pire : « face lisse-last Out » ! Car tout compte fait, et d'un éphémère à l'autre, je préfère le conte Carmen Gabriel qui persifle en tourbillons irrationnels. Me fera-t-il oublier le « bien pensant » ? Dieu m'en préserve ! Et pourtant… Le Créateur du chaos irradiant, dans un éclair étincelant Gabriel et Carmen vacillèrent éblouis, puis en écho d'un double bang mutant en neuf vibrations harmoniques oscillant sur rythme à cinq sens en une transe, ils fusèrent, apothéose dans la nuit du firmament, pour briller comme la fusion engendrée d'une collision de deux astres : ce fut « the big splash ».

Tiens, j'ai déjà dû lire un truc de ce genre : néant moins, cette bizarrerie et son résultat ne procèdent-ils pas de la même invraisemblance ?

Voyons d’abord l’énoncé et ses données...

Pour la dixième répétition, le pianiste est absent : un peu souffrant. On appelle Gabriel… Il peut dépanner, bien sûr : il sait lire une partition. Et la mélodie, il l'a dans la tête depuis qu'il l'entend. Qu'on lui laisse une demi heure d'acclimatation et il conduira toutes les danses, en doubles croches sans anicroche ; toutes les danses du monde, même celles des hippopotames... Ce n'est pas la première fois que Gabriel voyait Carmen danser nue, mais encore, il ne la remarquait pas davantage que tous les autres culs ou tous les autres seins qui martelaient la scène...

C'est la douzième… C'est la treizième… C’est la… Ainsi de suite…

Jusqu’à la vingtième : le pianiste ne va toujours pas mieux...

Puis, c’est la Générale qui s’approche à grands pas, petits sauts et entrechats…

Bientôt, elle sera là, mais le pianiste qui va si mal qu’il faut le remplacer :

— Tout de suite ! Maintenant ! Il ne nous reste que quinze jours ! —

Exige le metteur en scène.

— On trouve pas un bon pianiste capable de tenir en direct immédiatement et une partition comme celle-ci aussi facilement que ça : trois-quatre, un–deux–trois-quatre, un–deux ! —

Rétorque le chef en une mesure et deux demies.

— Voilà ce qu’on perd à s'entêter à vouloir un orchestre en direct ! Je l’avais pas dit, hé ? Qu’est-ce que j’avais dit ? Mais qu’est-ce que j’avais dit ? Font comment les autres, hé ? Avec une bande d'orchestre, qu’ils font ! J’avais pas dit : ça marche aussi bien et on n’a pas à craindre les maladies de ces branleurs de musicos !

Pleurniche en pied noir le producteur.

— Branleurs ou pas, j’peux plus risquer à changer maintenant. Et puis, si j’ai décidé de doter ce spectacle d’un orchestre vivant, c’est qu’il y a une énorme différence avec un enregistrement : on peut improviser, ré-exposer un thème, sur-exposer un tableau, retenir un soupir, étendre un souffle, désordonner les frissons ; jouer avec l'ambiance, avec ses excitations ; on peut jouer à faire perdre haleine… — Explique le metteur en scène.

— Et Gabriel sera assez bon pour ça. — Affirme le chef.

— Oui, il peut le faire ! — Confirme le metteur en scène.

Gabriel jouera en attendant qu’on déniche une autre perle rare comme doublure ou comme relève…

Et Gabriel joua longtemps sans qu’aucune autre perle ait été trouvée

...

* * * * *


Il était une fois un soir de gala où la salle était bondée…

 

Gabriel dans la fosse à un demi mètre du plateau de scène, assis au clavier, sérieux et attentif au rythme des baguettes du batteur (c'est le chef), conduit l'harmonie du spectateur.

Le regard glissant,

D'une jambe à l'autre,

D'une lune à l'autre,

Par monts et par failles,

De Vénus à Aphrodite,

Et d'Egérie à Écho,

Toucher délicat mais précis, Gabriel laisse courir ses doigts...

Voyons ! Juste sur son instrument !

Au milieu du spectacle

Ses yeux s'aimantent au tour de hanches de Carmen ;

De Carmen qui danse envoûtante

Volutes et arabesques, spirales et colimaçons,

Figures torsades, desseins polissons

Vrai sorcellerie de la séduction

Vrai tour de magie de la tentation…

Carmen est divine …

Lorsque son drapé glisse des épaules jusqu'aux reins,

Lorsque chacun des reliefs le retient un peu,

Lorsqu'il choisit de paresser un instant du mont de vénus à la faille vermeille avant de se répandre en une longue caresse juste au pied de la nymphe...

Quand juste vêtue d’une fine ceinture de cuir clouté d’or qui enserrant sa taille magnifie son extrême finesse

Quand sa gorge ardente darde ses seins de déesse, toniques, quasi sphériques, marqués d'aréoles pigmentées ; une poitrine haute aux tétons fiers dressés ornés d'anneaux dorés plantés juste au dessus du centre du galbe des seins accentuant leur beauté avec arrogance, Carmen s’abandonne sans frein, son tatouage de Diane équipée sur l'épaule droite, et son tatouage de totem très coloré qui envahit sa chair imberbe, un anneau pierçant ses deux grandes lèvres (totem aux ailes déployées autour du nombril, tête oblongue léchant l'insertion du bouton) juste au dessous du clitoris lui donnant l'apparence d'une verge (miniature certes mais d'une bite quand même),

Quand chacune de ces grandes lèvres au cœur de leur chair piercée d'un anneau se déploient ; se déploient comme les ailes d'un papillon qui voudrait voler mais qui reste cloué à la planche du naturaliste, un frisson brûlant couvre son corps...

Et un spasme brûlant envahissant son corps, Gabriel s'extrait du monde concret ;

Gabriel s'envole sans lien. Et des démangeaisons nerveuses saisissant ses doigts,

Gabriel s'extrapole, virtuose, appogiature... Ses mains virevoltantes dansant sur le clavier, Gabriel fait un triomphe : les applaudissements crépitent…

Et Carmen se déhanche lubrique…

Et plus ça crépite, plus Carmen ondule, défesse, anuse, déconne et transe...

Et Gabriel cavalcade jusqu'au bout de ses cent doigts...

Et les yeux de Gabriel roulent au rythme sinusoïdal des courbes de chair de Carmen ;

Roulent au rythme accentué du tintement des fers qui l'habillent…

Et, pour ne rien gâcher, Carmen jouit ;

Carmen jouit physiquement jusqu’à l’orgasme pour la première fois de sa vie...

Du moins, c'est ce qu'elle avouera à Gabriel, un peu plus tard ce soir…

Carmen joue la jouissance à ravir le public présent ;

Carmen joue comme si chaque trait de lumière était une caresse et chaque éclat lumineux une pénétration, et chacune des notes son introduction profonde et sa vibration longue... Plaisir fulgurant mais plaisir incessant... Plaisir d’un orgasme violent.

Et le public applaudit et hurle. Et le public s'approche, s'agglutine, transpire ; frappé d'une extasie annihilante, il communie comme le chœur des anges : il communie sans se conformer plus à ses sexes qu'à celui des anges...

Et Carmen porte sa main gauche sous ses seins et sa main droite sur son sexe, corolles déployées, extrumence verrouillée, par l'index et l'annulaire travaillées : le majeur butinant le pistil nacré…

Gabriel, souffle court, cherche son air : ses yeux sont comme deux ions antagonistes convoitant la même orbite, comme si quittant ce réceptacle ci, ils puissent puiser dans cet orifice là, l'inspiration)

Puis, portant jusqu'à sa bouche ce doigt brillant que ses lèvres avaient avalé, chancelante ; jambes fléchies, épaules rivées au plancher tentateur, fesses soulevées sexe offert (à vingt mètres des anges, à moins d’un mètre de Gabriel), animée d’une nonchalante langueur, Carmen succombe en suçant son majeur.

En plaquant son accord final Gabriel crie : — «Vvouuaais» — ;

Gabriel a éjaculé dans son slip…

Le spectacle est terminé.

Le rideau est tombé…

Mais, tel un anesthésié qui retarderait sa réintégration à la vie, le public debout, muet, demeurera longtemps prostré face au lourd rideau carmin ; comme si le velours rediffusait encore les transes de Carmen.

A moins que Croyait-il retarder ainsi la mélancolie qu’engendrera sa réintégration à la foule du désert de sa vie ?

La lumière décrut et son angle obscur absorba doucement le rideau dans ses abîmes. Et le public finit par s’extirper hors salle en se glissant dans les trous noirs désignés par les veilleuses de secours

Maintenant, la salle était vide et noire. Et maintenant Gabriel errait dans les coulisses [ces coulisses qui sont « son autre monde »] lorsque soudain au recoin d'une porte, deux mains brûlantes le saisirent au visage, et deux bras l'entraînèrent vivement dans les retranchements d’une alcôve aux murs blancs et à l'éclairage vif et cru. Et cette alcôve, c’est la loge de Carmen, et ces mains, ce sont les mains de Carmen... Ce sont les bras de Carmen qui l’étreignaient. Et puis, ce sont les lèvres vermeilles de Carmen qui lui susurraient :

— Merci Gabriel, t'es un ange. Tu m'as faite jouir comme seuls font jouir les anges. Gabriel. —

Splendide merveille dévoilée dans un léger prétexte de soie pourpre à dentelles de petite tenue glissant jusqu’au bord des épaules ; glissant sans autre retenue que ces bras tendus à l’extrémité des mains caressant ses joues ; déshabillé vaporeux et transparent aux pans largement béants accentuant le feu cuivré de son corps nu : Carmen… Mais Gabriel, cramoisi entier, ne voyait ni n'entendait rien. Et il ne comprit pas davantage ce qui se passait quand son pantalon glissa jusqu’à ses pieds, ni quand il fut nu et que son sexe se dressa aux caresses, ni quand il fut allongé et que Carmen ne dansa que pour lui, et ni quand Carmen échangea son majeur par son inquisiteur... Et à peine comprit-il que Carmen dansait sur lui : lui en elle… Gabriel éjacula dans Carmen. Carmen l'embrassait en répétant : — Mon ange, mon ange… —

Gabriel ne comprenait rien mais il dit bien : — Carmen, Carmen, je t'aime. —

— ... —

Et si cette déclaration était sincère ? Et si Carmen ne jouissait qu'ainsi ?

… ! —

—  Pourquoi ne pas y croire, hein ?

—  Serait-ce suffisant pour sceller une union ? —

— Pourquoi pas ! —

—  Mais était-il utile qu’ils se marient pour donner naissance à un comte ? —

—  Qu'importe ! —

La seule vérité qu'il m'ait été donné de vérifier, est que Jorge Albert est autant leur héritier qu'il est celui des De La Tour De Castries De Savignac de Sauveterre y de Corral Naranjal de Córdoba de Andalusia.

— Donc ? —

—  Dans cette histoire ? —

… Donc ! —

Tout comte fait n'est plus un compte à faire mais un conte de faits où l'on ne dira pas :

—  Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants. —

Mais plutôt :

— Durant un an, chaque soir après le spectacle de cette même jouissance, elle le prenait et se l'introduisait en elle et ils jouissaient de nouveau. Et en coulisses, leurs partenaires se réjouissaient d'entendre leurs cris —

—  Non, non. Bon, ce sont de belles descriptions, quoique un peu farfelues. Non, non, c’est assez hardi... Non, non, c'est bien foutu et c'est un fantasme assez hot... Mais dis-moi, ce n'est rien d'autre qu'un fantasme, hein ! Dis-moi... —

Demande ma femme.

— Non ! —

C’est à vous que je dis : — «NON ! »… Et j’y ajoute ceci :

—  Je ne vous dévoilerai rien de la question de ma femme. —

...

Des fantasmes, moi ? Jamais de la vie !

Quoique...

* * * * *

Par Pateric - Publié dans : Contes - Communauté : Des Fantasmes par la Langue
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