Lundi 23 février 1 23 /02 /Fév 09:04
 

Derrière le sas à portes capitonnées

(Moquette brune et moelleuse tissus vermeil et ouaté plafonds sienne laqué vernis et auréoles ambrées de la lumière halogène),

Un couloir et dix portes (Quatre à droite six à gauche)

Frappées de plaques dorées aux noms bleus qui firent frissonner Déborah (Adonis, Eros, Ganymède, Priape - à droite ; Aphrodite, Alcmène, Calypso, Hélène, Danaé, Sapho - à gauche) ;

Déborah qui possédait de la Théogonie grecque une connaissance remarquable cultivée par passion pré adolescente : laquelle était née inconsciemment de son attirance pour le « beau Marcel ». Et un glaçon glissant dans son dos, Déborah s'agrippa à Marcel qui s'étonna :

— T'as froid trésor ? —

Non ! — Murmura-t-elle n'osant pas avouer l'image fort démentielle

qui la démantelait.

Lequel choisissons-nous ? — Demanda le danseur.

Comment choisir un libre ? — S'interrogea Marcel à haute voix et fort peu innocemment, faisant ainsi, bien comprendre aux deux autres qu’il avait deviné ce qui se jouait derrière les portes.

En entrant, simplement. — Expliqua Obstinée.

Allons ! Maintenant ? Qu'importe ! — Chuchota Déborah...

Ils sont entrés chez Hélène : Aphrodite, Adonis, Alcmène, Eros, Calypso, Ganymède, étaient déjà très occupés à abriter des libations déchaînées ...

Et maintenant, Déborah et Marcel n'ignoraient plus l'objectif ayant généré l'intérêt du couple « Danseur et Obstinée » répondant aux patronymes de Mike et Fanny,

Marcel chercha à percer : C’est vos pseudos pas vos prénoms ? — Mais, pseudos prénoms ou vrais intentions, dans le fond, qu’est-ce qui désormais, importait réellement ?

— Ils auront parlés, d’abord... Sûrement... Pour lier connaissance ? —

Crois-Tu ?

Peut-on conjecturer d’autres chatoiements ? A moins que tes fantasmes aspirent à vivre l’illusion d’autres extravagances ? — Te réponds-je.

— Mieux encore : fantasmer ce n’est ni jouer, ni jouir ! — Dis-tu.

— Tu serais donc capable de concevoir quelques perversions ? De quel genre ? Jouer avec ses désirs a-t-il un autre ravissement que celui d’être conduit à jouir de ses plaisirs ? —

Te demanderai-je.

— Du genre… Fétichisme, ou sadomasochisme, ou… — Trembleras-tu.

— Même si la débauche possède d’autres sens que l’essence de la morale, la violence serait-elle un attribut du désir ? N’est-elle pas qu’un vulgaire ordinaire du quotidien ? Est-elle un nécessaire à l’accomplissement du plaisir ? —

… — (Ne t’attends pas à trouver la réponse ici.)

* * * * *

Est-ce que la magie décorative du salon a absorbé leur peur ?
Ou la curiosité a-t-elle été assez puissante pour effacer toute panique ?
Ou bien, faire la fête sans folie est-ce une fête ?
Au-delà du langage, de la platitude des mots, ils se découvrent : Libertins !
Les uns, adeptes de sexe charnel,
Les autres, d’amour sensuel...
Et ce qui est, est : Déborah et Marcel ne s'angoissent plus.
Davantage : le spectacle initiatique les motive.
Et Marcel, raide de bonheur (pour le grand plaisir de Fanny) admire le spectacle inconnu de « ses » corolles de chairs roses avalant un phallus inconnu mais ardent.
Et le rythme ondulant de sa sirène aux fesses fermes, aux seins épanouis et aux lèvres sulfureuses ;
Marcel admire Déborah
Marcel admire, jusqu’au souffle des jouissances de Déborah…

Vingt-cinq septembre 1999 est enterré :

Le vieux couple est révolu...

Vingt-six septembre 1999 : Vive le couple nouveau !

L'Aurore est née. Un jour nouveau pour de nouvelles phases ? Oui.

Hier, ils ne soupçonnaient pas qu'existent pareilles extases ? Non.

Déborah et Marcel renaissent en débauchant leur volupté. Leur amour qu'ils jalousaient ne les avait jamais révélées et de leurs amours d'enfants ils préservaient le temps. Il se satisfaisait d'elle comme d'un fruit doux mais fragile ; Elle se nourrissait de lui, comme au compte-gouttes, subtile. Et puis, plaisirs et communion spirituelle surpassant le temps…

Aujourd’hui… Marcel, ayant cédé à sa douce Déborah, admet que son outil quotidien sublimera mieux ses talents à émouvoir que la promotion de détergents et autres somnifères du pain mensuel.

Aujourd’hui… Marcel exprime ses talents en sublimant le corps et ses charmes. Simple exaltation d'un abandon simple aux sexuelles libéralités d'Eros, ils libèrent les adulateurs sans reproche et sans peur.

Déborah de Désir joue frémissante de plaisir pour oeil indiscret. Déborah, à jamais imprégnée sur images qui ne manquent pas de sel, nées des talents d’opérateurs de Marcel (nullement des fantasmes de Marcel. Ni de ceux de Déborah. Encore moins de quelconques fantasmes des autres participes hardeurs : non !)
Marcel n’écrit rien et n’anticipe aucun scénario. Marcel ne met en scène que le décor et son milieu… Oubliant ses caméras si discrètement installées, si savamment et artistiquement réglées ; oubliant ses caméras qui, tournant sans relâche, se gorgent d’images, les acteurs répandent leurs ardeurs sans comédie ou autre contingence.
Plus tard, à sa table de montage, Déborah assise près de lui (souvent sur ses genoux) saisissant la montée du désir, piquant la frénésie des plaisirs, fixant chaque spasme de jouissance, soulignant tous les frissons d’extase, Marcel savoure son plaisir à parachever l’ouvrage d’Art…
Et c’est sûrement pour cela, qu’On se bouscule pour offrir à ses yeux des délices de sexe à projeter sur écran de rêves.
Et Certain se recule pour offrir le supplice de son sexe projeté sur mosaïque blême,
Insouciant des prophéties de l'Apocalypse terroriste,
Étranger aux paniques et aux faillites… Comme au monstrueux BUG 2000 …
Ainsi se produisit la mutation ouvrant les voies de la nouvelle ère du vieux couple. Déborah s’épanouit et Marcel se réjouit…

Mais restèrent-ils aussi amoureux qu’Hier ? —

Oui ! —

Toujours ? —
Plus que jamais ! —
Je n’y crois pas : je ne peux pas y croire : c’est amoral ! —

Tant pis. D’autant que c’est toi qui voulais dépasser la virtualité du fantasme, non ? Alors, que tu y croies ou pas, ça n’y changera rien. —

Et même si le corps de Déborah vibre aux hommages d'autres hommes, son cœur ne commande ses perles de frissons qu'à la faveur des orgasmes légitimes. Et même si Marcel comble d'autres femmes de ses ardeurs, sa douceur ne s'exprime qu'envers sa perle de bonheur…
Tu le savais déjà, non ?

Pourquoi, aujourd'hui encore, « Roméo et Juliette » devrait-il naître pour n'engendrer que la mort ?

Même si SHAKESPEARE n'était ni le « premier », ni le « dernier » de tous les nihilistes.

* * * * *

Pateric©

Par Pateric - Publié dans : Nouvelles - Communauté : Des Fantasmes par la Langue
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Lundi 23 février 1 23 /02 /Fév 09:01
 

Les voici attablés là :

Une table ronde dans un recoin calme et discret. Une table trop vaste à son goût. Et au centre, un bouquet d'orchidées.

Ils ne se sont pas moqués de moi. — Pensa-t-il.

Elles sont vraiment magnifiques ! — Dit-elle en se levant.

Elle se pencha vers lui et le remercia d'un baiser humide et frais. Elle se rassit. La tête inclinée, elle lui sourit tendrement.

Oui ! Mais elles dérobent la danse des flammes des chandelles dans les yeux d'or de la douce Déborah qui me fait rêver.

Dit-il en repoussant doucement le vase vers sa gauche.

Je t'aime ! — Articulèrent les lèvres vermeilles de sa belle.

Il lui prit sa main gauche. Il sortit un petit écrin de sa poche et le déposa au creux de la paume ouverte en disant :

— Joyeux anniversaire d'amour ! Mon Amour. —

Il vit les joues de Déborah rosir et les pommettes s'empourprer...

Et ça le fit bander (physiquement)…

La soirée se poursuivit toute entière idyllique, toute remplie de caresses chastes, de « Je t'aime - Moi aussi », entrecoupés de plats royaux juste becquetés, arrosés de vins capiteux à peine dégustés... Ce sont des gourmets, pas des goinfres : leurs silhouettes ne démentent pas.

Ils s'aiment : c'est leurs yeux qui le déclarent le mieux…

Puis la nuit s'avança en musique : l'heure où l'on se lève pour danser.

Déborah prit la main de Marcel... Et plongea dans le bleu de ses yeux...

Puis elle se leva et approcha sa chaise de la sienne. Elle posa sa main sur la cuisse de Marcel et regarda la piste où les couples dansaient ; danses de salon en tango sulfureux, ou biguine « colé séré » qui lui firent envie.

Marcel pesta intérieurement, sinon il aurait pleuré car il sait trop comme elle affectionne de se défoncer sur ces musiques délurées : l'un des exercices favoris de Déborah. Mais au lieu de conduire ses déhanchements qui l'émoustillent :

Je suis là, tel un emplâtre ! — Pensa-t-il. Et ça ne le fit pas rire…

En regardant les couples danser, c'est le jour de leur mariage qu'ils revoient en ce moment. Chacun ses petites images dans sa petite tête…

Vingt cinq ans ! Vingt cinq jours !

Vingt cinq ans comme vingt cinq jours !

De ces jours au fil des ans, ils en ont gagné de l'expérience ; l’expérience du Monde et de la Vie en se préservant de leurs excentricités prêtant peu d'attention aux histoires et traditions populaires. Et, sur certains points, plus superficiels encore, ils restent aussi naïfs qu'au premier jour.

— Tu te souviens de notre nuit de noces ? — Demanda Déborah.

Comme maintenant ! — Répondit-il. Leurs doigts s’enlacèrent fort.

— Comme tu étais doux... Regarde ! J'en frissonne encore. —

J'avais une trouille ! La peur que je ne pourrais jamais... La vague sensation que ton intimité avait disparue : je voyais rien. —

— C'était bon ! Juste mes lèvres enveloppant ton gland... —

— Et le soleil levant dans tes yeux... —

— Et quand tu as embrassé mon clitoris ? —

— J'en avais très envie. —

— Savais-tu que pour la première fois je jouissais à m'évanouir ? —

J'ai eu peur ! Tes jambes me serraient si fort. Et toi, tu savais qu'il a fallu presque un an pour que je sois sûr que tu aimais ? —

Non. Ce n'est pas vrai ! — S’étonna réellement Déborah.

Je te jure. — Jura-t-il.

Tu te souviens quand t’es tout entré en moi ? — Divergea-t-elle.

— Oui. Je voyais tes yeux humides et je n'osais pas bouger. —

— Alors selon toi, quand avons-nous fait l'amour la première fois ? —

— Le jour où t'as crié. Je suis sorti et j'ai vu mon sexe rougi de toi. —

Ça oui. Mais c'était quel jour ? — Insista-t-elle.

Le mercredi. — Répondit Marcel sûr de lui.

Non le jeudi. — Corrigea-t-elle, sûre et certaine.

T'es sûre? — Douta-t-il.

— Absolument ! —

Ah bon ! — Marcel se gifla en ajoutant : Bien sûr : le mercredi c'est le jour des enfants ! —

Ce que, ravivant leur bonne humeur, ils se resservirent du champagne et trinquèrent à nouveau... Se repassant le film de leur vie en riant gaiement... Finalement, leur place était parfaite, puisqu'ils pouvaient parler sans que Décibels les ennuient trop...

Pourquoi aura-t-il fallu dix ans avant que nos parents admettent ce que nous affirmions : notre amour aura raison de votre haine ?

Dit-il essoufflé, comme si le souvenir de cette bataille l'avait épuisé.

Jamais le bonheur des uns, ne remplace le malheur des autres —

Répliqua Déborah avant que le souffle de Marcel ait eu fini de mourir.

Ah ! Je ne comprends pas. — Avoua-t-il

Les divorces ! Mon frère, ta sœur… Et les autres « bons partis », ça a trotté dans leur tête ! Précisa-t-elle d'un ton déterminé.

— Peut-être. Mais ils auraient pu aussi bien nous haïr plus... —

Ils ne nous aiment pas : ils se sont pliés à notre raison par absence d'argument mais ils ne comprennent pas ce qui nous lie si fort. — Expliqua Déborah.

Mais c'est simple : il n'y a rien à comprendre ! — Réfuta Marcel.

— Les préjugés Marcel... Qu’on n’ait pas d'enfants les interpelle... —

— D'un couple sans enfant ils déduisent : ils ne font pas l'amour. —

Peut-être, ou peut-être pas. Mais plus sûrement, que ce raccourci doit être arrangeant. — Compléta Déborah.

Ça te gêne... — Suspendit Marcel cherchant ses mots.

Ils pensent ce qu'ils veulent : ça m'est égal. — Se défendit-elle.

Non : ça te gêne qu’on n’ait pas d'enfant ? — Demanda-t-il.

— Ce n'est ni le verbe ni la forme adéquats... Mon amour ! —

Boum ! Sur le cul Marcel ! — Concéda Marcel.

Tu n'as jamais demandé si je désirais un enfant... Et tu n'as jamais dit que ça te ferait plaisir d'en avoir un. — Introduisit-elle.

— Nous n'en avons jamais parlé parce que c'était à toi de décider ; c'est ton corps qui l'aurait porté, c'est toi qui en aurais souffert... Si t’avais dit en rentrant, un soir : « j'attends un enfant. »… Moi, j'aurais admis ce choix et je t'aurais dit : « merci mon Amour ! » —

Moi décider ? J'ai longtemps attendu que tu me demandes un enfant ! Surtout, je ne voulais pas que tu puisses me reprocher de te l'avoir volé... — Dit Déborah

— Tu désires un enfant ? — Demanda-t-il.

— Non Marcel ! Je ne désire pas d'enfant et c'est trop tard pour. —

— Tu aurais aimé avoir un enfant que j'aurais souhaité ? —

— J'aurais adoré l'enfant que je redoutais que tu me réclames. —

— Si nous en avions parlé, il y a quinze ans, t'aurais dit quoi ? —

— Pourquoi nous n'en avons pas parlé ? —

— Pourquoi ? Sûrement parce que les discours tuent l'amour. —

— Tu regrettes ? —

— Non ! Tu te débines ma chérie ? Dis-moi. Par exemple ... —

Marcel se tut : on l’aurait cru sans argument, sans arme capable d'ébranler les retranchements de Déborah.

Oui ? — Déborah un sourire malicieux aux lèvres planta ses yeux dorés, yeux de chatte à l'affût, dans ceux de Marcel, bleu pâles de cécité. Mais il voyait bien Marcel. Et cette attitude l'excita, « Chauffe Marcel ! »

Nous nous connaissons depuis notre enfance. La première fois où nous avons flirté, tu avais dix ans. Et douze ans quand on s’est montré nus et que tu m'a offert la vue de tes seins naissants ? A treize ans, tu m'as dévoilé ton premier sang de femme. Et je t'ai vue grandir et t'embellir. Pour tes quinze ans, je caressais ton corps comme aujourd'hui. Tu ne m'as rien caché de toi... Mais des hommes, tu ne connais que moi... —

— Comme toi des femmes : tu n'as caressé que mon corps, tu n’as cajolé que mes seins, ta langue n’a excité que mes secrets : tu n’as vibré que par mes frissons, n'est-ce pas ? —

Mon amour ! Je ne regrette rien et... — S’excusa Marcel.

Moi non plus. — Répliqua-t-elle sèchement.

Ce n'est pas ce que je voulais dire... — S’excusa-t-il de nouveau.

Je sais ce que tu allais dire et ça n'a aucun intérêt : je n'ai pas d'autre désir que toi... Et aussi... Je ne te l'ai jamais dit mais je n'aime pas quand les femmes te dévisagent dans la rue ... —

— Des femmes qui me regardent ? Sûrement pas par envie ! —

Si ! Leurs yeux ne trompent pas. Et ça, ça m'irrite sérieusement. — S’irrita-t-elle très vigoureusement.

T'es jalouse de quoi ? — S’inquiéta Marcel.

— Ce n'est pas ça. Je déteste la convoitise : c'est malsain ! —

Vingt cinq septembre 1999 s'enfuit.

Ils sont assis là, se dévorant des yeux.

Vingt cinq septembre 1999 est mort.

Ce sont les seuls assis... Nombreux sont sortis, les rares autres se déhanchent jusqu’à l'indécence. Mais eux deux ne voient rien de tout ça. Ils rêvent. Toujours et Encore. Ou, encore comme toujours. Ils rêvent comme les amants qui sont étrangers au monde environnant.

Tu te fais des idées : je ne suis pas Apollon. — Arrondit Marcel.

Apollon n'est rien : toi t'es charnel et vivant. — Soutint-t-elle.

On va pas sottiser à sot attiser. — Recommença à jouer, Marcel.

Drôle de sobriquet pour un sot à briquer. — Rit Déborah.

Non ! Un sot à briquet est un sot allumé. — Plaisanta-t-il.

Et de sot en saut marqué de leur sceau à remplir plus d'un seau, ils se relanceraient sur l'orbite à calembour jusqu'à ce qu'ils décident de larguer les amarres à la marée, et de jeter le carré (ne pas confondre avec : »Se marrer dans la mare à carène », Sinon, on risque de se noyer en mer dans de l’eau douce)... Si, cet homme ci, si cet homme, là, cet homme, la trentaine environ, s'approchant de leur table n’avait demandé à Marcel :

— V’permettez m’sieur qu’j'invit’ mad’zêle. —

Madame ! — Coupa fort sèchement Déborah.

Le type se figea : il les regarda décontenancé...

— Monsieur t'invite gentiment à danser. Ça ne te fait pas plaisir ? —

Adoucit Marcel.

Tu ne danses pas, moi non plus - Confirma Déborah de son ton antérieur.

Elle dévisagea l'autre et cibla son pif : paf ! Deux balles d’or en pleine poire ! L’autre, comme un emplâtre : toujours aussi statue figée. Sauf que lui, à la différence de Marcel, paraissait l'être tout entier.

J’peux pas danser mais t'as pas à te priver ! — Arrondit Marcel.

Non merci ! — Expliqua Déborah au « David à Michel Ange ».

Il n'y a pas de mal à danser. Vas-y. Tiens ! ça me fait plaisir ! —

Déborah scruta au fond des yeux de Marcel.

Mais impuissante à y discerner un réel plaisir, elle minauda à son oreille :

— Vraiment ! Tu veux bien ? Juste deux petites alors ! —

C'est comme tu le sens.— Soufflèrent les lèvres de Marcel sur la joue de sa belle...

Elle est vraiment belle ma femme - Pensa-t-il en l'admirant.

Elle est envoûtante quand elle roule et glisse ainsi. Le tango ? C’est pour elle qu'il a dû être créé ! — Se persuada Marcel.

Comme elle danse, souple et légère. Il traîne son partenaire. —

Et il sourit. Non de la scène mais de la réflexion courant dans sa tête :

C'est pas moi qu'elles regardent les femmes dans la rue : c'est elle ! « Que peux foutre une femme aussi belle avec un schnock pareil » C'est ça qu'elles pensent ces femmes, elles me toisent : un schnock ! Déborah ? ça fait vingt-ans qu'elle a vingt-ans, tandis que moi... Moi et mes cheveux gris, on ne trompe personne. Les femmes nous croisant main dans la main ? ça les écœure : « Une jeunesse, aussi belle, avec ce vieux ! » C'est amoral : c’est insolent... C’est licencieux et honteux ! —Pensa-t-il, attristé.

Et il aurait bien pu en pleurer si cette femme ci, cette femme tanguant des hanches, ne s'était pas approchée si près, tout près, là, pour demander :

— Voulez-vous bien m'inviter à danser ce tango ? —

Pardon ? - Répondit-il (croyant plutôt qu'il avait mal entendu).

Elle se répéta. Et il avait bien entendu : au temps, go ! Et à l'heurt de l’air (dans ses tympans), sur l’heure et sans y regarder montrant son plâtre handicapeur, il s'excusa d'un geste des bras.

Oh ! C'est pas de veine ! — Dit-elle.

C'est la vie ! — Souffla-t-il nonchalamment.

Je ne vous dérange pas, je peux m'asseoir. — Joignant le geste au toupet.

Il la laissa faire et ne dit rien, préférant porter son attention admirative à sa femme plutôt qu'à la voisine d'invasion, qui de plus, paraissait bavarde.

— Je vous ai jamais vu ici, c'est la première fois que vous venez ! —

Qu'est-ce ça peu lui foutre à cette curieuse. —  Muettisa-t-il.

C'est un ami qui vous a donné l'adresse ? — Insista-t-elle.

On cherchait un lieu agréable où fêter notre anniversaire de mariage. Le patron de ma femme a dit qu'ici c'était chic et sympa et que ça ne nous décevrait pas. — Choisit de débiter Marcel espérant qu'ainsi elle le lâcherait... Mais il comprit très vite que, non, qu'elle ne souhaitait pas le lâcher.

Vous trouvez que ça l'est ? — Le questionna-t-elle à son tour.

Ça va ! — Sur un ton voulant autant dire « oui » que « tire-toi »...

C'est votre femme qui danse avec mon ami ? — Demanda-t-elle.

Ah ! C'est votre ami ! — Souffla-t-il, suffoqué.

Elle est très belle votre femme ! — Dit-elle, flatteuse.

Oui ! — Et son esprit se remit à vagabonder… Petites causes, grands effets : tu ne veux pas être sauvage, tu crois même faire plaisir, tu penses : — C'est sans vraie conséquence. — Et après ? Après, tu te retrouves envahi... C'est pareil qu'avec l'autre vache : elle te demande :

Holà ! Juste un mot ! — Et pour te remercier, elle te casse le pied... Et avec ceux-ci, dieu seul sait où ça va nous mener...

Vous connaissez les salons ? — Elle l'avait fait tomber du plafond.

Vous dites ? — Qu'il dit. Perdu sur son nuage il n'avait rien compris.

Les salons, derrière la salle et la piste. — Précisa-t-elle.

Des salons ? — S’éberlua-t-il.

— Oui. Des salons de... —

Il ne l'écoutait plus et cherchait désespérément le regard de sa femme. Mais il ne voyait que son dos…

La piste se désertifiait. Il allait paniquer et... Ouf ! Enfin ! la musique s'arrêta. Déborah quitta son partenaire et revint vers Marcel.

Il la suit ? Normal, son amie est encore là ! - Constata-t-il.

Veux-tu rentrer ? — Demanda Déborah en embrassant Marcel.

Comme tu veux ! — Mais il vit qu'elle n'avait pas envie de rentrer.

Ça vous dirait : un salon ensemble ? — Tenta l'amie du danseur.

La vache, elle est obstinée. — Se dit Marcel.

Il regarda Déborah, espérant un « non merci ! » Comme tout à l'heure : aussi sec et froid. Cette fois-ci, il ne l’aurait pas forcée. Mais va savoir, comment les choses se dérangent parfois, car ce que n'osait entendre ni comprendre Marcel, ce qu'articulèrent les lèvres charnelles de Déborah, fut loin du refus catégorique tant espéré :

— Si c’est plus confortable que ces chaises, pourquoi pas. —

C'est pas comparable et c'est plus intime ! — Assura Obstinée.

Tu veux bien Chéri ! Hé ? — Susurra Déborah : toute en miel.

Tout ce que tu veux ma Douce. — Succomba Marcel.

* * * * *

A suivre
 

Pateric©

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Lundi 23 février 1 23 /02 /Fév 08:52
 



Un jubilé se prépare

(Un anniversaire qui revêt une importance majeure ; vingt-cinq ans du quart ultime du vingtième siècle où toutes les métamorphoses se sont précipitées sur le monde, le bousculant, le transformant radicalement et, de con en fomble : Un anniversaire de mariage. Mais il ne s’annonce pas très bien. En fait, c'est le mari qui est mal tombé, l’autre soir, en sortant du travail. Il a dérapé bêtement ; bêtement n'est pas l'adverbe (qualificatif) convenable

Il sort. Trois des ses assistants l’abordent. Là, devant l'entrée, boiteux, à deux rangs de marches du palier. Ils lui soumettent un minuscule problème resté en suspends qu'il faudra résoudre demain :

— Impérativement ! —

Il en boude d'étonnement, comme à chaque fois où ça l'agace qu'on le re-questionne au sujet d'une « constante » ; d’une valeur invariante dont, forcément On connaît déjà (car, on ne peut l’ignorer) la bonne solution...

Mais bon, c'est comme ça ! Alors ? Il vaut mieux jouer « Saint Placide » ! Alors, comme d’habitude, il va la leur redonner, la « bonne solution », comme si c'était la première fois… Sauf qu'aujourd'hui, il leur sert :

— Ah y’ah y’aïeh, Pour ce peu vous vous êtes confondus ! —

Les autres en restent médusés, surpris abrutis bouches bées.

A lui, ça le fait rire ; ça le fait rire comme un enfant riant des bouffonneries du clown. Seulement, ce n’est pas de leur ébahissement dont il rit mais de sa belle mère qu'il entend s’exclamant ainsi par son juron favoris importé de Tunisie accent compris. Ça aussi : chaque fois qu'il joue de son humour, il rit seul ...

Voilà !

La discussion est close. Ils s'en vont. Ils descendent le trottoir...

Virginie à sa droite se tord le pied. Elle écarte les bras pour se rétablir... Il veut la retenir en saisissant son bras. Leurs pieds glissent sur la plaque vergracée(*). Virginie (ou plutôt son quintal) le déséquilibre. Ils s'affalent sur la chaussée. Elle tombe sur lui.

— Ce n'est rien ! — Crie-t-elle à ses collègues l'aidant à se relever.

* * * * *

(*) Une plaque vergracée, c'est une plaque recouverte de graisse, d'huile et d'eau : ça glisse comme sur une patinoire.

Allô Chérie ! — Hurle Marcel au combiné du téléphone en cabine.

— Oui ! Dis-moi : t'as fait une galante rencontre qui t'a retardé ? —

Grésille la voix « chérie » du fond de la pastille en conserve.

Tu ne crois pas si bien dire ! – Maudit-il par ces mots dits.

— Oui mais elle vaut le retard, au moins ? Je commençais à m'inquiéter ! — Nasille la même voix « chérie ».

J'appelle de la Pitié ! — Dit Marcel shuntant l’inquiétude « chérie »

De la pitié ? De la pitié ! T'es drôle toi... — Désapprouve « chérie ».

Je m'en passerais ! Je t'appelle de la Pitié : l'hôpital ! — Corrige-t-il.

— Mon Dieu ! T'as eu un accident ? Où t'es, où t'es, je viens ... —

— « Ce n'est rien ! » Qu'elle a dit, la grosse vache qui m'a cassé le pied ! –

Dit Marcel. Et il lui raconte tout et ajoute :

— Ça m'agace prodigieusement : cette carcasse hébergeant une aussi petite cervelle, qui se croyant l'héritière d'un éclair de génie te lègue de gros dégâts. Mais ce n'est rien ! Un cuboïde, un scaphoïde, l'astragale, deux métatarsiens, et le péroné en prime. Deux mois de plâtre et six mois de rééducation ! Qu'il a dit l'ortho de l'hosto ! Ça m'apprendra à faire du zèle urbain ! Putain ! –

Maugrée-t-il au téléphone.

Et sa femme rit ; elle rit, non du pied plâtré, mais du ton et des mots utilisés pour commenter ce stupide accident. Mais, ne vous y trompez pas : elle a beaucoup de peine pour son mari. Et au fond, ce n'est pas une humeur à rire qu'elle héberge. Seulement, c'est ainsi, chaque fois qu'il lui raconte une histoire, même une histoire sanglante, il la fait rire...


Elle s’est précipitée vers sa voiture...

Elle roule vers l'hôpital. Elle est un peu triste. Une perle de larmes roule sur ses joues. Elle l’écrase d'un revers de la main.

Feu rouge.

Au coin de la rue, un homme, imposant, s'apprête à traverser. Elle éclate de rire puis chantonne l'air stupide de « au près de ma blonde » :

— C'est la grosse vache... Qui m'a cassé le pied... —

Feu vert.

Elle poursuit sa route. Auguste Blanqui, place d'Italie. Elle rit. Boulevard de l'Hôpital : c'est pas banal ! Elle rit encore. Direction la Pitié – Sale pétaudière. Elle rit : inlassablement elle ne peut s’en empêcher.

Une béquille dressée : ça c'est Marcel !

Elle rit toujours… Puis elle arrête... Plutôt : elle freine et la voiture s'arrête. Marcel ouvre la portière, claudique et s'installe. Elle sourit. Il la regarde dans le trait de lumière blafard du réverbère sur son visage radieux qui le ravit. Il se penche vers sa bouche et dévore ses lèvres :

— Humm ! Soyeux comme une pêche couverte de rosée. —

Son sourire s'épanouit, ses deux noisettes à la pigmentation dorée étincellent dans la pénombre et l’émail de sa bouche crée l'aurore : elle adore quand il lui chuchote ces douceurs qui ravivent ses souvenirs d'enfants : quand ils n’étaient que des enfants… Quand dès l'aube, elle s'enfuyait pour le retrouver dans les champs de lavandes, au milieu des mimosas, derrière la haie de bougainvilliers, dans les vergers couverts de la rosée... L'immensité montagneuse derrière eux. La mer devant, à l'infini s'unissant au ciel. Le soleil grimpant à l'assaut du firmament... Et, quand à l'heure de la sieste prenant de la hauteur ils escaladaient la paroi rocheuse et gagnaient le maquis…

Elle se souvient de tout ça comme si c'était hier ; elle se souvient de leurs dialogues « enfantins d'adultes inexpérimentés » ; elle se souvient la douceur de leurs caresses comme celles de la brise sur sa peau ; elle se souvient la chaleur du soleil sur leurs corps nus comme celle des mains de son « homme ».

Ils se découvraient, comme des explorateurs en quête d'inconnus, comme quand on joue à s'ausculter ; ils jouaient de leurs émois dressés ; jouets aux chairs roses et à la rosée nacrée ; jouer à jouir de soupirer... Mais ils refusaient encore de se consumer à se consommer ...

Elle n'avait pas quinze ans. Il paraissait bien plus que ses dix sept.

Mais ce n'étaient que des enfants qui étaient heureux comme des grands (car ils ne savaient pas ce que cache le « bonheur des grands ») qui s'aiment encore comme... ils ne le savent plus eux-mêmes (les grands) : possèdent-ils seulement les bons mots : « les mots à s'expliquer » ?

Mais à eux, enfants, leurs étaient-ils utiles ?

Eux ? Ils se connaissaient, des frissons de la chair jusqu'aux tréfonds de leurs cœurs, comme les grands laissent à le voir ou à le faire croire...

Et leur virginité ?

Pouvait-il exister d'autres gages à leur bonheur ?

* * * * *

En empruntant la rue Daguerre qui conduit vers le parking de leur appartement de la rue du Maine, elle dit, d'une petite voix :

— Demain, je téléphonerai pour dé-commander le repas. —

Surtout pas ! Je ne suis pas encore là ! - Répliqua-t-il en tournant sa tête

vers la droite, en direction du mur d'enceinte du cimetière du Montparnasse.

Elle pouffa en disant :

— Encore heureux. Je ne me suis jamais préparée à jouer le rôle de la veuve joyeuse ! —

— Pourtant ! Tu portes le noir comme le blanc : à froisser. —

— Sûr ! Ce n'est pas toi qui repasses ! — Défroissa-t-elle.

Ça fait pas un pli — Marqua-t-il...

Et on pourrait entendre leurs enfantillages jusqu'à demain car c'est ainsi qu'ils se sont toujours plus... à masquer leurs tracas. Néanmoins, ce soir elle était un peu déçue par cette sournoiserie de la vie qui gâchait sa célébration d'un quart de siècle de bonheur matrimonial...

Ça fait rien ! On le fêtera en tête à tête égoïste ! — Balbutia-t-elle.

Pourquoi diable ! Vais pas me cloîtrer ! — Rétorqua-t-il agacé.

— C’est inutile d'aller dépenser, si tu ne peux pas danser… —

Se justifia-t-elle... Elle est comme ça Déborah : économe. C'est son gros défaut à Déborah : elle est économe, par atavisme comme par plaisir ; elle est économe depuis les leçons de sa mère jusqu'à son métier...

Déborah a toujours compté. Et elle compte encore beaucoup, et elle compte aussi pour les autres… Ne répugnant même pas à sermonner son patron :

Vous dépensez trop à inviter vos clients. Ils vous rapportent moins que ce qu'ils bouffent ! Ce mois-ci, pas de restaurant. —

Lui interdit-elle. Et il ne moufte plus : la dernière fois où il s'était moqué d'elle, il avait gagné le bénéfice d'un redressement fiscal qui l'a dressé

...

— D’accord ! Avec mon pied cassé, je ne pourrais pas danser mais je n'ai pas l'estomac dans les talons que je sache ! Puis, je ne vais pas rester planté… tel un emplâtre…. — Il jongle avec les mots.

C'est plus fort que lui.

Et elle, elle en rit : elle n'a jamais su se retenir, lui donnant à croire qu'il sait bien manier le calembour ou pire encore, qu'il est le roi de l'humour ...

* * * * *


C'est le « grand soir » : le vingt cinq septembre de l’agenda en était noirci ...

Il sortit son smoking : celui du grand jour. Il y a vingt-cinq ans. Il lui allait aussi bien que si c'eût été hier qu'il ait dit : «  Oui ! » Enfin, pas exactement aussi bien car elle fut obligée de découdre vingt centimètres de tissus au bas de la jambe pour permettre au plâtre de passer :

Dommage ! Je ferai pas mieux : il restera abîmé à cette jambe ! —

Dit-elle sur un ton de désolation de fin du monde. Il répliqua illico :

— Au diable les varices ! —

Elle enfila sa robe du soir en satin pastel bleu isatis, celle que Marcel lui avait offerte pour leurs dix ans de mariage fêtés à Venise. Le fourreau la sculptant merveilleusement flattait tous les méandres de son corps.

— Ah ! Pour sûr mon amie ! Si ma peur du dentiste, en ce veule retranchement ne me contenait, pour ne point être formaliste, pour sûr ma Mie, je vous croquerais ! —

Déclama-t-il sur le ton du Sociétaire de la Comédie donnant sa réplique à Ophélie... Il attisait la flamme tandis qu'elle chaussait ses escarpins de feu. Elle ne rit pas. Mais, elle sauta à son cou et lui mordit les lèvres, doucement, en bafouillant, tendrement :

— Les pfdenpfistes zve m'en broffe ! —

... Il lui offrit l'appui de son bras, solennellement. Il chercha l'appui de sa béquille, maladroitement. Et ainsi, cahin-caha, ils sautillèrent, cabotins cahotants, vers l'ascenseur... C'était le grand soir qui s'annonçait très gai…

* * * * *

Vingt cinq septembre 1974...

Ils s’épousèrent au cœur de la révolution sexuelle pour fuir autant la libéralisation des mœurs que l'archaïsme des traditions familiales...

Et ils survivront à tous les effondrements qui surgiront autour d'eux.

A celui des crises des couples gravitant dans leur environnement comme à celui des crises d'angoisses populaires. Qu'elles aient été engendrées par la faillite économique, par la ruine sociale, par la déliquescence industrielle ou par d'autres syndromes comme le SIDA, elles leur semblent étrangères.

Lorsqu'on les connaît un peu, on s'étonne toujours en constatant que toutes ces péripéties d'Histoire ne les laissent pourtant pas indifférents. Cependant, on croirait qu'elles sont passées autour d'eux, sans même glisser sur eux

Vingt cinq septembre 1974

Elle a dix sept ans et neuf mois. Lui, aura vingt ans dans trois mois.

— Des enfants qui se marient, c'est possible encore aujourd'hui ? —

S'étonnait la petite foule réunie devant la mairie de la Gaude.

C'est possible : eux l'avaient fermement décidé depuis longtemps ; depuis qu’ils se fréquentaient, c'est-à-dire, depuis l'école primaire...

Alors, quand cet ouvrier agricole les croisa, enlacés dans les genêts du rocher coiffant la colline qui surplombe le village, au loin, et qu'il les charria, ils répliquèrent sans rire :

— Nous sommes « fiancé ». Voici deux ans déjà. —

— Qué lù say ? Fianzati ? I dé qual bendiziona : à l'insú de tutti ! —

Se moqua-t-il d’un accent tendancieux (du col de Tende).

Notre amour est peut-être secret mais il est vrai. — Se défendirent-ils. Et, la nouvelle réjouissant pas mal de monde, courut dans tout le village comme la traînée de foudre embrase le ciel.

Plus d'escapades dans les collines, les champs, ni de baignade à la plage d'Antibes ...

Gronda le père de Déborah.

Un LLANES ne fréquente pas la fille d'un négociant Juif !

Hurla le père de Marcel...

Maintenant, tout le monde avait été «au parfum» ! Comme on dit Ici.

Mais ce ne fut Rien ! Déborah et Marcel étaient déjà du genre à riposter à une escarmouche aussi banale : « C’est plus le moyen âge bordel ! ».

Ils demandèrent l'arbitrage du maire contre l'avis de leurs familles et leur haine par intérêts coutumiers.

Je ne peux pas faire grand chose pour vous. A part que j’ai le pouvoir de vous marier… Si vous me le réclamez officiellement. —

Pas « grand-chose » !

Choisir entre « rien » et « pas grand-chose » ?

Rien de plus facile ! N'est-il pas ?

... Vingt cinq septembre 1974...

Quinze heures trente.

Dans sa robe de mousseline blanche, une couronne de perles et de fleurs tressées dans ses longs cheveux noirs, Déborah ressemblait à une déesse grecque.

Dans son habit d'apparat anthracite, Marcel se dandinait comme un pingouin cherchant où se glisser.

Mais les familles n’étaient pas là pour se moquer d’eux, sauf la grand-mère maternelle de Marcel. Mamie Maria.

Elle ne se moqua pas, elle. Elle, ravie de la bonne blague par laquelle les enfants bernaient la raison des « gens mûrs », elle se plût à jouer le rôle de la bonne fée en accomplissant des bienfaits auxquels on est incapables de rêver : La robe, le smoking, les alliances... Et le repas de noce pour les autres enfants (une quinzaine de copains copines, acteurs engagés de la farce)… Et aussi le petit appartement de Nice… Et surtout, la petite rente... Et encore le voyage de noce. Mais ce sera pour Noël prochain dans la maison de Patrimonio : Mamie GRAZIANI a quelques biens... Et surtout de bonnes vignes !

Vingt cinq septembre 1974...

Quinze heures trente cinq. Ils se sont dit : "OUI ".

Ils sortirent de la mairie. Ils quittèrent la Gaude pour toujours.

Sur les hauts de Cagnes, chez un copain dont le père avait prêté une remise, ils s’étaient réunis pour « nocer » jusqu'au bout de la nuit ...

C'est à ce jour qu'ils repensaient aujourd'hui.

* * * * *

A suivre
Pateric©

Par Pateric - Publié dans : Nouvelles - Communauté : Des Fantasmes par la Langue
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Dimanche 22 février 7 22 /02 /Fév 10:25

Qui passez ici par hasard...
Ne passez pas sans nous voir.

Vous qui passez par ce "hasard" qui n'existe pas, peut-être cherchiez-vous autre chose que ce que nous offrons...
Ou peut-être pas.

Tout hasard n'étant,pas toujours ce que l'on croit, tout comme son côté fortuit est ce que l'on en dit
tout ce qui est publié ici, l'est pour vous : librement offert et sans aucun mercantilisme.

Sans a-priori, nous n'avons aucune ambition : ni littéraire, ni de paraître (dans aucune des formes interprétables)
Il y a juste, que nous aimons les langues : les mots, leurs sens comme leurs sensualités.
Nous aimons aussi, autant les jeux de mots que les jeux de langues...
Et par dessus tout, nous aimons la sensualité qu'éveillent puis qu'excitent les mots par les langues...
Pour nous, le plaisir des mots c'est l'éveil des sens.
Les sens en éveil sont les excitants du désir
Et les langues les initiateurs du plaisirs...

 Et jusqu'à l'infini, nous pourrions faire glisser les mots sur les langues à soigner les maux du désir :
les mots initiateurs des fantasmes de plaisirs ; initiateurs d'images prégnantes des sources des plaisirs.

Si donc, vous aimez ces jeux-ci ; s'ils excitent votre "imaginaire" tout comme ils contribuent à perpétuer les désirs de notre couple au-delà de notre libido ; au-delà même de la chair et de ses jouissances,

Eh bien, nous en serions aussi heureux que flattés

Et puis, si vous souhaitez vous immiscer dans nos jeux, de la manière qui vous conviendra le mieux :
par des commentaires,
par l'écriture d'épisodes s'intercalant  ou s'inscrivant dans nos textes
par des photos ou des dessins les illustrant....

Bienvenue chez vous !

Nous nous ferons une joie de les inclure ici...

Et si vous voulez bien le remarquer, les fantasmes exprimés dans les textes que nous vous offrons ici ne se limitent pas aux aspects sexuels ; juste pour le "jeu du sexe" : ils les incluent dans les affres, les dérives, les "lieux communs" de la Société humaine... Car somme toute, le sexe et ses fantames, le sexe et ses plaisirs... Bref, le sexe et sa vie, ne peuvent s'exprimer que dans les méandres de notre société, avec tout ce qu'elle possède ; tout ce qu'elle cache plus que tout ce qu'elle revendique "montrer", et surtout tout ce qui lui manque et qu'hélas elle s'interdit.


Ce n'est qu'un jeu, a-priori, mais ce n'est pas un banal "écran"...
Et ce peut-être bien plus qu'une banale virtualité :
il ne tient qu'à vous !

Par Pateric - Publié dans : Tout et rien - Communauté : Des Fantasmes par la Langue
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Dimanche 22 février 7 22 /02 /Fév 10:12
 

Déterminant ?

— J'ai omis l'essentiel : Madame Maurel est noire. Et si cela n'enlève rien à sa beauté, c'est pourtant aussi son malheur… Tu vas comprendre. – Dit-il à sa femme, cette fois là...

Mais, il peinait à expliquer. Alors, ne voulant pas trop se troubler, choisissant de faire élémentaire, il poursuivit par le biais cette excuse : Ma description pourra paraître... zoologique, mais tu sais, toi mon amour, qu'elle n'est ni raciste, ni ironique. Madame Maurel est née à Assab, près du détroit de Bab el Marem qui ferme l'entrée de la mer rouge au golfe d'Aden. Le teint noir cuivré de sa peau, son nez étrusque, ses cheveux bouclés, naturellement assez longs, ses grands yeux noirs, ses lèvres charnues (telles qu'en rêvent nombre d'occidentales blafardes), son corps fin et souple et ses longues jambes élancées, sont les traits assez représentatifs de l’ethnie Nubienne à laquelle elle appartient... —

Oui, je vois : Naomi ! — Dit sa femme en souriant.

Aah ? — Bafouilla-t-il, comme intrigué qu'elle connaisse Naomie.

Qui ne connaît pas Naomi. — Ajouta-t-elle un brin espiègle.

Puis, voyant son émoi, elle éclata d’un rire narquois qui le bouscula. Pourtant (grâce à cette attitude), il finit par réaliser que la Naomi à laquelle faisait allusion sa femme n'était autre qu'un mannequin célèbre et non pas Naomie Maurel. Et même si ses clichés étalés à la Une des magazines people attisèrent la concupiscence de millions d'humains, ils le laissent indifférents alors que le regard de Naomie le bouleverse.

Cette comparaison fortuite me paraît assez cohérente. Et tout compte fait, j'aimerai assez que tous veuillent bien la partager, car au moins, elle éveillera plus de jalousie que de pitié... —

Souligna-t-il en guise de défense contre l’espièglerie de sa femme, avant de parfaire ses explications susceptibles de couronner son alibi : Madame Maurel est princesse : héritière de Sague portée au pouvoir à la tête de l'Ethiopie en 924 par les juifs. Jusqu'aux invasions mahométanes ils exercèrent une influence prépondérante autour de la mer rouge ; de l'Arabie à l'Afrique. Mais si tout le Monde sait ne pouvoir comparer une princesse Africaine avec les filles à Rainier, il ignore sûrement ce qu'elles subissent ; il ignore ces féodalités qui les oppriment, qui les mutilent, qui les asservissent. Bref, tout ce qui les avilit. La majorité de tout le Monde aura pu entendre parler de ça, comme moi, par media interposés. Parfois on aura pu voir une indignation s'élever par-ci ou par-là, mais concrètement, aucun ne mettra jamais le doigt sur aucune blessure, sur aucun outrage, sur aucune sauvagerie. Et de fait, il ne se sentira nullement concerné... -

Il s’interrompit net car une envie de vomir montait à l'assaut de sa gorge. Heureusement, le regard appuyé de sa femme ; un regard brûlant comme l'or éprouvé reflète le soleil couchant sur l'horizon accidenté des dunes d'un désert ; heureusement que son regard lui interdit tout… Alors, il s'envola vers son firmament en faux-fuyant par ces mots : Remarques, j'ai certainement tort. —

... Rideaux !

* * * * *

C'était, cette ultime fois.

Dans la pénombre du couloir les yeux noirs de Naomie le brûlaient :

Je vous demande pardon pour l'autre soir. —

Je vous en prie : il n'y a pas de quoi. — C’est lui qui s’excusait !

Si si je vois : vous le portez encore comme un poids. —

Non non je vous dis, non : ce n'était que par politesse ... —

Ce n'est pas ce que je vois. — Le coupa-t-elle, s'avançant vers lui avec souplesse, serpent noir au visage d'ange : sourire brillant sur ses lèvres pourpres animées de rondeurs envoûtantes comme un écrin sacré offrant en tentations des colifichets sculptés dans de l'ivoire prohibée... Elle avançait, il reculait. Et son bureau qu’il voulait fuir fut son dernier retranchement ; une citadelle sans rempart, une bastille écroulée, un bastion éventré ; une défense inefficace et involontaire. Et elle le conçut sûrement ainsi puisqu'elle ferma la porte sur elle en tournant la clef...

Et l'ange l'hypnotisait, et le serpent glissait vers lui en sifflant : — Si si c'est ainsi. Aussi c'est sans soucis qu'assise ici ce sera sans soie sur mon sexe que tu sauras ce qui me fait souffrir.

... Et il se retrouva prisonnier, les fesses posées sur son bureau. Bras tendus derrière son dos, mains crispées sur le plateau à boulot, il se raidit. Et il concentra toute sa volonté à vouloir fuir. Mais toute l'énergie que cette volonté parvint à rassembler fut infime ; elle était si infime qu’elle avait fui, au point qu’il ne sentit que ses ongles qui griffaient le bois... Et il se vit dans une posture ridicule qui pour beaucoup eut été sans ambiguïté. Et son cœur battait d'effroi... Ou comme un bourdon de beffroi… Et Naomie monta sur le fauteuil. Elle ouvrit ses jambes... Puis elle ordonna :

— Regarde ! —

Mais comme il fermait les yeux, elle le bouscula :

— N'aie pas peur ! —

... Ses bras fléchirent. Son dos s'abattit sur le plateau... Elle bloqua ses épaules de ses genoux et d'une voix affirmée et puissante elle répéta : — Regarde ! Je te dis regarde ! Regarde bien ! —

Elle ordonnait mais il refusait d'obéir. Tantôt il croyait flotter sur une ouate céleste, tantôt, il croyait graviter dans le néant. Ou bien il entamait une descente vertigineuse en tournoyant, tantôt à droite ou à gauche, tantôt roulant en avant ou en arrière comme dans les figures de style d'un vol en chute libre. Et il voyait le sol foncer vers lui et disparaître. Un coup, Deux coups. Et son cœur ne battait plus : le bourdon cognait dans son crâne comme dans une ivresse éthylique. Au fond de lui-même, il parvint à rouvrir les yeux et il vit : Je vis des chairs rose pâle ; je vis des lambeaux de chair qui s’étiraient et se séparaient lentement laissant à découvrir un antre sombre. C'est ce que je vis : les chairs de la vulve à Naomie livrant son vagin béant. Comme dans une vision imaginaire. Je n'en ai pas vu beaucoup, trois ou quatre, pas plus, dans toute ma vie, mais jamais je n'ai vu ça... —

ça, comme une longue entaille faite par un vieux couteau émoussé ; ça qui ne ressemble qu'à une vilaine plaie qui ne pourra jamais cicatriser. Alors, il chercha ses lèvres qu’il se figurait aussi pulpeuses et charnelles que celles de sa bouche. Et il chercha le bouton à déboutonner les plaisirs (ce petit bouton qui le rend fou, et qu'il adore flatter de sa langue, emprisonner entre ses lèvres et qu’il s'évertue à faire durcir et enfler à faire exploser sa femme dans un râle sauvage qui fait courir sur son corps un frisson suave) ; ce petit bouton qu'on appelle clitoris, il ne le trouva pas, non plus. Réalisant soudain que... Il cria : Mon dieu ! T'es toute mutilée ! —

— Tu comprends maintenant ? —

Il posa ses mains sur ses hanches, il plaqua sa blessure sur sa bouche et il la caressa. Il sentit sur sa langue les traits secs des vestiges des lèvres. Et à l'endroit précis où aurait dû naître le plaisir, il ne sentit qu'un point dur et froid… Et il sentit la tristesse l'envahir. Alors, il voulut la dominer...

— Mes mains sur ses fesses. Je pressai son sexe sur ma bouche, j'activai ma langue et plongeai dans une folie à croire qu'elle jouira au delà de ses meurtrissures... Naomie prit ma tête entre ses mains. Elle l'attira fort contre son sexe... Et un filet de cyprine coula dans ma gorge, l'instant suivant l'entame de sa danse du ventre, ponctué d'un chant grave qui me fit pleurer... —

Il avait voulu la dominer, sa tristesse : il n'y gagna que colère

* * * * *

C'était maintenant...

Elle caressait ses joues. Elle léchait ses yeux mouillés...

Elle mordit ses lèvres : elle ne voulait plus qu’il parle...

— Tu veux donner à cette histoire un épilogue convenable ? Permets-moi de m'en occuper de Julien. Fais-moi confiance ! Je le guérirai et lui ferai passer jusqu'à l'idée de l'infidélité. —

— Sûrement ! Tu serais bien capable de lui couper la queue. —

D'un seul coup de dents, je te le jure. Seulement ce ne serait qu'une vengeance, pas une guérison. Il dit aimer sa femme ? Il dit l’aimer plus que tout ? Voyons ! Si c'était vrai, il partagerait ses blessures : il les partagerait autrement qu'avec des minauderies d'enfant gâté. —


...

Il est assis jambes écartées.

Elle debout, collée contre lui, elle l'a vu venir.

Lui aussi, de son con né, ne pourra jamais se défiler vers un autre con à enfiler.

Elle aussi, sans rouler des fesses, elle sait trop se jouer de lui de ses mains lestes, branler son émoi qui ne ment pas…

Elle surtout, elle sait exciter ses mains grimpant à petit pas sur sa chair ferme brûlant ses doigts...

Bouche pleine, il soigne les maux de sa langue mutine sans autre mot…

Elle danse de ses caresses…

Elle danse de sa langue ouvrant la voie de l'antre…

Elle danse sur le doigt fouineur qui s'immisce vers le cocon humide, là…

Elle, et lui, ils adorent ça.

Un cadeau ! Un cadeau, c’est comme une oeuvre d'art : on le place dans la lumière, on en prend soin, on le dorlote... Surtout, on ne s'en lasse pas. Ni maintenant, ni jamais ! Alors, à ce conte là, pour être aussi concis que je suis circoncis, comment pourrais-je fuir ce joli cocon ci.

Et il ne plaisante toujours pas : lui, il est heureux !



* * * * * 

Pateric ©

Par Pateric - Publié dans : Contes - Communauté : Des Fantasmes par la Langue
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  • : 28/01/2009

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