Samedi 7 février 6 07 /02 /Fév 11:04
 
  • Aux hasards des croisements …

Un matin tôt, Claude assise à une table de lecture de la vaste bibliothèque du Palais étudiait un document constitutionnel... Comme chaque jour, venant y récupérer les «synthèses de la presse » montées par les attachés-de-presse à l'usage des attachés-parlementaires pour aider ces derniers à rédiger leur propre « revue-de-presse » à l'attention de leur parlementaire, afin de permettre à ceux-ci d'élaborer leur « abus de presse » relatif à un « sujet de presse brûlant » ( je sais cette paraphrase est un « rien »... perfide. ), Josy reconnaissant de loin le dos de Claude se détourna de son « ravitaillement de presse », pour aller à pas feutrés, la saluer d'un baiser chafouin au bord des lèvres ; d'un baiser inopiné et mutin...

Faut-il que j'explique ?

Il va l'exiger, j'en suis sûre ; il va exiger de savoir, pourquoi ou comment, l'ingénue Josy pouvait dispenser un baiser aussi familier à l'égard d'une collègue du double de son âge. C'est que, tout attaché qu'il est à relier l'histoire d'Alfred, il ne voit pas, lui, que dans son dos, il existe aussi d'autres vies, d'autres protagonistes, d'autres intrigues, d'autres relations, d'autres inter-pénétrations...

C'est ainsi qu'il aura oublié l'épisode « Thé » ; qu'il aura oublié qu'après avoir affirmé à Marinette :

Tu es jeune Marinette, tu es bien jeune !

En se contentant de sourire, Claude avait salué et quitté la table suivie de très près par Josy et Félicie. Il aura simplement pensé, que c'était une banale mise en scène figurative ; il n'aura pas imaginé que des affinités, sinon des intimités seraient possibles.

Or...

Nous autres libertines ne résistons jamais aux liaisons d'affinités intimes : elles sont le sel de nos fantasmes, de nos désirs, et davantage le piment de nos plaisirs. Et que l'ont soit hétéro-maniaque ou sapho-démoniaque, ou à la fois suceuse de dragées et de sucre-d'orges, n'y change rien. De même, que l'on soit libertine ou pas, pour nous autres femmes, c'est toujours la tendresse qui prévaut. Et le plus souvent d'elle naît le désir. Et de lui jaillit le plaisir. C'est ainsi que les femmes, sensitives et intuitives par essence, donnant au hasard une forme figurative, lui accordent un sens initiatique ; c'est ainsi que les femmes liant souvent hasard et destiné, les accouplant naturellement ensemble : un hasard et une destiné qu'elles ne pratiquent jamais par hasard, trouvent dans l'accomplissement de leurs passions, autant fortuites que construites, les raisons de leur destiné.

Donc, c'est ainsi que l'apprentie Josy frappée par l'affirmation d'expérience de Claude, emprunta ses pas, décidée à lui mendier quelques conseils utiles. Tout comme Félicie l'ayant compris ainsi emboîta leurs pas afin de saisir l'opportunité qui se présenterait... Halte ! Faudrait pas que je dérive « hors sujet ». Et puis... Tant pis : tiens ! Le voici l'alibi m'interrompant là : je dois raconter l'histoire à Minette menant Alfred par le bout de la queue.

Il ne pourra donc pas me reprocher de garder pour mes abus personnels des frasques se jouant en marges de notre Indécise et des ses amants décisifs. Et peut-être aussi que (tout conte fait) cette démarche-ci, créant des liaisons intimes entre amies de Marinette, aura pour mérite de l'isoler un peu de leurs influences pour mieux libérer ses débauches avec les hommes ses amants...

Cependant, histoire de faire saliver un peu mon co-adjuteur, je ne peux retenir mon plaisir de lui dévoiler que Claude, expliqua à Josy, de la voix et des mains, de la langue et des doigts, comment Marinette se perdant en conjectures de désirs, se perdait aussi en conjonctures de jouissances. Car ce qu'ignorera toujours Marinette est que Claude a un amant de coeur qui est à la fois l'ami de cul de son mari et l'époux de Félicie qui est leur maîtresse. Et que, Claude présentant ce joli amalgame à Josy, celle-ci se plut à devenir leur amante conjointe. Je dis bien l'amante : leur maîtresse à tous restant Félicie.

Ah, s'il n'y avait eu le carcan de son sujet pour bonder mon imagination, je suis sûre que j'en aurais bandé d'avance, de ce qui se tramera dans ce « joli enchevêtrement que voilà ». Parviendrai-je à retenir mes doigts sur les boutons du clavier ; d'abord faire courir mes doigts sur le clavier, et après... Qui sait ? Je ne m'exclamerai pas comme certaines : — Dieu seul le sait ! — Parce que la seule chose que je sais de Dieu ; la seule chose que je sais pour l'avoir expérimentée très souvent, c'est que Dieu hésite tout le temps ; il hésite même depuis toute éternité ; il hésite entre le paradis et le néant ; il hésite entre l'enfer et le chaos... Puis Dieu hésite encore : — Vais-je encore engrosser Gaïa la Terre, ou vais-je me taper une vierge ? — Mais... Indécis, il se tape les deux... Et de l'une naissent les Titans, les abîmes et les vents, la pluie et les volcans... Et de l'autre... Un crucifix ! Et le plus étonnant reste que tout se massacre ne lui a pas suffit à Dieu. Non ! Puisqu'il y a toujours plus de connards sur terre qui se disent « fils de Dieu » : Fils de Dieu pour mieux asservir l'Homme... et avilir la Femme ! Alors Dieu ! Dis donc, le vrai indécis, n'est-ce pas toi ? Allez Dieu ! Vas mendier ailleurs : tu n'auras pas plus mon bon coeur que mon petit cul. Oui mon amour ; mon diable d'amour dieu des culs ! Tu le vois bien toi que je ne suis jamais « hors sujet » !

...

Plus tard dans la journée, Marinette arpentait la grande galerie du palais (aujourd'hui désignée « annexe de la Bibliothèque ») comme quelqu'un qui fait les cent pas dans les pas perdus d'un hall de gare, ou comme une éperdue à la recherche d'un amant perdu, ou comme une ingénue en quête de sa vertu égarée... Mais l'on voyait bien que Marinette n'était là, ni par hasard, ni en quête d'inspiration mais plutôt d'aspirations. Qui donc attendait-elle ? Et attendait-elle vraiment quelqu'un en particulier ? Et cette attente était-elle si importante ? Non ! Marinette espérait simplement croiser là une oreille connue qui aurait la charité de l'écouter raconter ses mignardises avec Alfred ; d'aucun la connaissant parlera de minauderies et simagrées. Moi, je dis plutôt : singeries et chichis. Oui ! En cet instant, Marinette est loin de l'état libertin que nous connaissons ; Marinette, loin des libertés à jouir des autres pour elle-même, loin de jouer d'elle pour le plaisir des autres ; loin de tous les états libertins courants des libertins de conscience aux libertins de moeurs ; Marinette loin, perdue dans ses pensées aux complexions et contextures combinatoires ; ses pensées telles qu'héritées de son « école de la pragmatique libérale propre au macrocosme politico-économique d'aujourd'hui » ; Marinette déambulant cherchait la méthode ad-hoc susceptible de donner à son récit l'amorçage dynamique propre à produire de l'intérêt chez ses auditrices : au moins de l'intérêt, ou de la convoitise, sinon de la concupiscence... Marinette en était là, de sa perdition, quand une main se posant soudainement sur son épaule la fit sursauter.

Votre sujet doit-être d'importance, chère Marinette : à voir votre concentration ... —

Affirma d'un ton mi-badin, mi-solennel la main posée sur l'épaule. Surprise, Marinette lui reprocha :

Vous pourriez user d'autres manières pour aborder les gens, mon cher Albert ... —

— Suis désolé : je n'avais nulle intention de vous effrayer. Veuillez m'excuser je vous prie. —

Je vous... — S'interrompit-elle en se jetant dans ses bras et en l'embrassant au bord des lèvres ;

un baiser qui se voulait aussi ostensible que chaleureux... Car, comme par hasard, la grande bringue de Félicie entrant dans la galerie et se dirigeant vers eux, sûrement pour pénétrer dans la bibliothèque, ne manquant pas de remarquer cette scène torride, se ferait un plaisir, sinon un devoir, d'aller, dès que possible, se précipiter dans les bureaux de ses autres collègues la leur rapporter. Un frisson parcourut Marinette entière ; un frisson qu'Alfred ressentit si bien que, ses bras enserrant la taille de Marinette il répondit fougueusement au baiser. Marinette en était sûre : — Elle vont pas me lâcher ! — ; Marinette jubilait : — Je vais les faire baver ! — Toutefois, dès qu'elle vit Félicie sortie de la galerie, Marinette de ses deux mains sur les épaules d'Alfred le repoussa assez sèchement en disant sur un ton quasi offusqué : — Voyons Albert voyons je vous en prie ! —

Ce qui, le surprit tant qu'en la relâchant aussi sec il lui répondit : — C'est vous qui voyez ! —

Et, sans rien ajouter, surtout sans rectifier son prénom, il tourna les talons laissant Marinette figée comme une statue au milieu de l'allée. Elle leva un bras, sautilla deux fois dans le dos d'Alfred comme pour le héler mais sa bouche resta muette. Et Alfred disparut.

Ah ! Mais quelle conne je fais, putain ! — S'insulta-t-elle en se précipitant sur les pas d'Alfred.

Cependant, parvenue au bout de la galerie, elle dut se rendre à l'évidence : « son Albert » s'était volatilisé au hasard de l'immensité du palais du Luxembourg. Marinette, désabusée et renfrognée, décida d'aller par défaut s'envoyer un thé à la civette du palais...
Allez, mon amour, dis-moi qui y était, là comme par hasard ?

Alfred ? Oui, Alfred assit seul au comptoir à déguster son coca habituel... Mais aussi les quatre amies qui papotaient attablées. Et alors ? Ohlala, la tête à Marinette... Tout un orchestre de gros KA l'envahit faisant rouler ses yeux exorbités d'Alfred à la table ronde où elle vit les quatre têtes se rapprocher comme pour un conciliabule secret. Marinette n'arrivant plus à réfléchir sentait ses jambes trembler autant que sa raison chanceler. Un instant elle crut même vaciller là connement à deux pas, dans le dos d'Alfred... Rassemblant l'once de force et de lucidité mêlées elle parvint à agripper la barre du comptoir de sa main gauche à deux doigts de la main d'Alfred. Celui-ci, d'abord surpris, levant les yeux, voyant la pâleur du visage à sa droite éteint, craignant de le voir choir à ses pieds, saisi de compassion, il enserra vivement ses bras autour de la taille de Marinette qui s'y abandonna sans retenue ni aucune autre réaction.

Ça Va ? — S'inquiéta sobrement Alfred

— Oui ! Ça va mieux ! — Rassura Marinette. Ajoutant aussitôt : Je vous demande pardon ! —

Sans qu'il lui en coûtât. Et cette absence de regret de s'être ainsi offerte en pâture à Alfred comme à la raillerie des ses amies la remit immédiatement d'aplomb.

Je vous demande pardon ? — S'étonna Alfred

Pour tout à l'heure, dans la galerie, mon attirance soudaine pour vous m'a paniquée

Je l'ai parfaitement compris ! — Mentit par facilité Alfred : il ne pouvait sensément pas avouer qu'il n'avait rien compris de l'attitude de Marinette. Et pour cause, n'est-ce pas ?

Voyez-vous, là-bas, si l'on nous avait vu, ça aurait pu choquer certaines personnes qui... —

— Qui pourraient jaser... — L'interrompit-il. Complétant aussitôt en désignant du nez la table ronde : Surtout la grande bringue là bas : elle a la langue bien pendue !

Je sais, je sais... ! — Admit-elle

Remarquez, moi, je m'en fous : on pourrait me médire tout son saoul que ça n'aurait pas plus d'incidence sur ma professionnelle que sur vie privée. — Se découvrit-il sans pudeur ni vergogne :  Mais, peut-être... Que pour vous... — Chercha-t-il à discerner.

Vous savez, en dehors du Palais... Je me moque bien de ce qu'on peut dire à mon sujet : je suis une femme libre ! — Finauda-t-elle...

Marinette bras ballants était restée enlacée par Alfred, yeux dans les yeux. Réalisant soudain tout le parti de la preuve qu'elle avait à gagner sans même avoir plus besoin de rien raconter à ses collègues attablées, de ses bras elle enserra le cou d'Alfred et lui roula une pelle à laquelle il répondit sans coup férir. On entendit quelques gloussements et piaillements monter de la table ronde qui ne semblaient pas parvenir aux oreilles du couple tout accaparé à échanger leur salive en d'autre activité interdisant de parler. Bref !

Les filles se levèrent, passèrent à la caisse et quittèrent la buvette en jacassant à qui mieux-mieux.

Ah, Ah ! Ne t'y trompes pas mon cochon d'amour : je n'ai pas retourné mon zizi version machiste. Cette perception de l'image, c'est les « fricadoux » qui l'on perçue : pas moi. Car, en fait, les quatre complices n'avaient pas d'autre intérêt que de mettre au point le scénario de leurs prochaines folies culières.

Humm ! Délicieux... Il me pardonnera ! — Dit Marinette en reprenant son souffle

Qui ça ? — Demanda niaisement Alfred.

Jean-Joseph, mon ami — Sourit gaiement Marinette, toute fière de son effet produit sur Alfred.

Ah, vous avez un ami ? — Se démonta-t-il

Oui, un ami... Mais je suis une femme libre : totalement libre. Et je n'ai pas pour habitude de me reprocher mes élans de désirs, vous savez ! — Précisa-t-elle Joyeuse et véhémente.

Je vous crois volontiers et ça ne me gêne pas... — Sourit-il. Et elle aussi. Il embrassa son sourire... Et les voilà qu'ils repartaient à bisser leur langage baveux ?

Voyez-vous, je n'suis pas jaloux : pas du tout — Parodia-t-il sans fausse note dès qu'il eurent besoin, l'un et l'autre, de reprendre une bouffée du carbone ambiant...

Vous boirez bien quelque chose pour respirer un peu ? — Plaisanta-t-il.

Oh voui ! Je prendrais bien une petite coupe, tiens ! Pas toi ? —

Si, si ! Il faut bien ça pour désaltérer une si désirable passionaria !

Après cinq ou six coupes ; après que les bulles aient commencé à produire quelques effets pétillants libérant quelques doigts de gaité, Albert guilleret demanda à Marinette :

T'es libre ce soir, on dîne ?

Volontiers, très volontiers. Attends ! — Accepta-t-elle en sortant de son sac à main (non sans peine), son téléphone portable [Si je ne n'avais pas noté cette parenthèse ici tu te serais moqué de moi, n'est-ce pas mon amour vache], elle lança ce message clair : Oui ! C'est moi ! M'attends pas ce soir : je rentre tard. Bonne soirée mon amour, je t'expliquerai. Puis, jetant son portable au fond du puits à main, se tournant vers Alfred, lui enserrant de nouveau le cou de ses mains libres pour un nouveau cycle à mains, elle lui chuchota lèvres à lèvres : Voilà, mon amour : ce soir, je suis toute à toi.

       — ....
Que nenni mon tendre amour ! Je ne te ferai pas bander à te raconter leur folle soirée... D'autant qu'il ne s'y passa rien de torride ; rien de suffisant pour faire bander le moins satyre des hommes ; rien d'autres que quelques flirts entre deux bouchées. Eh oui, « ma chose », c'est bien toi qui m'a refilé ce foutu cahier des charges à respecter, non ? Alors, tu sais très bien qu'entre ton Alfred et ma Marinette, rien ne s'est réellement concrétisé avant ce premier soir de cinéma où, selon ce qu'Alfred raconta à son ami Fred, le film déprima tant Marinette qu'elle n'eut de soulagement qu'après avoir baisé avec Alfred, oui ?

Eh bien Voilà ! Ce soir, Marinette se plût à se raconter à Alfred ; elle se plût à raconter quelques aventures ; elle se plût à justifier son statut libertin : elle se plût à s'affirmer « incapable de refuser d'assouvir ses désirs » ; « avide de libérer ses plaisirs », avouant toutefois que jusqu'à présent elle n'avait pas encore eu le courage de conserver longtemps deux amants conjoints, ajoutant aussitôt :

C'est drôle, jusqu'à aujourd'hui, je ne sais pas dire pourquoi, c'est toujours mon dernier coup de foudre qui « gagne » ma préférence.

       — Rassures-toi ! Je ne suis pas du tout jaloux... Et puis, j'adore les femmes libres. Et davantage celles qui assument leur liberté ; celles qui avouent refuser de brimer leurs désirs et leurs plaisirs. — Crut utile de préciser Alfred ; Alfred qui croyait que cette précision de non jalousie ne pouvait être qu'un gage supplémentaire pour réussir la liaison qu'il espérait avec Marinette. Car, comme nous le savons tous, mais comme elle l'ignore (elle), aux propos tenus plus avant dans la soirée par Alfred, Marinette aura clairement compris qu'il est « libre comme le vent » ; qu'il n'est présentement tenu par aucun engagement sentimental. Encore moins lié maritalement. Somme toute (surtout côté addition, faute d'être encore parvenu à une quelconque addiction), ils passèrent une soirée fort agréable, à se raconter l'un à l'autre, à se confier leurs « plaisirs respectifs » et même à s'avouer quelques-un de leurs fantasmes (faute de vécus assez croustillants). Ainsi, lorsqu'ils se quittèrent, ils se promirent, l'un pour l'autre et inversement, de se procurer des « bons temps partagés, brûlants et raides. » que, peut-être vous narrerais-je lors d'un prochain épisode... Car je vous connais bien, vous tous : il n'y a que ce qui émoustille qui est capable de satisfaire votre sauvage lubricité de libertins amoraux. Remarquez, j'avoue : MOI AUSSI !

Je sais mon amour ! Et c'est volontaire ! Le quatrième épisode sera « de temps féminin » que tu le veuilles ou pas. Comment ? Tu me fais rire, tiens, avec ton empressement « masculin ». Pourtant, à ton âge, tu n'ignores pas que nous autres femmes jouissons plus à atteindre notre plaisir jusqu'à l'extrême supplice du temps retenu où explose notre orgasme, non ? Et toi, tu es déjà là, à vouloir éjaculer, selon votre maladive précocité masculine ; déjà là à vouloir éjaculer ton épilogue vengeur ! Voyons ! Retiens-toi un peu, tout de même ! Non ? Tant pis : branle-toi en attendant. Tiens ! Je te regarde même ; je te regarde avec grand plaisir et j'aspire même, à ce que ça m'inspire : Tu vois, combien je t'aime, mon amour !

* * * * *

Par Pateric - Publié dans : Contes - Communauté : Des Fantasmes par la Langue
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Samedi 7 février 6 07 /02 /Fév 11:00
 
  • Je me suis dit… —

Marinette et quatre collègues venaient de s'assembler autour d'une tasse de thé à la buvette de l'assemblée. Dès que la serveuse eut tourné les talons l'une d'elle demanda :

Alors ? Racontes ! T'en es où avec ton Alfred. —

A la fin de la matinée, après l'avoir épié trois heures, je me suis dit : « Marinette, celui-là, il sera parfait pour toi. Tu le frôles un peu, Tu lui fais ton plus beau sourire, au besoin tu fais tomber ton dossier et tu te précipites pour le ramasser, histoire qu'il est l'oeil sur ton pigeonnier et hop ! tu l'auras embobiné ». —

Ah bon ! Mais je croyais que tu l'avais déjà... —

Voyons Josy ! J'aime séduire et emballer, mais je vais quand même pas faire la folie de me jeter de suite sur lui sans avoir attiré un minimum son attention ! Ce serait du suicide ! —

C'est que... Mardi dernier, il m'avait semblé que... —

Un peu, peut-être... Nos regards se sont croisés, je lui ai souri, il a répondu à mon sourire... Mais vois-tu, son sourire n'était alors que pure politesse... —

Peut-être. Pourtant il m'avait semblé que tu avais pris la parole pour qu'il te regarde, non ? Elle était sans grande importance ta question, non ? —

En quelque sorte. Pour qu'il me regarde, oui, et qu'il est envie de me regarder encore. —

Comment ça ?T'as rien fait de spécial ! —

Ecoutes Josy ! T'as beaucoup de choses à apprendre sur les hommes... Et puis en fait, tu es trop timide : un peu coincée plutôt. Surtout, t'es fringuée comme une comptable du ministère des finances et tu ne sais rien faire de ce qui est bien pour qu'on te remarque. Je vais te prendre en main Josy. Tu verras qu'après, tu n'auras plus à me poser ce genre de question. D'abord, est-ce que tu baises ! —

C'est-à-dire que... Je connais personne ici : mon sénateur m'a déballée ici avec ses bagages, il m'a installée dans la chambre de bonne de son appart' et puis, c'est tout. —

Vraiment, c'est tout ?Jamais, il ne t'as fait d'autre proposition... —

Pourquoi ? Le tiens, oui... —

Non voyons : c'est un cathorigide. D'ailleurs, je crois qu'il ne vaudrait mieux pas qu'il apprenne que je suis libertine... —

Pourtant, ton sénateur, lui, il te laisse t'habiller sexy... Lui. —

Le tiens, non ? —

Non ! Il m'interdit même les pantalons moulants ou les jupes aux genoux —

Ecoutes ! J'ai expliqué à mon patron qu'il fallait vivre avec son temps. Et comme aujourd'hui, le temps est aux apparences ; aux apparences qui attirent les regards ; aux apparences qui rendent même les regards insistants, je lui ai montré que c'est parce qu'on me regarde qu'on m'écoute. —

Tu crois ? —

Absolument ! Et d'ailleurs... —

Oh les filles ! Vous parlerez boulot une autre fois. Revergeons sur l'Alfred — Interrompit Sophie.

Entre-nous, Sophie est le fruit d'un savant métissage. C'est une fille mince et assez grande. De dos, sa taille fine accentue le galbe de ses jolies fesses. De face, son ventre plat donne à ses seins une arrogance à faire chavirer. Tout comme sa voix chaude et grave, dont certains, usant d'un doux euphémisme, disent d'elle, qu'elle a : « un drôle de genre », parce qu'il n'osent pas dire : « c'est une trans ». Et que cette seule mais « abominable » idée les fait bander. Pourtant, je vous assure messieurs : Sophie est une vraie femme. Et, pour vous, mesdames, désolée, Sophie est une femme qui n'aime que la queue. Pour autant, Sophie ne joue jamais en concurrence avec Marinette. Et c'est mieux pour elle, car Marinette, malgré tous ses artifices, n'arrive pas à la malléole de Sophie, assistance d'un sénateur « rural mais noir » dont tout le monde sait qu'il est son amant. Et que, par conséquent, personne n'ose ici importuner. Ailleurs ? Elle calme vite ceux qui tentent de...

Je n'aime que de la bonne grosse queue de black ! — Mime-t-elle « la grosse »

...

Donc, Marinette toute heureuse de l'opportunité offerte de parler d'elle, reprit le cours de ses fantasmes :

Je me plantai près de la porte et ouvrai mon dossier. Jouant à celle qui voulait vérifier un détail, je le laissai tomber à ses pieds au moment précis où il arrivait devant moi. Et comme je l'avais imaginé plus tôt, je me précipitai pour ramasser aussi maladroitement que possible, les feuilles éparpillées, tendant les bras pour échancrer au mieux mon corsage. Puis levant les yeux vers lui, je jouai la grande scène du désarroi et de désolation du monde, vous savez... C'est bon ! On la connaît ! Et comme d'habitude, le charitable se sera accroupi face à toi. Et comme d'habitude, tu auras remonté ta jupe pour qu'il remarque ton entrechat. Comme d'habitude. C'est pas ça qui nous intéresse Marinette : ça y est, ta baisé avec lui ou pas encore ! — Ironisa Sophie : On a pas l'après-midi entier. Tiens, mon thé est déjà froid. — Ajouta-t-elle en reposant sa tasse.

Euh... Non, pas encore ! — Avoua-t-elle d'une petite voix — Mais c'est en bonne voie !

Alors à demain ! — Leva immédiatement Sophie. Et leur faisant un petit signe de la main elle s'éloigna lentement offrant à tous la vue de sa proue chaloupée.

Les quatre autres attachées restaient assises là, muettes et décontenancées, surtout Marinette qui, tout comme le hurdler fauché dans sa course par la troisième haie s'étale sur la piste voit son principal concurrent vaincre. Marinette considère Sophie : parfois comme exemple elle l'envie, parfois comme concurrente elle la jalouse. Parce que Marinette ne peut pas croire qu'une fille aussi belle qu'intelligente se contente d'un amant unique. Parce que Marinette croyant qu'être libertine c'est être volage, ne peut envisager d'autre relation qu'adultérine. Elle est de ces personnes qui se revendiquant « libres » se rendent esclaves de « lieux communs », sinon de « préjugés » ; de ces personnes qui trop souvent confondent les valeurs faute de vouloir les opposer aux valeurs « bien pensantes » de nos sociétés policées, par les valeurs judéo-chrétiennes notamment. Marinette est de ces « libertines » qui, revendiquant leur féminisme comme liberté absolue, rejettent le « plaisir » sous prétexte qu'il serait à partager avec les « bas instincts machistes ». Bref ! Faute d'avoir trop peu lu Simone de Beauvoir, Marinette n'aura retenu que : « la féministe disposant d'elle-même jouit des mêmes libertés à séduire et collectionner des amants que le machiste à dénombrer ses maîtresses » : pour elle, le libertinage ne peut être question de complicité, de partages. Encore moins d'amour. Ainsi elle ne peut comprendre Sophie ; Sophie, attachée du sénateur jusque dans leurs plaisirs partagés libertins en diable, assouvissant leurs désirs et fantasmes en couples, trios, quintettes, sextuor... Sinon orchestre de chambre. Au demeurant Sophie n'affiche rien de ces débordements « extra conventionnels ». Son sénateur encore moins. Et pourtant ! Leur entourage ne les en soupçonnant pas moins d'être (au moins) amants, ne se prive pas de « les montrer du doigts »... Mais c'est par jalousie principalement ; par cette jalousie qui tenaille tous les envieux qui n'ont pas les couilles d'assumer leurs désirs, de braver les « idées reçues »... De faire évoluer les Libertés. Mais « notre couple » attachée – sénateur, (Sophie - Jules-César M. (Tel est son prénom, au sénateur)) n'en a cure de tous ces tortillages de fions : il n'en a cure depuis qu'il a renoncé à se battre (quasi seul) à défendre les Libertés

...

Après que Sophie eut disparu au hasard d'une porte, Josy osa rompre le silence :

Dis-moi ! Qu'est-ce qu'il t'a dit !

Quoi ? — Se surprit Marinette.

Qu'est-ce qu'il t'a dit Alfred... Quand il t'a aidée à ramasser tes feuilles ? —

Des conneries, juste les conneries habituelles : « Permettez que je vous aide » —

Rien d'autre ? Mais comment peux-tu être certaine de l'avoir séduit alors ?

Ecoutes Josy ! Elle a raison Sylvie : vraiment, la seule chose qui compte est que je le mette dans mon lit ! —

Oui ! Mais... Dis-moi ! Et Jean-Joseph ?— Sembla s'inquiéter Josy.

Quoi, Jean-Joseph ? — S'irrita Marinette — Comme avec les autres : Jean-Joseph, je le jetterai aussi quand je serais sûre de bien tenir Alfred. Pourquoi m'embarrasser, eh ! —

Josy posant les coudes sur la table joignant ses mains devant sa bouche comme pour une prière, se tut...

Tu n'as jamais envisagé de garder deux amants en même temps.

Cette affirmation de Claude, quinquagénaire que l'on ne pouvait juger que «bien sous tous rapports » sembla surprendre Marinette : Claude ne l'avait jamais habituée à donner son avis sur pareil sujet.

Euh...  Non, jamais au-delà d'un mois. Juste histoire de les mettre un peu en concurrence, un peu sous pression. Et puis, comme le précédent n'insiste jamais pour rester... —

Alors tu ne sais peut-être pas de quoi tu te prives ! —

Visiblement, Marinette semblait médusée. C'est vrai qu'elle n'avait jamais envisagé de maintenir des relations conjointes avec deux amants... Bien moins encore de baiser avec ses deux amants ensembles. D'ailleurs, Marinette n'avait jamais pratiqué l'amour en trio, ni en couples. Même en clubs où elle allait s'afficher au bras de chaque nouvel amant, jamais elle ne s'était dévergondée dans les salons.

Comment sais-tu, toi, de quoi je me prives ! — Fanfaronna-t-elle à l'adresse de Claude

— J'affirme seulement, moi, que tant qu'on a pas tout goûté, on ne sait pas ce qu'on déteste : autrement dit, par défaut, l'être humain qui se revendique sans tabou est censé tout aimer. — Expliqua Claude.

Pourquoi ? Avec ton mari, et tes deux enfants... que tu dis adorer plus que tout, moi, je te vois pas avec deux amants : tu sais pas de quoi tu parles. —

Tu es jeune Marinette, tu es bien jeune ! — Se contenta de sourire Claude — Bon, allez va, j'y vais : à demain. —

Claude quitta la table, suivie de Josy. Et de Félicie aussi ; Félicie, grande brune émaciée au regard froid, ou vide, qu'un tailleur gris perle rendait encore plus sèche et sans âge. Cependant, Félicie était considérée par ses collègues, attachées et attachés, comme une « maîtresse femme »...

Marinette restait là, assise, ou plus sûrement « collée », tant elle avait du mal à avaler toutes les couleuvres que ses collègues lui avaient jeté dessus... Et alors qu'elle hésitait, à savoir si un second thé l'aiderait, Alfred s'approchant de sa table lui servit cette banalité coutumière :

Bonjour ! Vous êtes seule ? — Et prenant le dossier d'une chaise vide, il ajouta : — Vous permettez... que je vous offre un verre ? Et il s'assit sans attendre de réponse. Marinette manquant de désapprouver le sans-gêne d'Alfred, faillit le rembarrer. Mais se ressaisissant elle dit :

Je vous en prie, mon cher... Je reprendrais bien un thé... — Pensant que, tout compte fait, pour peu que la chance lui sourit, un peu... Elle trouverait vite l'opportunité de raconter à ces chattes pincées de quelle bite elle se chauffait.

Je vous fais livrer ça de suite ! — Sourit Alfred en levant la main en direction du bar. La serveuse dans sa livrée de soubrette de palais accourut sur la pointe des pieds, telle une gazelle.

Vous prendrez bien une petite coupe plutôt qu'un thé, non ? — Demanda Alfred.

Ah oui, tiens, une petite coupe : je ne dis pas non ! — Approuva Marinette sans dire « oui ».

Deux coupes, je vous prie ! — Confirma-t-il à la serveuse.

Quelle aura été la teneur de leurs discussions entre deux gorgées de bulles ?

Qu'importe n'est-ce pas ?

Je vous dirai simplement que deux autres coupes succédèrent aux premières. Puis, deux autres encore...

Et, qu'enfin, ensemble, ils décidèrent de dîner, là, sous les auspices de la République, sous les fresques, rosaces et lambris du restaurant parlementaire du palais du Luxembourg.

Tout ça est bien, en fait, car de cette faim en cette fin, nous trouverons certainement des enchaînements croustillants.

* * * * *




En mars, on a commencé… —

Reprit Alfred dès que le serveur eut déposé le verre et tourné les talons.

–  A coucher ? — Ré – introduisit Fred sans délai.
Non. — Modéra Alfred — On déjeunait... Elle posa sa main sur la mienne. Surpris, je frémis. Elle sourit. Au café elle dit : « Il fait beau, j'irais bien promener ! ». Je avec lesquels ça ne marcha pas. — Allégua-t-il avant d’ajouter, un rien badin :  Elle dis « oui ». Nous marchâmes un peu. Sur un banc dissimulé elle s'assit en disant : « On s'assied ? ». Et… —
— Vous avez flirté… —
Planta Fred.

— Elle parla de son mec. — Se déroba Alfred — Et puis, elle parla des sept ou huit, avant lui, Elle en avait dit qu'ils étaient égoïstes, ou toujours pressés ... ou pas assez tendre ou pas assez sensuels... De l'un deux elle précisa même qu'Il avait un très gros sexe mais qu'il n'était jamais vraiment dur. Et que ça lui faisait un drôle d'effet, comme s'il s’enroulait au lieu de s'enfiler. Que c'était désagréable. Et qu'il déchargeait vite. Et qu'elle l'avait jeté au bout de trois mois. Même si c'était dommage car il était très sympa et vraiment serviable. » —
— Et t'as écouté ça sans broncher ? – Enfonça Fred.
— Oui, pourquoi ? — Se crispa Alfred.
— Pour rien, pour rien, vas-y, continues. — Jouit Fred.
—Revenant à celui du moment, Jean-Joseph, qu'il s’appelait, Elle en traça un portrait affectueux qui faisait de lui le « type parfait ». Elle me raconta en frissonnant un peu qu'avec lui, elle découvrit le vrai plaisir ; qu'elle apprit à dominer ses tabous, à jouir de la sodomie, et aussi, à faire l'amour en club, et même qu'elle avait appris à aimer le doigté et la langue de certaines femmes. Et encore que de voir un autre couple et parfois plus, jouir à côté de soi, c'était géant... Elle en avait parlé avec émotions, joues roses, mains tremblantes… Et, à l'observer attentivement, ses frissons ne semblaient pas surfaits… —
— Ah, tu l'observais ! Je comprends. — Plaisanta Fred : ça se voyait.
— Quoi ? Quoi ! — S’étonna Alfred.
— Rien, rien, continues. — Sourit Fred : Ironique, ça se devinait. 
— Je me demandais pourquoi elle me parlait de ça puisque, ma foi... En fait, ce n’est que quelques semaines plus tard que j'ai compris. Quand elle a dit : « Tu vois, ce qui me chagrine, c'est qu'à cause de son nouveau boulot, il s'absente souvent deux ou trois jours pour aller en province. » —
— Oui, oui ; là, c'était limpide ! Et alors ? — S’impatienta Fred.
— Attends, attends ! — Temporisa Alfred en faisant claquer sa langue dans l’écume de son palais.
— S'il salive c'est que ça va croustiller. — Me persuadai-je… Il ne pouvait en être autrement.

Je me suis dit…

— je vais enfin pouvoir agrémenter la platitude de mes soirées. —

(En fait, ce qu’Alfred se disait, désacralisait son fantasme de toujours).
— Comment ? Jamais avant t'as trouvé à furer ? Ici ? Tu voudrais que j’avale ça, que la semaine entière, tu rêvais du Week-end à Bernadette ? — S’éberlua Fred : il ne parvenait pas à y croire !
— Oui ! Pourquoi toi… — Alfred voulut digresser mais Fred l'interrompit net :
— En dix ans, jamais ? —
— En dix ans ? — Fred décompta quelques... trois doigts : — Une… Deux… Trois... Trois. – Confirma-t-il : — Des Provinciales d'un soir ; des provinciales en goguette... —
— Ah oui, je vois ! — Là, il se moquait franchement l’ami Fred.
— Tu vois ? Quoi ! — Demanda Alfred. En fait, c’est lui qui voulait savoir... ce que son ami voyait !
— T'as avoué à Minette que seul toute la semaine… Si elle se sentait seule, tu pourrais meubler... Et elle t'a ouvert ses cuisses, ses soirs de solitude. — S’expliqua Fred.
— Tu raccourcis... Heu... Mais au final… C'est un peu ça. – Confirma Alfred.
— Et pour te montrer comme elle est libertine, elle t'a mené par le bout de la queue dans un de ces clubs libertins où, comme un novice, t'as raqué avec ta carte bleue. Et Bernadette, découvrant le relevé... — « Extra élucida » Fred.
— T'as un train à prendre à vouloir conclure si banalement ? — Ne contredit pas Alfred.
Ton aventure est tellement standard… — Hocha le « blasé » Fred.
— C'est faux : je me suis jamais laissé prendre aux pièges de la carte bleue ! — Jubila Alfred.
— Qu’importe la couleur des cartes pour un bleu ! – Subtil usa Fred.
— Bon ! D’accord ! Toi, tu n'aimes que le croustillant ! —
— Pas forcément ! Mais là, je me priverai volontiers des préliminaires ! — Admit nettement Fred.
— Comme tu veux ! Donc, la première fois s'est passé chez moi après le cinéma… Elle m’avait dit : « Ce film m'a déprimée. J'ai pas la frite à me retrouver seule chez moi ».  Et ça c'est accommodé aux petits oignons. Après, sous la douche, savonnant le porte-drapeaux au garde-à-vous, elle avait minaudé : « c'était bon ! Si tu aimes, on recommencera d'autres fois ». Et de quelquefois en maintes fois, c'est devenu presque toutes les fois. Surtout qu'un soir, après m'avoir présenté son Jean-Joseph, elle nous a fait grimper tous les deux... En double et en sandwich de Face et Pile... Quelques temps après, elle me proposait de laisser un nécessaire chez elle :  « T'es ici aussi chez toi », me dit-elle … — Racontait clairement Alfred…
— Tu dis bien que ce n'était pas chez le Jean-Jo… — Demanda perfidement Fred.
— Oui. — Accepta simplement Alfred.
— Donc comme toi, lui aussi ne faisait que passer... — Appuya Fred.
— Oui ! Mais je l'ai seulement compris six mois plus tard. — Compléta-t-il.
— Comment ça ? — S’étonna Fred comme quelqu’un qui a perdu un fil.
— Quand je n'ai plus vu les affaires dans la salle de bain. — « Recousut » Alfred.
— D’accord ! — Répliqua Fred, visiblement satisfait de l’opération.
— J’ai demandé de ses nouvelles, pensant à un déplacement plus long que d'habitude. Elle est restée dans le vague, avançant des généralités comme quoi, il l'a « collait » trop, ou qu'il était trop bordélique... Et encore, qu'elle n'avait plus envie de partouzer. Concluant : « Et puis,  je suis heureuse avec toi seul »… Me souvenant qu'ils furent nombreux avant nous, je m'interrogeai. Alors, au débotté je contactai Jean-Joseph discrètement... Il accepta une entrevue en me proposant de prendre un verre au bilboquet. Après le second wisky et entre deux silences jazzies, il me conta leur liaison... Je te le donne en mille. — Poursuivait Alfred.
— Elle l'a dragué, ils ont baisé, de plus en plus souvent jusqu'à ce qu'il chasse le précédent. — Ricana Fred.
— Mouche ! — Buzza Alfred, sûrement pour ne pas dire Tsé-tsé, Mais le pire ... — Voulut-il raconter… Mais Fred, pressentant les fruits de cette « expérience à jules », le cloua à la planche du naturaliste :
— Il a quitté sa meuf avec qui il était bien mais sans excès, pour elle s'affichant nympho ! —
— Toi alors ! — Se médusa l’Alfred ;

Plutôt venait-il d’être fasciné, irradié et mystifié, par l'extra lucidité de Fred ; Fred qui haussait les épaules de cet air blasé de celui qui se félicite en pensant : « On me l'a fait pas à moi », ou comme quelqu’un que l'histoire commence à gonfler. A moins que le gaz à coke le poussant à roter, cette attitude l’ait contenu... Mais Alfred ne s’en troubla nullement… Et même (je le croyais fermement), il semblait bien que, dès lors, plus rien ne pourrait freiner les envolées lyriques (ou fantasmatiques) d'Alfred, duquel j'entendis que :  Jean-Joseph m'apprit que…

C'est-à-dire que... Percevant aussi nettement que son ami Fred, les paroles d'Alfred rapportant le portrait acide de « Marinette selon J.J. ». Et constatant le vrai plaisir d'Alfred à le raconter, je décidai de savourer, ralentissant la dégustation de ma rousse pour me délecter de son récit. Où j'appris que, depuis six mois que Marinette et Jean-Joseph baisaient assidûment, il rentrait encore chez lui, après ; où j'appris que peu de temps après que le précédent eût disparu, il la trouva en larmes « prête à se flinguer. », lui aurait-elle dit. Il voulut la consoler, demanda s'il pouvait l'aider. Entre deux spasmes propres à émouvoir les plus inflexibles, elle lui dit que c'était trop tard, l'autre l'avait déjà foutue sur la paille…
« Mais, ce n’est rien : une bagatelle, je m’en remettrai… » Aurait-elle sangloté… Ainsi, elle l'apitoya tant que le « Jules Joseph » se sentit obligé de l'aider. Et imagines bien sa bagatelle : elle l'estimait à vingt mille balles. Une paille ! Or, il paraît, qu'à peine Jean-Joseph était-il parvenu à faire admettre à sa femme le trou de ce prêt comme une opportunité financière avec son associé... qu'un soir, Marinette appela chez lui. Mais s'il ne savait pas comment elle avait obtenu le numéro sur liste rouge de son appartement, il avait remarqué la grimace de sa femme. Il avait su biaiser, cinq ou six fois encore, avant que sa femme finisse par le faire surprendre en flagrant délire avec l'autre minette. Elle exigea alors qu'ils divorcent. Trois mois plus tard, Marinette lui annonçait leur rupture en lui montrant la porte et en lui conseillant de la quitter gentiment... Et, imagines mieux encore mon intérêt grandissant pour la rousse Marinette, lorsque j'entends dire par Alfred que Jean-Joseph lui jura que jamais cette dernière ne daigna lui reparler de sa dette…

          — T'as eu les chocottes ? — S’enquit Fred sur le ton de la curiosité. 
          —  Oui ! — Avoua Alfred en soulignant : — Je n’aurais même pas pu sortir cent balles ! —

Et d'ajouter que le soir même de leur entretien, il décida de rompre avec Marinette...
En guise de réponse, elle lui aurait servi une crise de larmes comme il n’en ai jamais vu. Mais il resta inflexible et partit.
Alors, Marinette appela Bernadette et lui avoua... Et lui prouva même, qu’elle était la maîtresse d'Alfred… Aujourd'hui, là, à l'instant où il racontait son aventure à Fred, il avouait ignorer encore comment elle réussit à obtenir le numéro de téléphone familial. Penses donc ! Jamais Alfred ne lui avait avoué qu'il était marié. Encore moins qu'il avait aussi une adresse en province. Mais ce qu'il comprit immédiatement, c’est que Bernadette avait préféré accepter tout ce que lui aurait raconté Marinette, y compris certainement quelques exagérations, plutôt que les repentirs d'Alfred.

Et, maintenant… — Dit Fred anticipant les conclusions de la seule issue qu’il estimait possible.
Je me suis vengé ! — Coupa placidement et fièrement Alfred.
Tiens donc ! — Dit Fred visiblement déconcerté.
Patience ! Je te raconterai — Répondit calmement Alfred.

Et comme quelqu’un qui a encore beaucoup à raconter et qui ne doute pas de l’effet qu’il produira, il reprit bruyamment sa respiration (un soufflet de forge) :

Patience ! Bissa-t-il. Inspirant un flux d'air comme dans un sifflement pyrotechnique il poursuivit :  Bernadette m'attendait à la gare, fringante... —

De fait, il avait été fort étonné de la voir là, elle qui ne conduisait pas ; elle qui aimait peu sortir ; elle qui, languissant la semaine entière aspirait au retour du conseiller... Là, il brodait l'Alfred : n'en doutons pas...

Dès qu'il eut posé un pied à quai elle lui tendit ses lèvres, et les lui déroba aussitôt en lui demandant :

T’as rien à dire ? —
Tu es splendide ! — Souffla-t-il

De fait, Alfred fut époustouflé par les charmes relevés de Bernadette. Et, comme si c'eût été la première fois qu'il la... Vit dressé de désir, yeux éperdus, sans voix, il la lorgna avec convoitise. Mais Bernadette, petit sourire de vermillon brillant aux lèvres charnelles acheva de le faire tomber sur son cul :

Alors, je t'écoute : tu n'as rien d'important à me dire ? —

Alfred ou « l'époux soufflé » visiblement ne comprenant pas la question de sa femme, resta figé... Du crâne jusqu'au cul. Et ses yeux virèrent vers l'absence.

—  Alors ? — Insista-t-elle.
—  Qu'est-ce qu'on fête ? Bourdonna-t-il niaisement
Notre divorce. Sourit-elle. Simplement déboutonnant son manteau dévoilant un corsage pigeonnant et flatteur, une robe fendue exhibant un porte-jarretelles carmin... Sans se départir de son sourire enjôleur, dont Alfred fut immédiatement certain qu'il sera destiné à un autre, Bernadette lui raconta, fidèlement et en détails, sa conversation téléphonique avec Marinette ; conversation dont nous ne serons rien. Et en l'espèce, considérons que ça n'a aucune importance pour « notre » suite.
—  C'était loin de ce que j'avais imaginé ! — S'exclama Alfred à l'attention de son ami Fred.
—  Et, peut-on savoir ce que t'avais imaginé ? — Appuya la curiosité de Fred.
—  J'avais cru qu'elle allait m'avouer un amant. —
Un amant ? Bon, et alors ? Un amant, c'est pas un drame : on divorce pas juste pour un amant... —
Un amant, un amant : une liaison, si tu préfères. —
—  Non voyons, j'ai pas de préférence... —

Je craignis un instant que le sournois dialogue de sourds tapant à la porte de leur discussion, fît capoter l'histoire à Minette. Heureusement, Fred consentit à préciser son opinion en matière de liaisons extras. Somme toute, pour tout libéral tel que moi, elle apparaissait aussi simple que cohérente. En deux mots : la fidélité du coeur prévaut sur la fidélité du con (ou du cul, si t'es sodomite) ; la jalousie est un vilain défaut qui rend les êtres libres esclaves d'eux-mêmes. Bref ! Ne philosophons pas sur la question, je vous prie...

Non Fred ! Ce n'est pas ça Fred ! Qu'elle ait eu un amant ne m'aurait pas gêné. J'aurais bien pu m'en accommoder, voire, m'en satisfaire. Parce que, vois-tu, avec Marinette, j'ai trouvé beaucoup d'intérêt à entretenir une liaison : au moins pour soigner mon stress et ma solitude. Remarques bien : je ne parle pas que de plaisirs. Ni d'affection... — Commençait-il à s'empêtrer, sinon à se méprendre, l'Alfred.
Ecoutes ! A chacun ses opinions. Pour moi, une liaison, c'est juste pour le cul. Et elle ne pourrait-être question de sentiments. Ensuite, je m'interdis de la cacher. Et j'admets la réciproque de mon amie : je l'encourage même ; je l'incite à ne pas réprimer ses envies et ses désirs ; je la prie de me faire partager ses émotions et ses jouissances : je l'invite à me les relater... —

Bon ! — Interrompit fermement Alfred : — C'est pas ça. Bref ! Si ce que j’avais pu imaginer avait été juste, j’en aurais presque été satisfait… Hélas pour moi, ce n’était rien de tel. —


Alfred scruta Fred : sûrement cherchait-il à lire dans les yeux de Fred, l’intérêt de son histoire, sinon la convoitise qu’elle lui prodiguait. Visiblement, Fred entre deux gorgées de coca, salivait. Mais salivait-il de l'histoire d'Alfred ? Alfred croyait-il Fred en « son pouvoir » ? Je veux bien le croire car il reprit son récit, toujours aussi sémillant et allègre :

—  Pourtant, ces derniers temps, les attitudes comme les tenues de Bernadette ayant changé, j’avais eu tendances à lui fantasmer un amant. Et j'attendais impatiemment qu'elle s'en justifie ; j'attendais qu'elle me dise que nos célibats contraints lui pesaient ; qu'elle me dise que son ennui l'étouffait ; qu'elle avoue son besoin de compagnie... Mais certainement était-ce pour me donner bonne conscience ! —

Et, Alfred dit s'être défendu en appuyant sur l'argument de l'amant. Mais il dut bien admettre aussitôt qu'elle le réfuta entier. Ainsi, en rapportant la question de Bernadette :

Ne crois-tu pas que si j’ai changé, c’est pour toi ? —

Alfred laissa cette réplique suspendue... Fred, verre au bord des lèvres, ne broncha pas. Alors Alfred poursuivit. Avouant qu'il doutait que la question de Bernadette reflétât la vérité il affirma qu'il l'avait tentée ainsi :

—  Je suis sûr que t'as un amant —
—  Évidemment ! Mais apportes en la preuve ! Pauvre chou, tu n’en as pas ? L'avait-elle nargué.  A la suite, elle avait ri à gorge déployée... A le faire baver. Puis, elle l'avait dévisagé en ajoutant :  —  Moi, j'ai des preuves ! —

Alfred n'avait sut répliquer que : — ??? ; !!!! — Comme s'il était soudain devenu muet. Bernadette en avait profité pour enfoncer le clou dans la charpente, comme on fait dans le « bâtiment » : 
       — Tu veux rire ? Ta maîtresse est mon témoin !  —
      — Ce n'est plus ma maîtresse — Dit avoir hurlé Alfred. Ajoutant aussitôt, comme pour valoriser la malchance qui s'était abattue sur lui : — Mais elle se remit à rire... —

Fred toussota...

Plus belle encore, ce qui valorisait mieux les atours de ses atouts… — Joua Alfred l'air nonchalant.

Fred toussota encore manquant de s’étouffer, crachant presque dans son verre…

Comprenant dès lors qu’il lui serait préférable de ne pas s’épancher plus, Alfred reprit l’histoire à l’introduction de l’épilogue de ses séparations...

Et moi, je repris un nouveau verre de ma rousse car comme on dit : jamais deux sans trois !

* * * * *

Par Pateric - Publié dans : Contes - Communauté : Des Fantasmes par la Langue
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Samedi 7 février 6 07 /02 /Fév 10:55
 

Mise en bouche …

Installé à la terrasse d'un café je savourai une bière rousse de malt moussant sur ma moustache qui sourit des voisins assoiffés vidangeant leurs godets d’eau noire au gaz de carbone caramélisé.

Et s'il y avait eu moins de cohue et de vacarme emplissant la rue de son flot envahissant, j'aurais entendu leurs pets. Néanmoins j'aurais eu peine à être chagrin car le vrai résultat de ce chahut produisant ses odeurs nauséabondes des carbones d'échappements offrit l'avantage de masquer les leurs. Assurément pour l'heure, je fus satisfait du leurre …

C'était l'été qui était chaud et qui faisait un beau soleil jeté sur l'azur voilé dans un joli ciel gris souris…

Mais si ! C'est comme je te le dis. Évidemment ! Si tu n'as jamais vu un soleil incandescent incendier l'azur scintillant au dessus des turquoises de méditerranée roulant sur le sable corse ou sarde sur fond d'oliveraies, Tu ne sais pas, Toi, qu'à Paris sans nuage sur les toits le ciel est toujours gris. Mais, si comme moi tu connais, alors c'est des babillages de la rue et des enfantillages de la vie que tu jouis et soutires les meilleures galéjades…

Et voici comment assis à jouir de la vue, mais pas de l'odeur je te rassure, j'ai glané cette histoire d'indécise qui m'a bien fait sourire…

Et tout compte fait, Je ne vais pas me la garder égoïste, je vais te la narrer dans un conte.

* * * * *

C'est à la suite …

J'étais encore là, à savourer la rousse :

  • Cet homme me semble bien exténué. Ou peut-être est-il seulement dépité – Songeai-je.

L'homme, la trentaine bien entamée, à moins qu'il l'ait déjà achevée, le cheveu court raz de cuir, et plus sûrement clairsemé, s'installe en terrasse sur le rotin en relax comme on s'abat sur un délinquant qu'on secoue et tabasse, ça grince, couine et craque : c'était plus qu'une menace !

L'homme épuisé ruisselle de suée et souffle comme un autocuiseur qui... « T'Pfuiiiiiii » avec le joli air de linotte de sa soupape.

L'accorte garçon accourant au sifflet (faudrait pas trop laisser bouillir) demande :

  • Et pour m'sieu quec ça s'ra ! —

  • Minut' siou plê !Suintent les mots de l'homme entre deux soupirs

Un — V'z en pri — Deviné dans le bruitP'Nez vot' anCompris dans le boucan et poliment servis par le serveur tablier en moustache et barbe de sapeur..

  • Ohn coca bain frais, siou plaî !Débité d'un trait pétillant.

ça requinque l'homme l'idée du pouss'gaz glacé : ça fait pas un pet.

Fermez les parenthèses

Car elle s'est épuisée, la rousse, à ne me laisser que son souvenir ! Trop longtemps sur le banc. Je sème au centre-ci sébile vinyle cinq rondelles à cinq balles de nickel plus-value de la mousse et de ses deux traînées qui ne vont pas me retenir.  Je vais attirer le garçon… — Pouce ! —

Soudain ! Déboule du coin de la rue un très grand type sec qui passe sur le pavé, devant nous, à pas pressés happant la poussière, et la brassant aussi sec : ça lyophilise mais ça bonifie le commerce du café.

Y'a de ces images parfois… — Me convainquis-je.

Net ! Les pieds s'immobilisèrent mais le corps s'entêta, profil angulaire comme une cale en sifflet emporta la tête qui s'inclina et l'instant avant de s'étaler on le vit en arc souple se courber élastique se redresser et retrouver ses origines d'aplomb : fil à plomb qui rembobinait quelques pas perdus qui s'arrêtèrent dans le trait de lumière rousse qui éteignait l'essoufflé. Puis, il appela, certainement pour ne pas siffler :

Eh Alfred ! Mais qu'aîss’ tu fais ? —

L'Alfred, pas frais, était là, époustouflé d'être de la sorte hélé.

  • Tu m'r'connais pas ? Fred ! — Hurla l'échalas

L'autre soupira (et réfléchit, vu ce qu'il transpirait) ; c'était fou ce que ça l'inspirait : une vision du pire !

  • Fred ? Fred ! Fred... — Fredonna-t-il d'un air mutant enrichi d'un claquement du revers de la main droite dans la paume gauche ponctuant :

  • Fréd'ric Personn' ! Dis-donc : moai ç'fait on bail ! T'pas chongé. Qu'aîss’ t'fais lò ? —

  • On bail : tro'zans d’jò. —

  • L'tomps pass' ... —

Ce dialogue risquant d'être saignant je ne voudrais pas te le cacher comme une femme et son tampax même si, intelligent comme « T », tu saurais le jouer gagnant ...

  • Alors Alfred. T’jours att'ché parl'montair' ? —

  • J'suis mêm' cons'yer. Et toi la compta ç'vau ? —

  • Pos maul. Et t'es cons'yer d'quoi ? —

  • Affair's sociol's — Se gonfla le pectoral Alfred (très doctoral).

  • Pos maul ! — Bouda Fred allumé à son ego social qui devait renchérir :

  • T'sê pos ? J'a'eu mon D.E.C.F. — Découpa-t-il son diplôme d'expert.

  • Ç'fos plaisir d't’voir. T'bois in coup ? — Dit Alfred coupant court…

  • Allez ! — Se replia Freddy en trois tiers envahissant la place à droite :

  • Et alors ! Dis-moi ! Bern'dett' ç'va toujours ? — Qu'il poursuivit.

  • Bein... D'vorcé. — S'excusa Alfred.

  • Oh ! Pas p'ssib' ! — S'éberlua Fred.

  • Eh si — Souffla Alfred. (Je vais plus le faire siffler, sinon tu vas persifler !)

  • Comm' ça's'fait ? — S'étonna Fred. En fait, il jouait l'indiscret.

  • Je m'suis mis dans un' galèr', putain ! — S’irrita Alfred…

  • Ah ! C'est toi... — L’interrompit Fred, sur le ton du déçu que son copain ne fut pas cocu.

  • Figur'-toi. J'vê roncontré un' rouss' au Sénat : un canon. —

  • Et alors ? — Piqué de curiosité le Fred : de rougeurs tacheté...

Et moi (parfait échanson), je me dis : — Une rousse ou un canon ? Faut voir ! —

Alfred s'allongea à raconter leur rencontre : psychophysique. Et l'argument principal qui me retint assis c'est quand il dit :

  • Entre attachés parlementaires ... On s'attache ! —

(Si, si ! Il avait osé la faire !). Comme quoi, parfois certains liens... Parfois très... Forcément...

Et moi, curieux comme un concierge des villas Paradis ; les résidences du sixième squattées par des nantis, avec belle vue sur la mer de Marseille, à l'arrière de la bonne mère qui leur tourne le dos, je tendis l'oreille, pardi : pour ne pas perdre une miette du ton, ni du verbe, de l'histoire à Minette. C'est ainsi qu'ils l'appelaient : Minette. Exactement, ils disaient : — Minêt — En phonétique. Alors moi, qui aime les histoires psycho-truc de la prose à « Machin » ; la prose pleine de tics en ose ou en ique dont sont remplis les traités Sociologiques…

Je n'allais me priver de me servir :

  • La même chose. S'il vous plaît ! — Demandai-je au chasseur qui apportait le verre de glace noire qui dégazait : on voyait la glace qui semblait fabriquer à sa surface des bulles de gaz…

  • La m’me choz ! — Fred, du nez, exigea du gars, le même jus de l'usine à gaz.

...

La terrasse des « AUX DEUX MAGOTS » ? Elle mérite son nom : un vrai trésor que j'avais là. Et les rebondissements de cette histoire, ça valait bien cinquante balles ! — Allez ! Accroche-toi ! — Me dis-je...

  • Et alors, Ma-ri-net-te ? — S'impatientait Fred marquant chaque syllabe de Minêt d'une tape sur la cuisse d'Alfred

... Dès lors, j'avais compris : faudra rester vigilant ! Avec leur accent… Et je ris seul faisant tourner le verre vide entre mes doigts. Sûrement pour les passants j'étais l'exemple type du parfait ahuri. Mais moi, je riais au souvenir de « Marie », un poème de Boris VIAN...

De mémoire, il dit à peu près ça :

Marie m'a ri - Marie m'a ri au nez -

- Marie m'a ri net - Marionnette -

* * * * *

Figures-toi ... —

Noya Alfred portant le bord du verre à ses lèvres…

  • Figures-toi ... — Imposa-t-il entre deux gorgées qui firent saliver Fred — Nos patrons sont à la même commission et tu sais comment ça se passe : c’est les attachés qui travaillent.

Cette « importance Egérique », ça lui faisait pousser les seins, à l’Alfred.

  • Bon ! Et vous vous êtes connus… — Accéléra Fred qui trépignait.

  • Oui ! Mais ce n'est pas si simple ! — Prévint Alfred.

  • Je m'en doute bien — Se réserva Fred — Ce pas seul ton beau sourire qui l'as mise au lit... —

Et l'intro finissant, comme soudain guérie du syndrome d'alalie, rebondit quasi directement dans l'antichambre, à quelques pas des pieds du lit :

  • ... Elle se disait libertine, gourmande sexuelle, avide de plaisirs, jouisseuse sans limite : goulue de débauches frénétiques. Elle disait en riant : « J'aime ma vie de partage cul volage et cœur fidèle : c'est mon équilibre. Ça m'épargne de criser de jalousie »… — Chantonna Alfred.

  • Comme ça ? Même un cureton n'aurait pas résisté. — Piqua Fred.

  • Elle parlait aussi de son ami avec une extrême tendresse. Elle disait l'aimer. Et aussi, jouir comme avec aucun autre avant ; elle disait qu'il avait excité et libéré tous ses sens... — Ponctua Alfred.

  • Et que donc, maintenant, elle n'était plus salope du cul... mais de la bouche : salope de mots... — Se tortillèrent deux des trois tiers de Fred.

  • Non, non ! Ce n'est pas ce qu'elle disait... — Voulut nettoyer Alfred.

  • T'es naïf ? Les femmes, c'est ce qu'elles taisent qui est important.

  • Ah ? Peut-être. Mais non, Pas Minêt'. Pas une féministe comme elle.

Fred sourit comme qui : — je les connais les femmes... Surtout les féministes ! — Mais qui jalousait farouchement son opinion pour ses abus personnels. D'ailleurs, il se contenta de dire : — Merci ! —

Un merci sec adressé au livreur de gaz en vrac dans le verre, ce qui lui évita de parfaire l'alibi qui différait, et en conserve garder son avis.

Et moi, je trempai ma moustache pour éviter qu'on vit que j'en riais.

Putain de style : Va !



Figures-toi... Toi aussi, que, —

Chercher à convaincre par ce que j'écris ? Je sais le faire !
Chercher à plaire par ce que je dis, en rapports succincts comme en discours concis ? Aussi !
Et quand tout ça est fini qui reste-t-il ? Un vulgaire incompris et un triste type, un type pour un con pris ! Mais comme c'est d'un salaire librement consenti (en principe) qu'on t'adresse ce mépris t'aurais tort de t'en faire : ce n'est que jugements d'abrutis...
Moi aujourd'hui, toujours, après avoir traité l'affaire qui m'avait été commandée, je me resserre : confortablement. Le dos moulé au dossier du siège, les deux index en flèche sous le nez, les autres doigts enlacés serrés, c'est à dire devant ma bouche, m'interdisant d'interjeter (ce qui serait jugé comme absurdités), voluptueusement, je caresse ma moustache, pensant : — Je l'ai terminée ma tâche ! Maintenant, c'est leurs affaires à tous ces …—
  • Trou du cul — Qu'il venait de péter Alfred. Que disait-il avant ? Parlait-il déjà de fesses ?

Là j'avais entendu : — Demande que je lui pète le trou du cul... —

  • Ouille ! Va falloir que tu prennes des notes, toi. Sinon, avec ta tête à litotes, t’auras l'histoire qui patauge : ce serait pas de cul. — Me secouais-je.

Aussi, sortis-je de ma gibecière de vieux cadre parvenu au bas de l'échelle de la hiérarchie supérieure, mon pense-bête qui ne porte que des notes de la comédie des rues.

Ainsi, pausais-je le bloc Conquérant avec tout le sérieux qui s'impose à la droite du « demi ».

Puis lentement, décapuchonnais-je ma plume Water-man qui, entrant en lutte sur le flot des lignes bleues, répandis son sang d'encre brune : comme une seiche marine de son sépia se défend.

Et, le Dupont cheminant dans la rue qui surprenait ma drôle de mine et la frénésie de ma main qui animait les mots, se dit certainement :

  • Quelle belle plume il a ! — ;

Comme qui dirait : Quel bel outil ! —

a va de soit).



Je la sodomise… —

  • Et elle aime ça ? S'écria Fred perplexe ;

Il s'écria si net, si fort, que Saint Germain qui pourtant ne désavoue pas l'art épique ébranla sa cloche.

Et ce ne pouvait-être sûrement que de mécontentement : à secouer les reliques à Saint Vincent.

  • Oui ! Et c'est pas tout, ça : ma bite ne suffit pas. — Précisa Alfred.

  • Comment ça ! Tu recours aux ustensiles ? — Savoura Fred.

  • Tandis que dans sa chatte je pine, elle exige que je fouine la rondelle enduite de salive seulement, jusqu'à ce que s'enfouissent mes cinq doigts. — En salivait encore Alfred.

C’est moi qui l’interprète ainsi car, ses mots à lui (et ses maux aussi), étaient très nettement plus… Comment dire … Plus « sales » ?

  • Ouahp's ! J’l crois pas. — Pépia Fred : Il salivait aussi, et ça se voyait.

  • Et l'extrême délice c'est, quand derrière la paroi des chairs d'anus tu sens ta queue au bout de tes doigts comme au travers de bas de soie. — Que mima Alfred :

Il mima « l’extrême délice » sans peine et sans gêne. Lequel « extrême délice » laissa Fred pantois : les yeux eXorbités, le reste, muet.

  • Mais y'a plus fort pour la faire chavirer, je crois — Souqua Alfred.

Fred se figea, son verre bloqué à deux doigts de sa bouche, bloqué comme si ses lèvres eusses redouté d'y toucher. Bloqué comme craignant que les mots évoquant des doigts emmerdés extraits d'un sphincter dilaté les souillassent. Comme redoutant que l'image d'hétérodoxie scato les fissent gerber. Extrapolation : — Touché. Chaviré. Coulé ! — Statufié Fred !

A quoi pouvait-il penser ? D'ailleurs, le pouvait-il encore.

En fait, c'est moi qui était retourné… Et ma rousse aussi : elle n'avait pas apprécié, et en remontrances avait choisi de répandre sa coulée dans le conduit à fumée. Je toussai à m'étouffer, ce qui ne dérangea nullement Alfred  persévérant à raconter fort, le « plaisir à chavirer ». Mais ce n'était pas un naufrage:

  • Elle est à la fête, de se faire fister : au poing entier... — Expliquait très précisément Alfred.

Cézique (Fred) et Mézigue (moi) étions sur le même faîte : nuages…

Je crois aux plaisirs de la fessée. Mais pour le poing... « Fister » ? Sûr ! C'est anglais ! Et comme pour les poings, ils sont pas mauvais tu dois t'en prendre  « plein la gueule ! »

  • Mais pas du tout... Tu n’es point aux poings… — M'expliqua un copain : points sur les « i »...

  • Ah « Fister », c'est ça ? Eh bain ! — Me suis-je noyé

... Avant que cette histoire se tasse, il faudra que j'empilace ses données…

(où apparaît un espèce d’imparfait instinctif né d’un subjonctif-parlé que j'ai engendré des verbes empiler et lacer, par grand défaut, lié à la menace de perdre les mots).

C'est mal ! Se faire du bien ou faire mal.

Se faire « fister » ou se fixer …

Se faire écarteler le cocon nacré…

Ou s'inspirer de coco sucrée…

Qu'importe le voyage ! Toujours, t'atterris sur le cul ! Forcé ! Indécis ou déterminé ?

Sûrement, un jour, il faudra bien (mal ou bien) se décider…

  • Voyons Coco ! Ce rythme-ci à cinq balles sur ce ton là te fait bander ! Tu perds ces vers ? Mouille plutôt tes lèvres sur les bords de ton verre de mousse, au lieu de faire de la Pauline erre sur la lune rousse. — Me jurai-je, fessé il est vrai, par mon diablotin agacé.

J'en restais tout émoussé : plume levée sur papier glacé

...

  • Bon. Ce n'est pas tout ça. J'ai rendez-vous là. — Dit Alfred.

Ils échangèrent leurs cartes de visites. Fred dit :

  • On s'appelle et on dîne un soir ? —

  • Ok, D'accord ! — Pléonasma Alfred...

Et comme Fred avait « rendez-vous là », Il se leva et il y alla, là...

* * * * *




Tel un tartarin… —

  • Vouloir écrire une histoire sur ordonnance ! Fiston, vouloir relever le défi à Tartarin en rejouant Fanfaron. Tu crois ça, toi ! Alors ? Maintenant, t’es pas marron, tiens !  —

Voilà ! Hésitant, on pose le sujet : la meuf qui craint la solitude.

Non ! Quand même pas !

Car, tu n'y crois pas, toi, à l'affliction des femmes seules ; toi, tu crois leur solitude de mûre réflexion ; quelquefois (assez rare cependant) tu admets qu'il soit un état d'indécision.

Toi, pour le bon libertin que tu te crois, tu vantes les libérales moeurs des femmes : « libres des désirs libres du choix de leurs plaisirs ». Mais ne serait-ce pas que le masque d'un couard ; un masque qui dissimule tes incapacités de séducteur, sinon d'amant ?

  • Non ! Hein mon « amour » : tu n'es pas aussi nul amant que ce que tu es piètre séducteur

Est-ce pour cela que tu préfères poser le sujet comme il t'arrange plus : une meuf qui secoue les mecs mûrs d'habitudes et qui a pour habitude de secouer leurs « branches » ? Tu crois ensuite que tu peux jouer à celui qui hésite ou penche vers l'autre genre de femme : la meuf espérant dénicher la perle rare... Alors, avec ton « humanisme de kiosque de gare » tu exposes ton grand coeur : la meuf qui, hélas, ne cueillerait que des poires : des poires trop mûres, des poires trop dures… Ainsi, ces « Insatisfaisants » ramenant illico notre libertine sur le marché du coeur libéral , le titre s'impose : l'Indécise !

Mais là, toi, que racontes-tu ? Tu nous refiles une Marinette rousse, vaguement adepte de « philosophie dans le boudoir » s'enfilant un Alfred Parlementaire qui se pique aux défis débauchés du Marquis se dévouant à madame de Saint Ange dans des fantasmagories de plaisirs : des fauves qui, de l'ardeur Sadienne ne retiennent que délires oniriques. T’as l'air, pas malin !

Imiter à demi est-ce jouir ? Mieux vaut se taire ! La volupté est une maîtresse aux pouvoirs redoutables exigeant des fleurs de fantaisies lubriques et d’extravagants sacrifices au désir.

  • Alors ! Dis-moi : qui c’est l'indécis ? — Hurlai-je à mon déficient écrivant sur « disk river » en lui expédiant sa « première partie » sur les burnes : parties perdues !

  • Attends ! Je nettoies tout ça : on va voir si tu ricanes encore. — Partagea-t-il avec ses lèvres qui vidèrent son verre de bourbon avant de me jouer la scène de l'envie d'un « bourre-bon ».

  • En mars, on a commencé… —

  • Avec Alfred, exactement, ce fut le 29 février, qu'on a commencé ! — S'en sur amusait Marinette.

Comme si d'avoir débuté une relation en ce jour précis d'une d'année bissextile eut pu être un gage de... D'on ne sait pas quoi en fait. Sauf que, les statistiques fixant aujourd'hui à sept ans la durée moyenne des couples, si la chance lui souriait elle ferait au moins l'économie de six anniversaires ; sauf que, Marinette s'encombrait généralement peu des anniversaires et autres commémorations. Ceci dit, si je ne vous avais rien dit, vous en connaîtriez presque autant de notre Marinette. Je dis bien : « presque ».

Personnellement, des Mari... J'en ai connu ! Et j'en connais encore, beaucoup.

Des Marie âge tendre.

Des Marie aux mariages.

Des Marie anges et des Marie démons.

Des Marie soft et des maris hards.

Des Marie nettes, des Marie bonnettes, des Marie Honnêtes et leurs maris sur le net.

Des marivaudages de maris louches et leurs Marie marries.

Des Maryvonnes très bonnes, des bonnes très Maria...

Les Marisol des Marinas des Marie stars, sur le sable ou sous le parasol où les maris tout bas disent :

  • Marie Tu dors ? ...

Mais, des girouettes comme notre Marinette : des Marie sachant jouer au marionnettes, aussi !

Bref, pour « attachée parlementaire » qu'elle est, rien n'avait su jusqu'ici entraver cette Marinette-ci... Et pourtant, sans déflorer ce sujet, assujettie que je suis aux carcans linguistiques du « au lit ! T'as ratée ! » de mon scribouillard d'amant (ou de Jean foutre. Et là, ça dépend : un peu de lui, beaucoup de moi !), notre Marinette finira bien livrée, pieds et mains liés, au poing fiché dans ses entrailles, à celui de ses amants qu'elle avait jugé en préalable de leur relation et par comparaison à la foultitude de ses précédents, comme le plus mièvre et le plus inoffensif d'entre-eux. J'ajouterai, par égards pour tous celles et ceux qui auront eu le toupet de me suivre jusqu'ici dans ma folie narrative, que, s'il connaissent l'efficacité et la solidité des « 5 points Fichet », d'avance, ils avaient pigés que Marinette ne pourra nullement s'échapper des serres d'Alfred, tant il l'a si bien « embastillée » et empalée à son fist. Et elle est comme « à la merci » d'un bourreau assoiffé de vengeances car Alfred a décidé, non seulement de se venger, mais aussi de venger tous ses autres amants. Et sa ferveur est telle qu'on pourrait croire qu'il en va du devenir de la Patrie, sinon de la Démocratie toute entière.

Je vous jure que ça m'emmerde, une fin pareille : une fin qui fait la part belle à un enfoiré de mâle qui se paye à loisirs les tréfonds d'anus d'une Marie. Et cela, sans bourses délier... Je vous jure : ça m'agace...

Quoique ! Inutile de m'emporter : je ne doute pas que je l'aurais, ma petite revanche. Je sais que j'aurais tout loisir de m'exciter, moi, sur le cul de cet auteur de pacotilles ; j'aurais plaisirs, d'abord à caresser ses jolies fesses bien rebondies et fermes, à jouer lentement à « trousse-gland », à étirer la coiffe, à saliver sur le méat, à faire croître son arrogante fierté, qu'il croit pieux mais qui n'est que voeux, tandis que mon autre main filant dans son sillon l'invitera à offrir sa croupe comme la plus excitée des chattes. Et comme d'habitude, il feulera aux caresses de mes doigts, aspirant à leur intromission, progressive et lente, interminablement lente. Il grognera d'impatience à en jouir. Et puis, il ronronnera lorsque deux de mes doigts le caresseront, là, dedans, à trois doigts de profondeur. Je verrais sa bite, perdre quelques instants un peu de cette fierté (que tout homme croit « démesurée »), pour enfler plus, à s'en faire péter les veines d'orgueil. Mais moi, je sais ce que cela signifie ; je sais que c'est le « signal ad-hoc » que toute attente supplémentaire « désespère » d'atteindre au « plaisir secret » ; je sais que cette attente n'a de cesse que d'être comblée d'un engodage parfait ; je sais que sous mes coups de reins il va jouir comme la dernière des gourgandines et je sais que, moi, jouissant de ma « puissance » comme de sa jouissance, je vais lui jouir dessus. Et tout comme ses jouissances hétéro sont sans équivalent à celle de cette pratique à rien d'autre pareille, c'est aussi quasiment la seule par laquelle j'éjacule puissamment...

Mais non ! Je vais affûter mes armes ; je vais entraîner mes poings, assouplir mes doigts...

Et lorsque je me jugerai au point, à mon tour, je lui fisterai l'anus. Et peut-être prendrai-je plaisir à caresser son colon. Lui, au garde-à-vous, aspirant la récompense de mon gode, se raidira au passage de mes doigts, épousera mon poignet, s'embarquera pour une chevauchée fantastique et jouira, j'en suis sûre, comme jamais encore, il n'aura joui... Et je ne doute même pas qu'il en redemande.

Tenez ! Je prends les paris !

* * * * *

Par Pateric - Publié dans : Contes - Communauté : Des Fantasmes par la Langue
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Samedi 7 février 6 07 /02 /Fév 10:50

Traitements

Je regardais attentivement la jolie jeune femme enceinte allongée sur mon divan. Et je me demandais encore ce qu'elle faisait là.

Au premier jour, dans le beau et gai sourire de ses lèvres pulpeuses, de son visage de madone florentine, de l'éclat de ses yeux d'or dans leurs écrins d'amande douce, juste avant de s’asseoir face à moi, elle avait dit :

  • Docteur, je suis enceinte. —

  • Ça n'est pas un syndrome psychiatrique connu ! — Avais-je plaisanté.

Elle me l'avait dit certainement parce que son corps aux courbes et aux galbes quasi parfaits n'en laissait rien voir.

  • Vous avez l'air d’en être heureuse. Qu'est-ce qui vous chagrine ? —

  • Depuis deux ans, je fais d'horribles cauchemars, docteur. Alors je me suis décidée à consulter un psychiatre car je veux préserver mon enfant. —

  • C'est bien : vous avez raison de vous y prendre tôt car ... —

  • Je sais docteur. Je ne suis enceinte que de sept semaines mais déjà je sens très bien cette petite vie en moi. Et j'ai surtout besoin de cette thérapie car je ne veux pas que cette vie souffre de mes faiblesses. —

Alors, elle avait entrepris sa thérapie, qui ne l’était pas vraiment, en débutant l'histoire de sa vie par :

  • J'ai quinze ans et lui dix huit et demi... —

Aujourd'hui, tandis que le regard tourné vers la lumière du jour filtrant entre les lames du store vénitien elle parlait de son amour pour son amie Sylvie, je me demandais ce qu'elle faisait là. Et je souris, non sans me demander si au cours d'une séance elle avouera ses penchants saphiques, et, plus sûrement, confirmera sa bisexualité avec ce ton effronté qui lui va à ravir et à damner. Non pas que l’un ou l’autre de ces penchants me convienne mieux mais simplement parce que son naturel démystifie nombres de préoccupations moralistes. Puis, je doute que Marisa soit aussi perverse qu’elle se plaît à le prétendre : je suis certain que ce n'est qu’un bouclier pour se préserver de je ne sais pas encore quoi…

Jusqu'alors, Marisa avait exposé ses aventures, disons sexuelles, avec une légèreté et une audace suaves ; avec une volupté et une sensualité délectables… En fait, elle avait introduit curieusement le récit de sa première expérience fantasmatique, c’est-à-dire, en flattant son mari :

  • J'avais une amie... Et je fantasmais le corps de Jacques honorant cette fille splendide. Je rêvais que ma main unissait leurs sexes, que ma bouche les stimulait, que ma langue les flattait, et que... Chaque fois que je jouissais de Jacques, c’est elle que je voyais jouir...

Frissonna-t-elle.

Un jour que les mains de Marisa enduisaient le dos de cette amie de crème solaire, elle sentit son cœur qui accélérait. Elle prit peur et lui demanda :

  • T'es pas bien ? — Son amie répondit :

  • Au contraire : c'est comme une douce caresse ! — Répondit-elle.

Cette réponse avait affolé Marisa…

Le même soir, dans les bras de Jacques, elle le caressait nonchalamment, il la caressait tendrement… Quand il dit à son oreille : 

  • Tu rêves Marisa… Mon amour, tu rêves à Myriam —

Marisa s'en défendit et lui mentit :

  • Faudrait pas prendre tes désirs pour mes réalités. —

Il l'examina lentement et dit doucement :

  • Je t'aime comme il est impossible de l'exprimer et je souffrirais si tu me trompes… —

  • Pourquoi ou comment je te tromperai ? — Hurla-t-elle.

  • Marisa, t'es libre tu le sais bien. Jusqu'ici, tu n'as connu que moi, n'est-ce pas ? C'est la morale qui t'y a forcée. Je veux que jamais tu me le reproches. Si t'as des désirs que tes fantasmes ne peuvent assouvir, libères-les. Je te demande qu'une chose : ne me caches rien. — Lui dit-il très amoureusement.

  • Je n'ai d'autre désir que toi. Baises-moi au lieu de dire n'importe quoi ! — Persista-t-elle à nier.

  • Tu crois que je suis aveugle, tu crois que je n'ai rien vu... —

  • Jacques ! Je n'accomplirai cette tentation et ses caprices, que si tu acceptes de les vivre et de les partager avec moi. —

Et Myriam ne resta qu'un fantasme qui s'estompa peu à peu…

... Jacques avait un ami, un peu plus âgé qu’eux. Véritable hédoniste, noceur dissolu, il partageait sa vie entre les plaisirs de la gastronomie fine, de vieux alcools, de la peinture romantique, d'une belle et hardie libertine, de parties de couples raffinées et gourmandes aussi pornographiques que bisexuelles…

C’est tout ce charmant petit monde qui ouvrit leur esprit et leurs sens autant à l'impertinente concupiscence qu'à la licencieuse béatitude …

Mais je ne vous rapporterai pas les histoires de Marisa : ce serait comme si je la trompais ou si je violais ses secrets et ses confidences. Pire, j'enfreindrai la déontologie de ma profession.

Vous espériez des descriptions libertines, licencieuses, voire orgiaques ? Erreur ! Il n'y en avait aucune dans ses récits.

Et même si ses images empruntaient au style du pornocrate, je n'y trouvais, moi, que belle poésie.

Mais on n’était pas là, et on n’est toujours pas là, "ici-là", ici et là, çà et là … pour se perdre dans ce genre de considérations esthétiques ou culturelles.

Et comme nous, elle et moi, nous n’étions pas ici pour philosopher…

Marisa affirmait qu’elle aime le corps de Sylvie :

- J'aime son corps mince, frêle, j'aime sa peau fine et laiteuse... J'aime ses seins, ses hanches adolescentes, ses cuisses... Mais, c'est la seule trace pileuse sur son corps qui m'attire le plus : son sexe à la toison pubienne douce au léger petit triangle doré ; la pointe d'une flèche semblant pointer l'entrée du con sis là... -

  • Mary, je t'aime ! — Lui avait avoué Sylvie en frissonnant entière.

Le corps de Marisa frissonna aussi et son coeur s'affola ; elle soupira :

  • Je t'aime fort ma Sylvie !

  • Mary, tu veux travailler avec moi ?

  • Je voudrais vivre avec toi ! —

C'était sorti dans un souffle incontrôlable, Sylvie serrée contre elle, son corps épousant le corps de Sylvie, ses lèvres collées sur la bouche de Marisa. Lovées imbriquées, seins gonflés de désirs, tétons érigés de plaisirs, clitoris turgescents d’amour...

Souvent au lieu de regarder le spectacle on prend plus de plaisir à le jouer : s'installer en prière, écarter les cuisses comme les pans d'un voile autel. Tremblante, approcher ses lèvres du calice qui sent… le lait. Se souvenir des baisers qui l'ont faite chavirer, s'efforcer de les reproduire à la langue près… Et sentir sur sa pointe, les pétales s'humecter du stupre au piment âcre contrastant à la saveur sucrée des lèvres nacrées ... Ça, ça excitait tous ses vices. Et leur cantique ressemblait à des onomatopées automates…

Ce dimanche où elles choisirent de travailler ensemble, elles décidèrent aussi de vivre tous ensemble, sous le même toit, de s’unir définitivement pour ne former qu'une famille sans aucune limite de conscience. Et si, ils y trouvèrent beaucoup de plaisirs, ils y découvrirent également, encore plus de tendresse, d'affection, de complicité et de communion intellectuelle. Et, peu de temps après, ils avaient compris qu’ils n'avaient nullement besoin de consumer leurs chairs pour s’aimer...

  • Mais je voudrais conserver tous ces plaisirs… Vierges… —

  • Certainement : le souvenir de ces plaisirs vous procure toujours du bonheur. Alors, à notre prochaine séance, vous essayerez plutôt de parler de ces cauchemars qui vous font souffrir ? —

Avais-je conclu cette séance.

  • Oui, je crois que maintenant j'en aurais le courage. —

Marisa était partie, pimpante, souriante, légère, en me laissant la certitude qu’elle aimait Sylvie et Jean-Pierre... Comme Jacques. Et vice-versa.

Ainsi, Marisa ayant parachevé la mise en scène de leur couple à quatre têtes, j'étais persuadé que nous arrivions, très bientôt, au terme du dénouement… Au dernier acte avant l'épilogue…

Ils habitaient alors dans une commune à l'est de Marseille où régnait encore la campagne, le chant des oiseaux et des cigales. Un vaste village, sans supermarché ni zone industrielle ; le bourg calme d’un village charmant, encore un peu sauvage, bâti à flanc de collines couronnées par le Garlaban où Pagnol situa nombre de ses intrigues si typiques de la folklorique tradition provençale friande de cancans. Cette fâcheuse tradition de clabaudages imposant une vigilance extrême, ils avaient emmuré leurs écarts de principes. Néanmoins, le voisinage les affubla de la sale réputation de délurés sous cette seule apparence que, deux couples qu'aucun lien du sang ne liait vivant sous le même toit, c’était pervers ; une tradition infect incitant à tagger des calomnies sur leur portail ; une tradition odieuse se votant le droit d’alerter les inspecteurs de la protection infantile et les gendarmes qui cherchèrent en vain à établir des preuves de parents mal traitants : loge secrète, ou adeptes du Marquis... Toutefois, les controverses du Droit conduisant parfois à la Justice, ces infâmes accusations s’écroulèrent devant le tribunal qui prononça une relaxe assortie de cette sentence :

« Nulle loi interdit à des familles hétérogènes de partager le même toit »

La Justice leur accorda le droit inaliénable d'en jouir ensemble, s’ils le souhaitaient, précisant qu’aucune loi interdit le naturisme dans son jardin si, comme chez eux, la hauteur des murs protège de tout voyeurisme involontaire... Et puis, leurs trois enfants bénéficiant seuls du second étage, chacun y ayant sa chambre et jouissant ensemble d’une pièce commune servant de salle de jeux, la Justice déclara qu’ils étaient plus favorisés que nombre de fratries... Le premier étage était classique : cuisine, séjour, salon bibliothèque ouvrant sur la Terrasse piscine surplombant le jardin. Le rez-de-jardin abritant les chambres de parents, n’était pas davantage un antre de stupre... Ainsi, leur procès en diffamation, octroya de confortables dommages et intérêts aux enfants en réparation des préjudices psychologiques qu’ils avaient subits : préjudices reconnus par des experts au dessus de tout soupçon…

  • Quel âge avaient vos enfants, à cette époque ? — Demandai-je.

  • Sophie, treize ans, Pierre, onze ans et David, dix ans.  —

  • Ils étaient assez grands pour qu'on entende leur avis. — Dis-je.

  • Oui. On l'a entendu. Minutieusement même ! Mais vous connaissez les médisants. Tenez ! Je me tais : ça m’irrite. Quand je m’agace, souvent je pleure. Vous ne voulez pas que je pleure ? —

Dit Marisa en se levant du divan et en riant gaiement.

Cette séance aussi se termina sans qu’elle ait parlé de ses cauchemars.

Trois semaines après, Marisa était revenue dans mon cabinet :

  • J’ai fait faux-bond ces deux dernières semaines. Excusez-moi. Jacques avait des soucis : nous sommes descendus chez nous ... —

  • Je comprends... — Balbutiai-je, comme celui qui, indubitablement, ne comprend rien.

  • Docteur ? Docteur vous croyez que je suis dérangée ! —

  • Pas le moins du monde Marisa ! Je songeais à autre chose. —

  • Mes histoires vous manquaient. — Affirma-t-elle de son inimitable sourire taquin.

  • Je ne sais pas ce qui me manque ! — Chuchotai-je...

Marisa reprit le cours de sa thérapie comme si elle m'avait quitté hier… Je songeai :

  • Je suis amoureux de Marisa. Je ne dois pas me le cacher : je suis amoureux de son visage, de son corps, de sa voix ; je suis amoureux de son érotisme, de sa sensualité et de sa lascivité ; je suis amoureux de son audace épicurienne et libérale ; je suis jaloux de l'histoire épique de sa vie : jaloux ! —

J'étais songeur.

Je l'écoutais à peine quand, soudain j'entendis ce qui, enfin, devait être révélé :

  • Parfaitement heureux durant dix ans... Jusqu'à cette tragédie ... —

Puis, il y eut un silence qui dura longtemps.

N'y tenant plus, je demandai :

  • Comment ça, une tragédie ? Un accident ! C'est ça la raison de vos cauchemars ? —

  • Oui docteur... —

Et je vis son visage se crisper. Et ses yeux se fermer. Et des larmes, filtrées par ses longs cils noirs, rouler sur ses joues... Et un sanglot, profond et sourd, l'agiter.

  • Vous avez été témoin d'un accident horrible qui est à l'origine de vos cauchemars ? C'est ça ? ça vous rend malheureuse au point de perturber vos amours ? —

... Sa bouche resta muette mais les soubresauts qui agitaient son corps le confirmaient pour elle.

Comme je cherchais à comprendre, autant les raisons que leurs conséquences, l'idée qui résonna dans mon esprit me fit frissonner entier.

C'était ça ! Bien sûr !

  • Votre mari n'est pas la victime de cet accident, puisque vous m'avez parlé de ses petits soucis en souriant. C'est Sylvie, ou Jean-Pierre ou ... —

Marisa poussa un cri strident et puissant...

Mes oreilles sifflaient, ma tête bourdonnait et, un instant, je faillis perdre l'équilibre. Marisa pleurait et criait, gesticulait et roulait sur le divan. Croyant qu'elle pouvait se blesser, à s'agiter de la sorte, je me précipitai sur elle et la saisis fermement aux épaules mais la force de sa douleur manqua de me projeter à terre. Ne trouvant pas d'autre solution, je la couvris de mon corps. Elle s'agrippa à mon cou et cessa de pleurer : net. Elle rouvrit ses yeux. Ils brillaient comme des pépites d'or pur sur des écrins de nacre. Nos yeux se croisèrent et je craquai. Elle sourit et j'embrassai son sourire. Mon cœur battait comme tous les tambours de la cavalerie. Je voulus me lever mais elle me l'interdit. Notre baiser fut brûlant... Et brillant…

Marisa raconta sobrement, dans le style des fait-divers qu'on lit dans les journaux, un peu comme s’il avait été anonyme

Alors que...

L'accident s'est produit en février 1990, au retour du ski, sur l'autoroute, entre Chambéry et Grenoble. Il y eut un ralentissement très brusque qui n'avait pas de raison apparente sauf qu'il tombait une pluie verglaçante.

Un camion arrivant derrière a dérapé en freinant. Parti en travers, il a percuté la voiture de Sylvie et de Jean-Pierre de trois quart face, l'entraînant dans le talus en contre bas, ne laissant qu'un amas de tôles…

Marisa, Jacques, et leur fils, les suivaient, à cinquante mètres environ. Quand ça a freiné, ils ont vu Jean-Pierre se déporter à droite, sur la bande d'urgence. Devant, ils ont vu de la tôle voler. Jacques imita Jean-Pierre. Ils étaient arrêtés quand le camion les a dépassés en accrochant légèrement la voiture de Jacques. Sa semi, en glissant sur la gauche, a dépassé le tracteur qui a bondi vers la droite. En se couchant il est venu percuter la voiture de Jean-Pierre et l'a entraînée dans le fossé. Marisa, Jacques, et leur fils, indemnes, aux premières loges, avaient assisté impuissants au drame qui emporta leurs amis en un instant ; inaptes à modifier le cours du temps, incapables à faire se coucher le camion ailleurs, ou mieux, à tout effacer, comme on le fait au cinéma quand la scène est mal jouée ou que la prise est mauvaise.

Mais là, tout était mauvais : le scénario, le jeu, l’image, les couleurs, le son...

Le film entier est à mourir. Ils sont anéantis et leurs amis broyés...

  • Voilà Docteur ! Ce cauchemar me hante depuis quatre ans. C’est avec lui que je vis. C’est de lui dont je n’ai jamais pu me délivrer jusqu’alors : je ne pouvais en parler à personne, même pas en parler à moi seule sans hurler... —

  • Et votre mari, comment le vit-il ? —

  • Jacques ? Il est peut-être plus perturbé que moi, mais il le cache bien... Enfin ! Il a fallu que je le surveille longtemps : il voulait se suicider. —

  • Plus maintenant ? —

  • Plus depuis que je suis enceinte. Rendez-vous compte, enceinte dix-neuf ans après David. —

  • Vous croyez au hasard ? —

  • Ah ça non ! — cria-t-elle — Ne m'en parlez pas ; ne me parlez pas de ce putain de hasard qui présiderait ma vie, ni de cette putain de destiné qui châtie les hommes pécheurs. ça non ! Je ne veux pas en entendre parler. —

  • Admettez-vous que votre bébé est un cadeau de la Vie en compensation de la mort qui vous a ravi vos « amours » ? —

  • Mon bébé est le bienvenu. Je l'aime pour ce qu'il est : pas comme substitut à la disparition des êtres que j'aimerai toute ma vie. Je ne suis pas ici pour les oublier, ni pour guérir de leur absence (ils me manquent mais je n'en souffre plus) ; je suis ici pour trouver le remède contre les cauchemars démentiels que me laisse la vision permanente de cet accident ; je suis ici, je vous l'ai déjà dit, parce que je ne veux pas que mon bébé souffre de ma folie. Vous me comprenez ? Vous pensez que vous pouvez m'aider ? —

Je la regardais fixement. Cependant, je l'écoutais distraitement... Je songeais à...

Mais je n’arrivais pas à savoir ce qui me troublait l’esprit. T

outefois, je savais parfaitement que j'enrageais (cette fois encore) contre l'injustice de la mort...

Marisa me secoua…

Et je vis que j'étais à demi allongé sur elle. Je m'excusai en me relevant :

  • Je sais pas à quoi je pense. —

Alors, avec son sourire d'arrogante félicité elle affirma :

  • A quoi vous pensez ? Docteur ! Je connais cet éclair dans les yeux d’un homme s’amorçant dans mes yeux. Je sais très bien ce qu’il signifie. Vous aimeriez trop me faire l'amour, oui ! Qu'est-ce qui vous retient ? Votre métier ? Votre déontologie ou ma folie ? —

  • Vous n'êtes pas folle Marisa mais ... —

  • Vous me trouvez perverse, vous aussi ! —

  • Rien à voir : je n'ai jamais fait l'amour avec une patiente. —

  • Je n'ai jamais fait l'amour avec un psy. —

  • Vous voulez faire l'amour avec moi ? —

  • Ne renversez pas les rôles docteur ... —

  • Et avec votre mari ... —

  • Ne vous inquiétez pas docteur. Je fais toujours l'amour avec lui et souvent. La seule nouveauté, c'est que depuis que je le connais ce serait la première fois que je ferais l'amour sans lui. Et je ne le lui cacherai pas : c'est écrit dans notre pacte. —

  • Que voulez-vous dire ? —

  • Docteur ! Si vous me désirez, dites-le. Ne tournez pas autour du pot : dites-le ou je m'en vais tout de suite. —

Je n'allais pas lui mentir…

Ni me mentir à moi-même...

Nous fîmes l'amour. Ce fut splendide ! Marisa était magnifique.

Son corps, aux seins lourds et au petit ventre rond de femme enceinte de cinq mois, mais restant très racé, élancé et musclé, était superbe...

Marisa est une vraie déesse de l'amour, expérimentée, subtile, jouisseuse, et mieux encore, qui ne cache aucun de ses plaisirs, ni celui qu'elle donne, ni celui qu'elle prend.

Cette séance, qui devait être la dernière, dura quinze minutes... Et une heure.

En me quittant elle dit, avec ce sourire polisson que je n'oublierai jamais et qui me poursuivra jusque dans la tombe :

  • Vous voyez docteur, quand je ferai l'amour avec Jacques, je ne fantasmerai plus l'amour qui nous unissait à Sylvie et Jean-Pierre parce c'est de vous que je fantasmerai. Et je suis sûre que je n'aurais plus aucun cauchemar. —

Je resterai toujours amoureux de Marisa.

Et je me satisferai de vivre mon chimérique amour dans mes fantasmes. Et dans ceux de mes patients comme dans une virtualité obsessionnelle ; dans les extravagants et fantaisistes fantasmes obsessionnels.

Au fond, Marisa n'avait jamais eu besoin d'aucune thérapie.

Elle avait eu simplement besoin de parler avec quelqu'un qui n'avait pas le droit de la juger. Elle avait eu besoin de faire le deuil de la mort physique de son amour ; elle avait eu besoin de parler de la disparition charnelle de Jean-Pierre et de Sylvie ; elle avait eu besoin de verbaliser le lien spirituel de cet amour ; besoin de parler pour rester forte pour les hommes de sa vie ; Forte pour Jacques, pour David et pour l'enfant qu'elle attendait ; Forte pour le gage de la Vie qui arrivait…

Et finalement n'était-ce pas, peut-être, pour n'en parler qu'à l'enfant qu'elle portait, comme pour lui avouer qu'il est, et demeure, la quintessence de toute sa Vie ?

J'ai raconté à ma femme, cette tromperie avec Marisa

(Car il s'agit bien de ça).

Elle a refusé de me croire et pense que je perds les pédales.

ça ne fait rien : les rêves et leurs utopies, ne sont-ils pas toujours plus doux que la réalité ?



Par Pateric - Publié dans : Nouvelles - Communauté : Des Fantasmes par la Langue
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Samedi 7 février 6 07 /02 /Fév 10:47

 

Découvertes

  • Ça te plaît autant, les délires sexuels ? — Lui demanda Sylvie.

  • Y'a pas de secret... Et ça tient souvent à peu de choses. 

  • Parfois, ça conduit même à de belles choses. — Sourit-elle...

Jacques venait d’accéder à des fonctions professionnelles imposant du « dialogue ».

Mais par-dessus tout, ces fonctions engendrèrent une rencontre et une amitié décisives pour leurs vies... Jacques la présentera à Philippe, son Directeur, à Jean-Pierre et à sa femme, à quelques techniciens et à leurs femmes. Ils lieront des amitiés simples, avec quelques-uns  mais ne trouveront personne d'autre que Jean-Pierre et Sylvie avec lesquels lier "amitié particulière". Même pas avec Philippe qui pourtant affichait son libertinage sans retenue. Certes, ayant plus du double de leur âge, il pouvait sûrement s'afficher sans craindre pour l'avenir de sa carrière. Toutefois, ce n'est ni en raison de son âge, ni en raison de sa "position supérieure" que Marisa préféra limiter poliment leurs débauches à la grivoiserie de leurs calembours : c'était seulement parce que son libertinage étéit bien trop dévergondé pour ses goûts...

Jean-Pierre et Sylvie allaient sur la quarantaine. Marisa s'entendit assez vite avec elle et bientôt leur intimité fut telle qu'elle leur fit partager quelques confidences sur leurs marisUn jour, à la plage avec leurs enfants, Marisa trouva Sylvie lasse... Sylvie lui avoua :

  • C'est Jipé : toute la nuit... Je suis toute molle. Mais je n'en suis pas fâchée. Il est toujours gourmand mais là, il a été insatiable. —

Sylvie la dévisagea et dans ses yeux Marisa lut tout le plaisir qu'elle avait eu. C'était également l’un de ces jours où Jacques l'avait tant butinée qu’elle ne pouvait pas marcher les jambes serrées : Marisa lui confessa que, elle-même... Et discrètement, Marisa dévoila à Sylvie la preuve réelle par la turgescence du bouton.

  • Ooh ! Comment fait-il ça ! — S'exclama Sylvie.

Marisa s'entendit lui répondre sans réfléchir mais sérieuse :

  • T'as qu'à lui demander si tu veux ! —

  • Chiche ? — Sourire coquin dans les yeux.

  • Chiche ! — Ferme… Et prête à parier que ce n'est qu'un jeu, « pour de rire ». et pour vérifier que Sylvie ne misera que peu d'enjeu sur la partie, Marisa distribua la donne :

  • T'as déjà eu des amants ? —

  • Avant ou après Jean Pierre ? — Se camoufla Sylvie.

  • Après ! Avant ça ne compte pas. — Répliqua sérieusement Marisa.

  • Et toi ? — Sylvie connaissait l'astuce : je réponds à une question par une autre question... Marisa aussi, étant douée à ce petit jeu ci, la partie aurait pu durer. Mais comme Marisa voulait obtenir une réponse précise, elle répliqua sans périphrase :

  • Oui. Six. Tous en même temps ! —

  • En même temps : durant la même période ? — S’étouffa Sylvie.

  • Oui ! — Affirma clairement Marisa.

  • Et tu les as encore maintenant ! Jacques était au courant ? —

  • Oui ! —

Sylvie la regarda cherchant la signification de son Oui !

  • Tu sais, on se cache rien. Il est présent aussi ! Et c'est pas sérieux : juste pour s'amuser. Pour la détente quoi ! Et toi ? —

  • Eh bien... – Hésitait Sylvie… — Eh bien… — Coinçait-elle…

  • Piégée Sylvie ! Tu devras répondre « oui » ou « non » ! — Jubila Marisa intérieurement. Pressante elle ajouta : — Alors ? —

  • Comment dire… Pas de vrais amants non plus… plutôt des amis avec qui…—

  • T'as fait des partouzes, quoi. —

  • Non, non ! Pourquoi ? T'en as fait, toi ? — Sembla-t-elle s’offusquer, et en tout cas, son ton cachait mal son trouble.

  • C’est ce que j’ai dit : tous en même temps. —

  • Moi, non… C’est juste, entre femmes… Nos maris regardent… —

Alors Marisa raconta par le détail et sans omettre le plus « croustillant ».

Et Sylvie lui fit jurer qu’elle avait aimé... Mais finalement, la sentant plus étonnée, ou troublée qu'incrédule, Marisa lui demanda :

  • Ça t'intéresserait, que je te fasse essayer ? —

Sylvie resta muette quelques secondes :

  • Je ne crois pas que j'en aie le courage. — Souffla-t-elle

  • Tu n'as pas le courage... Ou alors, c’est Jean-Pierre qui ne serait pas d'accord ? — Insista Marisa.

  • Oh ! Jean Pierre ! Si tu lui proposes de s'envoyer en l'air... –

  • Ah ! Oui ? — L'interrompit Marisa, séduite :

  • Jipé me plaisait bien... Et Sylvie… Peut-être encore plus. —

Me précisa-t-elle.


*     *      *      *      *


Sylvie et Marisa, possédaient d’autres points communs : le même métier, le même goût des livres, la même petite taille et des maris physiciens partageant les mêmes engouements et passions. Y compris les plaisirs du sexe, même si Marisa étaient sûre qu'ils n'avaient jamais abordé ce sujet ensemble, car les physiciens sont discrets ; si discrets que tout le Monde ne se les représente toujours que comme ’’têtes en l'air’’ perdues dans les étoiles ; des farfelus, fantasques, singuliers, fades... Capables de ne s'occuper qu'à l'attraction de leurs électrons, à l'électro magnétisme de leurs neutrons, à l'excitation de leurs protons… Du moins, il ne viendrait jamais à ton idée de te les imaginer autrement : surtout pas comme des amants délicieux, doux, tendres, efficaces, infatigables.

  • Eh bien, si ! — Appuyait Marisa, lèvres humides yeux scintillants : Lorsqu’ils se passionnent pour quelque chose que ce soit, ils l'étudient minutieusement, l'expérimentent beaucoup, la testent sans relâche et la maîtrisent : toujours ! Et en cette occurrence, s’agissant de notre plaisir, je... — Complétait-elle « comblée »… D’ailleurs, Sylvie m’avait avoué : « Nous avons des amis...  Eh bien, on se caresse entre femmes, ils regardent, après on fait l'amour. Mais on ne s'échange pas. » Et ce présent n’étant pas pour me déplaire, je lui avais demandé : « Comment vous êtes-vous connus ? » Après un silence ému, elle chuchota : « Un copain de promo à Jipé. » Je ne l'avez pas dit ? Ces physiciens ! —

Et comme tu as déjà pu te l’imaginer (ou te le rêver) Marisa et Jacques tireront le meilleur profit de ce bel été. Oui ! Je te vois, là ; je vois que tu aimerais qu’on t’en raconte un peu plus ; un peu plus croustillant aussi...

*     *      *      *      *
 

  • ... Un soir, Jacques et moi, nus sur le lit… — Racontait-elle.

Jacques lentement la caressait jusqu'aux plis de son con sacré de plaisirs, son souffle chaud sur sa vulve, sa langue massant les pétales de ses lèvres étales flattait le nœud des vibrations... Elle s’abandonna... Comblée d'adoration elle s'évada fantasmant les hommages à Lesbos… Et elle rêvait… Et elle dansait du ventre, des hanches, des fesses. Et elle chantait de soupirs, de clameurs, de râles et de cris… Puis, de retour de ’’son voyage’’ elle vit son Jacques de fer au lieu de la Sylvie de jade de ses fantasmes… Alors son vrai plaisir, sa vraie jouissance c'était à lui qu’elle les devait… Et, sachant qu'elle n'est pas ’’dimensionnée’’ pour enflammer son puits d'amour et l'inonder de ces jets propulseurs vers les étoiles, elle douta que Sylvie lui engendrât autant de plaisirs. Un déclic claquant alors dans sa tête elle exprima ce qu’elle avait compris :

  • J'aimerai faire jouir aussi fort que tu me fais jouir ... —

Jacques ne répondit rien mais sa bouche la réexpédia dans la voie lactée.

  • ... Les danses de ta langue, que je connais si bien, qui me surprennent chaque fois, je voudrais les offrir à d'autres et sentir leur intimité vibrer dans ma bouche se délectant des plaisirs qui coulent d'elle… A moins que je ne n’aime plus voir qu'une autre jouit de toi... —

  • Fva favoir sf'affliquer ! — Avait bafouillé Jacques de sa langue brillante chatouillant les pétales rosacés de sa fleur encensée d'attentions vibrantes.

  • Qu'est-ce tu dis, mon amour ? — Avait-elle plané.

  • Tu ne désires plus que je jouisse d'une autre femme que toi ? —

Effeuilla-t-il, délaissant un instant son bouton rose qu’il retravailla aussitôt avant qu’elle le distraie de nouveau par cette réplique de vaudeville :

  • J'ai dit ça, moi ? —

  • Non. T'as dit : « faire jouir comme tu me fais jouir » ; tu voudrais faire jouir une autre femme, toi ! Tu ne veux plus que moi… –

Appuya-t-il de son doigt d’amour glissant entre ses pétales embrasés.

  • Ah ! Non. Peut-être. Pas exactement ça. Je n’sais pas... —

Hoqueta-t-elle

  • C'est comme tu veux, Marisa : t'es libre. — L’avait-il tentée.

  • Je suis libre quand je suis avec toi. — Lui avait-elle avoué en mordant son doigt de tous les muscles du con ; en le mordant du bout de ses lèvres secrètes jusqu’au cul de sac. Elle affirmait qu’elle adore ça :

  • L’emprisonner ainsi… — Elle l’affirmait, ensorcelante.

  • Toi... T'as un fantasme... Un fantasme... Agréable... Et qui... me plaira... Pour sûr ! — S’était essoufflé Jacques… Plus tard.

Le surlendemain du fantasme ’’épou(x)stouflé’’ : dimanche, ils déjeunaient chez Sylvie et Jean-Pierre. Et comme les parents de Sylvie avaient emmené les enfants à la mer...
Après le repas, les hommes ’’allèrent s'enfermer" dans le labo de
Jipé… Pour tester un prototype qu'ils développaient en très grands secrets. Les femmes "allèrent s’allonger" sur la terrasse, à l'ombre du tilleul, plus avides de laisser libre cours aux caresses de la brise sur leurs corps nus qu'aux rayons du soleil de les brûler...
Marisa admirait Sylvie lascive ; exactement, elle lorgnait ses galbes alléchants...

  • J’aime le corps de Sylvie, certes, mais c'est son sexe que j'aime par-dessus tout ... Ronronna Marisa.
     

    *     *      *      *      *


    Lorsque Marisa avait ’’non avoué’’ son désir à Jacques, elle était loin d'imaginer le bonheur qu’elle en retirera ce dimanche : comme des folles libidineuses, presque sauvages, entamant le mime d'une virilité déchaînée, elle s’aimèrent... Sylvie serrée contre Marisa, ses lèvres sur sa bouche, haletantes, savourant ce moment de délices, et moment choisi par leur maris pour les rejoindre et rester baba : émerveillés mais nullement choqués ou surpris... Par la suite, si elles aspiraient toujours à leur intimité amoureuse, les sentiments de Marisa pour Sylvie étant assez ressemblants à ceux qu’elle éprouvait pour Jacques, plus jamais leurs étreintes ne furent aussi sexuelles que ce dimanche où elles s’étaient pénétrées d’une virilité digitale, profonde et rapide… Plus, restant des heures, lovées, enlacées, jusqu'au frisson d'excitation remplaçant leur fougue en passion douce... Jean-Pierre et Jacques aimaient les étreintes de Marisa et Sylvie. Ils appréciaient leurs voluptés, admiraient leurs deux corps enlacés nus à côté d'eux nus, s'alanguissant, jouissant des yeux d'une méditation excitante qui érigeait leur impatience à les vénérer. Lorsque l'ivresse de leurs caresses était épuisée, mais qu'embrasés et ardents leurs ciboires sacrés réclamaient leur part d’offrande, elles s’immolaient sur les augustes goupillons glorifiés sans se préoccuper si le corps qui les animait était légitime, ne guettant que leur explosion, comme pour une délivrance... Jamais Marisa ne joua à baiser avec Sylvie. Et, dès lors, ils n’eurent plus d'autres débordements ailleurs, se rassasiant de l'intimité d’eux quatre.

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  • : 28/01/2009

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